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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Apologie de Socrate - Criton - Phédon de Platon

A tout seigneur, tout honneur...

Ces trois textes, traitant tous de la mort, se complètent à merveille.
L'apologie de Socrate rapporte les discours, en trois temps, qu'aurait prononcés ce monument de la philosophie devant ses juges et les Athéniens.
Il est accusé de corrompre la jeunesse et de l'éloigner des vrais dieux.
Dans un premier moment, il se défend, il démonte point par point le réquisitoire officiel et les raisons plus cachées de son procès.
Ensuite, les juges se retirent et concluent à sa culpabilité, par une majorité de 60 voix (sur un total de 500 ou 501 juges).
La coutume veut que, si la loi ne prévoit pas de peine précise, l'accusateur en propose une, ainsi que le condamné. Le jury choisit en une parmi les deux, sans rien pouvoir y changer.
Mais voilà, dans cette seconde partie, Socrate refuse d’émettre une proposition car ce serait admettre sa culpabilité alors que c’est plutôt à une récompense qu'il aurait droit.
Ce geste prend toute sa signification lorsqu’on sait que ses adversaires réclamaient la peine de mort.
Enfin, la décision tombe, attendue : il est condamné à mort.
Dans le troisième volet de son discours, Socrate s’adresse d’abord à ceux qui l'ont condamné, ensuite à ceux qui l’ont acquitté.
Il s’emploie à dédramatiser la mort : pour lui, la mort s'assimile soit à un sommeil sans rêve ou alors il s’agit du passage dans une autre vie.
Dans le deuxième texte, extrêmement court, qui entre dans la tradition des dialogues de Platon, Criton se rend dans la cellule de Socrate pour le convaincre d’évasion, occasion pour le maître de montrer sa fidélité envers les lois et le peuple athénien.
Le Phédon est de loin l’écrit le plus intéressant des trois.
Les deux premiers sont d'une facilité de lecture désarçonnante.
Leur lisibilité n'enlève rien à leur valeur, toutefois, c'est dans le Phédon que Socrate développe sa théorie sur l'immortalité de l’âme.
D’un accès légèrement plus ardu car plus abstrait quoique illustré par maints exemples, ce dialogue envisage tous les arguments et les contre-arguments qui se puissent imaginer.
Certains diront du « coupage de cheveux en quatre », d’autres une élaboration précise d'une théorie argumentée.
En ce qui me concerne, du grand art.
Le dialogue se clôture par les derniers moments de Socrate, qui boit sereinement la ciguë : « Tout en disant cela, il portait la coupe à ses lèvres, et il la vida jusqu’à la dernière goutte avec une aisance et un calme parfaits. »
S'adressant à son interlocuteur, Echécrate, Phédon termine par ces mots : « Telle fut la fin de notre ami, Echécrate, d'un homme qui, nous pouvons le dire, fut, parmi les hommes de ce temps que nous avons connus, le meilleur et aussi le plus sage et le plus juste. »
Faut-il rappeler que Socrate n’ayant rien écrit, tout ce que nous connaissons de sa philosophie nous est essentiellement rapporté par Platon…
Platon met régulièrement Socrate en scène dans ses dialogues.
Toute la difficulté est de savoir dans quel mesure l’élève est fidèle au maître.
Il se peut en effet que par-ci par-là, Platon ait glissé ses propres théories dans la bouche de Socrate.
Ce risque est peu vraisemblable dans ces trois dialogues, selon Emile Chambry, auteur de la traduction et des notices.
Toutefois, il est clair, dans le Phédon, que Platon expose par petites touches sa théorie sur le monde intelligible des Id

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