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SERPENT -  LIBERTAIRE

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Belo Monte : analyse d’un ethnocide néolibéral

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Belo Monte : analyse d’un ethnocide néolibéral

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Du haut de ses 36 ans et de son expérience de professeur de philosophie du droit, la jeune procureure de la République Thais Santi, originaire de São Bernardo do Campo (São Paulo) et qui a grandi à Curitiba (Paraná), nous raconte ici comment la 3ème plus grande usine hydro-électrique du monde aura vu le jour en passant outre l’encadrement juridique correspondant, en mélangeant intérêt public et privé (celui de la société Norte Energia S.A) et en provoquant une catastrophe éthnique et environnementale aux proportions de l’immensité amazonienne.

Débutant dans l’un de ces postes peu couru et décrits comme « l’enfer sur Terre », elle est nommée en 2012 à Altamira dans le Pará, région aux nombreux conflits sur les berges du monumental fleuve Xingu. A cette époque, le chantier du barrage de Belo Monte avait déjà engendré une hausse des loyers en diminuant considérablement le nombre des logements vacants. Depuis, elle aurait eu l’occasion de quitter Altamira à 3 reprises, mais elle est restée pour écrire l’histoire de Belo Monte. Ou plus exactement, témoigner du chantier le plus controversé du PAC, le Programme d’Accélération de la Croissance des gouvernements Lula et Dilma : 30 milliards de reais pour un projet corrompu et destructeur. Il lui aura fallut un an pour démêler le fonctionnement de ce système honni et presque autant pour décider quoi faire face au viol des droits indigènes et afin de prévenir l’implantation d’autres barrages similaires en Amazonie – notamment dans le bassin du fleuve Tapajós.

Voici donc des extraits d’une entrevue qui a été réalisée en 2 étapes. D’abord, 3 heures dans son bureau d’Altamira, quelques jours après sa participation à la commémoration des 10 ans de la Réserve Extractiviste Riozinho do Anfrísio, dans la Terre du Milieu. Enfin, 3 heures supplémentaires via Skype.

Vous êtes arrivée à Altamira pendant le processus d’implantation de Belo Monte. Qu’avez-vous trouvé ?

Thais Santi – J’ai trouvé la continuation de ce que j’avais étudié à partir de Hannah Arendt. Belo Monte est le cas parfait pour étudier un monde où tout est possible. Arendt étudiait les états totalitaires. Elle étudiait le monde du génocide juif. Et je crois qu’il est possible de considérer Belo Monte sous le même angle.

Comment comprendre ce qui s’y joue ?

TS – Il y a deux niveaux de compréhensions de Belo Monte. Vous avez d’abord le choix gouvernemental de construire de grands projets, énormes, brutaux, en Amazonie, auquel s’ajoute le choix d’utiliser les fleuves amazoniens, la ressource la plus précieuse, celle qui manquera dans le futur, pour produire de l’énergie. Tout ceci peut être remis en question par le milieu académique, par la population, par les mouvements sociaux, mais s’appuie sur la légitimité du gouvernement. On pourrait discuter longuement pour savoir si cette légitimité vient de la peur ou d’un faux débat – car il existe un espace politique de discussion. En tous cas, le projet compte sur le soutien populaire supposé démocratique dont le gouvernement bénéficie, même s’il n’a été réélu qu’avec une faible différence de voix. Cependant, une fois cette politique adoptée, une fois ce choix gouvernemental fait, le respect de la loi ne devrait pas être une option pour le gouvernement. Or, ce qui s’est produit et continue de se produire à Belo Monte, c’est que ce choix questionnable ayant été fait par le gouvernement, la manière de l’implanter est perçue par celui-ci comme s’il était lui aussi choisi. Comme si le gouvernement pouvait ignorer les règles du processus d’autorisation !

Le Ministère Public Fédéral a déjà entrepris 22 actions en justice dans ce sens. Pourquoi la Justice Fédérale n’empèche pas cette série d’illégalités ?

TS – (…) Quand je demande au juge d’appliquer les règles, je lui rappelle que celles-ci doivent déterminer l’autorisation du chantier car, si elles ne sont pas respectées, le projet n’a aucune valeur juridique. Et le juge de me répondre : « Je ne peux pas interférer dans les choix du gouvernement » ou « Je ne peux pas interférer sur la politique ». C’est ce que les juges me disent ! Par conséquent, ils parlent du Belo Monte sur la base de la légitimité du gouvernement et non pas sur la base de la légalité.

