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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Le prolétariat mondial doit riposter aux assassins de Moscou

~La sanglante tragédie recommence. Des vieux bolcheviks comparaissent devant un Tribunal Militaire qui sait d’avance qu’il doit condamner à mort. Tous avouent des crimes les uns plus invraisemblables que les autres et le procès se déroule comme un scénario dont un habile metteur en scène aurait réglé toutes les parties. Boukharine reconnait avoir comploté avec Trotski la mort de Lénine en 1918 ; Rykov avoue avec un sourire (« sénile » notera un correspondant étranger) être un agent de l’Allemagne, du Japon, de l’Angleterre et de ce que l’on voudra ; Krestinsky, dans un moment de lucidité, proteste, mais la Guépéou, après l’arrestation de sa femme, obtiendra des aveux complets ; Rakovsky parle de ses « trahisons » et se charge des délits que l’infâme Procureur de l’Inquisition centriste précise au fur et à mesure. Tous plaident coupable, comme Zinoviev, Kamenev, Smirnov, Piatakov et les autres. On demeure confondu, pétrifié d’horreur devant cette gigantesque abomination. Jamais la démence centriste et la fureur anti-révolutionnaire n’atteignirent de telles proportions. Trotski qui, en 1921, était la deuxième tête de l’État ouvrier, aurait été, selon l’acte d’accusation, vendu à l’Intelligence Service. Mais, alors, Lénine ? Probablement, il fut un agent de l’Allemagne comme l’affirmèrent les mencheviks de droite et toutes les forces bourgeoises en 1917. Pourquoi ne traduit-on pas la momie de Lénine en jugement ? Mais Staline ne la craint pas, car elle ne parle, ni n’entend. Il suffit de censurer les écrits du chef d’Octobre et d’encenser son mausolée. Pourquoi parlerions-nous des accusations officielles contre d’anciens chefs d’Octobre ? Personne n’y croit et leur caractère ultra-fantaisiste est un sujet digne d’aliénistes mais non de révolutionnaires. Depuis août 1936, l’assassinat de Zinoviev-Kamenev, le massacre de prolétaires, de militants d’Octobre, de capitulards d’hier, de centristes en disgrâce, de généraux de l’Armée rouge, a pris des proportions effroyables. Dans le silence des prisons, le bourreau, d’une balle dans la nuque, exécute les directives, pour la « construction du socialisme » et les procès sont des apologies que les victimes doivent faire de leurs meurtriers. Ces procès sont de véritables provocations contre le prolétariat russe et mondial, des occasions pour susciter une atmosphère de pogrome contre l’esprit révolutionnaire. Le centrisme a pris sur lui de défendre toute l’humanité, toute l’espèce humaine en assassinant les hommes de la révolution de 1917. Oh, il aurait pu les faire disparaître en silence, dans l’ombre à la manière de Staline. Les coupe-jarrets de la Guépéou connaissent leur métier. Mais il fallait donner aux opprimés russes et de tous les pays, le spectacle ignoble de procès où comparaissent des « cadavres vivants », des morts en vacance pour un temps très restreint. Voyez donc, ils ont tous trahi et seul l’inébranlable Staline est resté fidèle. Lui seul demeure du Bureau Politique de 1917. Et les cadavres ambulants que sont devenus les Boukharine et consorts, pauvres gens broyés par une Inquisition plus féroce et plus raffinée que celle de Philippe II, avouent, avouent avec des détails qui font douter de la raison de tous les protagonistes de ces procès. Pourquoi un Krestinsky rétracte-t-il son geste de révolte ? Pourquoi un Bourkharine, un Rakovsky, qui connaissent sans doute le sort qui les attend, se prêtent-ils aux interrogatoires de ce Fouquet-Tinville de mascarade qu’est Vychinsky ? Et Rykov ? Et les autres ? Ils sont 21 à tendre leurs têtes au bourreau. Même des médecins comparaissent sous l’inculpation d’homicide volontaire. Gorki serait