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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

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Les martyrs anarchistes de Changsha Un court récit des vies et activités des anarchistes chinois Huang Ai et Pang Renquan. « Huang Ai et Pang Renquan furent les héros martyrs les plus précoces dans le mouvement ouvrier chinois – ils méritent tous les deux qu’on se souvienne d’eux ». Li Rui Comme les anarchistes de Chicago en 1887, la décapitation des deux anarchistes à Changsha au Hunan, dans le Sud de la Chine, en 1922, eut de nombreuses répercussions, et pas seulement en renforçant la résistance du mouvement révolutionnaire émergeant. Malheureusement, de nombreux faits ont été obscurcis par le fait que Mao Zedong fut impliqué dans les évènements autours des assassinats de Changsha et de très nombreux récits par des historiens chinois sont très centrés sur son infaillibilité certaine et sa capacité mystérieuse à être au cœur des évènements, en accord avec l’hagiographie qui a été fabriquée autour du Grand Timonier. Les deux anarchistes assassinés, Huang Ai et Pang Renquan, étaient deux jeunes hommes qui avaient tiré avantage de l’éducation technique introduite en Chine dans les années 1910 pour créer une couche de techniciens en industrie. Huang Ai était né en 1897 à Changde au Hunan. Il obtint un diplôme de l’École Industrielle Jiazhong à Changsha et étudia ensuite à Tianjin. Là il fut balayé par l’agitation du 4 mai 1 qui commença en 1919. Il devint un délégué du Syndicat des Étudiants de Tianjin. Comme le note Nohara Shirõ : « Par la suite, à une rencontre préparatoire conjointe pour le « Mouvement de Pétition du 30 mai », Huang entra en conflit amèrement avec le Secrétaire Général du Syndicat des Étudiants de Beijing, Zhang Guotao, sur le bien-fondé d’un tel mouvement. Sa position et celle de ses soutiens – selon laquelle un tel mouvement, même s’il n’allait pas obtenir grand-chose en lui-même, allait en fait exposer la collusion du Premier Ministre Duan Qirui avec les japonais, empêcher des négociations sino-japonaises directes sur la question du Shandong et éveiller le peuple entier à la situation – triompha finalement ». Huang était alors connu sous le nom de Huang Zhengpin. Il argumenta à la rencontre que la pétition marche en avant « sans égards pour les conséquences ». Huang fut emprisonné deux fois durant la vague d’agitation. Pang Renquan était de Xiangtan, également au Hunan et il avait étudié à l’École Jiazhong aux cotés de Huang Ai. Il faut noter que Pang était né seulement à 30 ou 40 li2 du lieu de naissance de Mao et que c’est cela qui peut avoir initié leur première connaissance. Il fut impliqué dans le mouvement Expulsez Zhang Jingyao à l’été 1919 qui mobilisa contre le meurtrier seigneur de la guerre Zhang Jingyao, « Zhang le Venimeux ». D’après le fabricant de mythes Li Rui, il « avait placé une grande confiance en Mao », également impliqué dans ce mouvement. 1 Mouvement étudiant et populaire en 1919, à caractère patriotique et modernisateur, contre la présence japonaise dans la région chinoise du Shandong. La Chine était entrée en guerre en 1917 contre l’Allemagne avec l’espoir de récupérer à la fin de la guerre la partie du Shandong que l’Empire Allemand contrôlait. Mais les pays occidentaux confièrent cette zone au Japon. Le fait que le gouvernement chinois de Duan Qirui soit disposé à accepter ce fait, et qu’il soit soupçonné d’avoir été corrompu par les japonais via un prêt secret, déclencha le mouvement de protestation. NDT. 2 Mesure chinoise représentant environ 576 mètres. NDT. 2 Au début de 1920, Huang retourna à Changsha. Lui et Pang travaillèrent dans les usines locales où il est avéré qu’ils entrèrent en contact avec des anarchistes locaux, bien que Huang ait déjà été exposé aux idées anarchistes alors qu’il était à Tianjin. Ils créèrent une société de lecture ouvrière qui le 20 novembre de cette année là devint le Hunan laogonghui (Syndicat des Travailleurs du Hunan). Le meeting de fondation rassembla des représentant-e-s des guildes parmi les imprimeurs, les tailleurs-euses, les mécaniciens, les travailleurs des fonderies, les teinturier-e-s, les mineurs, les géomètres, les travailleurseuses du rotin et de la poterie. Toutefois la plupart des membres d’origine étaient des étudiants de l’École Jiazhong, de l’École professionnel et de l’École Industrielle Chuyi. À son démarrage, le syndicat était très sous l’influence de marchands locaux via l’exécutif du syndicat et il en résulta qu’une lutte pour l’influence sur le syndicat dut être menée par les anarchistes. La qualité de membre était offerte « à tous ceux et celles qui travaillent avec des machines ou dans l’industrie artisanale ou ceux et celles qui ont une formation industrielle », « qu’ils soient hommes ou femmes », après avoir été introduit-e-s par deux membres. Graduellement l’influence commença à se répandre au-delà du cercle étudiant d’origine avec des travailleurs-euses venant de la Filature de Coton N°1, de l’usine de raffinage du graphite, de l’hôtel de la monnaie local, avec les maçons et les charpentiers, les tailleurs et les barbiers. Trois membres constituaient une cellule syndicale. Au début, le syndicat ne mit pas une section en place dans chaque industrie ou ne tint pas de réunions de cellules mais cela commença à changer avec la grève à la Filature de Coton N°1. Leur journal Laogong (Travailleur) fut créé, sortant de janvier à octobre 1921. Il ne défendait pas la grève générale et reflétait des vues modérées mais son successeur à partir d’octobre, Laogong zhoukan (L’Hebdomadaire des Travailleurs), était alors fermement sous contrôle anarchiste et il appelait à une action bien plus forte. À cause de sa perspective radicale, il devait être distribué secrètement. Comme Laogong Zhoukan le déclara : « Dans le passé, l’ennemi a appelé à appelé à un compromis conditionnel avec ce syndicat, mais ce syndicat ne l’a pas accepté. C’est parce que nous savons très bien qu’il n’y a pas de place pour le compromis entre la classe travailleuse et la classe capitaliste ». Le mouvement de grève à la Filature N°1 galvanisa le syndicat. Au début les propriétaires de la filature, organisés en tant que Compagnie Immobilière de Chine, avaient essayé d’acheter la lutte. Ils offrirent même à Huang et Pang une grosse somme d’argent pour y mettre un terme, mais ce pot de vin fut sévèrement rejeté par eux. Le salaire et les conditions de travail à la filature étaient épouvantables, avec dix personnes dormant dans la même chambre, un manque de sanitaires, une nourriture pauvre et des coups sur les travailleurs-euses. Plusieurs travailleurs moururent au travail car ils avaient trop peur de demander un congé maladie. En Avril 1921, le syndicat mobilisa 2,000 travailleurs-euses à l’usine lors d’une manifestation. Cela força le patron de la Compagnie Immobilière à traverser la rivière et à négocier. Il fut forcé de signer un « serment » selon lequel il ne louerait plus la Filature N°1 aux capitalistes locaux. La Compagnie Immobilière appela à l’aide le nouveau seigneur de la guerre local, Zhao Hengti, qui avait lui-même des parts considérables dans la filature. Huang fut arrêté par lui et passa plus d’un mois en prison, où il commença une grève de la faim. C’est seulement plus tard, lorsque Zhao envoya des troupes armées que la Compagnie Immobilière fut capable de reprendre ses opérations à l’usine. Bien que peu des revendications aient été satisfaites, c’était probablement la première fois que des travailleurs-euses organisé-e-s en Chine avaient obtenu de telles revendications. Comme résultat le syndicat grandit à 4- 5 000 membres. C’étaient les anarchistes qui avaient ouvert la voie à cela, et aucune quantité d’histoire réécrite ne peut dissimuler le fait que les marxistes dans toute la Chine étaient jusqu’alors surtout concerné-e-s par l’éducation et l’étude théorique. Mao Zedong fut l’un de celles et