Que signifie un monde où tout est possible ?

TS – Belo Monte est le résultat de l’application d’un droit flexible à l’extrême. Nous sommes dans un monde où le chantier se justifie de lui-même car les arguments de l’entrepreneur sont : les dépenses sont déjà engagées et les emplois d’ouvriers sont à préserver absolument. Seulement ce ne sont pas des arguments légaux mais politiques. Nous sommes donc confrontés à la réalité d’un chantier qui suit son cours chaque jour plus avant et qui s’auto-justifie. Cela sans aucune base juridique, constituant un précédent qui se construit chaque jour un peu plus. Le monde du tout est possible est un monde terrifiant dans lequel le Droit n’impose aucune limite. Le monde du tout est possible, aujourd’hui, c’est Belo Monte.

Et comment en êtes-vous arrivée à cette conclusion ?

TS – J’ai mis presqu’un an pour comprendre ce que le processus de Belo Monte impliquait pour les indigènes, en comprenant ce qu’était le Plan d’Urgence de Belo Monte. Ce Plan d’Urgence avait comme objectif de créer des programmes spécifiques pour chaque éthnie, pour que les indigènes soient tranquillisés vis à vis de Belo Monte. L’idée c’est que les indiens soient autonomes afin que le projet de Belo Monte ne les fragilise pas. Mais je peux affirmer qu’il y a eu un détournement de fonds de ce Plan d’Urgence. J’ai vu les indiens faire la queue aux bureaux de Norte Energia alors que le plan précisait qu’ils devaient rester dans les villages. Je savais que les leaders indigènes prenaient l’essence qu’on leur donnait pour la vendre ou l’échanger contre de la boisson. Mais j’ai vraiment senti l’impact de Belo Monte dans un village situé à 300 km d’ici. Ce fut brutal. On ne peut comprendre qu’en allant dans les villages, c’est impossible en recevant les indigènes, ici, dans les bureaux. C’est là bas que je l’ai vu.

Et qu’avez-vous vu ?

TS – J’ai commencé à comprendre ce qui se passait quand je suis allée visiter la terre indigène de Cachoeira Seca et que j’ai rencontré les Arara, un groupe en contact avec notre civilisation depuis peu de temps. Et ça a été un choc. J’ai vu la quantité de détritus qu’il y avait dans ce village, j’ai vu les maisons détruites, avec les toits percés qui laissaient passer la pluie. Et ils dormaient là. Les indiennes avec les enfants au bord de l’eau, totalement vulnérables face aux pêcheurs qui passaient. Quand Belo Monte a commencé, ce peuple n’avait pas de chef de poste, c’est à dire d’indigène désigné pour établir une relation avec la Funai (NDT : département des affaires indigènes du gouvernement brésilien). D’un jour à l’autre, ils se sont retrouvés seuls face à Belo Monte. Les Arara étaient révoltés car ils avaient demandé 60 ballons de foot mais n’en n’avaient reçu qu’un. Ils avaient demandé des matelas mais n’en avaient obtenu aucun. Malgré un contact récent ils mangeaient des biscuits et buvaient des sodas, et avaient donc des problèmes de diabète et d’hypertension. Mais ce qui m’a le plus surprise, alors que j’essayais de faire une réunion avec les Arara, c’est une femme, sûrement une des plus agées, qui m’a apporté une patate douce pour manger. En fait, c’était une mini patate, elle ressemblait à un haricot. Je l’ai prise, j’ai regardé l’agent de la Funai qui m’a dit : « C’est ça qu’ils ont planté. Ils n’ont rien d’autre que ça. » C’est ce niveau de destructuration que le plan avait provoqué et c’était affolant.

Qu’avez-vous ressenti ?

TS – C’était comme s’il y avait eu une guerre, un holocauste. Les indiens ne faisaient rien. Ils attendaient, demandant des biscuits, de la nourriture, demandant qu’on leur fournisse des maisons. Ils n’avaient plus leurs remèdes traditionnels. Ils étaient devenus des mendiants. Et ils ne discutaient plus entre eux, ils ne se réunissaient plus. Le seul moment où ils se retrouvaient ensemble, c’était le soir pour regarder le feuilleton sur des télés à plasma. J’ai été très choquée. Et les détritus dans le village étaient en quantité énorme. Il y avait des têtes de poupées, des petites voitures, des emballages de biscuits, des bouteilles de soda …

C’était ce qu’ils avaient reçu de la Norte Energia ?