mort empoisonné ! Il a fallu plusieurs années pour s’en apercevoir. Et ils avouent cette chose d’une stupidité effarante. Demain, on fusillera des ouvriers, des paysans sous les motifs les plus idiots : l’un pour son physique anticentriste, l’autre pour sa façon de s’habiller et bientôt les mauvaises récoltes auront leurs « trotskistes » coupables d’avoir provoqué le mauvais temps et toutes les intempéries. C’est la démence la plus complète. Seulement, comme toute chose, il faut l’expliquer. Et l’explication existe. Dans tous les pays, la guerre gronde sous la forme des batailles territoriales où sous celles de l’économie de guerre. Le capitalisme tourne et retourne le fer chaud de la répression ou du massacre impérialiste dans les rangs ouvriers. Les convulsions de la guerre étouffent les convulsions de la révolution et toutes les formes de la domination capitaliste resserrent leur emprise sur les exploités. Le fascisme, la démocratie, le centrisme évoluent parallèlement dans cette direction qui veut substituer au danger de révolution les soubresauts de la guerre. Mais étouffer la révolution ce n’est pas supprimer les contrastes qui minent tous les pays. Les antagonismes de classe restent et, à défaut de leur explosion, toute la gamme des oppositions secondaires, propre au système bourgeois, apparaissent et deviennent des canaux de dérivation, des soupapes de sûreté de la domination capitaliste. La Russie est tombée du camp prolétarien dans le camp capitaliste. Avec armes et bagages, elle a passé de l’autre côté et son « socialisme », a acquis la même valeur que le national-socialisme de Hitler. Il a fallu, dans la période tumultueuse de l’entrée dans le giron de la guerre, décapiter la génération d’Octobre ; décapiter toutes les têtes exprimant, ou susceptibles d’exprimer, un contraste particulier à la structure capitalisée de l’Union Soviétique. À l’époque des brigades de choc et du Stakhanovisme, on fusillait les « saboteurs ». Puis on fusilla, au nom de Kirov, des centaines de militants pour aboutir au procès des seize. La guerre d’Espagne venait de commencer. La nouvelle Constitution eut son bain de sang et ses nouveaux procès. Nous sommes presque au dernier acte. Il reste Staline, Litvinov, Vorochilov et quelques autres dont beaucoup disparaitront brusquement jusqu’au jour où Staline recevra ce qu’il a réservé jusqu’ici à ses complices. Mais son heure sera aussi celle de Mussolini, Hitler et le signal de l’attaque révolutionnaire des ouvriers. Chaque étape de l’évolution contre-révolutionnaire de la Russie est gravée en lettres de sang dans les chairs du mouvement ouvrier international et du prolétariat russe. Après les hécatombes de 1927 en Chine, c’est le fascisme en Allemagne et ensuite le martyre des ouvriers russes payant avec leur sang la réalisation des plans économiques. Le centrisme ne peut plus vivre dans une autre atmosphère que celle de l’assassinat en masse. Comment tiendrait-il debout un régime où l’ouvrier est aussi exploité que dans le plus exécrable des enfers capitalistes ? Un régime qui vaut celui de Hitler et qui, souvent, le dépasse en cruauté. D’Allemagne et d’Italie il arrive de sortir, mais de Russie c’est rare. Existe-t-il des difficultés économiques en U.R.S.S., une seule mesure : des exécutions. Surgit-il des complications internationales, une seule mesure : des exécutions. Et comme il ne faut pas dévoiler l’impasse où l’on se trouve, on mettra sur pieds des romans policiers qui seront récités par des vieux bolcheviks offerts en holocauste. La bourgeoisie ne demandait pas tellement de détails et d’invraisemblances pour applaudir à la disparition des derniers artisans d’Octobre ; elle ne demandait pas tant pour ricaner son triomphe et proclamer la faillite certaine de tout effort révolutionnaire. Ses avocats