ceux qui commencèrent alors à se mettre en relation avec ce mouvement ouvrier naissant. Il se trouvait à Changsha et avait aidé à créer une Société Littéraire et Culturelle là bas. Les anarchistes dans le syndicat étaient hautement critiques vis-à-vis de l’attitude marxiste envers le 3 gouvernement, se référant à eux et elles comme à « des longues nattes3 », disant que depuis qu’ils et elles voulaient le gouvernement il y avait peu de différences entre eux-elles et les seigneurs de la guerre. Il semble plutôt peu sincère de la part de Li Rui de dire que « Mao encouragea Huang et Pang à résister aux capitalistes, à résister à Zhao Hengti et à lancer un mouvement ouvrier » et qu’« il les critiqua pour ne parler que des syndicats et et ne pas étudier le marxisme ». Mao fut forcé d’entrer en relation avec ce mouvement, et comme Pantsov le note : « Comprenant qu’il ne pouvait possiblement pas entrer en compétition avec un syndicat si influent, Mao fit la seule chose censée vu les circonstances : il essaya de rallier Huang et Pang à son camp ». Il écrivit un article pour Laogong Zhoukan à la fin de novembre 1921, Mes espoirs pour le Syndicat des travailleurs, où il disait qu’il avait sympathisé avec le syndicat depuis déjà un an, finissant par dire que l’objectif du syndicat n’était pas seulement une meilleure paie et des heures de travail réduites mais qu’il « devait également nourrir la conscience de classe afin d’unifier toute la classe et de rechercher les intérêts essentiels de la classe travailleuse ». Le fait que cela soit quelque chose qui saute aux yeux pour Huang, Pang et les autres anarchistes ne semble pas lui avoir traversé la tête ! Mao accompagna Huang et Pang à Anyuan dans la province du Jiangxi où ils se posèrent comme « observateurs » » et ils visitèrent là les mines, les usines et la fabrique de locomotives et parlèrent avec les travailleurs-euses avec l’objectif à long terme d’organiser là bas. À la fin de 1921, le Syndicat des travailleurs fut impliqué dans une agitation pour garantir des primes de fin d’année pour les travailleurs-euses dans différentes industries pour compenser des réductions de paies et des non payements de salaires. Une grève éclata à la Filature N°1 en janvier 1922, où les travailleurseuses revendiquaient une prime mensuelle. Les propriétaires de la filature appelèrent leurs nervis de la sécurité et deux travailleurs furent tués. Cela ne découragea pas les grévistes et une nouvelle fois les nervis armés de Zhao furent appelés, Zhao recevant un pot de vin de 50,000 yuans de la part de la Compagnie Immobilière. Durant la nuit du 16 janvier, Huang et Pang étaient à une rencontre syndicale pour discuter comment faire avec la Compagnie Immobilière lorsque les troupes de Zhao firent irruption et les arrêtèrent. Ils furent secrètement emmenés à la Porte de Liu-yang au matin du 17 janvier et décapités. « Du sang frais teinta la neige fraîchement tombée ». Zhao ferma par la suite à la fois le syndicat et son journal. Après leur assassinat, Zhao inventa contre eux des accusations « d’achat d’armes à feu, de collusion avec des bandits et d’agitation pour une grève à l’hôtel des monnaies à la fin de l’année lorsque tout arrêt du travail était simplement hors de question, car la monnaie de cuivre qui devait être frappée était nécessaire au « soldes et rations » des soldats. Dans l’après-midi il y eut un arrêt de travail dans les nombreux lieux de travail de Changsha et les villages furent remplis les uns après les autres par les gens qui sortaient dans les rues. La Commission des Affaires Domestiques et la Commission des Finances furent interrompues. Deux meetings de protestation (« sous la houlette personnelle de Mao » - est-ce que cela signifie qu’il les a organisé ou plutôt qu’il a assisté aux meetings ?) furent tenus à la Société d’Études Wang Fuzhi (qui sortit également une publication spéciale mémorielle) et le 27 janvier un enterrement public de Huang et Pang eut lieu. Bien que la prime fut