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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Pour les Français la fin du mirage israélien

Israël se contente d'attiser la peur de l'antisémitisme pour inciter les juifs français à faire leur aliyah. Cela ne suffit plus.

Les Juifs français ont été moins nombreux à émigrer vers Israël durant l’année 2016. De 7.800 en 2015, le nombre des candidats au départ atteindra à peine 4.000 pour revenir à la norme des années précédentes. Jusqu’en 2012, la moyenne atteignait 1.900 départs par an pour s’emballer à 3.263 en 2013, 7.231 en 2014 et 7.800 en 2015. Mais, dans ces chiffres bruts, il faut tenir compte des retours vers la France d’environ 15% de ceux qui ont tenté l’aventure israélienne.

La fin du paradis fiscal

De nombreuses raisons justifient cette chute libre. Les années 2014 et 2015 ont vu l’application de la loi sur les comptes bancaires imposée par l’OCDE. Les banques israéliennes étaient tenues d’informer le fisc français sur les comptes détenus par les nationaux français.

Il n’est un secret pour personne que les Juifs français, instruits par les expériences tirées de la Guerre mondiale, avaient tendance à placer quelques économies dans ce qui était jusqu’alors un paradis fiscal. Il s’agissait plus de prévoyance en cas de crise politique grave que de magouilles financières. Les nombreux escrocs du CO2 et du Forex, qui ont placé leurs rapines en Israël à l’abri de la justice française, étaient bien sûr exclus de cette catégorie. Il s’agissait d’anticiper une éventuelle crise antisémite qu’ont connue les années 1930/40. Généralement ces comptes n’étaient pas déclarés au fisc français et leur découverte pouvait mener soit à une saisie pure et simple des montants dissimulés soit à une grosse amende fiscale.

 

La parade a été vite trouvée grâce à la Loi du Retour qui permet à chaque Juif dans le monde d’obtenir la nationalité israélienne dès son arrivée au pays. Les banques israéliennes n’étaient pas tenues d’informer les banques françaises sur les détenteurs de comptes de leurs nationaux. Entre 2014 et 2015, de nombreux Français ont ainsi obtenu la nationalité israélienne sans obligation de résidence, ce qui a faussé artificiellement les statistiques d’immigration en Israël. Leurs avoirs ont été ainsi protégés et ils sont retournés en France une fois obtenue leur carte d’identité israélienne.

Les échecs de l'installation en Israël

Mais le désintérêt des Juifs français pour le départ vers Israël a d’autres motifs sérieux. Ils ne tiennent plus compte des mises en garde de certains dirigeants juifs qui agitent sans cesse le chiffon de l’antisémitisme en France tandis que les organisations d’extrême-droite se nourrissent du terreau de la peur.

Ceux qui affirment qu’il est dangereux d'être juif en Europe utilisent un argument éculé. Se fonder sur l’affaire Merah, sur la tuerie de Toulouse et sur les attentats de l’hyper cacher pour affirmer que la France est un pays dangereux et antisémite, condamné à le fuir, est une vue étroite de l’esprit, une imposture. Les antisémites ont toujours existé en France mais jamais avec la caution du gouvernement français sauf durant la période noire de la collaboration qui suscite encore une certaine nostalgie chez certains adeptes d’un «Jude rein».

La réalité fait du monde juif un monde totalement intégré à la nation française

Mais face aux nombreux échecs de leur installation en Israël, les Juifs français ont compris que l'alyah devait être murie et librement choisie pour mener à une bonne intégration. Ceux qui agitent le chiffon de la peur entretiennent volontairement un flou consistant à confondre l’antisémitisme d’État qui règne dans certains pays avec l’antisémitisme de certaines couches de la population française. La France n’est pas antisémite et elle agit de manière active pour contrecarrer les menées subversives de ceux qui veulent mêler le conflit israélo-arabe à la politique intérieure française. Elle ne réussit pas toujours, pas du tout face aux prêcheurs de mauvais augure, mais l’intention est louable. Que ce soit du temps de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande, les gouvernements ont toujours combattu cette dérive qui touchait une partie de la population.

Selon les sondages, le nombre de personnes se déclarant en France de religion juive atteint à peine 0,7% de la population soit environ 400.000 citoyens. Sauf à utiliser les poncifs des antisémites qui croient à la puissance illimitée d’une caste juive, la réalité fait du monde juif un monde totalement intégré à la nation française. Toutes les études démontrent que les Juifs français se répartissent naturellement sur l’ensemble de l’échiquier politique, de la droite à la gauche et même à l’extrême-gauche. C'est pourquoi l'antisémitisme n'a aucun fondement tangible. Les Juifs français qui ont quitté leur pays l’ont fait par sionisme et par conviction, et non pas comme les Juifs d’ex-URSS qui fuyaient un antisémitisme d’État.

La répétition d’actes antisémites en France a certes créé un sentiment d’insécurité dans la communauté juive. Les actes antisémites restent élevés, et la dérive consiste à imposer un lien entre France et antisémitisme alors que, comme le notait l’ancien ambassadeur français Christophe Bigot, «l’antisémitisme est une pathologie», à laquelle il n’y a pas de remède efficace pour l’instant.