TS – Oui, tout ce qu’ils avaient obtenu du Plan d’Urgence.

C’était ça le Plan d’Urgence, ce qui devait permettre aux indigènes de surmonter les impacts de Belo Monte ?

TS – C’était tout ce qu’ils avaient reçu du Plan d’Urgence. Ce Plan a provoqué une dépendance absolue des indiens envers l’entrepreneur qui s’est présenté dans ce processus comme le fournisseur universel de biens infinis, ce qui aurait été évité si la Funai avait dit non. La Norte Energia a créé cette dépendance, et c’était intentionel. À cela s’est ajouté l’incapacité de la Funai à être présente, car l’organisme aurait dû être renforcé dans ce processus, mais au lieu de cela, elle a été de plus en plus affaiblie. Les indiens ne croyaient plus en la Funai et devinrent dépendants de l’entrepreneur. Ce plan s’est transformé en assistanat toxique.

Comment êtes-vous revenue de cette expérience ?

TS – Je me disais : « Mais qu’est-ce c’est que ça ? Que faire ? » J’avais la possibilité de quitter Altamira, mais je me suis rendue compte que si je partais, le procureur suivant prendrait une année pour comprendre ce qui se passait. Alors je suis restée.

(…)

Et qu’est-il arrivé aux indiens après cette intervention ?

TS – Les villages se sont fragmentés. Tout d’abord, vous donnez à un leader qui n’est pas préparé à ça le pouvoir de répartir les ressources dans la communauté. Une télé à plasma dans la maison du cacique et les leaders perdent leur légitimité dans la communauté. Il reçoit une « voadeira » qui coûte 30, et il la revend 8. Sans parler du marché noir qui s’est développé à Altamira grâce aux entreprises elles-même. L’indien reçoit de l’argent qu’il échange contre de l’alcool. L’alcoolisme, qui était déjà un problème dans de nombreux villages, a beaucoup augmenté. Cela a provoqué des conflits entre eux et a augmenté les préjugés que les habitants des villes, non-indiens, ont sur les indiens. (…) Les indiens sont fragilisés, ils se fragmentent socialement, leur capacité productive est réduite à néant, les conflits et les préjugés augmentent.

Pensez-vous que la manière dont ce processus est mené par la Norte Energia, grâce au silence du gouvernement, est intentionnelle ?

TS – Un des anthropologues de la 6éme Chambre a une conclusion très intéressante. Dans le contexte de Belo Monte, le Plan d’Urgence est une stratégie pour réduire au silence les seuls qui avaient une voix et une visibilité, les indigènes. Car il y a eu un processus pour réduire au silence la société civile. J’ai beaucoup de respect pour les mouvements sociaux qui font d’Altamira un cas unique et de Belo Monte un cas paradigmatique. Mais aujourd’hui ils ne peuvent plus s’approcher du chantier de Belo Monte. Il y a désormais une décision judiciaire qui les en empêche. Alors les indigènes sont devenus les seuls à pouvoir se faire entendre et à pouvoir interférer, car les autres couraient le risque de se faire arrêter. Et le Plan d’Urgence fut une manière de réduire au silence cette voix. Chaque fois que les indigènes venaient manifester contre Belo Monte, en occupant les chantiers, le groupe était très rapidement dissoud car les leaders se voyaient offrir toute une série d’avantages et de biens de consommation. Tout ça parce que les indigènes ont une visibilité que la société civile n’arrive pas à avoir. Je vais vous donner un exemple : lors d’une occupation pendant laquelle des pêcheurs restèrent 40 jours sur le fleuve, face au chantier, sous la pluie, ils n’obtinrent rien du tout car leur souffrance était complètement invisible. Puis subitement, les indigènes ont décidé de soutenir leurs revendications, tout en y ajoutant les leurs. Alors, d’un jour à l’autre, la presse est apparue. Les indigènes étaient la voix qui pouvait encore être entendue, mais maintenant ils ont été réduits au silence.

(…)

Qu’est Belo Monte pour les peuples indigènes du Xingu ?

TS – Un éthnocide. C’est la conclusion à laquelle je suis arrivée avec l’enquête civile qui a étudié le Plan d’Urgence. Belo Monte est un éthnocide dans un monde où tout est possible.

