31 Août 2014
L’un des fondements des croyances des Témoins de Jéhovah concerne ses enseignements sur la seconde venue du Christ, le millénarisme et le Royaume de Dieu. Les publications de la Watchtower ont fait (et continuent de faire) des prédictions au sujet d'événements qu'ils pensent avoir été prophétisés dans la Bible1. Certaines de ces prédictions ont été décrites comme des « vérités établies »2, et « avérées sans le moindre doute ».
En 1892, la Watchtower a affirmé que la bataille de Dieu, Armageddon, qu’elle pensait être déjà en cours, prendra fin en octobre 1914, une date « marquée de manière certaine dans l’Écriture »3. De plus, Charles Taze Russell (premier président de la Watchtower) a déclaré: « Nous ne voyons aucune raison de changer les chiffres. Nous ne pourrions les changer, même si nous le voulons. Ils sont, selon nous, les dates de Dieu, pas les nôtres. »4. La Watchtower a prédit que les mille ans de règne du Christ débuteraient « probablement à l'automne » 1925, basé sur d'autres dates sur lesquelles Dieu avait placé « l'empreinte de son sceau [...] au-delà toute possibilité d'effacement »5. On a demandé aux étudiants de la Bible (ancien nom des témoins de Jéhovah) d’accepter de tels enseignements sans poser de questions.
Parmi les prédictions qui ont donné lieu à des échecs cuisants, on trouve celles concernant les dates de 1914, 1918, 1925 et 1975. Ces échecs ont conduit à l'altération ou à l'abandon de certaines doctrines. Ceci fait partie d'un processus que la Société Watchtower décrit comme une révélation progressive, avec laquelle Dieu conduit progressivement ses partisans à une compréhension plus claire de sa volonté 6. Certaines publications de la société ont parfois rejeté leurs précédentes déclarations, affirmant que les témoins avaient mal compris ce que disait La Tour de garde7.
Parfois, certaines prédictions erronées ont été modifiées après coup. Par exemple, dans la première édition du livre Le Mystère Accompli (1917), les événements qui auraient dû se produire en 1914 ont été appliqués à la période allant de 1918 à 1925. Lorsque les nouvelles interprétations ont échoué à se réaliser, l'édition de 1926 du livre a modifié les précédentes déclarations, et a enlevé les dates gênantes8.
Raymond Franz, ancien témoin de Jéhovah et membre du Collège central, a cité des publications qui prétendent que Dieu aurait utilisé les témoins de Jéhovah comme un prophète collectif9.
Le professeur James A. Beverley et d'autres critiques des témoins de Jéhovah ont accusé la secte de fausses prophéties à cause de ces prédictions, et ceci particulièrement en raison des affirmations péremptoires que les prédictions étaient hors de tout doute ou avaient été approuvés par Dieu. Il décrit cette histoire de « diseur d’avenir » comme « pathétique »10.
Les prédictions, par date de publication, comprennent:
Prédictions pour 1914
Après 1914
Prédiction pour 1925
L'attente d'Armageddon
Prédictions pour 1975
Prédictions pour la fin du xxe siècle
Bien que la littérature de la société Watchtower déclare que son fondateur, Charles Taze Russell, était dirigé par l’esprit saint de Dieu, au travers duquel il recevait des "éclairs de lumière"29, la société a tout de même beaucoup modifié ses doctrines d’origines, et a abandonné de nombreux enseignements de Russell30. Beaucoup de ces changements concernent la chronologie biblique, qui avait pourtant été présentée comme absolument fiable31,32,33,34,35.
Un des aspects de la Société Watchtower ignoré du grand public et des Témoins actuels est le soutien qu'elle a apporté autrefois à des traitements médicaux faisant référence à la pseudo-science93. En effet, l'organisation a présenté favorablement certains charlatans médicaux très connus du xxe siècle94, et a soutenu un nombre important de traitements ou remèdes très douteux, ainsi que l'invention, la promotion et la vente de gadgets relevant de la pseudo-science.
Déjà dans La Tour de Garde du 15 janvier 1912, Russell préconisait un traitement contre l'appendicite et la fièvre typhoïde, maladies causées selon lui par « des vers agressifs »95, et en 1915, il recommandait le traitement du docteur Park contre la pneumonie déclarant « qu’il semble efficace à chaque fois »96. Mais c'est surtout à partir de1919 et jusqu'aux années 1960 que la Société Watchtower a énoncé clairement ses positions dans le domaine médical.
Au travers de son périodique L'Âge d'or (devenu Réveillez-vous ! par la suite), la Société Watchtower s'est d'une manière générale montrée hostile à la médecine traditionnelle, en affichant à son égard un regard ouvertement réprobateur. Elle a notamment affirmé que la médecine scientifique était basée sur la magie noire égyptienne et avait un caractère démoniaque97. L’Association Américaine des Médecins (AMA) et ses médecins renommés ont d'ailleurs été vigoureusement critiqués98. Dans le même temps, elle a également énergiquement promu des thérapies et des procédures médicales dites alternatives excluant médicaments et sérums. D'ailleurs, de 1919 aux environs de 1960, les articles médicaux de ses publications étaient écrits principalement par des homéopathes, ostéopathes, naturopathes, ou chiropracteurs99.
Voici quelques-unes des positions médicales de la Société Watchtower principalement avant les années 1960 :
Par ailleurs, certaines déclarations médicales jugées inexactes scientifiquement113 de la part de la Société Watchtower sont critiquées par des opposants, qui lui reprochent en outre d'avoir très certainement provoqué la mort de ceux qui ont suivi ses conseils114.
Actuellement, la Société Watchtower continue de publier des articles ayant trait à la médecine, mais alors elle précise fréquemment dans une note qu'elle ne préconise aucun traitement en particulier, et que c'est à chaque chrétien de choisir en conscience ses propres soins médicaux115 (dès lors qu'il ne s'agit pas de transfusions sanguines ni de techniques faisant appel au spiritisme).
Les Témoins de Jéhovah n'acceptent pas de transfusion de sang total ou de l'un de ses composants majeurs (les globules rouges, les globules blancs, les plaquettes et leplasma). Ils ne donnent pas non plus leur sang ni ne le mettent en réserve en vue d'une autotransfusion1. Toutefois, l'organisation dirigeante laisse à la conscience des fidèles la décision d'accepter certaines fractions du sang comme l'albumine, les immunoglobulines ou les préparations pour hémophiles2,3. Le corps médical dispose maintenant d'alternatives à la transfusion sanguine acceptées par les Témoins de Jéhovah ; toutefois, elles ne sont envisageables que « dans le cadre strict de la chirurgie programmée, sous certaines conditions définies »4, alors que « dans le cadre de l'urgence, il n'existe pas aujourd'hui de produits disponibles en alternative à la transfusion de globules rouges »5. De ce fait, des opposants aux Témoins de Jéhovah reprochent à leurs dirigeants d'avoir indirectement causé la mort de fidèles à la suite d'un refus de ce soin6,7. Quant aux dirigeants Témoins de Jéhovah, ils présentent parfois dans leur revue comme modèles à suivre de jeunes Témoins décédés à la suite d'un refus de transfusion8
Controverses liées aux Témoins de Jéhovah
Les Témoins de Jéhovah ont attiré les critiques de la part de la chrétienté, de médecins, d'anciens membres, et de certains commentateurs concernant leurs doctrines et leurs pratiques. Ils on...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Controverses_li%C3%A9es_aux_T%C3%A9moins_de_J%C3%A9hovah
Transfusion sanguine chez les Témoins de Jéhovah
Les Témoins de Jéhovah n'acceptent pas de transfusion de sang total ou de l'un de ses composants majeurs (les globules rouges, les globules blancs, les plaquettes et le plasma). Ils ne donnent pa...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Transfusion_sanguine_chez_les_T%C3%A9moins_de_J%C3%A9hovah
Les Témoins de Jéhovah fondent leur point de vue sur l'utilisation du sang sur les versets de la Bible suivants : Genèse 9 : 4 ; Lévitique17 : 13, 14 ; Actes 15 : 28, 29 ; et Actes 21 : 25. Suivant leur compréhension de ces versets bibliques, ils en déduisent le principe selon lequel le sang a un caractère sacré et qu'il ne peut en être fait un mauvais usage. En conséquence, ils refusent non seulement la consommation d'aliments contenant du sang humain ou animal, mais encore toute utilisation thérapeutique de sang, qu'il s'agisse de sang allogénique total, de plasma, de concentrés globulaires, plaquettaires ou leucocytaires. Ils s'opposent également à la collecte anticipée de leur sang pour une utilisation différée, puisque le sang sorti du corps doit être versé à terre. En revanche, à la suite de directives de leur mouvement sur ces points, nombre de Témoins de Jéhovah acceptent désormais la transfusion de sang autologue au cours de procédures telles que l'hémodilution ou la récupération per- ou postopératoire du sang, dans la mesure où ils considèrent que c'est une extension de leur système circulatoire. La décision concernant l'utilisation de certains produits de fractionnement du plasma (albumine,immunoglobulines, antithrombine, facteurs de coagulation...) est depuis peu laissée à la conscience de chacun.
Plusieurs critiques peuvent être opposées à cette interprétation des Écritures :
En France, le droit a évolué ces dernières années à propos de la relation médecin-patient. En particulier, l'article L. 1111-4 du Code de la santé publique, issu de la loi Kouchner du 4 mars 2002 relative aux droits des malades, établi clairement le respect de la volonté du patient :
« Le médecin doit respecter la volonté de la personne après l'avoir informée des conséquences de ses choix. Si la volonté de la personne de refuser ou d'interrompre un traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en œuvre pour la convaincre d'accepter les soins indispensables. [...] Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. »
Dans le cas des mineurs, selon le même article, le médecin doit prendre les décisions qu'il juge nécessaires à la santé de l'enfant, même contre l'avis des parents :
« Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision. Dans le cas où le refus d'un traitement par la personne titulaire de l'autorité parentale ou par le tuteur risque d'entraîner des conséquences graves pour la santé du mineur ou du majeur sous tutelle, le médecin délivre les soins indispensables. »
Voici une liste d'affaires en rapport avec les Témoins de Jéhovah et la transfusion sanguine et pour lesquelles la justice est intervenue, soit pour passer outre à un refus de transfusion sanguine, soit pour condamner des médecins qui l'avaient pratiquée contre l'avis de leur patient.
Même après l'adoption de la loi de 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, la jurisprudence française reste constante pour ce qui est d'autoriser le médecin à transfuser un patient contre son gré, si le pronostic vital le justifie.
