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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Mais pourquoi la police allemande parle-t-elle du «forcené» de Munich, et pas d’un «terroriste»?

L’auteur de la fusillade dans la ville allemande semble s’être inspiré du mode d’action du tueur d’extrême-droite Anders Breivik, ainsi que d’autres auteurs de fusillade. Mais pas de leur idéologie. En tous cas, rien ne permet pour l’instant de l

Après la fusillade qui a fait neuf morts, vendredi 22 juillet au soir, à Munich en Allemagne, les questions ont déboulé telle une avalanche. Quelles étaient les intentions du jeune irano-allemand de 18 ans? Etait-il en lien avec Daech? Ou avec une quelconque autre organisation terroriste? Etait-il fou? Pourquoi a-t-il tiré?

La police allemande a déjà répondu à une bonne parie de ces questions. David Ali Sonboly avait préparé son geste«depuis un an». Il n’avait aucun lien avec l’Etat islamique et aucun rapport avec les réfugiés. Il suivait un traitement médical et psychiatrique pour dépression. Au moment de la tuerie, il a crié: «Je suis allemand, je suis né ici, je viens d'un quartier défavorisé, j'étais dans un hôpital psychiatrique». «Nous partons du principe qu’il s’agit dans cette affaire d’un acte classique d’un forcené», a déclaré à la presse un représentant du parquet de Munich. «Il n’y a pas d’autres raisons», a-t-il ajouté.

Des modèles d'action, pas forcément politiques

Même si la piste d’un forcené est privilégiée, ça ne veut pas dire qu’il n’avait pas de modèle. La police pense que le tireur a été influencé par la tuerie de Winnenden, qui s’est déroulée il y a sept ans, et au cours de laquelle un jeune homme de 17 ans avait ouvert le feu dans son ancien collège, tuant 15 personnes, avant de se suicider.

Les autorités pensent aussi que le fait qu’il ait agi le 22 juillet, jour du cinquième anniversaire de la tuerie perpétrée par le militant d’extrême-droite Andres Breivik à Oslo et Utoya, en Norvège, n’est pas un hasard. «Le lien est évident», a estimé le chef de la police locale, Hubertus Andrä, samedi lors de la conférence de presse. La police a indiqué s’être toutefois trompée en indiquant que le manifeste d’Anders Breivik était sur son bureau, selon BFM TV et la presse allemande.

«Un "forcené"? Juste admirateur de Breivik»

Pourquoi la police parle-t-elle d’un forcené alors que cet homme a préparé son geste pendant des mois, et qu’il s’identifait visiblement à un homme, Anders Breivik, dont les motivations étaient toutes politiques? Rappelons que le tueur d’Oslo était l’auteur d’un manifeste de 1 518 pages, intitulé 2083 – Une Déclaration d’indépendance européenne, dans lequel il prônait des idées ultranationalistes, xénophobes et antiféministes. Il a aussi expliqué plus tard, lors de son procès, que ses actes étaient«atroces mais nécessaires», pour préserver la Norvège d'un multiculturalisme jugé nuisible.

La qualification de «forcené» plutôt que terroriste a provoqué des réactions sur les réseaux sociaux. «Un "forcené sans motivation politique"? Juste admirateur de Breivik, le jour d'Utoya», s’est étonné le sociologue Eric Fassin, ajoutant dans son tweet un lien vers un message affirmant:«Le terroriste se transforme magiquement en "forcené" dès lors qu'on confirme qu'il n'est pas djihadiste».

Une étudiante de Sciences-Po a jugé «fascinant» que le terroriste de Munich soit «devenu un forcené dès qu'on a su qu'il n'était pas islamiste». «Anders Breivik était un terroriste blanc d'extrême droite, mais bon, j'imagine qu'il ne faut surtout pas faire d'amalgames hein. Alors, point sémantique: un terroriste peut être chrétien, un terroriste peut être blanc, un terroriste peut être tout ce que vous voulez», a-t-elle ajouté.

«Alors comme ça la définition de terroriste n’est attribuable qu’aux terroristes? Comme c’est raciste!», s’estexclamé un twittos.

Pas de lien trouvé pour l'instant avec une idéologie

Sauf que, sauf que: la police allemande n’a jamais dit que l’auteur de la fusillade de Munich s’était inspiré de l’idéologie d’Anders Breivik et qu’il partageait ses thèses. Il semble que le tueur ait plutôt été influencé par le mode d’action de Breivik. Dans sa chambre, un livre intitulé La folie dans la tête – pourquoi des écoliers tuent a été retrouvé. Précisément le genre de folie à laquelle s’identifiait peut-être David Ali Sonboly.

L’auteur de la tuerie de Winnenden, qui a inspiré David Ali Sonboly selon la police, était lui aussi suivi par un psychothérapeute pour dépression. Et aucun message politique n’a jamais été retrouvé.

Dans le droit français, pour qu’un acte soit qualifié de «terroriste», il faut qu’il soit commis «intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur». En clair, pour être terroriste, il faudrait que le tueur ait un lien avec un groupe terroriste à l’idéologie constituée. Ou que son acte s’appuie sur une idéologie quelconque (qui peut être la sienne, une idéologie nouvelle), et que le tueur ait formulé quelque part son soutien à cette idéologie. Pour l’instant, rien n’a été révélé qui permette d’affirmer une telle chose. D’où la prudence de la police.

Une information récente changera peut-être la donne. Le jeune homme aurait laissé un manifeste rédigé par ses soins, dont le contenu n’a pas encore été révélé, a indiqué la police. Si c'est une sorte de manifeste politique, alors on pourra effectivement qualifier David Ali Sonboly de terroriste.

Aude Lorriaux

’affirmer, juge la police allemande.

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