Et le Ministère Public Fédéral va entrer en justice sur cet éthnocide perpétré par Belo Monte ?

TS – Certainement. Il faut réévaluer la viabilité de l’usine en tenant compte de la situation générée par le Plan d’Urgence et des conditions d’autorisation préalables non respectées.

Au XX° siècle, la dictature militaire a massacré divers peuples indigènes, dans les années 70 afin qu’ils n’empêchent pas les projets mégalomanes d’être réalisés, comme la route Transamazonienne. C’est ce que l’histoire appelle les « éléphants blancs de la dictature ». Maintenant, comment est-il possible qu’il y ait un éthnocide en plein XXIº siècle et en « démocratie » ?

TS – Je suis devenue lectrice des Études d’Impact Environnemental. Ces études montrent une région historiquement négligée par l’État, avec des peuples indigènes extrêmement vulnérables à cause de l’ouverture de routes. Alors Belo Monte n’allait pas s’installer dans climat idéal, mais plutôt dans un climat de conflits agraires, dans la région où Soeur Dorothy a été assassinée, avec des peuples indigènes agressés par la politique de l’état et en situation de vulnérabilité croissante. C’est ce que disent les études. Le diagnostic montre alors que Belo Monte accélèrerait son processus à un rythme tel que les indigènes ne pourraient pas s’adapter. En d’autres termes, l’étude d’impact environnemental a estimé que Belo Monte était un projet à très haut risque pour la survie ethnique des indigènes quel que soit son impact. En se basant sur leur analyse, les études préconisent une série de mesures pour assurer la viabilité de Belo Monte. La Funai a examiné ces études, fait un rapport et a confirmé que le projet du Belo Monte serait viable si ces mesures étaient appliquées.

Et que s’est-il passé ?

TS - Pour répondre, il faut parler de ce qui est peut-être la question la plus sérieuse de Belo Monte. Pour que Belo Monte voie le jour dans une telle région, l’État a dû prendre un engagement. Vous ne pouvez pas faire porter la responsabilité d’un projet prévu dans une région historiquement abandonnée par l’état uniquement à l’entrepreneur. Il y a un rapport du Tribunal des Comptes qui dit que le projet serait viable si, au minimum, la Funai, les organismes de contrôle environnemental et l’État étaient présents dans la région. Belo Monte est un projet prioritaire du gouvernement fédéral. (…) Mais Belo Monte est présenté comme le projet d’une société anonyme (S.A.) c’est à dire d’une entreprise privée. Que se passe-t-il au moment de demander l’application des règles publiques qui régissent les conditions d’obtention des autorisations ? Qui est responsable ? Au moment de réaliser les expropriations, la Norte Energia se présente comme une entreprise concessionnaire autorisée à le faire et, pour cela, à utiliser la justice fédérale. Mais quand il faut appliquer une des conditions liées à l’obtention de l’autorisation, elle se présente comme une entreprise privée et rejette la responsabilité sur l’État. Cette relation entre l’entrepreneur et l’État est une des caractéristiques les plus intéressantes de Belo Monte. (…)

Pourquoi cette démission du gouvernement ?

TS - Ce n’est pas à moi de le dire. On retrouve à Belo Monte des questions difficiles à comprendre. Qu’est-ce qui justifie une telle priorité du gouvernement pour un projet avec un tel impact et un faible potentiel de production d’énergie vu les fluctuations du débit du fleuve ? Qu’est-ce qui justifie Belo Monte ? Il est indéniable qu’il y a là une zone d’ombre. Regardez l’Étude d’Impact Environnemental de Belo Monte, regardez qui le signe : Andrade Gutierrez, Camargo Corrêa, Odebrecht… Et au moment de l’appel d’offre, ces entreprises n’y participaient pas. Est apparue une entreprise créée dans l’urgence pour répondre à l’appel d’offre. Cette entreprise, la Norte Energia, constituée comme société anonyme, donc une entreprise privée, est celle qui remporte l’appel d’offre, qui devient concessionnaire. Et les entreprises qui ont participé aux études de viabilité ? Elles ont formé le Consortium Constructeur de Belo Monte (CCBM), qui est contracté par la Norte Energia. Et la Norte Energia a complètement modifié la constitution qu’elle avait à l’époque de l’appel d’offre. Aujourd’hui avec un apport de capital public beaucoup plus important. Donc, les entreprises qui ont fait les études de viabilité et d’impact environnemental sont maintenant de simples sous-traitants, sans aucune responsabilité socio-environnementale dans l’autorisation. Franchement, je ne sais pas. Ce n’est pas facile de comprendre Belo Monte. C’est l’histoire qui nous le dira. Et, qui sait, les opérations en cours (de la police fédérale qui enquête sur le rôle de ces entreprises dans le scandale de la Petrobrás) nous apporteront peut être des éclaircissements sur ces zones d’ombre ?