Dans son ordonnance du 16 août 20029, le Conseil d'État a considéré que « le droit pour le patient majeur de donner, lorsqu'il se trouve en état de l'exprimer, son consentement à un traitement médical revêt le caractère d'une liberté fondamentale », mais que les médecins ne portent pas une atteinte grave et manifestement illégale à celle-ci « lorsqu'après avoir tout mis en œuvre pour convaincre un patient d'accepter les soins indispensables, ils accomplissent, dans le but de tenter de le sauver, un acte indispensable à sa survie et proportionné à son état ».
En Belgique, le Comité consultatif de bioéthique a rendu en 2002 un avis31 qui recommandait :
« Dans le cas des Témoins de Jéhovah majeurs et capables en droit comme en fait, le médecin est obligé de respecter le refus d'une transfusion sanguine de nécessité vitale, même si cela signifie le décès du patient. »
En France, le Comité consultatif national d'éthique a conclu dans un avis relatif au refus de traitement et à l'autonomie de la personne (9 juin 2005)32 que « le refus de traitement clairement exprimé par une personne majeure ayant encore le gouvernement d'elle-même ne peut être que respecté, même s'il doit aboutir à la mort » (recommandation no 11), sauf dans les situations d'urgence vitale où il est impossible de recueillir le consentement éclairé du patient ou lorsque la vie d'un tiers est en jeu (enfant à naître, santé publique...).
Le médecin se trouve donc devant un problème de conscience : doit-il respecter le choix thérapeutique du patient quitte à le laisser mourir (autonomie du patient), ou bien passer outre sa volonté pour lui sauver la vie (paternalisme médical). Le droit français lui laisse la responsabilité de choisir. En effet, un médecin qui effectue un acte médical indispensable à la survie du patient, malgré son refus exprimé, reste dans son droit selon la jurisprudence ; et aucun praticien qui a respecté un refus obstiné d'un patient après avoir tout mis en œuvre pour le convaincre d'accepter la thérapeutique préconisée et l'avoir averti des conséquences vitales de son choix n'a été condamné pour « non-assistance à personne en danger ».
En ce qui concerne « le paternalisme médical » et « le consentement éclairé », une controverse récente déclenchée aux États-Unis par la publication d'un article dans la revueThe Journal of Church and State33, par une avocate dont la mère Témoin de Jéhovah est décédée d'anémie sévère en 2004 à la suite d'un refus des transfusions sanguines, prétend que le mouvement pourrait être tenu responsable juridiquement des informations médicales « imprécises voire malhonnêtes » qu'il donne à ses fidèles. En effet, il ne faudrait pas remplacer un "paternalisme" médical, par un "paternalisme" religieux : l'"autonomie du patient" ne doit pas être entravée non plus, par un mouvement prétendant parler au nom de Dieu, menaçant le contrevenant d'excommunication et donc de destruction éternelle par Dieu, et fournissant des données médicales incomplètes ou erronées, c'est dans ce sens qu'un article publié en décembre 2006 dans la revue Paediatric Child Health par Juliet Guichon et Ian Mitchell, dirige sa réflexion en analysant les trois dernières affaires judiciaires impliquant des mineurs Témoins de Jéhovah au Canada34
Depuis 1945, date de la première mention de l'interdiction des transfusions sanguines, jusqu'à nos jours, de nombreux Témoins de Jéhovah se sont retrouvés confrontés à une situation médicale où les transfusions sanguines sont la seule solution thérapeutique possible.
Rien qu'en France, en 1999, un médecin rapportait dans le journal Le Monde que les dirigeants Témoins de Jéhovah reconnaissaient auprès de la communauté médicale 15 cas par an de Témoins de Jéhovah n'ayant pas d'alternative aux transfusions sanguines35.
Les Dr Jerry Bergman et David Reed sont arrivés à la conclusion personnelle, qu'il meurt entre 450 et 1 150 Témoins de Jéhovah par an dans le monde36.
Une étude clinique réalisée aux États-Unis de janvier 1988 à décembre 1999 lors de laquelle a été examiné le risque de décès au cours de l'accouchement des femmes Témoins de Jéhovah a révélé que le taux de mortalité de ces mères était presque 44 fois supérieur à celui de la population américaine en général et ceci malgré le recours à des « cell-saver » (dispositifs qui collectent et réutilisent le sang du patient)37. Une autre étude portant elle aussi sur les risques de décès au cours de l'accouchement mais cette fois-ci réalisée en Hollande sur des données s'étalant de 1983 à 2006 montre un risque de mortalité de 14 pour 1000 chez les patientes Témoins de Jéhovah contre 4,5 pour 1000 pour la population en général38
Enfin, dans leur congrès de novembre 2001, des gynécologues américains ont constaté une surmortalité néo-natale de 20 % chez les enfants issus de familles Témoins de Jéhovah, faute de soins adaptés 39.
Un grand nombre de recherches sur les substituts sanguins stricto sensu (ayant les caractéristiques fonctionnelles du sang) sont menées sans avoir abouti pour l'instant.
En France, une note commune de la Direction générale de la santé et de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins au ministère de la Santé50 a été adressée en mai 2005 aux Directions départementales et régionales des affaires sanitaires et sociales à propos du DVD intitulé " Stratégies alternatives à la transfusion - Simples, sûres, efficaces " et diffusé par les Témoins de Jéhovah. Elle annonçait une expertise approfondie de ce document vidéo, mais celle-ci n'était toujours pas rendue publique fin 2006. C'est pourquoi, l'Académie nationale de médecine et la Haute Autorité de santé ont été saisies par le rapporteur de la commission parlementaire sur les sectes de 2006 d'une demande d'analyse scientifique des méthodes alternatives à la transfusion sanguine, telles qu'elles sont présentées dans un DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah auprès des médecins hospitaliers. Le rapport parlementaire dévoile les résultats de cette analyse51 :
« Saisies par votre rapporteur d'une demande d'analyse scientifique de ces méthodes alternatives, telles qu'elles sont présentées dans un DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah auprès des médecins hospitaliers, l'Académie nationale de médecine et la Haute Autorité de santé dénoncent l'une « des banalités, des approximations, et surtout des oublis tout à fait nuisibles à la sécurité transfusionnelle » et l'autre le fait « qu'il n'y a pas de présentation critique ni de l'ensemble des études disponibles ni des séries de cas auxquelles se réfèrent les experts interrogés dans le DVD, comme l'exigeraient les principes de la médecine fondée sur les preuves » (3). »
« Dans une lettre adressée à M. Jean-Pierre Brard, qui l'avait saisi de ce sujet, l'Ordre national des médecins qualifie ces méthodes de « pseudo-scientifiques car uniquement orientées vers leur finalité, sans validation ni développement de raisonnement critique ». »
« Par ailleurs, outre le fait que lesdites méthodes alternatives ( dont la mise en œuvre suppose qu'elles ont été planifiées longtemps à l'avance ) sont inutilisables en cas d'urgence et que « la sécurité sanitaire des produits sanguins a atteint un niveau de sécurité très élevé » (1), il ne peut plus être nié que « l'usage de la transfusion sanguine telle qu'elle se pratique aujourd'hui est la seule méthode qui ait fait la preuve de son efficacité et de son innocuité » et que « dans différentes circonstances de la pathologie [...] elle est un acte thérapeutique vital pour de nombreuses personnes » (2). »
« Dans cette dernière hypothèse, le refus de la transfusion sanguine devient non plus un choix thérapeutique mais un choix assumé face à la mort. »
« C'est pourquoi, la commission d'enquête constatant le retard de près de deux ans mis pour clarifier une situation qui perturbe certains membres du personnel hospitalier, a saisi l'Académie nationale de médecine et la Haute Autorité de santé d'une demande d'analyse dudit DVD. Dans sa réponse en date du 8 décembre2006, le professeur Jacques-Louis Binet, secrétaire perpétuel de l'Académie nationale de médecine (3), dénonce l'absence de caractère scientifique du DVD et notamment l'oubli par ce dernier de l'indication thérapeutique de l'érythropoïétine (4). Il ajoute qu'à l'heure actuelle les méthodes alternatives à la transfusion sanguine reconnues sont « des stratégies d'épargne des hématies ou des plaquettes » et qu'il n'existe pas pour le moment d'autres méthodes car « la production ex-vivo de cellules sanguines en est à l'état de recherche et la découverte de substituts reste décevante ». De même, par lettre du 11 décembre 2006, M. François Romaneix, directeur de la Haute Autorité de santé (5) précise que « seules les conséquences en termes d'épargne transfusionnelle sont présentées sans décrire et discuter les limites, voire les risques, les indications et les contradictions de chacune d'elles » et il critique quelques points médicaux saillants présentés dans le DVD : seuil d'hémoglobinémie, seuil transfusionnel, utilisation précoce de l'érythropoïétine... »
En réponse aux critiques émises par le Rapport 2005 de la MIVILUDES à l'encontre de ce documentaire, les Témoins de Jéhovah ont envoyé un courrier au Premier ministre qui apporte quelques explications52. Se défendant de mener une « contre-campagne de santé publique », ils rappellent que la transfusion sanguine n'est pas sans risque, comme le montrent chaque année les décès liés à des accidents transfusionnels. Ils signalent que des sommités mondiales dans les domaines de la chirurgie, de l'anesthésie et des soins transfusionnels utilisent couramment les alternatives à la transfusion et que la littérature à ce sujet est abondante et n'est pas propre aux Témoins de Jéhovah. Selon eux, le DVD s'adresse à un large public et a pour but d'établir un état des lieux en matière d'épargne sanguine et d'alternatives à la transfusion.
Les Témoins de Jéhovah doivent refuser toute transfusion sanguine pour obéir à un commandement divin, tel que leur en donne leur compréhension de la Bible. Chaque Témoin de Jéhovah baptisé possède une carte qu'il renouvèle chaque année pour demander aux médecins de ne pas lui administrer de transfusion sanguine en cas d'accident ou d'opération chirurgicale4.
La règle est la même pour les enfants mineurs qui doivent eux aussi s'abstenir de sang. Les parents qui suivent les recommandations de la Société Watchtower doivent refuser toute transfusion sanguine, même en cas de danger mortel pour leur enfant. Il est évident qu'ils ne désirent pas la mort de celui-ci, mais comme ils sont convaincus que la Bibledéfend l'absorption de sang, ils doivent choisir l'option qui consiste à refuser la transfusion sanguine, quelles qu'en soient les conséquences. S'ils désobéissent à ce commandement, ils croient se priver de la vie éternelle ; alors que s'ils refusent ce traitement, ils sont persuadés de retrouver leur enfant dans le paradis qu'ils pensent voir instauré très prochainement. Des enfants baptisés ou non vont aussi émettre cette volonté, s'ils sont un jour confrontés à ce cas de conscience. Ils vont suivre la consignebiblique mise en avant par les Témoins de Jéhovah, même si leur vie est en jeu, car ils sont persuadés qu'ils ressusciteront très bientôt.
