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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Ces nouvelles maladies qui sévissent en Afrique

 CARNET DE SANTÉ ». Alors que le sida, le paludisme et la tuberculose font toujours des ravages, le continent doit faire face à la Un patient souffrant de diabète accompagné par sa sœur dans un hôpital de Kinshasa, en République démocratique du Congo, en octobre 2006. du diabète et de l’hypertension.

 

GetIN, l’appli qui révolutionne la vie des jeunes filles enceintes en Ouganda

CARNET DE SANTÉ. Un tiers des femmes accouchent avant leurs 18 ans dans ce pays de l’Afrique de l’Est. La plupart n’ont jamais été suivies durant leur grossesse.

Par Armel Gilbert Bukeyeneza  Publié le 18 septembre 20

En Ouganda, 33 % des femmes accouchent de leur premier enfant avant leurs 18 ans.

La route, il la connaît par cœur. Ce ruban de macadam tout neuf qui traverse l’ouest de l’Ouganda depuis la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), il l’emprunte chaque matin, en direction de Bundibugyo. En regardant défiler les plantations de cacao et la chaîne de montagnes Rwenzori, Zacharias, l’agent communautaire de santé, anticipe aussi les visages des jeunes filles qu’il va rencontrer, espérant que leur grossesse se déroule bien depuis son dernier passage.

Episode 22 Préservatif féminin : quand les Africaines reprennent le pouvoir

Depuis quelques mois, qu’il est arrivé dans la région, il a déjà offert un suivi de grossesse à près de 800 jeunes filles du canton en leur proposant de s’inscrire sur GetIN, une application mobile qui planifie un suivi régulier dans les centres de santé de leur région et alerte les agents communautaires si elles ne se présentent pas à un rendez-vous.

Crainte des regards

Au Busaru Healthcare Center ce lundi matin, le jeune homme oriente les adolescentes qui arrivent un brin méfiantes. Joyce, 17 ans et le ventre déjà bien rond, attend son tour. « Dans la plupart des cas, ces filles vont jusqu’au terme de leur grossesse sans avoir jamais vu un médecin par crainte des regards, du qu’en-dira-t-on, ou simplement parce que les centres de santé leur refusent l’accès en l’absence du père du futur bébé », explique l’agent. Son travail de sensibilisation consiste à inciter les futures mamans à s’enregistrer sur l’application pour pouvoir être suivies.

Episode 4 Tantine, l’application rwandaise qui éduque les jeunes à la sexualité

A Bundibugyo, 60 % de la population a moins de 20 ans et le taux de grossesses précoces est de 50 %, soit le double de la moyenne nationale, elle-même la plus élevée en Afrique subsaharienne. « Ici grâce à l’appli, les infirmières et les sages-femmes ont accès aux informations déjà enregistrées. Elles disposent des éléments des consultations antérieures, connaissent le terme de la grossesse, l’adresse de ces adolescentes, et disposent d’autres informations nécessaires à leur suivi », ajoute Zacharia.

Montée par deux jeunes Ougandais, Hope Kirabo, 23 ans, et Donald Waruhanga, 25 ans, sous la supervision de l’Institut technologique de Massachusetts aux Etats-Unis, avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), GetIN est aujourd’hui opérationnelle dans deux districts ougandais : Bundibugyo et Kanungu.

Episode 24 Thea, la plateforme africaine qui met en relation patients et médecins du continent

« Le rêve est de couvrir tout le pays, spécialement les milieux ruraux, où le taux de mortalité des très jeunes mères reste encore élevé », expose Donald Waruhanga, qui a développé sa passion pour la technologie lors de son parcours universitaire. Le scientifique a été lauréat de la faculté d’informatique de l’Université de Makerere, à Kamapala. Intéressé par la maternité, on lui doit aussi une autre application, MamanBaby, qu’il a développée pour suivre l’évolution des contractions pendant un accouchement et alerter les sages-femmes en cas d’anomalie. Un joyau là encore récompensé en 2015 par le ministère ougandais du genre et du développement social.

