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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Comprendre la très complexe nébuleuse djihadiste malienne

Un groupe lié à Aqmi a revendiqué l'enlèvement d'une ressortissante de Suisse à Tombouctou le 9 janvier.

Cet article a été mis à jour après l'enlèvement d'une Suissesse à Tombouctou le 9

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L'enlèvement de Béatrice Stockly, une Suissesse qui vivait à Tombouctou, par un «sous-traitant» d'Aqmi, selon les dires des autorités maliennes, illustre l'entrecroisement complexe de groupes djihadistes dans le pays.

Un peu en arrière, la prise d'otages sanglante de l'hôtel Radisson Blu à Bamako le 20 novembre, où deux assaillants ont tué au moins 20 personnes, avait été revendiqué par deux groupes djihadistes différents. C'est d'abord les combattants d'al-Mourabitoune, mouvance de Mokhtar Belmokhtar,personnage central du terrorisme depuis des années dans le Sahel, qui avaient revendiqué dès le 20 novembre l'assaut en affirmant avoir eu le soutien d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mais retournement de situation deux jours plus tard quand le Front de libération du Macina revendiquait à son tour la prise d'otages, en expliquant avoir agit en coopération avec le groupe salafiste Ansar Dine.

Une double revendication qui prend ses racines dans une nébuleuse de groupes différents et qui peut s'expliquer de plusieurs manières.

► Plusieurs groupes rivaux

De nombreuses mouvances djihadistes sont implantées au Mali. Le groupe Al-Mourabitoune est issu d'une fusion entre le Mujao, lui-même un groupe armé djihadiste salafiste issu d'une scission d'Aqmi, et des Signataires par le sang, un mouvement djihadiste lui aussi dissident d'Aqmi et fondé par Mokhtar Belmokhtar, personnage central de la galaxie djihadiste dans la région du Sahel.

À lire aussi sur Slate.fr: À travers le Mali, c’est aussi la France qui était frappée à Bamako

En parallèle d'al-Mourabitoune, on retrouve le Front de libération du Macina. Une organisation qui recrute principalement ses combattants parmi les Peuls et veut rétablir l'empire du Macina, royaume fondé au XIXe siècle dans la la région de Tombouctou. Enfin, au centre de cette nébuleuse on retrouve le groupe Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghali. Ce groupe salafiste avait joué un rôle majeur dans l'invasion du nord du Mali en 2012.

Pour Alain Antil, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et spécialiste du terrorisme dans la région du Sahel, cette double revendication «montre qu'on a des rivalités entre ces différents groupes». L'une des explications à ces nombreux mouvements dissidents de la branche régionale d'al-Qaïda est notamment le fait qu'«Aqmi a du mal à promouvoir en son sein des cadres non-algériens», précise Alain Antil, qui rappelle également que le Mujao avait fait dissidence avant la guerre du Mali en 2012.

► Des passerelles entre djihadistes

Les mouvances djihadistes du Sahel ont été durement frappées par les frappes des armées françaises et maliennes lors de l'opération Serval en 2013. Cette guerre frontale a affaibli des groupes concurrents qui ont cependant tissé de nombreux liens entre eux.

«Les groupes djihadistes de la région mutualisent leurs forces» a expliqué au site Vice, Lemine Ould Salem, journaliste pour la BBC, entre autres, et spécialiste des groupes djihadistes de la région.

«Il y a une rivalité mais aussi une synergie entre les djihadistes», nous confie Naffet Keita, chercheur à l'université de Bamako.

De plus avance le site Vice, «si une organisation (Aqmi) dont ne dépend plus Belmokhtar dément sa mort, c'est bien qu'il existe des passerelles entre ces organisations djihadistes». En août 2015, le Front du libération du Macina et al-Mourabitoune avaient déjà revendiqué conjointement l'attaque contre un hôtel de Sévaré dans le centre du pays.

► Brouiller les pistes

Pour le magazine Jeune Afrique, «une collaboration entre plusieurs groupes terroristes n'est pas à exclure, même si la double revendication vise peut-être avant tout à brouiller les pistes.» Contrairement aux intuitions des enquêteurs, un porte-parole d’Al-Mourabitoune a laissé entendre dimanche 22 novembre que les deux assaillants étaient maliens, en les identifiant par le nom « al-Ansari » qui désigne dans la terminologie jihadiste des combattants autochtones, a également rapporté l'AFP.

Alain Antil remarque lui que la revendication du groupe al-Mourabitoune a été très rapide. «Il me semble que c' est une première au Mali. D'habitude les revendications faites par les djihadistes ne le sont pas aussi rapidement».

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique.

janvier par un groupe lié à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi

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