social-démocrates sont mêmes un peu effrayés et, pudiquement, ils se voilent la face. Ce sont pourtant vos complices, Messieurs, et ils demandent vos applaudissements. En Espagne, vous n’avez pas tellement de scrupules pour faire la besogne de Staline. Soyons donc convaincus que les procès de Moscou, les exécutions sensationnelles, les réquisitoires où, chaque fois, l’on remonte plus près d’Octobre 1917, sont autant de poignards plongés dans les chairs des ouvriers de tous les pays. On frappe notre idéalisme de classe. On avilit l’idée même de la révolution prolétarienne. On crée des diversions en Russie pour empêcher les ouvriers d’ouvrir les yeux sur l’enfer qui est leur vie. Et la presse stipendiée, la canaille journalistique du centrisme, accompagne de ses injures ceux qui vont être exécutés, parce qu’ils ont vécu la dégénérescence actuelle et qu’ils auraient dû mourir avec les conquêtes d’Octobre. Pauvres vestiges de vieux bolcheviks dont le cadavre doit servir à consolider l’État russe, bastion avancé de la contre-révolution mondiale. Peut-être une quelconque canaille de la Guépéou aura-t-elle fait miroiter la possibilité d’aider la Russie par des aveux exaltant l’idée de la défense de la patrie soviétique contre le fascisme international ? Il est difficile de connaître la subtilité et le raffinement des bandits de la Guépéou pour obtenir des « aveux », mais, ce qui est certain, c’est qu’aucun moyen n’est à rejeter et cela explique comment des militants torturés par des interrogatoires habiles, mis au secret, séparés de leur famille dont les membres seront garants de leurs « aveux », avouent pour en finir et trouver dans la mort un peu de repos. * * * Le prolétariat international restera-t-il impassible devant les procès de Moscou ? Laissera-t-il appliquer cette nouvelle marque d’infamie sur le mouvement ouvrier ? Des procès se sont déjà tenus à la Maison des Syndicats, ce siège des syndicats soviétiques qui prétendent s’unir avec Amsterdam. Déjà, le fait est un symbole de la situation russe. Les prolétaires de tous les pays écouteront-ils les discours sur l’unité syndicale avec les bourreaux soviétiques, sans crier : « Où sont les vieux bolcheviks ? Où sont les centaines de camarades russes et étrangers emprisonnés, torturés par le centrisme ? Riposteront-ils aux démagogues en revendiquant une complète solidarité avec les ouvriers russes qui doivent reconquérir le droit de grève, reconstruire leurs syndicats, défendre leurs conditions d’existence sans risquer la mort, mais qui n’y aboutiront qu’en luttant contre l’État soviétique et pour l’insurrection ! Nous n’ignorons pas que, dans la situation actuelle, peu nombreux seront les prolétaires qui pourront s’arracher du Front Populaire pour emprunter le chemin de classe. Mais ce chemin reste le seul et unique qui puisse aider le prolétariat russe et lui permettre de se ranger sur le front où les ouvriers de tous les pays luttent pour la révolution mondiale. Il ne faut pas laisser le centrisme transformer Octobre 1917 en une œuvre de la police mondiale, pour pouvoir accuser les communistes internationalistes d’être des agents de la Gestapo, du Japon, de l’Italie, etc. Le drapeau de la révolution mondiale reste debout malgré ces infamies. Les morts seront vengés et la canaille centriste donnera des comptes détaillés lors du premier sursaut révolutionnaire. Mais il faut absolument que, partout, un cri prolétarien s’élève : Sauvons les victimes des cannibales moscovites, solidarité avec les emprisonnés, solidarité avec les vieux bolcheviks. Dans vos syndicats, opposer à l’unité avec les prisons d’État des prolétaires russes, des motions de protestation contre les massacres centristes.

 Le prolétariat mondial doit riposter aux assassins de Moscou
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