Frein au développement

Dans le pays, 33 % des jeunes femmes accouchent avant leurs 18 ans, d’après les données de 2015 fournies par l’Unicef. Le suivi médical est d’autant plus nécessaire pour cette population que « les filles les plus jeunes sont plus susceptibles de souffrir de complications à l’accouchement, car leur corps n’est pas physiologiquement mature et prêt à supporter cette épreuve », observe Alain Sibenaler, représentant du Fonds des Nations unies pour la population en Ouganda. « Des études montrent qu’entre 15 à 19 ans elles sont deux fois plus susceptibles de mourir pendant la grossesse ou l’accouchement qu’une femme qui a plus de 20 ans. Avant 15 ans, ce risque est cinq fois plus élevé », alerte-t-il.

Muhumuza Siliwano, du département planification à Bundibugyo, regrette pour sa part que « ces grossesses prématurées sont aussi un frein au développement ». L’administratif épingle « la pauvreté et le manque d’éducation sexuelle dans les écoles » et mise beaucoup sur l’appli. « Quand GetIN couvrira toute la région, il sera plus facile d’élaborer une politique globale pour aider ces jeunes filles, les suivre de près, et à long terme nous pourrons réussir ce qui paraissait impossible au départ : réduire sensiblement le taux de ces grossesses précoces. »

Lire aussi  Les mariages précoces ruinent l’Afrique

Un espoir qui se lit aussi sur les visages du petit centre de santé de Busaru. « Il y a actuellement 50 jeunes filles suivies par notre établissement. Il n’y a pas longtemps, on n’en parlait même pas ici, parce qu’il n’y avait aucun suivi », témoigne une des sages-femmes du coin, soulagée de cette avancée et qui en attend d’autres.

Sommaire de notre série « Carnet de santé »

Chaque mercredi, Le Monde Afrique propose une enquête, un reportage ou une analyse pour décrypter les avancées des soins et de la prévention sur le continent.

Episode 1 Ces nouvelles maladies qui sévissent en Afrique
 
Episode 2 Au Burkina, les belles promesses de la pommade anti-paludisme
 
Episode 3 Centrafrique : à Bangui, l’Institut Pasteur traque les virus les plus mortels
 
Episode 4 Tantine, l’application rwandaise qui éduque les jeunes à la sexualité
 
Episode 5 Le Nigeria, principale porte d’entrée de faux médicaments sur le continent
 
Episode 6 « Les milliardaires africains doivent financer la recherche médicale en Afrique »
 
Episode 7 Au Ghana, un insecticide de troisième génération pour lutter contre le paludisme
 
Episode 8 Le secteur privé, acteur incontournable dans les systèmes de santé en Afrique
 
Episode 9 Zimbabwe : quand les mamies remplacent le psy
 
Episode 10 Au Cameroun, deux start-up au secours de la « pénurie de sang » dans les hôpitaux
 
Episode 11 « Au Sahel, l’espérance de vie a progressé ces trente dernières années malgré les crises »
 
Episode 12 Sida, Ebola, paludisme… Qui sont les « Big Killers » en Afrique ?
 
Episode 13 Au Nigeria, un « kit de maternité » au secours des femmes enceintes
 
Episode 14 « Il est urgent que Ouagadougou retrouve une alimentation plus saine »
 
Episode 15 La drépanocytose, une maladie génétique délaissée
 
Episode 16 Au Burkina, des tablettes pour améliorer le diagnostic des enfants malades
 
Episode 17 A Bangui, la méthode Kangourou sauve des vies
 
Episode 18 En Afrique, « la couverture santé universelle est un enjeu moral »
 
Episode 19 Au Ghana, la livraison de médicaments et de sang par drones prend son envol
 
Episode 20 Le Pass Mousso, un petit bijou de santé numérique
 
Episode 21 « Faux » médicaments en Afrique : la mort au bout du trafic
 
Episode 22 Préservatif féminin : quand les Africaines reprennent le pouvoir
 
Episode 23 Etats, ménages, secteur privé : qui doit financer les soins en Afrique ?
 
Episode 24 Thea, la plateforme africaine qui met en relation patients et médecins du continent
 
Episode 25 GetIN, l’appli qui révolutionne la vie des jeunes filles enceintes en Ouganda
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