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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

L’avenir d'une illusion : l'identité nationale *

L’avenir d'une illusion :  l'identité nationale   *

                   tardi centenaire

L’avenir d'une illusion :

l'identité nationale 

*

Gérard Briche

Les élections européennes récentes et l’arrogance du Front National ont rendu plus sensible à quel point la droite extrême est remarquablement visible depuis quelque temps. On l’observe à quelques phénomènes, dont certains, pour déplorables qu’ils soient, restent anecdotiques. Je voudrais pour ma part en relever deux. D’une part, un regain de l’antisémitisme, et d’autre part, une volonté de repli sur la dimension nationale de l’existence collective, qui se manifeste par ce qu’on appelle le « souverainisme ».

Sans doute ces manifestations ne suscitent-elles pas toutes le même degré de haut-le-coeur. Les « eurosceptiques » de gauche ou de droite n’ont pas non plus tous la visibilité d’un provocateur négationniste comme Dieudonné, ou la douteuse notoriété d’un Alain Soral qui, pour les délires approximatifs de son antisémitisme, parvient à ce qu’on le qualifie d’« essayiste ». 

Il me semble cependant qu’antisémitisme et « souverainisme » coulent de la même source : la croyance en une identité nationale, en un Etat-nation qui serait le territoire d’un peuple. Ce qui constituerait le fondement, tant d’un « euroscepticisme » hostile à une supranationalité européenne, que d’une méfiance, voire d’une haine, pour les Juifs, désignés comme une engeance apatride et pour cette raison, incapables de s’intégrer à quelque peuple que ce soit. Il serait certes exagéré d’assimiler les « eurosceptiques » aux fachos. Mais l’antisémitisme, par exemple, est sans aucun doute une menace latente de nos sociétés, et comprendre les raisons de sa réapparition, dans des contextes parfois inattendus, est l’un des objets du texte qui suit. 

L’essor et le déclin des Etats-nations

Les Etats-nations sont contemporains des sociétés modernes. Pour rester dans le domaine français, il n’y a pas de sentiment national avant la Révolution française :  jusqu’à la fin du XVIIIe siècle environ, seule existe effectivement la France, c’est-à-dire en fait le domaine où le roi est le roi – et il n’existe sûrement pas de Français. La nécessité dans laquelle s’est trouvé l’Etat révolutionnaire, celui de l’An II, – ainsi que ses héritiers, celle de constituer une identité nationale, une patrie opposable à d’autres patries, s’est matérialisée par la nécessité d’imposer une langue commune, et de combattre ce qui constituait antérieurement la seule identité : celle des particularismes provinciaux. La formule bien connue que les « hussards noirs » (les instituteurs laïcs) envoyés en Bretagne placardaient dans les écoles : « Il est interdit de cracher et de parler breton », résume de manière anecdotique ce qui a été une nécessité pour l’Etat jacobin : constituer une identité nationale.

Il n’est pas indifférent de noter que cette constitution a été liée à la mobilisation patriotique face à l’ennemi – ce dont le chant de La Marseillaise est le symbole, et qui confirme cette volonté qu’il n’y ait plus ni Bretons, ni Alsaciens, ni aucun « provincial » : qu’il n’y ait que des Français. Et que ce chant ait été –  et est encore – le symbole d’une adhésion à une identité nationale française n’est pas indifférent non plus. On n’oubliera pas qu’avant cette adhésion, il n’y avait certes que des villages et des provinces, et le soulèvement des Chouans peut être évoqué à titre d’exemple. Mais on n’oubliera pas non plus que les aristocrates n’avaient pas davantage de sentiment national, et que l’histoire est riche en ralliements de l’aristocratie à d’autres aristocraties « étrangères », au mépris d’une patrie représentée aujourd’hui par les frontières nationales : l’identité sociale était nettement plus forte que l’identité nationale.