Les techniques ne faisant pas appel à la transfusion de sang sont de plus en plus fiables et courantes, néanmoins il reste encore de nombreuses situations où la transfusion sanguine demeure la seule solution thérapeutique, notamment en cas d'accident. Dans de nombreux pays, la justice intervient dans les cas litigieux et ordonne en urgence que l'autorité parentale soit suspendue afin que la transfusion soit administrée. C'est la procédure appliquée en France pour les enfants hospitalisés. Dans tous les cas, en France, pour les mineurs, le médecin doit prendre les décisions qu'il juge nécessaires à la santé de l'enfant, même contre l'avis des parents (cf supra Partie juridique). Cependant, certains pays ont une législation qui ne protège pas aussi bien l'enfant mineur et aujourd'hui des enfants meurent encore dans le monde pour avoir refusé cette technique médicale6,53.
La commission d'enquête reconnaît qu'il ne lui appartient pas de porter un jugement sur les croyances des Témoins de Jéhovah, mais elle estime qu'il lui revient de dénoncer les effets de ces dernières sur la santé et le psychisme des enfants. Le rapport explique :
« Appelés à incarner l?image du martyre exemplaire, les jeunes Témoins de Jéhovah espèrent « devoir être opéré(s) pour pouvoir, le jour de l?opération, prouver qu?on est un bon Témoin de Jéhovah en refusant la transfusion sanguine »(5). C?est dans cette logique qu?un article du 24 mai 1994, publié dans la revue jéhoviste Réveillez-vous !, présentait les photographies de vingt-quatre enfants de différents pays, morts pour avoir volontairement refusé une transfusion sanguine et qu?il indiquait comment l?attitude de ces petits malades avait eu, sur le corps médical, un impact positif pour la secte. Leur refus inébranlable de la transfusion avait impressionné les personnels hospitaliers qui, du coup, se posaient des questions et pour certains se laissaient endoctriner par la suite (1). Cette éducation des jeunes enfants et cette préparation au martyre sont en soi extrêmement inquiétantes. Quant à l?attitude des parents qui conduit à mettre en péril la santé de leur enfant, voire à mettre en jeu son pronostic vital, en refusant toute transfusion sanguine, elle est inacceptable ; elle constitue un trouble à l?ordre public, selon l?analyse exposée devant la commission d?enquête par M. Jean-Olivier Viout, qui a notamment précisé : « Quand la vie d?un enfant est en danger, l?État ne doit pas transiger. (?) Le danger est là, et on refuse la transfusion sanguine : c?est un trouble à l?ordre public. » (2) Les manifestations de ce trouble sont aujourd?hui limitées par le sixième alinéa de l?article L. 1111-4 du code la santé publique qui, « dans le cas où le refus d?un traitement par la personne titulaire de l?autorité parentale ou par le tuteur risque d?entraîner des conséquences graves pour la santé du mineur », autorise le médecin à délivrer « les soins indispensables ». »
L'UNADFI dénonce l'atteinte à l?intégrité physique que représente le refus de la transfusion sanguine chez l'enfant. Elle explique que "pour plaire à Jéhovah, l?enfant doit être prêt à faire le sacrifice de sa vie", en citant l' extrait d'une publication du mouvement 55:
« Il vaut mieux entretenir de bonnes relations avec Jéhovah que d?enfreindre la loi divine sous prétexte de prolonger sa vie. La faveur de Dieu pour le présent et la vie éternelle dans l?avenir sont en jeu. »
Selon cette association, cette attitude peut conduire à un véritable culte du martyre, qu'elle illustre de cette citation de l'Annuaire 1991 des Témoins de Jéhovah 56.
« Quelle a été la réaction de Seri? «Même si je dois mourir aujourd?hui ou demain, je n?accepterai pas de sang, même pas une goutte», a-t-il dit au médecin. Non seulement il connaissait la loi divine relative au sang, mais il était prêt à la respecter dans n?importe quelle circonstance. (?) Environ six semaines après que sa maladie eut été diagnostiquée, Seri a été hospitalisé. Il a refusé avec ténacité le sang, bien que les médecins aient tout essayé pour le faire changer d?avis. Il s?est progressivement affaibli et on lui a administré de la morphine pour le soulager de ses souffrances. Mais tout au long de son épreuve, Seri a manifesté une foi remarquable. Il n?a pas cessé de parler de son espérance de vivre dans le Paradis terrestre à venir. Un jour, il a dit à sa mère : « Maman, si je meurs, dis à papa de ne pas pleurer, et toi, maman, ne pleure pas non plus, mais sois joyeuse parce que nous avons surmonté l?épreuve de Satan» Seri est mort fidèle, laissant un bel exemple aux autres jeunes en restant intègre dans l?épreuve »
Divers sites de la toile57 accusent les Témoins de Jéhovah de s'être engagés par écrit devant le secrétaire de la Commission européenne des droits de l'homme à ne plus exclureles membres qui accepteraient les transfusions sanguines, ceci dans le but d'obtenir le statut de religion qui leur aurait autrement été refusé, et ensuite d'avoir envoyé une lettre pour les Témoins bulgares stipulant le contraire. De ce fait, il est reproché à l'organisation de tenir un double langage : l'un devant les autorités, l'autre envers les adeptes58.
En effet, dans le rapport de la commission adopté le 9 mars 1998, l'alinéa 2.1 et 2.2 précisaient que les Témoins de Jéhovah avaient affirmé qu'en matière de transfusion sanguine, « il appart[enait] à chacun d'entre eux [les membres] d'utiliser son libre arbitre, sans aucun contrôle et sanction de la part de la requérante », qu'elle « ne fourni[rait] pas de déclaration préalable de refus de transfusion de sang aux personnes mineures » et qu'« elle reconnaiss[ait] à chaque individu la liberté de choix »59.
Toutefois, une lettre du Collège central en date du 27 août 1998 adressée aux Témoins de Jéhovah bulgares stipule à propos de l'adepte ayant accepté une transfusion sanguine : « S'il rejette cette aide et refuse de soutenir les principes bibliques, y compris les principes bibliques se rapportant au mauvais usage du sang, cela pourra parfois conduire à l'exclusion ». La lettre déclare également : « Ceci signifie-t-il que les Témoins de Jéhovah ont modifié leur position quant au traitement médical ? Non ». De même, le livre destiné aux anciens Prenez garde à vous-même et à tout le troupeau explique qu'un adepte acceptant une transfusion sanguine sans manifester de repentir doit être exclu60.
Dans un premier temps, certains médias avaient cru que la déclaration des Témoins de Jéhovah au gouvernement bulgare signifiait pour le mouvement l'abandon de l'interdiction des transfusions sanguines61. Mais dans une déclaration officielle du 15 juin 2000 faite aux médias anglais concernant cette question, les Témoins de Jéhovah ont réaffirmé leur position traditionnelle, à savoir que tout fidèle qui accepte du sang sans repentir continuerait d'être excommunié, précisant que « cette personne annule elle-même son appartenance à la congrégation, sans qu'il ne soit nécessaire d'entreprendre d'action. (...) Ainsi la congrégation ne prend pas de dispositions en vue d'annuler l'appartenance de l'individu à la congrégation dans une telle situation. Toutefois, finalement, le résultat est le même ; l'individu n'est plus considéré comme un Témoin de Jéhovah car il rejette une doctrine centrale de la foi »62.
Ainsi, la situation du fidèle ayant transgressé cet interdit est exactement la même qu'avant, la seule différence étant qu'il ne comparaît plus devant un comité de discipline religieuse et qu'il est ainsi considéré comme s'étant retiré volontairement63.
Plusieurs structures à vocation médicale ont été créées par les Témoins de Jéhovah. Au niveau international, la plus importante d'entre elle est le Comité de liaison hospitalier (CLH) fondé en 1979, avec pour but affiché de faire respecter leur refus de la transfusion sanguine en milieu hospitalier.
Si le sociologue Régis Dericquebourg estime que la création de ces CLH constitue une évolution des Témoins de Jéhovah en faveur d'une meilleure communication avec le monde qui les entoure64, en revanche des familles ayant perdu un de leur membre pour refus de soin, des médecins et les organismes de lutte contre les sectes dénoncent le lobbying pratiqué par ces différentes structures. Dans une lettre du 27 janvier 2004, Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l?Intérieur a signalé « les nombreuses infiltrations jéhovistes au sein du milieu médical qui ont été constatées depuis plusieurs années jusqu?à atteindre à ce jour un niveau inquiétant. » 65
Selon la Société Watchtower, les CLH, composés de Témoins de Jéhovah spécialement formés pour rencontrer les autorités médicales, ont été créés pour soutenir les fidèles du mouvement religieux dans leur refus de toute transfusion sanguine, et de faciliter les relations patient-médecin. Ces comités cherchent des thérapeutiques de remplacement qu'ils indiquent au personnel de l?hôpital, et déterminent ensuite par sondage quels membres de l?équipe médicale sont disposés à coopérer avec les Témoins. Ces comités forment aussi des fidèles pour qu?ils parlent des traitements non sanguins aux personnels hospitaliers. Le CLH dispose d'un système de télécopie permettant d'envoyer la documentation appropriée aux médecins soignant un patient Témoin de Jéhovah. Ce comité peut recevoir des appels 24 heures sur 24 et depuis 1992, un contrat a été signé avec un assureur pour faciliter le transfert d'un fidèle dans un établissement acceptant de soigner sans utiliser de sang66.
Selon la Mission interministériel de lutte contre les sectes (MILS), ces CLH reposent en fait sur quelques adeptes, qui se voient attribuer une zone d?intervention (sept zones et seize correspondants) selon un découpage géographique du territoire. Il y a un annuaire des médecins jéhovistes, et parfois un médecin praticien Témoin de Jéhovah peut se présenter et demander « à "participer" à une intervention chirurgicale, alors même qu'il ne connaît aucunement le malade Témoin de Jéhovah »67.
En janvier 1988, un Service d?information médicale a été mis en place au siège mondial de la Société Watchtower, à Brooklyn, avec comme objectif de rechercher de l'information médicale sur les traitements sans sang, d'établir des fichiers répertoriant les chirurgiens soignant sans transfusion sanguine, et de former des anciens (surveillants locaux) pour défendre les intérêts jéhovistes. Des représentants de ce service ont dirigé des séminaires dans certaines des filiales et ont formé des CLH destinés à promouvoir l?emploi de thérapeutiques non sanguines auprès des établissements hospitaliers.
