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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Pourquoi Olivier Corel, "l'émir blanc" d'Artigat, n'a jamais été condamné

La filière d'Artigat est dans le collimateur de la police et de la justice depuis 2005 pour avoir fourni à Daech quelques-uns de ses pires bourreaux

Il était, dans les années 2000, un des maîtres à penser de Fabien Clain, revenu sur le devant de la scène ces derniers jours pour avoir revendiqué les attentats deParis au nom du groupe État islamique. Gourou pour les uns, théologien de la pensée islamiste radicale pour les autres, Olivier Corel – « l'émir blanc », comme on l'appelle – avait été mis en examen en 2007 dans le cadre du démantèlement de la filière « Artigat ». Aux côtés des autres mis en cause, « l'émir blanc » était soupçonné d'avoir incité des jeunes à partir en terre de djihad et d'avoir facilité leur départ en Irak. Après une instruction de plusieurs mois menée par le juge Marc Trévidic, Olivier Corel avait finalement bénéficié d'un non-lieu. Ce qui n'est pas le cas de ses comparses, qui avaient tous été condamnés en juillet 2009 à une peine de prison ferme.

LIRE aussi notre article Fabien Clain, la voix du djihad

Depuis mardi matin, l'homme, qui fêtera ses 69 ans dans quelques jours, a les gendarmes sur son perron. Selon i>Télé, pour mener des perquisitions administratives au siège de son association. Les gendarmes profitent ainsi de l'état d'urgence pour s'assurer qu'Olivier Corel ne poursuit plus ses activités prosélytes au contact de jeunes de banlieue, comme il avait l'habitude de le faire il y a encore une dizaine d'années. Et ce d'autant plus que son nom était ressorti au moment de l'affaire Merah, une partie de la famille du tueur de Toulouse ayant été en contact avec lui pendant plusieurs années. En 2014, la justice a d'ailleurs fait verser la procédure « Artigat » au dossier Merah, afin d'avoir une vision complète du réseau djihadiste toulousain.

Un réveil de la filière Artigat ?

Les perquisitions menées chez Olivier Corel montrent que les enquêteurs craignent plus que jamais un réveil de la filière « Artigat », connue pour avoir fourni à Daech quelques-uns de ses plus grands bourreaux. C'est au milieu des années 2000 qu'Olivier Corel apparaît pour la première fois dans le viseur des services de renseignements. En 2005, l'ambassadeur de France en Tunisie est ainsi destinataire d'un courrier anonyme l'avertissant qu'un certain Sabri Essid prépare des actes terroristes contre deux supermarchés de Toulouse et contre la résidence du consul américain à Lyon. L'homme est rapidement interpellé puis relâché : rien ne permet d'établir la véracité de ces projets. Les perquisitions menées par les enquêteurs vont cependant les amener à s'intéresser de plus près à Sabri Essid et à son entourage. Chez lui, sont en effet retrouvés des dizaines de prêches islamiques, certains à la gloire d'Oussama Ben Laden.

La police investigue plusieurs mois jusqu'à identifier à Toulouse et dans ses environs un réseau salafiste, dont Olivier Corel semble être le guide, le "savant". Parmi les membres du groupe, plusieurs radicaux et convertis du quartier du Mirail à Toulouse. En tête de gondole : les frères Clain, Jean-Michel et Fabien l'aîné, qui enrôle à tour de bras des jeunes pour les expédier en Irak. À tous, Olivier Corel dispense des cours de lecture du Coran et donne, de temps en temps, en petit comité, des informations sur le djihad.

"Dangerosité potentielle"

En février 2007, une perquisition est menée chez lui. Les policiers découvrent des images de Ben Laden et d'Abou Moussab Al-Zarquaoui, ex-chef d'Al-Qaïda en Irak, à qui l'on doit plusieurs attentats et assassinats. Des livres, Pour la défense de l'Islam ou encore Le Jihad en Islam, sont également placés sous scellés. Mais sa participation à la filière n'est pas démontrée. Alors que les autres sont extrêmement actifs et partent nouer des contacts à l'étranger, en Égypte, en Syrie ou encore en Belgique, « l'émir blanc », lui, se fait particulièrement discret.

Des islamistes, parmi les plus radicalisés du coin, se bousculent pourtant chez lui. C'est par exemple le cas d'Abdelkader Merah, le grand frère de Mohamed. Dans sa ferme reculée, Olivier Corel célébrera même le mariage spirituel entre la mère de Mohamed Merah et le père de Sabri Essid. Sabri Essid, que l'on verra des années plus tard dans une vidéo de l'EI ordonner à un enfant d'abattre un otage.

Interrogé en garde à vue courant 2007, Olivier Corel cantonnera son rôle à celui de simple guide spirituel. Il est radical – « Tout musulman doit faire le djihad », lance-t-il aux policiers –, mais ce n'est pas un délit. Aucun de ses élèves ne le contredira. En l'absence de preuves le rattachant aux activités du reste du groupe, Olivier Corel bénéficie d'un non-lieu le 11 février 2009, en dépit, note Marc Trévidic, de la « dangerosité potentielle » de ses agissements. Il n'a jamais été condamné.

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