Certes, la constitution des nations, des Etats-nations, était dans la logique du mouvement par lequel ce qu’on peut appeler le principe marchand allait opérer sa domination sur la société. Les marchands, c’était cette frange du Tiers-état qui, grâce à la Révolution, allait pouvoir se constituer en classe et affirmer que ce qui était au principe des sociétés, c’était de développer leur richesse – richesse monétaire et capitalisable s’entend. La société était jusqu’alors divisée en trois ordres dont la distribution était prétendument scellée par la volonté divine et l’autorité royale. Elle se transformait pour devenir une société où la richesse capitalisable divisait désormais les hommes entre ceux qui avaient tout (ou du moins, qui avaient tout pour faire de la richesse), et ceux qui n’avaient rien (mais qui avaient au moins la puissance de travail, cette marchandise précieuse entre toutes). Désormais donc, deux classes divisaient de manière polaire une société tournée vers le travail et la production de richesse, et dont la célèbre devise fut formulée ainsi par Jacques Guizot :  « Enrichissez-vous ! » Pour dire les choses de manière crue : la société bourgeoise était en place.

Constitution d’une identité nationale, d’un capital national, d’une nation : ces éléments répondaient à la même logique. Il serait trompeur cependant de présenter cette dynamique nationale (nationaliste ?) comme l’unique mouvement qui a emporté l’époque moderne. La figure d’Anacharsis Cloots, révolutionnaire et Jacobin, trop radical pour Robespierre, et qui sera guillotiné en 1794, est le symbole d’une vision non nationale, que Cloots désignera comme universelle, de la république. Et quoique marginale, la vision non nationale et tendanciellement anti-bourgeoise persistera sous la république, sous la forme par exemple de cette bohème qui refusera, au XIXe siècle, de jouer le jeu du travail et qui rassemblera, en un ensemble qui à première vue peut surprendre, anciens aristocrates, artistes et voyous.

L’Etat-nation était le cadre nécessaire à ce qu’on peut désigner comme l’accumulation primitive du capital. Mais le développement de la loi même du capital, et la mondialisation que ce développement exigeait, a, au bout de quelques décennies montré qu’il n’était plus viable économiquement, ce que montre le développement impérialiste du système de production de marchandises. Un développement impérialiste qui est le secret des expansionnismes qui ont pris naissance au XXe siècle, et qui donc n’est pas une manifestation de puissance mais une manifestation de faiblesse : l’expansion ou la mort, telle est la loi du système de production des marchandises.

C’est sur cet arrière-plan qu’il faut évaluer les « souverainismes » d’aujourd’hui. Ce qui est à leur base, c’est la sous-évaluation de l’exigence du développement du capital, et la vision naïve d’un capitalisme qui se construirait sur une base nationale avec pour objectif la satisfaction des besoins nationaux. Certes, un tel capitalisme a eu lieu ; mais il n’est plus à l’ordre du jour et l’internationalisation des capitaux (l’argent n’a pas de patrie) est là pour le prouver. Il ne s’agit plus de choisir entre Etat-nation et Etat supranational comme on l’entend parfois, car ce choix n’existe plus : l’Etat-nation ne peut plus être qu’un discours lénifiant destiné à donner un peu de champ à un capitalisme qui est international non par vice, mais par nécessité.

Le discours « souverainiste » propage aussi l’idée naïve que les Etats sont susceptibles de dicter leur loi aux capitaux ; c’est oublier que les Etats ne peuvent imposer leur politique que parce que cette politique est avantageuse pour l’accumulation du capital. Et que celle-ci impose aujourd’hui les « nécessités économiques » qui ne sont que la nécessité (bien réelle) pour le capital de tenter de se valoriser, au prix éventuellement d’une politique déceptive dont les responsables ne sont pas les maîtres. Il est clair que nous sommes entrés dans une période de crise dont l’issue est sans aucun doute fatale au système tout entier, et où les politiques ne peuvent faire autre chose, à une époque où plus aucune promesse n’est crédible, que tenir des discours trompeurs – quelle que soit leur teneur, et y compris les discours « souverainistes ».  

La renaissance de l’antisémitisme

Si la fétichisation post-mortem de l’Etat-nation est au fondement de ce qu’on appelle le « souverainisme », elle est aussi, quoique de manière moins évidente, au fondement de la résurgence présente de l’antisémitisme.