Entre 1988 et 1991, aux États-Unis, 18 séminaires ont formé plus de 600 anciens pour qu?ils constituent un réseau d'une centaine de CLH répartis dans les grandes villes du pays. En février et en mars 1990, quatre séminaires concernant huit filiales ont eu lieu dans le Pacifique, puis quatre autres en Australie, au Japon, aux Philippines et à Hawaii, pour huit filiales, puis en novembre et en décembre 1990, dix autres en Europe, en Amérique latine et aux Antilles, et cinq en Europe (Angleterre, Suède, France, Allemagne etEspagne) pour 20 filiales, cinq autres touchant 32 filiales au Mexique, en Argentine, au Brésil, en Équateur et à Porto Rico, quatre dans l'ouest Pacifique touchant huit filiales (àSydney pour l?Australie et la Nouvelle-Zélande, à Manille pour les Philippines, Hong Kong et Taïwan, à Ebina pour le Japon et la Corée, à Honolulu, pour Hawaii). Vingt CLH ont été établis au Japon, et sept en Corée68,69.
Le Service d?information hospitalier a produit un ouvrage à trois index contenant des articles médicaux pour les pédiatres et les néonatalogistes soignant des enfants de Témoins de Jéhovah. Il a également produit un ouvrage de 260 pages intitulé Soins familiaux et gestion des dossiers médicaux des Témoins de Jéhovah, manuel à feuilles volantes destiné principalement aux juges, aux assistantes sociales et aux hôpitaux pour enfants70.
En 1993, selon ce que les Témoins de Jéhovah déclarent dans leurs publications, il y avait 850 CLH dans 65 pays ; plus de 4 500 anciens étaient formés pour promouvoir auprès des médecins les techniques évitant la transfusion sanguine71. Ils avancent le chiffre de 5 000 médecins prêts à collaborer avec eux en 1988, puis 30 000 dans 65 pays en 1993, et 50 000 en 1995 dont 18 000 aux États-Unis72.
Toutefois, il n'est pas possible de vérifier concrètement la véracité de ce chiffre qui est est certainement inférieur en réalité. Ainsi, en 2000, le Bureau d'information des Témoins de Jéhovah de Louviers a lancé une vaste campagne sur le thème "Médecine et chirurgie sans transfusion" : 20 millions de brochures prônant le refus systématique de toute transfusion sanguine ont été distribuées en quelques semaines et 21 conférences "scientifiques" ont été organisées en France. Des médecins y ont participé. Le périodiqueRéveillez-vous ! a alors affirmé : « Plus de 90 000 médecins dans le monde ont fait savoir qu'ils étaient disposés à soigner les Témoins de Jéhovah sans avoir recours au sang ». Certains médecins ont déclaré dans les médias qu'ils avaient été « manipulés » par l'organisation jéhoviste et avaient souhaité ne plus participer à leur colloques73.
L'Association médico-scientifique d'information et d'assistance au malade (AMS) est composée de médecins et de juristes Témoins de Jéhovah (Alain Garay, Philippe Goni, Armine Najand). Cette association « organise notamment des colloques qui diffusent la doctrine relative au refus de transfusion sanguine et tentent de la valider aux plans scientifique et juridique »74.
L'Association nationale des droits du patient (ANDP) a été créée en septembre 2000 par Alain Garay, avocat des Témoins de Jéhovah, et Olivier Serfati, médecin.
Des critiques du mouvement, des médecins ainsi que des familles ayant perdu un de leurs membres à la suite d'un refus de transfusions dénoncent les pressions que ces CLH exerceraient dans les milieux hospitaliers75, notamment en envoyant des anciens (surveillants locaux) au chevet des patients Témoins de Jéhovah afin que ceux-ci s'abstiennent bien de toute transfusion sanguine, y compris dans des situations critiques.
Dans son rapport de 2001, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (MILS) estime à propos des CLH qu' « en tout état de cause, [ceux-ci] adressent des injonctions au malade et à son entourage, exercent leur vigilance sur les services hospitaliers, "recommandent" parfois des produits de substitution coûteux. Ceci peut aboutir à des situations qui, indépendamment des pressions exercées sur le malade et son entourage dans une situation de détresse, érigent les comités de liaison hospitaliers en instances de contrôle illégales et illégitimes. Ces agissements peuvent compromettre le fonctionnement des établissements de soins et porter atteinte au service public hospitalier ».
Un néphrologue de la région lyonnaise, dont le patient Témoin de Jéhovah est décédé pour avoir refusé une transfusion sanguine, après une transplantation rénale en 2002, a témoigné : « Au pied du lit, aux côtés de l'épouse et des enfants, également adeptes de la secte, "une espèce de gourou" bombarde l'équipe soignante de directives médicales (...) pour respecter l'interdit divin, nous avons épuisé toutes les thérapeutiques substitutives imaginables et avons été obligés de maintenir des techniques invraisemblablement coûteuses et totalement inutiles. C'est comme si on avait essayé d'éteindre un incendie avec tout, sauf de l'eau. » Selon un ancien adepte, cet homme était un responsable local du Comité de liaison hospitalier : « Les CHL sont des équipes spécialement formées en communication sur la question du sang et chargées de faire du lobbying auprès des professionnels de la santé. Campagnes, conférences, périodiques... L'organisation est dirigée depuis New York, par une dizaine de gérontes. Sous couvert d'un pseudo?habillage scientifique, où ils invoquent les risques liés aux transfusions sanguines, ils infiltrent le milieu médical et rendent les médecins, à leur corps défendant, complices d'un conditionnement mortel ».
En 2005, le journal France-Soir signale que les Comités de liaison hospitaliers des Témoins multiplient les ambassades auprès des chefs de services les plus concernés par les problèmes de transfusion : anesthésie-réanimation, orthopédie, chirurgie... En quatre ans, dix mille exemplaires d'une vidéo, produite par le service d'information hospitalier de Brooklyn ont été diffusés dans tous les hôpitaux de France. Intitulé "Les alternatives à la transfusion" ce DVD est censé faire le point sur toutes les techniques existant pour limiter ou éviter le recours à la transfusion76 . En 2006, ce DVD a été analysé à la demande de la Commission parlementaire sur les sectes par l?Académie nationale de médecine et laHaute Autorité de santé qui ont dénoncé l?une « des banalités, des approximations, et surtout des oublis tout à fait nuisibles à la sécurité transfusionnelle », l'autre des méthodes « pseudo-scientifiques» (cf. supra l'analyse du DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah sur les alternatives à la transfusion sanguine).
Jonathan Lavoie, ex-Témoin de Jéhovah militant pour le rejet des refus de soins pour causes religieuses, a déclaré lors de l'entrevue d'une télévision canadienne que la Franceallait prendre des mesures pour interdire l'accès aux hôpitaux des CLH77.
L'Association de défense de la famille et de l'individu (ADFI) juge que les démarches de ces organisations émanant des Témoins de Jéhovah constituent « une véritable offensive menée par la secte qui laisse croire que, dans tous les cas, la transfusion peut-être remplacée par autre chose, ce qui est faux et fait de plus en plus pression pour être reconnue comme une religion »73.
Un professeur, au départ prévu parmi les intervenants d' un colloque organisé par l'AMS, a ensuite renoncé à sa participation. Toutefois, alors qu'il avait prévenu par courrier six mois à l'avance qu'il ne participerait finalement pas à ce colloque, son nom figurait toujours sur la liste du comité d'organisation et circulait sur Internet. Il s'en est indigné : « C'est malhonnête, j'ai été manipulé »73.
Auditionné par la commission parlementaire sur les sectes de 200678, le sociologue Bertrand Sachs a déclaré à propos de l'ANDP que « cette association fait partie de ces associations lobbyistes qui existent dans le milieu sectaire, et qui font tout pour égarer le public, notamment à travers leurs intitulés, qui, d?une part, ressemblent toujours à des intitulés officiels, et d?autre part, font toujours référence à la défense de la personne et de l?être humain ». Quant à Jean-Pierre Brard, député membre des commissions parlementaires sur les sectes, il s'est exprimé à propos de cette association dans les termes suivants (JO du 15/12/2003) 79 : « Les Témoins de Jéhovah avancent masqués. Il a fallu toute la vigilance du président du Sénat pour empêcher que se tienne, dans l'enceinte du Palais du Luxembourg, un colloque organisé par une des nombreuses associations qui servent de faux-nez aux Témoins de Jéhovah. »
Après avoir décrit le rôle des CLH et de l'AMS, la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) a signalé dans son rapport de 200180 : « Sachant l'aptitude des mouvements sectaires à pratiquer la désinformation, leur habileté à s'introduire dans les instances et publications officielles, il n'est pas infondé de craindre que certains aspects du débat public sur les droits des malades ne se soient développés sur la base de notions tronquées. » À cet égard, elle signale l'ouvrage "Consentement éclairé et transfusion sanguine" publié en 1996 par les éditions de l'École Nationale de la santé publique, sous la direction de Sophie Gromb81 et Alain Garay, Témoin de Jéhovah lui-même et avocat des Témoins de Jéhovah.
Thèse d'exercice en vue d'obtention du diplôme d'État de Docteur en Médecine
La pédophilie est contraire aux valeurs morales des Témoins de Jéhovah. Ils pensent que cette pratique relève de ce que la Bible appelle la pornéia en grec, c'est-à-dire une relation sexuelle hors du cadre du mariage. Ils considèrent cette pratique un péché grave susceptible de tomber sous le coup d'une excommunication de celui qui s'y adonne1.
Dans ses publications, le mouvement religieux explique que la pédophilie constitue un « vieux fléau qui a pris aujourd'hui d'énormes proportions [dont les] effets peuvent être dévastateurs », et précise qu'on « ne peut excuser la mauvaise conduite » des personnes qui abusent sexuellement des enfants. Elle déplore aussi le silence auquel les victimes sont souvent contraintes par leur bourreau et recommande aux parents d'éduquer leurs enfants dans ce domaine dans le but de prévenir les agressions. Il est préconisé notamment de leur apprendre à repousser les marques d'affection qui sont déplacées ou qui les mettent mal à l'aise, et à encourager l'enfant à montrer ce qu'il ferait, cela en le mettant mentalement, sous forme de jeu, dans la situation2. Même les ouvrages destinées aux enfants évoquent la question des abus sexuels sur mineurs dans une optique préventive3.
