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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Venezuela : une crise d’une importance capitale pour la gauche latino-américaineSebastian Caviedes et Giorgio Boccardo 15 juillet 2017

À partir de l’analyse des ressorts de la crise politique et économique qui secoue actuellement le Venezuela, Giorgio Boccardo et Sebastian Caviedes proposent des pistes de réflexion pour sa résolution dans un sens anti-néolibéral.

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Il est douloureux d’écrire sur le Venezuela. En partie parce que cela implique de rendre compte du drame d’un peuple qui, pour la première fois, commençait à participer à la redistribution de ses ressources. Mais également parce que cela implique d’aborder le déclin d’un processus politique qui a été une référence pour la gauche latino-américaine pendant les dernières décennies.

C’est la raison pour laquelle il est fondamental d’encourager un débat critique et réfléchi sur la crise vénézuélienne. Cela n’implique pas qu’il faille se soumettre à l’opportunisme de la droite, qui, sous une façade démocratique, réduit tout débat à la question de savoir si oui ou non le régime vénézuélien est une dictature, alors que ses intentions vont dans le sens de réinstaller un modèle aussi socialement et politiquement excluant que celui de type néolibéral. Mais il ne serait pas non plus responsable d’éviter le débat comme le fait la majorité des penseurs critiques, qui prônent une sorte de solidarité inconditionnelle avec le processus, au point de se montrer apathiques face à la tragédie que vit le peuple vénézuélien.

Notre intérêt pour un débat sur la grave crise que traverse la société vénézuélienne, sur les réussites et les erreurs du chavisme tient à l’importance de ce qui est en jeu au Venezuela, non seulement pour l’avenir de ce pays et de toute l’Amérique latine, mais également pour la construction de projets radicalement démocratiques, alternatifs à ceux de la société capitaliste.

 

La crise du puntofijismo

Entre 1958 et 1993, l’ordre politique vénézuélien a reposé sur le Pacte de Punto Fijo[1]. Fondamentalement cela signifiait que les deux principaux partis politiques, Accion Democratica (AD) et Comité de Organizacion Politica Electoral Independiente (COPEI), d’orientation respectivement social-démocrate et chrétienne-sociale, se sont mis d’accord sur le fait que, indépendamment de qui gagnerait les élections, ils mettraient en place des gouvernements d’unité nationale sur la base d’un programme minimum et sur la répartition entre eux des institutions étatiques. Cet accord a entraîné une société «méritocrate» formée de groupes d’entreprises, de bureaucraties étatiques et des ouvriers du pétrole, tout cela autour de la distribution de la rente générée par l’«Etat dans l’Etat» que constituait Petroleos de Venezuela SA (PDVSA). Mais cette «méritocratie puntofijista» excluait une proportion considérable de travailleurs ainsi que les paysans et des groupes marginaux.

A la fin des années 1970, il y a eu une longue crise économique et politique. Le déclin de la rente pétrolière a réduit la capacité de l’Etat à répondre aux demandes des forces faisant partie du Pacte. De leur côté, AD et COPEI sont de plus en plus devenus des machines électorales clientélistes et corrompues et se sont éloignés des bases qui les avaient soutenus sur le plan politique[2]. Au cours du deuxième gouvernement de Carlos Andrés Pérez, partisan de l’AD (1989-1993), des politiques radicales d’ajustement structurel ont commencé à être appliquées, ce qui a entraîné, en février et en mars 1989, des protestations populaires massives connues sous le nom de «Caracazo». La violente répression de ces protestations a provoqué des centaines de morts et des milliers de disparus.

orge W. Bush.

 

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