L’antisémitisme qui, aujourd’hui renaît en France, qu’il soit enrobé des délires d’un Alain Soral ou des provocations d’un Le Pen ou d’un Dieudonné – rhabillé parfois sous les couleurs de la « lutte anti-système » ou d’un « antisionisme » qui cache mal sa vérité antisémite, est en fait la combinaison de deux « antisémitismes » assez différents dans leur histoire.

Le premier antisémitisme, qu’on pourrait nommer un antisémitisme historique, est le plus évident. Il se nourrit des délires antijuifs sur les sacrifices d’enfants lors du sabbat, sur l’infiltration par les « youpins » des rouages de la France, etc. Il est malheureusement clair que cet antisémitisme-là n’est pas mort, et qu’il est suffisamment d’imbéciles et de provocateurs pour le réactiver, plus d’un siècle après Dreyfus.

Le deuxième antisémitisme – ou devrait-on dire la deuxième source de l’antisémitisme ?—est plus subtil, si l’on peut dire. Et il a cette caractéristique essentielle qu’il n’a pas pour origine un sentiment antijuif, mais un sentiment d’hostilité pour le système moderne du capitalisme. Autrement dit, il ne s’agit pas ici d’un cas particulier de racisme, d’un sentiment « transhistorique » dont les ressorts seraient les mêmes depuis deux mille ans – même si, insistons là-dessus, ce sentiment antijuif est utilisé comme adjuvant.

Dans son ouvrage sur le nazisme, Daniel Guérin avait dès 1936 levé le lièvre : « Tout l’art du national-socialisme, écrit-il, consiste à transmuer l’anticapitalisme en antisémitisme. » En ce sens, la dérisoire « quenelle », qui se présente comme un « salut allemand » dont on arrête le mouvement avant de l’achever, dénonce bien la vérité de son promoteur : Dieudonné est un nazi qui arrête son nazisme avant de l’expliciter (d’autres l’explicitent pour lui). Son antisémitisme, qui exploite les pires fantasmes antijuifs, se pare d’un « antisionisme » et d’une critique du « système » qui n’abuse que ceux qui ne demandent qu’à être abusés.       

Il revient à Moishe Postone, professeur d’histoire à Chicago, d’avoir précisé le processus de cette transmutation du sentiment hostile au système capitaliste dans un article fondamental, plusieurs fois republié : « Antisémitisme et national-socialisme ».

Moishe Postone voit dans l’antisémitisme moderne le dévoiement (habilement exploité par les nazis) d’un sentiment hostile à ce qui fonde la société moderne, capitaliste : la forme-valeur. Il écrit : « La différence qualitative est exprimée par l’antisémitisme moderne en termes de mystérieuse présence insaisissable, abstraite et universelle. » Cette mystérieuse présence insaisissable, abstraite et universelle, c’est la présence de la forme valeur telle qu’elle a été mise en évidence, par exemple, par Anselm Jappe.

En quoi la société moderne est-elle modelée par le principe marchand, cette forme valeur, et par quelles conséquences ce modelage se manifeste-t-il ?

Il serait trompeur d’identifier cette « mystérieuse présence » à la puissance de l’argent. Cette interprétation, qui pourrait s’appuyer sur l’analyse de Max Horkheimer, présente cette faiblesse d’identifier « les Juifs » à cet argent qui, dans la société moderne, circule de manière incontrôlable. Le fascisme hostile à l’argent ? le fascisme hostile aux Juifs qui incarneraient les puissances d’argent ? voilà qui contredit la réalité historique qui rappelle que le fascisme a bénéficié de la puissance de l’argent – et n’a pas toujours été antisémite. En réalité, l’argent et sa circulation, de même que le pouvoir et ses réseaux, ne sont dans la société moderne que des manifestations apparentes, la forme visible, phénoménale, de quelque chose de moins visible. Bref, il s’agit, pour comprendre la modernité, de faire la différence entre les formes visibles, phénoménales, et l’essence des rapports sociaux dans le capitalisme. Ce qui amène au concept de fétiche.