Les Témoins de Jéhovah encourageaient dès 1985 dans leurs publications de tout mettre en œuvre pour protéger l'enfant victime d'agression sexuelle, quelles qu'en soient les conséquences notamment pour le criminel4. Dans un article de 1997, Réveillez-vous ! recommandait même aux parents de « dénoncer le coupable aux autorités »5. Quant à La Tour de Garde, elle rappelait que la congrégation chrétienne ne devait pas chercher à soustraire l'agresseur des sanctions pénales prévues par la loi du pays6.
Deux témoins des actes pédophiles, ou des aveux, sont nécessaires pour l'établissement des faits, sur la base des versets bibliques tels que Deutéronome 19:15 qui déclaré : « Un seul témoin ne pourra se dresser contre un homme à propos d’une faute ou d’un péché quelconque, pour un péché quelconque qu’il peut commettre. Ce n’est que sur le dire de deux témoins ou sur le dire de trois témoins que l’affaire tiendra. » Quand on ne trouve pas deux témoins oculaires, ce qui arrive souvent dans une affaire de pédophilie, une confrontation entre la victime et l'accusé est nécessaire pour avérer les faits. Elle pose cependant le problème des séquelles psychologiques que cette confrontation peut produire sur la victime. À ce propos, la Société Watchtower a été condamnée récemment au Canada pour avoir imposé cette confrontation7.
Si malgré la confrontation, l’accusé ne reconnaît pas les faits, l’affaire est classée. Ce fait est illustré par le cas d'une jeune bruxelloise appartenant à une famille Témoin de Jéhovah, qui avait été abusée pendant un an et demi par l'un d'eux, lorsqu'elle avait 9 ans. Les anciens, avertis, avaient organisé une confrontation entre l’abuseur et sa victime, mais comme il n’y avait pas deux témoins de l’affaire, aucune discipline religieuse n'avait été portée. En 2003, cette jeune femme est allée déposer plainte à la police contre son bourreau, juste avant la prescription8.
Les pédophiles reconnus coupables par les comités de discipline religieuse et ne montrant pas de repentance étaient excommuniés du mouvement ; les anciens considérant avoir ainsi rendu la justice de Dieu. Toutefois, ceux-ci ne les ayant pas dénoncé aux autorités pour ne pas jeter l'opprobre sur l'organisation de Jéhovah, il est arrivé que certains d'entre eux continuent à abuser d'enfants jusqu'à ce qu'ils soient dénoncés aux autorités par d'autres personnes. Dans une affaire jugée en Norvège, un pédophile qui avaitmaltraité sexuellement des enfants de sa congrégation pendant 23 ans, a fini par être excommunié des Témoins de Jéhovah après une enquête interne au mouvement, mais n'a jamais été dénoncé aux autorités. Il a continué à abuser d'enfants, après la révélation de ses abus sexuels et son exclusion du mouvement religieux. Il a par la suite été dénoncé par les parents d'un garçon de neuf ans et condamné sur cinq faits d'action obscène, mais ses anciens crimes, prescrits, n'ont pas pu être considérés pour la sentence.
Les pédophiles reconnus coupables, mais repentants, ne sont pas identifiés auprès des fidèles, ce qui a entraîné des récidives. Si certains dangers existent, les anciens sont tenus de prendre les mesures préventives nécessaires : ces mesures préventives consisteraient à conseiller aux pédophiles repentants de ne plus se trouver en contact avec des enfants. À titre comparatif, un pédophile jugé comme tel par un vrai tribunal est bien évidemment connu de tous sauf s'il a déménagé pour une autre région, il est mis hors d'état de nuire pendant un temps par une peine de prison et il lui est parfois demandé de suivre un traitement médical.
D'anciens pédophiles Témoins de Jéhovah peuvent encore faire du porte-à-porte si les anciens considèrent qu'ils ont démontré leur amendement.
Souvent, les victimes d'abus sexuels n'ayant pas déclaré l'affaire aux autorités n'ont pas bénéficié d'un soutien psychologique par des spécialistes de la santé.
Les premières affaires concernant le traitement de la pédophilie chez les Témoins de Jéhovah ont fait surface à la fin des années 1990 quand Bill Bowen, ancien d'une congrégation américaine et scandalisé de la réponse du Béthel suite à une de ses demandes concernant une affaire de pédophilie qu'il traitait au sein de sa congrégation, a alerté la presse, et monté un site Web baptisé Silentlambs, qui a récolté des dizaines de témoignages allant dans le même sens en peu de temps. Cette mobilisation a entrainé plusieurs émissions de télévision tant aux États-Unis, qu'en Australie, en Angleterre, au Danemark et en Suède9. Toutefois, d'après Barbara Anderson, ancienne chercheuse pour le compte du Comité de Rédaction du siège mondial, le débat a pris place au plus haut niveau dans le début des années 1990.
D'après Bill Bowen, le siège de l'Église possèderait dans ses fichiers les cas de pédophilie réels ou présumés dont le nombre atteindrait 23 720 ; cette liste n'étant pas communiquée aux autorités10. Pour cette raison, il a qualifié l'Église de « paradis pour pédophiles »11.
Dans un reportage télévisé, l'ex-membre Alain Berrou a expliqué que la procédure en cas d'abus sexuel sur mineur n'était pas définie de manière dactylographiée dans le livre destiné aux anciens Prenez garde à vous-même et à tout le troupeau, mais que chaque surveillant devait écrire dans les marges du livre au mot à mot les recommandations de l'organisation lors de réunions destinées aux anciens. Il était préconisé en premier de contacter le service juridique interne et de se retrancher derrière le secret confessionnel. En finalité, les anciens jugeraient la situation en prenant en compte les intérêts de l'organisation12. Bill Bowen a pour sa part déclaré que son association a reçu 7 000 signalements d'actes pédophiles lors des sept dernières années, et que 300 d'entre eux ont été rapportés à la police13. Il a expliqué qu'un mois auparavant, des négociations à l'amiable avaient été conclues entre la Société Watchtower et 16 victimes qui avaient été indemnisées, et auxquelles le mouvement demandait de se taire et d'abandonner les poursuites14.
Il semble qu'en ce qui concerne la non-dénonciation aux autorités judiciaires, le mouvement ait pris conscience de ses erreurs en 1998, tout en continuant à nier publiquement avoir couvert sciemment des actes de pédophilie. En France, selon les Témoins de Jéhovah, depuis la création en 1994 d'un bureau des affaires religieuses, les ministres duculte sont obligés de prendre en charge les dénonciations à la justice de faits graves, au cas où celles-ci ne seraient pas faites par les parents15. Toutefois, dans l'affaire dePézenas (Hérault), les faits de pédophilie incriminés avaient eu lieu de 1985 à 1996 ; les anciens qui avaient excommunié le coupable avaient argué du « secret de la confession » pour n'avoir pas dénoncé les faits et avaient été condamnés à 3 000 francs d'amende par la cour d'appel de Montpellier16. De plus, dans le cas d'une autre affaire jugée par le tribunal correctionnel de Dijon, les anciens ayant appris en mai 1995 qu'un membre de leur congrégation imposait des relations sexuelles à sa fille l'avaient jugé en interne sans le dénoncer aux autorités. Ils avaient expliqué devant le tribunal qu'étant ministres du culte des Témoins de Jéhovah, ils estimaient être tenus au secret en raison de leur état ; ils avaient été condamnés pour non-dénonciation de crime à trois mois de prison avec sursis. On peut néanmoins trouver surprenant qu'un mouvement qui ne pratique pas la confession avance justement l'argument du secret de celle-ci pour justifier la non-dénonciation à la police.
À l'époque où ces affaires mettant en cause le déroulement interne des comités de discipline religieuse ont éclaté, des publications destinées à être diffusées auprès d'un large public, incitaient pourtant les parents à dénoncer ce genre de crime aux autorités17. Barbara Anderson, ex-chercheuse pour le compte du Comité de Rédaction du siège mondial des Témoins de Jéhovah, évoque un combat interne opposant certains membres rigoristes du Collège Central (le corps dirigeant des Témoins de Jéhovah) et du Comité de Service (chargé de régler les affaires internes aux congrégations dont les problèmes de pédophilie) à des membres plus ouverts du Comité de Rédaction, chargé d'écrire les articles des revues des Témoins de Jéhovah où sont parus aux fil des ans plusieurs articles pour la défense des victimes des actes pédophiles.
Du point de vue légal, précisons que la législation française n'impose pas à un ministre du culte tenu par le secret professionnel de dénoncer des faits constitutifs d'infractions pénales appris dans le cadre d'une confession ou toute autre confidence venue à leur connaissance dans le cadre de leur fonction. En principe, la révélation d'une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire est passible d'une condamnation pénale18. Or, la jurisprudence a depuis longtemps estimé que les ministres du culte sont soumis à l'obligation du secret professionnel19. Mais dans les cas particuliers des atteintes ou sévices graves infligés à un mineur ou à une personne particulièrement vulnérable, le dénonciateur n'encourrait aucune poursuite pour violation du secret professionnel20. D'autre part, les articles du code pénal qui sanctionnent la non dénonciation de tels crimes prévoient expressément que cette obligation ne s'applique pas aux personnes astreintes au secret professionnel21. En conséquence, les ministres des divers cultes sont en droit de dénoncer de tels crimes aux autorités compétentes malgré le secret professionnel, mais ils n'ont aucune obligation de le faire quand cela leur est révélé par confession ou tout autre confidence spontanée.
Néanmoins, la jurisprudence a dû préciser les limites du secret professionnel, faute d'être mentionnées explicitement dans la loi. C'est ainsi qu'à la fin des années 1990 et au début des années 2000 quelques décisions de justice ont montré que la qualification de « secret professionnel » dépend des qualités (ministre du culte, ami, parent, médiateur) ainsi que des conditions (confession, confidence volontaire, enquête) dans lesquelles un ministre du culte a appris une information :
Suite à ces affaires opposant la nécessité de dénoncer des actes criminels au secret professionnel auquel sont tenus les ministres du culte, qui ne se limitent pas aux Témoins de Jéhovah, une députée a interrogé le ministre de la Justice en 2002 sur l'opportunité de « rapidement proposer au Parlement une réforme de la notion du secret professionnel reconnu aux ministres des cultes dans un sens qui permettrait de contraindre les autorités religieuses (quelles qu'elles soient) à collaborer pleinement avec la justice de la République dans le cadre d'affaires de viols ou d'affaires criminelles dans le sens le plus large du terme ». En réponse, la garde des sceaux a confirmé qu'une jurisprudencetraditionnelle consacre le secret professionnel des ministres du culte, en mentionnant les limites mentionnées précédemment28.