Dans le cas des indigènes, il était prévu un renforcement de la Funai afin que l’organisme puisse accompagner le processus. Mais au lieu de ça, la Funai n’a-t-elle pas subi une fragilisation, qui se poursuit encore, véhiculée jusqu’au Congrès National par le groupe ruraliste?

TS – J’ai rendu visite au village Parakanã, dans la terre indigéne Apyterewa. Quand je suis arrivée là bas, j’ai eu du mal à croire qu’ils construisaient de telles maisons. Un toit en plaques d’amiante, l’une à côté de l’autre, dans cette chaleur. (…) Alors nous sommes allés chez les Awareté, là aussi en pleine construction. Le village était plein d’ouvriers. Et les jeunes filles nues, les ouvriers qui écoutaient de la musique avec leurs téléphones portables. J’ai demandé à la Funai : « Comment pouvez-vous permettre ça ? » La Funai ne suivait pas le chantier, elle ne savait pas qui était dans le village ni d’où venait ce projet de maisons. (…) Il aurait dû y avoir 32 bases, si je ne me trompe, dans des endroits stratégiques, car protéger le territoire est une condition pour protéger les indigènes. (…) Et tout cela avec une prévision d’enrôler 120 fonctionnaires pour travailler dans cet ensemble de protection. Et ça aurait dû être mis en place avant le début du chantier.

Et qu’en a-t-il été ?

TS – En 2011 il y a eu la demande d’autorisation d’installation du chantier de Belo Monte, mais le plan n’avait pas encore débuté. La Funai a donné son accord à l’autorisation d’installation avec la condition que le plan soit implanté dans un délai de 40 jours. (…) Fin 2012, les indigènes ont réclamé l’implantation de ce plan lors d’une occupation des chantiers, et il est apparu évident que la construction des bases n’avait même pas débuté. À partir de ce moment là, la Norte Energia a commencé à réécrire et à simplifier le plan. (…) Nous avons proposé une action le 19 avril 2013, c’était la Journée de l’Indien, pour que les conditions soient respectées. (…) Le juge a donné son verdict presqu’un an plus tard, en 2014. Mais quel a été ce verdict ? Que suspendre l’accord de la Funai serait interférer dans les options politiques du gouvernement. Résultat : 2014 se termine et la Protection Territoriale n’est toujours pas en exécution. C’est la dernière information que j’ai reçue de la Funai. Le Plan n’a pas encore débuté.

(…)

Comment cela est-il possible ?

TS – Je crois franchement qu’il est en train de se produire une tragédie ici, l’invasion des terres indigènes et la déprotection. On voit le bois partir. Les dénonciations que nous recevons d’extraction de bois de la terre indigène Cachoeira Seca ou Treicheira Bacajá sont effarantes. Comment cela est-il possible ? La question que j’avais posée au juge lors d’un procès était : « Belo Monte s’appuie sur quoi si cette condition, qui était la première, n’a jamais été implantée ? » (Sur quoi s’appuie Belo Monte si la première condition préalable n’a jamais été remplie? J’avais posé cette question au juge lors d’un procès.) Belo Monte s’appuie sur le fait accompli. Et sur l’idée équivoque qu’en politique on n’interfère pas. Comme si l’option politique était aussi une option permettant de ne pas respecter la Loi. Le fait est que Belo Monte, aujourd’hui, à la veille de l’autorisation d’exploitation, se construit sans la première condition indigène. Je vous le dis, c’est effarant.

Belo Monte est donc en marge de la Loi ?