Le monde de la marchandise, c’est « le monde enchanté et inversé, le monde à l’envers » dont l’apparence ne rend pas compte de sa vérité. Il est illusoire de le voir comme un monde gouverné par « les puissances d’argent » ; il n’est pas plus vrai de le comprendre comme un théâtre d’ombres où l’on est manipulé par un complot tout-puissant. La théorie du fétichisme présente les phénomènes visibles comme des phénomènes réels, non illusoires (il ne s’agit pas de se défaire d’illusions trompeuses – comme le suggérerait une lecture superficielle de Marx), mais dont l’explication exige de pénétrer sous leur forme phénoménale pour accéder à leur essence. Le monde où nous évoluons est un monde enchanté, où  les éléments qui nous semblent concrets ne sont que des abstractions réelles, pour reprendre un concept élaboré par Alfred Sohn-Rethel.

Si le monde de la marchandise n’est pas ce qu’il paraît, c’est parce qu’il est dominé par les abstractions – des abstractions à nos yeux. Les marchandises ont davantage de réalité dans l’équivalent-argent qu’elles représentent que dans l’intérêt pratique qu’elles ont . le travail a davantage de réalité dans l’argent qu’il rapporte que dans l’intérêt pratique qu’il présente, etc.

Bien sûr, c’est quelque chose que la plupart d’entre nous ressentent obscurément. Nous ressentons bien que les marchandises n’ont d’autre intérêt, en fait, que de faire circuler l’argent (l’utilité des marchandises est parfois difficile à identifier !), comme nous ressentons que le travail n’a d’autre intérêt, en fait, que de produire des marchandises (à l’utilité parfois difficile à identifier !) et de permettre de « gagner sa vie », dans l’indifférence, souvent, au contenu de ce travail, etc.

Bref, il y a là un « maître du jeu » qui surdétermine les agents identifiés dans leur fonction de patrons, d’ouvriers, de banquiers, etc. – on peut l’appeler le principe bourgeois ; c’est la valeur. La valeur : ce « sujet automate » qui n’a d’autre « but » que l’accumulation sans fin d’une richesse détachée de toute utilité pratique, et qui modèle toutes les activités sociales dans ce but. Ce modelage de toutes les activités sociales, cette synthèse sociale comme écrit Alfred Sohn-Rethel, détermine toute activité sociale comme une abstraction pour laquelle l’intérêt pratique n’entre pas en ligne de compte, ni le travail auquel les gens sont soumis, ni d’ailleurs leur possibilité de consommer. Du moment que de la valeur est accumulée, la mise hors circuit de milliers de chômeurs n’a ni moins, ni plus d’intérêt que la thésaurisation indécente de richesse par une minorité de privilégiés. Seule est prise en compte la richesse abstraite, capitalisable – ce qui permet de dire que la société moderne ne crève pas de trop de pauvreté mais de trop de richesse – sauf que cette richesse abstraite est accumulée aux dépens d’une richesse pratique, dont la « loi de la valeur » ne se soucie pas.

Il est facile à comprendre que le sentiment que cette richesse abstraite ne fait pas la richesse des gens est dangereux. Dangereux pour un système qui n’existe que pour l’accumulation de cette richesse abstraite, et en particulier pour les agents de fonction qui, de ce système, tirent un certain avantage.

Le secret de l’antisémitisme moderne, le secret de l’antisémitisme nazi, tient au fait qu’il va bloquer la conscience sociale et historique de ce qu’est la société moderne dans sa spécificité, en biologisant dans « les Juifs » cette « mystérieuse présence » de la valeur, c’est-à-dire en nommant un abstrait phénoménal qui prétend « dépasser l’ordre social existant à partir d’un point de vue qui, en fait, lui reste immanent ». En orientant le sentiment « anticapitaliste » sur « les Juifs », les nazis identifient un ennemi de manière trompeuse, fétichisent le sentiment « anti-capitaliste », et ainsi se donnent à bon compte une image « anti-système », alors qu’ils ne sont que des serviteurs de ce système. C’est ce qui explique que les nazis vont avant toute chose ôter aux Juifs leur caractère d’êtres humains, et qu’il vont entreprendre leur élimination de manière industrielle, presque dépourvue d’émotion : « c’est Auschwitz – et non la prise du pouvoir en 1933 – qui fut la véritable ‘révolution allemande’ ».