En tout état de cause, une personne astreinte au secret professionnel est soumise à l'article 223-6 du code pénal sur la non-assistance à personne en danger, bien que l'obligation de porter assistance n'entraine pas nécessairement comme mesure de protection la dénonciation aux autorités judiciaires, elle ne l'exclut pas quand il n'y a pas d'autres solutions29.
Avant cette récente remise en cause du secret professionnel auquel sont tenus les ministres du culte, les responsables locaux qui ont eu a traiter des affaires de pédophilie dans le cadre de leur œuvre pastorale n'ont pas dénoncé ces faits aux autorités compétentes, en se considérant astreints au secret confessionnel. Or, dans les affaires précitées, il a été jugé que le secret professionnel n'était pas applicable. Désormais, selon les Témoins de Jéhovah français, depuis la création en 1994 d'un Bureau des Affaires Religieuses chargé des les assister dans leur œuvre pastorale, les ministres du culte qui ont à traiter une affaire de pédophilie ont pour consigne de signaler systématiquement les faits criminels aux autorités, après avoir encouragé la victime ou ses proches à déposer plainte30.
Suite à une émission américaine appelée Dateline dévoilant leur politique en la matière, les Témoins de Jéhovah ont, sur leur site officiel anglais31, affirmé plusieurs points en rapport avec leur traitement de la pédophilie :
Cette reconnaissance médiatique récente, circonstanciée, et uniquement sur leur site Web en anglais, n'a pour l'instant pas été suivie d'actes au niveau judiciaire : chaque victime ayant demandé des comptes à la Société Watchtower pour sa gestion des affaires de pédophilie a été vigoureusement combattue judiciairement et spirituellement (excommunication) par le mouvement.
De plus, dans un courrier daté du 10 octobre 2006 et adressé au Premier ministre en France33, les Témoins de Jéhovah apportent une réponse aux accusations publiées dans le rapport 2005 de la MIVILUDES à ce sujet34. Après avoir rappelé qu'ils condamnent vigoureusement toutes sortes d'agressions contre les mineurs et qu'ils favorisent la prévention depuis plus de trente ans, ils expliquent qu'ils ont pour éthique de signaler de tels faits et de protéger les enfants qui en sont victimes. Ils signalent notamment « la création en1994 d'un Bureau des Affaires Religieuses ainsi que les instructions de leur Institution religieuses bien avant que ce douloureux problème de société n'attire l'attention desmédias ». En comparaison, ce n'est qu'en août 1997 que l'Éducation nationale a donné des consignes pour gérer ce genre d'affaires35. Ils font également remarquer que le législateur n'a rajouté le cas des atteintes sexuelles infligées à un mineur de quinze ans dans le code pénal parmi les omissions de dénonciation qu'en 199836. Enfin, ils considèrent que les ministres du culte n'interviennent que dans le cadre de l'œuvre pastorale, comme d'autres religions, et qu'ils n'entendent pas se substituer à la justice destribunaux.
Les exemples relatés ci-dessous ne constituent pas une liste exhaustive des cas de pédophilie au sein des Témoins de Jéhovah, mais permettent d'illustrer la politique du mouvement dans ce genre de situation, ainsi que les conséquences judiciaires qui en ont découlé.
« Les lois bibliques ont-elles un effet sur votre vie de famille? Par exemple, on lit en Lévitique 18:6: "Vous ne devrez vous approcher, nul homme d'entre vous, d'aucune proche parente charnelle, pour en découvrir la nudité. Je suis Jéhovah." Pareillement aujourd'hui, la congrégation chrétienne fait respecter des lois strictes contre toute forme d'agressions sexuelles. Quiconque se rend coupable d'attentat aux mœurs sur un enfant risque d'être exclu, chassé de la congrégation. - 1 Corinthiens 6:9, 10. »
« Cependant, si on découvre qu'un enfant a été victime de violences sexuelles et surtout d'un inceste, deux choses sont à faire sur-le-champ : en premier lieu, protéger l'enfant, et aussi les autres enfants de la famille contre d'autres sévices. Cela doit être fait peu importe le prix. Dans la plupart des cas, on confondra publiquement l'agresseur. Quelles que soient les conséquences, il est important que l'enfant acquière la certitude que l'agresseur ne pourra jamais plus s'en prendre à lui. En second lieu, l'enfant doit se sentir soutenu moralement et entouré d'amour. Les parents doivent laisser clairement entendre que la petite victime n'est pas coupable. Le délit dont elle a été l'objet et toutes les conséquences qui en découlent (même si un proche parent doit aller en prison) ne sont pas de sa faute. »
« C'est un paradis pédophile créé par les Témoins de Jéhovah, a dit Bill Bowen. Un pédophile peut entrer dans n'importe quelle congrégation, rester anonyme, avoir l'accès à plusieurs enfants par ses activités dans l'église et tout qu'elle doit faire c'est juste continuer à l'ignorer, car il aura la clause de confidentialité dans la politique de la Watch Tower pour lui permettre de continuer. »
« Des juristes conseillent de signaler l'agression aux autorités dès que possible. Dans certains pays, la loi l'exige. Dans d'autres, en revanche, les poursuites engagées ont peu de chances d'aboutir. (…) Les parents doivent donc faire tout ce qui est raisonnablement en leur pouvoir pour protéger leurs enfants. Nombre de parents responsables recherchent l'aide d'un spécialiste. »
« La révélation d'une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d'une fonction ou d'une mission temporaire, est punie d'un an d'emprisonnement et de15 000 euros d'amende. »
« Sur le premier point, une jurisprudence traditionnelle, rendue sous l'empire de l'ancien code pénal et de son article 378, mais reprise dans le cadre de la rédaction nouvelle de l'actuel article 226-13 (tribunal correctionnel de Caen 4 septembre 2001), n'avait fait aucune difficulté pour considérer que les ministres des divers cultes étaient astreints au secret professionnel, aussi bien pour les faits appris dans le cadre étroit de la confession, que pour ceux venus à leur connaissance en raison même de leur qualité de ministre du culte (à l'exclusion de toute autre qualité comme par exemple celle d'ami, de parent, ou de médiateur (cour d'appel de Montpellier 19 octobre 1999). »
« L'article 226-13 n'est pas applicable dans les cas où la loi impose ou autorise la révélation du secret. En outre, il n'est pas applicable :
1º À celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de privations ou de sévices, y compris lorsqu'il s'agit d'atteintes sexuelles, dont il a eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à une personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique ; (…) »
« Le fait, pour quiconque ayant connaissance d'un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. (…)
Sont également exceptées des dispositions du premier alinéa les personnes astreintes au secret dans les conditions prévues par l'article 226-13. »
« Un secret professionnel qui était en effet au cœur des débats lors du procès de Pierre Pican les 14 et 15 juin. Mais le tribunal correctionnel de Caen dans ses motivations a été clair: il n'y avait pas eu confession ni confidence à proprement parler entre l'abbé Bissey et Mgr Pican, René Bissey s'étant entretenu avec l'évêque à le demande de ce dernier. »
« Sur le second point, une jurisprudence récente (déjà citée) d'un tribunal correctionnel (Caen 4 septembre 2001) a eu l'occasion de pencher sur cette question et de rechercher si l'information reçue par le ministre du culte avait un caractère secret, non pas tant en raison de la qualité de celui qui la recevait, mais en fonction de la nature même de celle-ci et des conditions dans lesquelles elle était venue à la connaissance du ministre du culte. En l'espèce, le tribunal relevait que l'ecclésiastique concerné avait eu connaissance d'une partie des faits à la suite de l'enquête qu'il avait prescrit à son vicaire général de diligenter. Et il en déduisait que les faits ainsi venus à sa connaissance ne procédant ni d'une confession, ni d'une autre confidence spontanée, ne pouvaient être constitutifs d'un secret professionnel de nature à exonérer le ministre du culte de l'obligation de révélation pesant alors intégralement sur lui (en ce sens également tribunal correctionnel de Dijon 25 février 1998). »
« La garde des sceaux, ministre de la justice a l'honneur de faire connaître à l'honorable parlementaire qu'une jurisprudence traditionnelle consacre le secret professionnel des ministres du culte, dans les conditions de droit commun de l'article 226-13 du code pénal qui prohibe la « révélation d'une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire (…) par état ». Ainsi, toute information détenue par un ministre du culte n'est pas frappée par le secret professionnel, encore faut-il qu'il en soit « dépositaire par état » selon les termes de la loi sus-rappelés. Il résulte de la jurisprudence que les information recueillies dans le cadre d'une confession ou dans le cadre d'une confidence reçue à raison de son état ou encore celles recueillies dans le cadre de l'entretien préalable au mariage religieux, entrent dans le champ du secret. En vertu de l'article du 226-14 du code pénal, les personnes tenues au secret professionnel ne peuvent être regardées comme coupables d'une non-dénonciation de crime, au sens de l'article 434-1 dudit code. Encore faut-il préciser que, dans les cas de privations, sévices ou atteintes sexuelles infligées à un mineur de 15 ans ou à une personne vulnérable, les intéressés sont déliés du secret professionnel aux fins notamment d'information de l'autorité judiciaire. En outre, le respect du secret professionnel ne saurait être opposé à des poursuites pénales fondées notamment sur la non-assistance à personne en péril. Enfin, les personnes tenues au secret professionnel ne sauraient s'opposer à une perquisition conduite dans le cadre d'une procédure pénale dès lors que celle-ci est utile à la manifestation de la vérité. En vertu de l'article 56 du code de procédure pénale, l'officier de police judiciaire a, toutefois, « l'obligation de provoquer préalablement toutes mesures utiles pour que soit assuré le respect du secret professionnel ». La ministre de la justice estime, en conséquence, que le droit positif assure un juste équilibre entre les nécessités des enquêtes pénales devant conduire à la manifestation de la vérité et la protection du secret professionnel reconnu aux ministres du culte dans l'intérêt du respect de la liberté de conscience de chacun. »
« Le garde des sceaux a l'honneur de faire savoir à l'honorable parlementaire que les dispositions de l'article 223-6 du code pénal qui incriminent, notamment, l'omission d'empêcher une infraction a repris les dispositions à l'article 63 de l'ancien code pénal, sans en modifier l'économie générale. Dès lors, la jurisprudence établie sous l'empire de l'ancien code pénal a vocation à éclairer les dispositions de l'article 223-6 du code pénal. Aussi, conformément à la jurisprudence ancienne, les dispositions de l'article 63, alinéa 1, n'imposaient pas aux médecins l'obligation de dénoncer la privation de soins et d'aliments infligés à ces mineurs, dès lors que ces médecins n'avaient pas eu conscience que ces faits étaient constitutifs d'infractions pénales (cour d'appel de Paris, 15 juin 1951). De même, l'article 63, alinéa 1, n'imposait-il pas en lui-même l'obligation de dénonciation et ne pouvait donner lieu à condamnation d'un fonctionnaire de police qui n'avait pas dénoncé à ses supérieurs le crime de vol avec arme que son beau-frère préparait de façon éminente (Cass. crim., 7 nov. 1990, bull. crim. n° 372). En revanche, s'il apparaît que l'omission d'empêcher une infraction ne peut être réalisée que par la seule dénonciation de cette infraction, les dispositions pénales n'ont pas entendu, en la matière, exclure par principe les personnes soumises au secret professionnel de cette obligation faite à tout citoyen d'empêcher la commission d'une infraction. Enfin, s'agissant d'une abstention volontaire, l'infraction n'est caractérisée que s'il est acquis que la personne poursuivie avait une connaissance suffisante de l'infraction projetée ou préparée et la conscience qu'il pouvait agir utilement. »