TS – Les agissements de la Norte Energia sont en marge de l’autorisation. Si les études avaient prévu que Belo Monte serait à très hauts risques, et avaient indiqué une série de mesures nécessaires, et que l’entrepreneur agit ainsi, à quelle conclusion pouvons-nous arriver ? S’il existe des mesures pour atténuer les très grands risques que Belo Monte fait courir aux indigènes, et que ces politiques n’ont pas été implantées mais ont été substituées par une politique marginale d’encouragement à la consommation, de rupture des liens sociaux, de mépris des traditions, de telle manière que les indigènes sont attirés dans le noyeau urbain par l’entrepreneur puis plongés dans le pire de notre culture, la consommation. Et la pire des consommation, Coca-Cola, essence… Donc, toutes ces études ont été faites pour quoi ? Autant d’anthropologues qui ont travaillé sur ces études, et l’entrepreneur qui distribue ce qui lui vient à l’esprit aux indigènes. Ce qui s’est passé à Belo Monte : l’impact du Plan d’Urgence, qui n’a pas encore été evalué à ce jour, est pire que l’impact du projet de barrage lui même. L’action de l’entrepreneur est immense. Alors, encore une fois, quel est l’impact de Belo Monte ? L’éthnocide indigène.

Et que faire maintenant ?

TS – Aujourd’hui, Belo Monte est une catastrophe. J’ai mis un an à le voir, un an pour arriver à comprendre, et maintenant je vais vous dire ce que je crois. Si la Loi était appliquée à Belo Monte, il faudrait suspendre toute autorisation de ce projet jusqu’à ce que soit réalisée une nouvelle étude et que soit faite une nouvelle attestation de viabilité, avec de nouvelles actions atténuantes dans un nouveau contexte, car il s’est produit tout ce qui ne devait pas se produire.

Est-il possible d’affirmer que la Norte Energia a agi et continue à agir comme si elle était au dessus de l’État ?

TS – L’entreprise se comporte comme si elle était souveraine. Et c’est pour cela que je pense que l’idée, ici, est comme si la Loi était suspendue. C’est un chantier qui doit être mené à bien à n’importe quel prix, une priorité si grande du gouvernement que l’ordre juridique a été suspendu. Et on n’arrive pas à freiner cela au niveau du pouvoir judiciaire parce que le Judiciaire a déjà cette interprétation qu’il ne lui revient pas d’interférer dans les politiques gouvernementales. Mais le pouvoir judiciaire confond légitimité et légalité. La politique s’appuie sur la légitimité et, une fois une option faite, le respect de la Loi n’est plus un choix, il n’est plus optionnel. Mais ici, ça l’est devenu. Et qui va dire à l’entrepreneur ce qu’il doit faire ?
(…)

Une partie de la population a été déplacée à cause de Belo Monte sans aucune assistance juridique. Les gens étaient seuls ?

TS – (…) Un jour est arrivée dans mon bureau une femme très humble. J’ai rarement rencontré une personne comme ça, elle est venue seule et c’était une femme déjà âgée. Et je n’arrivais pas à comprendre ce qu’elle disait. Elle était seule, désespérée, et je lui ai dit : « S’il vous plait, attendez-moi dehors, j’ai une chose à terminer, et ensuite j’irai personnellement avec vous au siège de l’entreprise. » Parce que, comment est fait ce déplacement ? La Norte Energia a contracté une entreprise qui joue le rôle d’intermédiaire entre la Norte Energia et les personnes. Elle s’appelle Diagonal. Alors je suis allée à l’entreprise avec elle. C’est une maison, les gens attendent dehors sous cette chaleur de 40º avant de pouvoir entrer. Puis, une à une, elles sont appelées pour négocier. Cette femme âgée est allée là-bas pour négocier sa situation. Elle ne voulait pas d’indemnisation, elle voulait une maison, ce qu’elle m’a expliqué. Elle a parlé avec une assistante sociale de l’entreprise. Et comme elle n’était pas d’accord avec ce qui lui était offert, l’avocat de l’entreprise lui a expliqué qu’elle n’avait pas droit à une maison. Et si elle n’est toujours pas d’accord, l’affaire est transférée à la Norte Energia. (…) À ce moment là, j’ai compris que, premièrement, il y avait une confusion dans les rôles parce que la Norte Energia se présente comme une instance de recours, mais en fait elle joue son rôle. L’autre entreprise elle aussi joue son rôle. Ce qui était absent, c’était l’État. Ceux qui étaient absents c’étaient ceux qui devaient porter assistance à cette femme. Donc l’omission venait de l’État. (…) La Défense Publique est une institution qui se renforce, et je pense qu’elle ne peut pas laisser de côté une réalité de grand risque de violation des droits de l’Homme, comme c’est le cas avec Belo Monte.