Et c’est aussi ce qui explique la manière de faire des Dieudonné et autre Soral, qui prétendent désigner – ou en tout cas qui suggèrent – où se trouvent les « maîtres du jeu », alors que leur pseudo critique ne critique rien du tout mais dédouane l’antisémitisme classique de ce qui en fait un discours haineux et tombant d’ailleurs sous le coup de la loi. Que ce soit sous le prétexte de l’art ou celui de l’essayisme, les provocations de Dieudonné et de Soral ne sont que la mouture la plus spectaculaire d’une apparente opposition à un « système », mais qui ne permet surtout pas de le comprendre.

L’identité nationale comme fétiche

Ce qu’il y a de commun aux « souverainismes » et aux antisémites, c’est l’oblitération de la nation. Soyons clair : cette oblitération est le résultat du processus historique qui a mené la modernité capitaliste-marchande à la mondialisation. Aujourd’hui, l’Etat-nation n’est plus viable ; il était le levier de la mise en place d’un capitalisme sans freins, mais il serait un obstacle à la mondialisation des capitaux : il serait un obstacle à la domination désormais mondiale, de la valeur, et à son mouvement, littéralement inhumain, d’accumulation de la richesse abstraite.

Tandis que les « souverainistes », nostalgiques d’une base nationale de l’accumulation de la richesse abstraite, et qui, dans la défiance vis à vis de la mondialisation, rêvent d’un retour à une étape plus humaine de la modernité capitaliste, les antisémites, tout aussi défiants vis à vis de cette mondialisation où ils voient à juste titre la fin d’une époque, orientent sur « les Juifs » l’inquiétude légitime face à cette domination sans partage de la valeur.

Il n’est pas étonnant que dans les circonstances présentes, la fin des Etats-nations ait pour conséquence un repli nostalgique sur une époque où leur viabilité était encore envisageable. Il n’est pas davantage étonnant de constater une recrudescence d’un antisémitisme qui superpose les fantasmes les plus éculés de la haine antijuive à ses éléments les plus modernes, que le nazisme a eu le douteux privilège d’expérimenter. A cet égard, on peut désigner comme dignes héritiers des nazis ceux qui voient dans « les Juifs » les manipulateurs insaisissables d’un système où pouvoir en place et candidats au pouvoir ne sont que des marionnettes agitées par une conjuration dont on ne fait que murmurer le nom. Il est légitime de tenir les propagateurs de ces délires pour ce qu’ils sont vraiment : des nazis.

Le thème abondamment diffusé par la propagande national-socialiste, selon lequel les forces qui se veulent à gauche et les forces qui se reconnaissent à droite ne sont que les jouets de la « juiverie internationale » n’est pas mort. La publicité dont a bénéficié un certain ex-futur candidat « de gauche » à la présidence française, qui incarnait la triple abomination d’être riche,sex-addict, et juif, l’illustre suffisamment.  

Contre le mythe qui veut « derrière » les faits, trouver qui sont les véritables auteurs, il faut répéter qu’en réalité, ce système n’est « manipulé » que par un principe, certes inhumain, mais impersonnel, même si ses agents de fonction n’en bénéficient pas de la même manière. Ce principe inhumain, la valeur, jette les limites des Etats-nations aux poubelles de l’histoire. Les deux conséquences contradictoires en sont, d’une part la volonté de retrouver l’identité nationale perdue, et d’autre part l’identification de ce mouvement « contra-national » à une engeance vouée aux gémonies. Les mouvements de la droite, et singulièrement de la droite extrême, cristallisent ces deux conséquences. Ratiociner à perte de vue sur le « grand capital » et sur « la bête immonde » ne constitue pas une réponse. Pour en combattre les manifestations, il faut commencer par comprendre l’origine de leur renaissance.

Gérard Briche

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