gagnée, les conditions restèrent effroyables à la filature et Zhao et les propriétaires de la filature avaient écrasé l’organisation des travailleurs et des travailleuses. Après les assassinats, beaucoup des anarchistes impliqués dans le syndicat fuirent. L’organisatrice ouvrière anarchiste Zhou Dunhu, une compagne proche de Huang et Pang, s’enfuit à Shanghai, où elle commença à s’engager dans les activités de la Fédération Anarchiste là bas. D’autres membres importante-s du syndicat semblent avoir rejoint plus tard le Parti Communiste, parmi lesquels Jian Chuping (assassiné en 1928) et Pang Renqian, le frère aîné de Pang Renquan (assassiné en 1927). 3 Le terme, qui renvoie à la coiffure traditionnelle chinoise jusqu’au début du 20ème siècle, a vraisemblablement le sens de « conservateurs », « passéistes », « archaïques », « réactionnaires ». NDT. 4 Interviewé en Juin 1963, le vieux seigneur de la guerre Zhao Hengti « se souvenait avec une jubilation considérable » qu’il avait « tué une paire de camarades appelés Huang et Pang ». Suivant la période particulière, Huang et Pang sont soit loués comme braves mais mal avisés ou comme ouvertement droitiers. Ainsi dans The Rise of the Chinese Communist Party (1971) par Guo Taozhang, nous pouvons lire qu’« Ils croyaient vaguement à l’anarchisme et au socialisme et avaient seulement une compréhension superficielle du mouvement syndical ; néanmoins c’étaient de durs travailleurs ». Zhou Enlai, qui avait connu Huang à Tianjin, écrivit un poème à leur mémoire tandis qu’un autre dirigeant communiste, Li Dazhao, les appela « les pionniers de la classe ouvrière ». Li Rui se réfère à eux comme étant « de jeunes gens purs, droits et courageux qui avaient une perspective anti-impérialiste, antiféodale, révolutionnaire ». Alors que pour Mao lui-même, Huang et Pang semble s’être métamorphosés d’alliés en droitiers, comme en témoigne son récit tiré de sa célèbre interview de 1936 par Edgar Snow: « Huang Ai, un des deux travailleurs tués, était un leader du mouvement ouvrier droitier, qui avait sa base parmi les étudiants des écoles industrielles et nous était opposé, mais nous les avons soutenu dans ce cas et dans beaucoup d’autres luttes. Les anarchistes avaient aussi de l’influence dans les syndicats, qui étaient alors organisés en un Syndicat des Travailleurs de Tout le Hunan, mais nous avons fait des compromis et à travers des négociations nous avons empêché de nombreuses actions précipitées et inutiles de leur part. ». Après leur assassinat, le Parti Communiste prétendit que Huang et Pang avaient rejoint le Corps de la Jeunesse Socialiste juste deux mois avant leur mort, sous l’influence et l’inspiration de Mao. Stuart R. Schram, dans son introduction au livre de Li Rui book est très sceptique sur cela, citant plus loin l’historien français Jean Chesneaux qui dit-il « dans son travail pionnier sur le mouvement ouvrier chinois montre un scepticisme considérable à propos de cela ». Mao avait organisé le Corps de la Jeunesse Socialiste au Hunan depuis 1920 mais c’était loin d’être un appendice orthodoxe du Parti et il comprenait des éléments disparates. En fait, le Parti Communiste Chinois en tant que tel ne prit pas complètement en compte l’idée léniniste de l’organisation avant 1922 et « ne la compris pleinement et ne l’appliqua efficacement que bien après cela » (Schram). Était-il vraiment exact, d’après Li Rui, que « Le changement d’attitude de Huang Ai, Pang Renquan et des masses du syndicat ouvrier après avoir été éduqué et persuadé par le camarade Mao Zedong était la victoire du Marxisme sur l’anarchisme » ? Nick Heath. Sources: Li Rui, (1977) The early revolutionary activities of Comrade Mao Tse-Tung (publié à l’origine en chinois par la Maison d’Éditions de la Jeunesse de Chine, Beijing, 1957) Nohara Shirõ, Huang Ai and Pang Renquan - anarchists and labour martyrs: http://www.anarkismo.net/article/7123 Pantsov A.V, Mao: The Real

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