L'islamisme est la forme moderne de l'antisémitisme mais il ne doit pas masquer l'autre forme insidieuse et plus historique. Beaucoup d’antisémites ont émergé avec le réveil de l’islamisme en France. Le problème n'est pas national mais mondial. Les actes antisémites ont déclenché un communautarisme souvent brandi comme une menace de radicalisation. L’antisémitisme affiché est aujourd'hui islamiste, précisément djihadiste, tandis que l’autre antisémitisme, plus ancien et plus sournois, est occulté pour permettre à l’extrême-droite d’en abuser. Le Front National et ses sbires camouflés en donneurs de leçon ont d’ailleurs exploité la situation en modérant leur sentiment à l’égard de la communauté juive, jusqu’en Israël, au point d’y trouver des adorateurs de Marine Le Pen qui votent pour elle. Elle a réussi à faire croire qu’elle était la seule à prôner l’éradication du risque intégriste.

Mais l’ambiguïté s’est imposée puisque Le Pen s’est adressée aux Juifs sans effacer totalement le fantasme antisémite qui attribue à la minorité juive l’illusion d’une puissance occulte. Elle a exacerbé les tensions et exploité les dérives islamiques des «printemps arabes» pour accroitre l’incertitude et les craintes de la minorité juive. L’extrême-droite préfère voir les Juifs quitter l’Europe pour laisser place libre aux aryens.

L’antisémitisme se pare d’antisionisme quand il ne veut pas choquer, mais ce sont deux concepts distincts. En effet l’antisionisme, issu des milieux islamistes ou gauchistes, veut la destruction de l’État d’Israël et nie la qualité de peuple à la nation juive. Les organisations juives souffrent d’absence de crédibilité et de représentativité pour défendre cette cause. C’est pourquoi la Knesset, décide régulièrement par opportunisme de se saisir du problème de l’antisémitisme français dans le cadre d’une ingérence abusive.

La vie matérielle, faite d'avantages sociaux et financiers, est meilleure en France qu'en Israël

La dure réalité israélienne

Mais les dirigeants israéliens donnent l'impression de ne pas vouloir investir pour attirer les Juifs français. Ils pensent qu’il suffit d'agiter le hochet de l’antisémitisme pour qu'ils se précipitent en masse vers Israël. Or ils n'ignorent pas que la vie matérielle, faite d'avantages sociaux et financiers, est meilleure en France que celle qu’ils peuvent trouver en Israël. Face à la dure réalité israélienne, les convictions se sont estompées au fur et à mesure que croissaient les désillusions. Les Français de Ra’ananna, d’Ashdod et de Netanya ont touché du doigt cette réalité tangible parce qu’ils ont côtoyé ceux qui n'ont pas trouvé d'aide matérielle conséquente. Seuls les retraités ont trouvé leur place au soleil ainsi que de nombreux escrocs qui bénéficient souvent de l'indulgence et de la protection israélienne.

Le gouvernement israélien préfère l’alyah de nécessité, à l'instar de celle d’Ukraine et d’Éthiopie, faite de moins de «râleurs». D’ailleurs contrairement aux années 1970, il a préféré «privatiser» les services d’intégration confiés à des organisations, aux faibles moyens qui se substituent au gouvernement pour aider à l’intégration des Français. Mais elles ne peuvent rien faire contre un coût de la vie qui a beaucoup augmenté en Israël, cadrant de plus en plus avec celui de l’Europe pour des salaires de moitié et des prestations sociales négligeables. Enfin l’intégration professionnelle est compromise puisque les diplômes des universités françaises, réputées pour la qualité de leur enseignement, ne sont pas reconnus sauf à repasser deux ou trois ans de stage pour les valider.

Hormis des mesures concrètes, tout sera alibi. L’absence d’avantages immobiliers dans un marché qui explose dénote en fait une volonté cachée de forcer les nouveaux immigrants, par intérêt politique, à peupler les implantations à coûts réduits. Tous les Français n’y trouvent pas leur compte, sauf les orthodoxes. D'ailleurs des missionnaires messianiques sont régulièrement envoyés en France pour vanter la qualité de la vie au-delà de la ligne verte, dans les territoires de Cisjordanie, ce qui est souvent la cause de beaucoup de désillusions pour les citadins français car la vie d’ascète dans les implantations ne répond pas toujours au souhait de Français qui finissent par retourner à leur point de départ.

Nombreux sont ceux qui soupçonnent le gouvernement de créer volontairement une pénurie de logements en ne construisant pas de logements sociaux. Il s’agit pour lui de satisfaire les souhaits des nationalistes juifs dont la mission est de peupler les zones de Cisjordanie. Les Juifs français ont une vie aisée en France et ceux qui veulent leur faire croire que leur vie est menacée sont des propagandistes naïfs. Les chiffres de l’alyah continueront leur chute inexorable pour ne plus être significatifs.

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