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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Bill Evans: pépites fortuites, frite inédite

uelle joie de découvrir un enregistrement studio totalement inédit (et aussi relevé) du pianiste Bill Evans, de surcroît dans le trio qui triompha, la semaine précédente, mi - juin 1968, au Montreux Jazz Festival. On prend ses aises sur les contrées de l’intelligence, de la beauté, de l’ultra-sensibilité. Le label Resonance nous avait déjà gratifié de pépites exhumées du géant : celles du Top of the Gate, un club de Greenwich Village, datant de 1968. Une surprise délicieuse, transcendée par un livret opulent (contribution lumineuse de Nat Hentoff, photos inattendues). Le label annonce la rebelote. A nouveau, la générosité du leader déborde, poussé par un trio qui déploie un allant exceptionnel (Eddie Gomez à la contrebasse – Jack DeJohnette à la batterie). Livret du même tabac, assorti d’un flash-back bienvenu : le producteur Zev Feldman a pu interviewer Gomez et Jack DeJohnette sur la session. Le bijou, gravé le 20 juin 1968 à Villingen (Allemagne de l’Ouest), siège des disques MPS, par le fondateur Hans Goerg Brunner-Schwer, assisté de Joachim Ernst Berendt, s’intitule The Lost Session from the Black ForestL’enregistrement oublié de la Forêt Noire»).

Je diagnostiquerai pour ceux qui ne fondront pas devant la qualité exceptionnelle des bandes, l’urgence d’une révision complète des conduits auditifs, voire du reste! Le chant, le swing, la richesse, l’originalité du jeu, tout est là. L’esthétique apparaît plus ferme. En effet, Evans prête davantage d’attention à la section rythmique, élargit l’expression de celle-ci dans le cadre général. C’était manifeste dans le Live at the Montreux Jazz Festival,sans doute l’opus le plus stimulant de la discographie de l’Américain du New-Jersey. Un signe : Jack DeJohnette complète le trio depuis 6 mois. Son impact devient rapidement décisif. Avec le style raffiné aux cymbales et aux balais, imagé, suggestif, tout en ponctuation, jamais envahissant, DeJohnette aide Evans à retricoter le carcan narratif. Avec subtilité. Car même quand le pianiste croise les chorus avec le contrebassiste Eddie Gomez, DeJohnette télégraphie discrètement des messages. Pour le critique Marc Myers, pendant la période, Evans passe du «profil de swingueur romantique à celui de poète percussif». Jack DeJohnette avait beaucoup écouté Evans avant de le rejoindre. Le recul aidant, le batteur reconnaît que les deux titres de l’album You’re Gonna Hear from Me, et Some Other Time, témoignent particulièrement de l’évolution d’Evans, à travers l’interaction avec le trio. Quant à la session, l’on reprend volontiers à notre compte l’impression dominante dont se remémore Jack DeJohnette : «that was nice... Yes, it is a lot of music». Besoin de traduction?

Bruno Pfeiffer

CD

Bill Evans Some Other Time, The Lost Session from the Black Forest (2 CD)- Label Resonance/Distribution SOCADISC

Autre inédit - énorme - chez Resonance : All my Yesterdays, les débuts du big band Thad Jones/Mel Lewis au Village Vanguard en 1966. Un double CD coup de massue. Incroyable de densité.

Credit Photo © Giuseppe Pino (de droite à gauche : Bill Evans, Jack DeJohnette, Eddie Gomez)

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Bruno Pfeiffer : Journaliste depuis 1978 (L'Est éclair, La Nouvelle République, Agrisept, Les Marchés, Le Canard Enchaîné, Le Point). Rubriques Jazz à Marianne, Télérama, Jazzman, Blues Again, Les Dernières Nouvelles du Jazz, So Jazz, et aujourd'hui Jazz News).

Responsable pédagogique (Presse écrite) au CFPJ depuis 1992.

Je suis membre l'Académie du Jazz. Je siège au jury des Victoires du Jazz.

Du blog Ca va jazzer lancé en 2007, j'observe le monde à travers le blues et le jazz, deux formes d'expression artistique majeures du XXe siècle, et déjà du suivant. J'essaie de partager la passion d'une musique qui a autant évolué en un siècle que le classique en tout un millénaire. Le jazz vibre : émouvant, intelligent, joyeux, rebelle.

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