(…)

Pour revenir au début de cette entrevue, quelle est l’analogie que vous faites entre les études de Hannah Arendt sur les totalitarismes et la description que vous faites sur le cas de Belo Monte ?

TS – Ça devient plus clair, n’est-ce pas ? Quand je vous ai dit que la Loi est suspendue, c’est à dire les règles, les engagements assumés, les obligations pour autoriser le projet, en fait, je pensais à l’État d’Exception. Je comprends que cette réalité que je décris est la réalité d’un État d’Exception.

Mais comment se peut-il que tout soit possible ?

TS – Quand vous voyez le gouvernement entreprendre un nouveau projet, cette fois sur le Tapajós, avec là aussi un très fort impact, sans répondre au passif de Belo Monte, que vient-il à l’esprit ? Dans notre quotidien de Belo Monte, nous constatons cet impact, nous voyons la déforestation, la question indigène, la souffrance de la population locale, nous voyons des gens mourir parce que l’hôpital est surchargé, nous voyons des indigènes complètement perdus… Et alors, le gouvernement se lance dans un nouveau projet. La question est : comment cela est-il possible ? Belo Monte n’est pas terminé. (…) C’est à dire que le passif de Belo Monte, sur le Xingu, reste, alors que le gouvernement va commencer un nouveau projet sur le Tapajós. Et qu’est-ce qui nous prouve que ce nouveau projet ne va pas causer un passif semblable ? Cela doit être d’abord prouvé ici à Belo Monte. La Funai doit être structurée ici. Les terres doivent être protégées ici. La population doit être déplacée avec dignité ici. Alors, lorsque vous me parlez de Hannah Arendt, je pense à cette phrase de la présidente de la Funai. Lorsque Arendt conclut le jugement du nazisme (dans son livre « Eichmann à Jérusalem »), elle dit la chose suivante : « La politique n’est pas un jardin d’enfants ». Et elle analysait le génocide. Je n’ai aucune difficulté à dire qu’ici nous analysons un éthnocide, et la politique n’est pas un jardin d’enfants. Donc, l’action du Ministère Public ici, c’est de responsabiliser le plus possible. Un jour, ces actions seront jugées. Un jour Belo Monte sera jugé.

La majorité des actions que le Ministère Public Fédéral propose, depuis des années, se heurte aux présidents des tribunaux. Quelle est votre hypothèse ?

TS – Belo Monte est un projet « sub judice » (qui est sous l’appréciation judiciaire). Il sera jugé par le Suprême Tribunal Fédéral. Il y a 22 actions avec des contenus extrêmement diversifiés. L’attitude du Pouvoir Judiciaire qui estime que les fondements juridiques, la pertinence de l’action, sont conditionnés par la décision politique, qui est la « suspension de sécurité », est une décision qui n’a pas besoin du soutien de la Loi, elle s’appuie sur les faits. La suspension de sécurité est un mécanisme extrêmement complexe car il permet de déconsidérer le Droit.

Je crois qu’il est important d’ouvrir ici une parenthèse pour expliquer aux lecteurs que le mécanisme de « suspension de sécurité » est un héritage de la dictature. Il empêche tout jugement anticipé d’une action et peut être actionné en raison de l’urgence, de la pertinence et de la qualité des preuves présentées. Elle est concédée par la présidence d’un tribunal, qui n’analyse pas la pertinence de la question, mais se limite à mentionner les raisons telles que la « sécurité nationale ». De cette façon, lorsque la pertinence d’une action est finalement jugée, ce qui prend généralement des années, un projet comme Belo Monte est devenu un fait accompli. Quelles sont les justifications de l’utilisation de la suspension de sécurité à Belo Monte ?

TS – À Belo Monte, les justifications sont la nécessité du projet, les délais, le chronogramme, les valeurs, le coût d’une journée de paralysation du chantier ou la quantité d’ouvriers qui dépendent du projet. Avec ces fondements basés sur les faits, empiriques et politiques, le mécanisme de suspension de sécurité permet la suspension d’une décision juridique obtenue par les actions judiciaires. De cette façon, les décisions perdent leur capacité de transformation. Avec une réserve dans le cas de Belo Monte : les personnes de droit privé ne peuvent pas demander la suspension de sécurité. La Norte Energia ne pourrait pas la demander. C’est donc l’Advocacia Geral da União (organisme juridique gouvernemental chargé de défendre les intérêts du gouvernement) qui peut le faire, mais elle est du côté de la Norte Energia dans les actions judiciaires. (…) Nous savons déjà quel impact est provoqué par la déforestation, nous savons quelle est la valeur de l’eau et la valeur de l’Amazonie. C’est pour cela que je pense que ces décisions qui peuvent s’appuyer sur des faits sont dangereuses pour l’État démocratique de Droit, car les faits n’ont pas toujours de fondements démocratiques.