« Pour la protection de nos enfants, un homme ayant abusé sexuellement d'un enfant ne remplit pas les conditions requises pour assumer des responsabi
Affaires de pédophilie chez les Témoins de Jéhovah - Wikipédia
Les premières affaires concernant le traitement de la pédophilie chez les Témoins de Jéhovah ont fait surface à la fin des années 1990 quand Bill Bowen, ancien d'une congrégation américaine...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaires_de_p%C3%A9dophilie_chez_les_T%C3%A9moins_de_J%C3%A9hovah
Les Témoins de Jéhovah ont souffert de persécution religieuse dans l'Allemagne nazie entre 1933 et 1945 après avoir refusé d'arrêter leur prédication, d'effectuer leur service militaire, de rejoindre les organisations nazies ou de faire allégeance au régime d'Hitler. On estime que 10 000 Témoins — la moitié du nombre de membres en Allemagne durant cette période — ont été emprisonnés, dont 2 000 qui ont été envoyés dans les camps de concentration. On pense que 1 200 sont morts en détention, dont 250 par exécution. Ils étaient la première dénomination chrétienne interdite sous le Troisième Reich et celle qui fut la plus persécutée.[1] Contrairement aux Juifs et aux Tsiganes qui ont été persécutés sur la base de leur appartenance ethnique, les Témoins de Jéhovah pouvaient échapper à la persécution et à la souffrance personnelle en renonçant à leurs convictions religieuses, ce qui se traduisait par le fait de signer un document indiquant le renoncement de leur foi, la soumission à l'autorité étatique et le soutien de l'armée allemande.[2] L'historienne Sybil Milton conclut que "leur courage et leur mépris face à la torture et à la mort crève le mythe d'un État nazi monolithique dominant sur des sujets dociles et soumis".[3]
Le groupe connut une persécution publique et gouvernementale grandissante à partir de 1933, nombre d'entre eux ayant été renvoyés de leur emploi ou de leur écoles, privés de revenus et supportant les coups et l'emprisonnement, en dépit de tentatives initiales de la part du mouvement jéhoviste de démontrer des objectifs communs avec le régime national-socialiste. Plusieurs auteurs ont avancé l'idée que l'activisme des Témoins de Jéhovah et leur condamnation ouverte des Nazis ont contribué à leur niveau de persécution
.
La distribution de la Déclaration provoqua une nouvelle vague de persécution contre les Témoins allemands.[19] Le 28 juin, 30 Sturmtruppen occupèrent la filiale pour la deuxième fois, fermant l'usine, mettant les presses d'imprimerie sous scellés et hissant la croix gammée sur le bâtiment. À la fin août, les autorités utilisèrent 25 camions pour transporter environ 70 tonnes de littérature de la Watch Tower et des bibles aux abords de la ville où elles furent brûlées publiquement. Les activités de prédication et des réunions dans des maisons privées continuèrent, bien que la menace de raids de la Gestapo amena beaucoup d'adeptes à se retirer de l'association, et l'activité jéhoviste cessa même dans certains endroits.[20] Lorsque les autorités découvrirent que la littérature interdite était passée en contrebande en Allemagne en provenance de l'étranger, la police bavaroise ordonna la confiscation du courrier de tous les Étudiants de la Bible connus et exprima une irritation que leur activité ne faisait qu'augmenter.[20]
Au début de l'année 1934, Rutherford conclut que l'amélioration des conditions en Allemagne était peu probable. Le 9 février 1934, le président de la Société Watch Tower envoya une lettre bien sentie à Hitler, le chancelier, demandant de permettre aux Témoins de pouvoir se réunir et de pratiquer leur culte sans entrave, avertissant que s'il ne le faisait pas avant mars 24, l'organisation rendrait public le "traitement injuste" à travers le monde. Il menaça également que Jéhovah Dieu punirait Hitler et le détruire à Har-Maguédôn. Le président de la filiale allemande, Paul Balzereit, ordonna aux membres de continuer à distribuer La Tour de Garde, et demanda également à ce que les réunions soient maintenues à une assistance d'environ trois à cinq personnes et que la prédication publique soit interrompue. Toutefois, en septembre 1934, lors d'une assemblée internationale réunissant 3 500 Témoins à Bâle, en Suisse, sous le thème "Ne les craignez donc pas", Rutherford inversa les directives. Il exhorta les 1 000 Témoins allemands présents à reprendre intégralement leur activité de prédication, commençant par un effort collectif de témoignage le 7 octobre. Lors du congrès fut également adoptée une résolution de protestation, dont une copie fut envoyée à Hitler, avec l'avertissement: "Abstenez-vous de persécuter les Témoins de Jéhovah, sinon Dieu va détruire vous et votre parti national". Le 8 octobre, une campagne internationale fut lancée pour inonder la chancellerie du Reich de télégrammes et de lettres de protestation.[21]
À la fin de 1934, toutes les interdictions des différents États du pays contre les Témoins de Jéhovah furent remplacées par une interdiction au niveau du Reich tout entier. Les gouvernements des États furent invités en juillet 1935 à confisquer toutes les publications de la Société Watch Tower y compris les bibles et, en décembre, neuf dirigeants de la Watch Tower furent condamnés à des peines de prison allant jusqu'à deux ans et demi pour avoir bravé les interdictions. Pourtant, tout au long de 1933 et de 1934, certains tribunaux continuèrent à prononcer l'acquittement de Témoins sur des enjeux juridiques et constitutionnels.[22]
Lorsque l'Allemagne réintroduisit le service militaire universel en 1935, les Témoins de Jéhovah refusèrent généralement de s'enrôler. Même s'ils n'étaient pas pacifistes, ils refusèrent de porter les armes pour tout pouvoir politique. Les nazis poursuivirent les Témoins de Jéhovah pour avoir omis de se présenter à la conscription et arrêtèrent ceux qui avaient effectué l'œuvre missionnaire au motif qu'ils sapaient le moral de la nation. John Conway, un historien britannique, a déclaré qu'ils étaient "contre toute forme de collaboration avec les nazis et contre le service dans l'armée".[23]
Les enfants des Témoins de Jéhovah souffrirent également sous le régime nazi. Dans les écoles, les enseignants ridiculisèrent les enfants qui avaient refusé de dire "Heil Hitler" ou de chanter des chants patriotiques. Les directeurs trouvèrent des raisons de les expulser de l'école. À l'instar des adultes, les camarades de classe expulsèrent ou battirent les enfants de Témoins. À l'occasion, les autorités cherchèrent à retirer les enfants de leurs parents adeptes et de les envoyer dans d'autres écoles, orphelinats ou maisons privées afin d'être élevés en "bons Allemands".[3]
Les Témoins de Jéhovah pouvaient toutefois échapper à la persécution et au préjudice personnel en renonçant à leurs croyances religieuses. À partir de 1935, les officiers de la Gestapo proposèrent aux membres de signer un document indiquant qu'ils renonçaient à leur foi, se soumettaient à l'autorité étatique et soutenaient l'armée allemande. En signant ce document, les individus s'engageaient à s'abstenir de toute association avec les membres de l'Association Internationale des Étudiants de la Bible à des fins d'étude de la Bible, de La Tour de Garde ou d'autres publications des Étudiants de la Bible, de s'abstenir de participer à toute activité des Étudiants de la Bible et aussi de signaler aux autorités toute observation relative aux membres poursuivant la structure organisationnelle des Témoins de Jéhovah.[2] Garbe dit qu'"un nombre relativement élevé" de personnes signèrent la déclaration avant la guerre, mais qu'"un nombre extrêmement faible" de prisonniers Étudiants de la Bible le fit dans des camps de concentration dans les années suivantes.[24]
À partir de 1933, les Témoins travaillant dans les bureaux de poste, les gares ou les autres emplois de la fonction publique commencèrent à être licenciés pour avoir refusé de donner le salut hitlérien obligatoire. Dès août 1934, ils pouvaient aussi perdre leur emploi pour avoir refusé d'effectuer une serment officiel de loyauté et d'obéissance à Hitler. Les enseignants étaient tenus de signer une déclaration confirmant qu'ils n'étaient pas membres de l'Association Internationale des Étudiants de la Bible et étaient renvoyés s'ils refusaient. Les Témoins de Jéhovah furent licenciés dans le secteur privé également, souvent suite à l'insistance du Front allemand du Travail (DAF) ou des membres du parti nazi. En 1936, la presse nazie insista pour que les Étudiants de la Bible soient retirés de toutes les entreprises allemandes, tandis que les Témoins qui étaient travailleurs indépendants se virent refuser des licences professionnelles ou commerciales nécessaires pour mener à bien leur travail, sur la base que leur refus d'adhérer à des organisations nazies les rendait "politiquement infidèles".[25]
L'État confisqua les véhicules à moteur et les bicyclettes utilisés par les Témoins pour leur travail, leur retira le permis de conduire et les pensions et les expulsa de leurs maisons. Les écoliers étaient tenus de chanter les hymnes Horst-Wessel-Lied et Deutschlandlied lors de l'appel pour le salut du drapeau, de faire le salut hitlérien et de participer à des cérémonies en l'honneur d'Hitler, et ceux qui refusaient étaient battus par les enseignants et, parfois, par des camarades de classe, tandis que beaucoup étaient également expulsés. Dès mars 1936, les autorités commencèrent à enlever les enfants de leurs parents Témoins, ce qui obligeait certains d'entre eux à se soumettre à la "formation corrective".[26]
À partir du début de 1935, les officiers de la Gestapo commencèrent à élargir leur utilisation de "détention protectrice", généralement lorsque les juges n'arrivaient pas à condamner les Témoins sur des accusations de rejet de l'interdiction des Étudiants de la Bible. Ces derniers considérés comme "présentant un danger imminent pour l'État national-socialiste en raison de leurs activités" étaient à partir de ce moment n'étaient plus remis à la justice pour être punis, mais envoyés directement aux camps de concentration pour y être incarcérés pendant plusieurs mois, mais même ceux qui terminaient leurs peines de prison étaient régulièrement arrêtés par la Gestapo lors de leur libération et placés en détention protectrice.[27]
Des méthodes plus brutales de punition commencèrent à être appliquées à partir de 1936, y compris les coups de cravache, des coups quotidiens prolongés, la torture des membres de la famille et de la menace d'exécution. Certains Témoins furent placés dans des établissements psychiatriques et soumis à un traitement psychiatrique; la stérilisation fut ordonnée pour certains, considérés comme étant "obstinés" dans leur refus de renoncer à leur religion.
Suite à une assemblée à Lucerne, en Suisse, au début de septembre 1936, jusqu'à 3 000 copies d'une résolution de protestation furent envoyées au gouvernement, les responsables publics et de bureau, intensifiant la polémique anti-catholique de la Société Watch Tower. Plusieurs Témoins allemands qui assistèrent à l'assemblée furent arrêtés par la police qui attendait leur retour dans leurs foyers et, entre août et septembre, la Gestapo arrêta plus de 1 000 membres. La Société répondit par une campagne de brochure le 12 décembre, laissant jusqu'à 200 000 exemplaires de la résolution de Lucerne dans les boîtes aux lettres, les cabines téléphoniques, les bancs de parc et les voitures garées. Les personnes arrêtées dans les descentes de police ultérieures furent condamnés à une peine de prison pouvant atteindre deux ans. Le nombre d'arrestations augmenta; à Dresde uniquement, jusqu'à 1 500 Témoins furent arrêtés à la mi-1937. Une autre campagne de lettres fut réalisée en juin 1937, année au cours de laquelle, selon la Société Watch Tower, les Témoins allemands distribuèrent plus de 450 000 livres et brochures en 12 mois.[28][29]
Le service militaire obligatoire pour tous les hommes âgés de 18 à 45 ans fut mis en place par Hitler en mars 1935. Aucune exemption ne fut prévue pour des raisons religieuses ou de conscience et des Témoins qui refusèrent de servir ou de prêter le serment d'allégeance à Hitler furent envoyés en prison ou en camp de concentration, généralement pour une durée de une ou deux années. Lors du déclenchement de la guerre en août 1939, des peines plus importantes furent appliquées. Un décret fut promulgué qui augmenta fortement les dispositions pénales pendant les périodes de guerre et les états d'urgence et dans le décret fut inclut une infraction de "démoralisation des forces armées"; tout refus d'accomplir le service militaire ou une incitation publique à cet effet serait passible de mort. Entre août 1939 et septembre 1940, 152 Étudiants de la Bible comparurent devant le plus haut tribunal militaire de la Wehrmacht chargée de la démoralisation des forces, et 112 d'entre eux furent exécutés, le plus souvent par décapitation. Les estimations de Garbe s'élèvent à environ 250 Témoins allemands et autrichiens exécutés au cours de la Seconde Guerre mondiale à la suite des décisions de justice militaire. En novembre 1939, un autre règlement fut publié prévoyant l'emprisonnement de quiconque soutenant ou appartenant à une "association anti-militaire" ou faisant preuve d'une "attitude anti-militaire", ce qui permit aux autorités d'imposer des peines de prison sous l'inculpation d'appartenance à l'Association Internationale des Étudiants de la Bible. Des peines de mort furent souvent appliquées à partir de 1943.[30]
À partir de 1935, les autorités commencèrent à envoyer des centaines de Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration, où ils furent emprisonnés avec les communistes, les socialistes, les autres prisonniers politiques et des syndicalistes. En mai 1938, ils représentaient 12% de tous les prisonniers au camp de concentration de Buchenwald près de Weimar; en mai 1939, ils représentaient 40% de tous les prisonniers à Schloss Lichentenburg, le camp de concentration central pour les femmes, bien que le nombre total de prisonniers augmenta rapidement, la proportion de Témoins baissa généralement à environ 3%.[31] Environ 2 000 Témoins furent finalement envoyés aux camps de concentration, où ils furent identifiés par des triangles violets; jusqu'à 1 200décédèrent en détention, dont 250 par exécution.[32][33] Garbe prétend que les membres de la religion étaient des sujets spéciaux de la haine par les SS, recevant des coups de fouet et l'humiliation publique et ayant comme tâche de travail les plus sales et les plus laborieuses pour avoir refusé de saluer, de se tenir au garde ou de chanter des chants nazis. Ils furent soumis à des jets d'eau glacée à haute pression provenant de bouches d'incendie et soumis à des actes de torture arbitraires, notamment de pousser une brouette chargée avec leurs cous en rampant sur les mains et les genoux. D'autres furent forcés de rester debout pendant toute une journée dans la chaleur ou le froid ou furent confinés dans des groupes enfermés dans le but de les étouffer.[34]De mars à décembre 1938, les Témoins de Jéhovah de Buchenwald n'étaient pas autorisés à envoyer ou à recevoir des lettres ou à acheter de la nourriture. Beaucoup furent proches d'un état de famine et contraints de manger les feuilles des arbres et des buissons. Beaucoup furent obligés de se livrer à un "exercice" qui exigeait de rouler, de ramper, de sauter et de courir pendant 75 minutes alors que les gardes du camp leur donnaient des coups de pied et les battaient, tandis que d'autres, contraints de travailler dans des carrières de pierres, se virent refuser les soins médicaux en cas de maladie.[35]
Les conditions des Témoins s'améliorèrent en 1942 quand on leur donna de plus en plus du travail qui exigeait peu de supervision, tels que l'agriculture, le jardinage, le transport et le déchargement de marchandises, tandis que d'autres travaillaient en habits civils dans un centre de santé, comme femme de ménage pour les fonctionnaires nazis, ou devaient effectuer des tâches de construction et d'artisanat dans des bâtiments militaires.[36]
Les Témoins de Jéhovah furent parmi les groupes religieux chrétiens et non-chrétiens contre lesquels les autorités prirent des mesures à partir de 1933, déclarant qu'ils "contribuaient à la fragmentation idéologique du peuple allemand", empêchant la formation d'une communauté unie allemande.[37] Les historiens dont le canadien Michael H. Kater, la britannique Christine Elizabeth King et l'autrichien Wolfgang Neugebauer suggérèrent que l'animosité extraordinaire entre le national-socialisme et les enseignements des Étudiants de la Bible trouvait son origine dans la similitude de la structure des deux idéologies, qui étaient fondées sur l'autoritarisme et le totalitarisme, chacun pensant qu'il avait le monopole de la "vérité".[38][39] Kater écrivit:[40]
Garbe reconnaît que les deux idéologies se réclamaient du "modèle de la vérité", demandait la personne dans son ensemble, ne tolérait aucune remise en cause de l'idéologie et tenait également une croyance commune dans les utopies de salut pour certaines parties de l'humanité et la vision d'un règne de mille ans. Mais étant opposés à une organisation beaucoup plus puissante, les efforts de la religion étaient voués à l'échec.[41]
L'écrivain allemand Falk Pingel fit remarquer que la source de la controverse entre les Étudiants de la Bible et les nationaux-socialistes était leur détermination à poursuivre leurs activités religieuses en dépit des restrictions,[42] et Garbe, notant que la répression croissante par les autorités simplement provoqua la détermination de la religion dans la clandestinité et le maintien de leur activité, conclut que "la gravité extraordinaire avec laquelle les Témoins de Jéhovah ont été persécutés résulte d'un conflit qui a graduellement augmenté dans une interaction de l'action et de la réaction. (...) Les autorités responsables de la persécution répondirent toujours avec une sévérité grandissante à l'obstination continue des membres de l'IBSA".[41] Il dit aussi que les nationaux-socialistes ont été déroutés par un adversaire qui, convaincu qu'il était dirigé par la voie de Dieu, n'a pas reculé sous la persécution intensifiée, comme prévu. Il écrivit:[41]
Penton nota qu'en août 1933, Martin Harbeck, alors surveillant de la filiale, ordonna aux membres de cesser de distribuer la littérature et la tenue de réunions sans autorisation de la police. Il a dit que plus tard, la décision de l'organisation d'abandonner la prudence et d'ordonner aux membres d'intensifier leurs efforts de prédication était un comportement "téméraire" qui causa aux Témoins et à leurs familles plus de souffrances que nécessaire. Penton fit valoir qu'Hitler était devenu très populaire auprès des allemands en 1936, mais les Témoins persistaient à distribuer une brochure de Rutherford qui décrivait le chancelier comme étant "faible d'esprit, cruel, malicieux et impitoyable". Il dit que la campagne internationale visant à submerger Hitler avec des télégrammes de protestation en octobre 1934 rendit furieux le chancelier et fut un facteur majeur dans la recherche d'une plus grande persécution gouvernementale à l'encontre des Témoins. Citant la description faite par Dietrich Hellmund de leur "militantisme public incroyable", il écrivit: "Les Témoins de Jéhovah furent les objecteurs de conscience les plus ouvertement stridents dans le pays, et les nazis n'avaient pas l'intention de les supporter. (...) Aucun mouvement ne peut constamment amonceler des insultes sur les autres religions, sur la communauté des affaires et sur les gouvernements nationaux de la façon dont les Étudiants de la Bible-Témoins de Jéhovah l'ont fait à partir de 1918, sans provoquer de réaction".[43][44]
Les chercheurs sont divisés sur l'intention ultime du régime nazi envers les Témoins de Jéhovah. Garbe estime que la Gestapo considérait les membres de la religion comme des éléments "incorrigibles" qui devaient être impitoyablement éliminés.[45] La protestation de 1934 avait provoqué un Hitler "hystérique" qui fit le souhait que "cette engeance sera[it] exterminée en Allemagne",[46] répétant cette menace en août 1942.[47] L'écrivain de la Société Watch Tower, Wolfram Slupina, affirme que les nazis "ont tenté de reléguer aux oubliettes les Témoins en les exterminant de façon systématique". Mais Penton a soutenu qu'il existe des preuves abondantes que les nazis n'avaient pas l'intention d'éradiquer les membres:[48]
Persécution sous l'Allemagne nazie
Les Témoins de Jéhovah ont souffert de persécution religieuse dans l'Allemagne nazie entre 1933 et 1945 après avoir refusé d'arrêter leur prédication, d'effectuer leur service militaire, de ...
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