(…)

Comment est la vie à Altamira, au milieu de tous ces superlatifs ?

TS – En fait, je suis enchantée par la réalité. Même si elle est tragique. (…) Quand j’ai décidé de rester à Altamira, des gens me disaient : « Bravo pour ton désattachement ! ». Mais pour moi, rester à Altamira est un privilège. Connaître les populations traditionnelles est un privilège. Pouvoir recevoir un cacique ici est un privilège. Alors ma relation avec Altamira est que chaque jour je me courbe un peu plus. Quand je dis que je me courbe, c’est dans le sens d’être plus humble vis à vis des gens d’ici. Il y a un moment de la journée où le soleil provoque une sorte d’aura dorée dans la Grande Boucle du Xingu. Je vais sur les bords du fleuve car je veux voir ça. C’est chaque jour différent. Ce n’est jamais pareil. (…) Dans mon quotidien, je vis cet enchantement pour la région, tout en sachant que nous avons une forêt qui s’étend jusqu’au delà de la frontière du Brésil, une forêt merveilleuse. Et c’est ce qui sera la chose la plus précieuse dans le futur. Comme je travaille sur la question de Belo Monte, j’ai ce profond sentiment de tristesse qui vient de l’audace de l’homme de transformer cela, de dévier le cours du fleuve.

Quand je vous ai rencontrée dans une réserve extractiviste, il y a quelques jours, vous avez plaisanté en disant que vous enviiez les riverains. Parlez-moi de ça.

TS – C’est que je pense que leur travail est plus important que le mien. Je le pense vraiment. Si on regarde l’autre comme un pauvre, quelqu’un à qui il manque tout, on ne peut agir que de manière très limitée. Aujourd’hui, je les vois comme des gens qui ont le droit de vivre ainsi. Car ils ont une alternative. Mais aujourd’hui, je crois que c’est aussi notre droit, pas seulement le leur. C’est de cette dimension dont je parle. Maintenant je réécris et comprends différemment mon travail, car il acquiert une autre dimension sous cette perspective. En d’autres termes, le Ministère Public protège les populations indigènes et traditionnelles pas seulement parce que elles ont des droits, mais aussi parce que c’est important pour l’ensemble de la société que leur mode de vie continue à exister. Ces populations ont le droit de se développer à partir d’elles même, et non selon ce que nous pensons bien. Et nous, nos enfants, nous avons besoin de cet autre mode de vie, nous avons besoin que ces gens vivent ainsi. C’est aussi pour cela que le cas de Belo Monte vis à vis des indigènes est si douloureux.

Vous avez mentionné qu’il serait important que la société ait un débat public au sujet de l’interférence de l’État sur les fleuves amazoniens. Pourquoi croyez-vous que la société ne le fait pas ? Ou, dit en d’autres termes, pourquoi les gens ne sont pas intéressés ?

TS – Ça, c’est la question la plus difficile. Je crois que l’Amazonie est importante pas seulement pour le Brésil, elle est importante pour le monde entier. (…) Et je crois qu’aujourd’hui est un moment important car le Brésil souffre d’un manque d’eau. Et ce manque d’eau est lié à la déforestation de l’Amazonie. La déforestation de l’Amazonie a augmenté, tout le monde le sait. Les gens viennent ici raconter que des camions remplis de bois passent constamment.(…) D’abord on enlève le bois précieux, puis on coupe tout, et alors on met du bétail. D’ailleurs, je ne mange plus de viande depuis de nombreuses années. J’avais déjà choisi d’être végétarienne. Mais maintenant, après avoir vu ce dont on a besoin pour élever du bétail, combien cela interfère sur la région amazonienne, je n’aurais plus le courage de manger de la viande. (…) Je souffre aussi de laisser mes détritus ici. Parce que je sais que Altamira ne recycle rien. J’emporte mes détritus au loin, je ne les laisse pas ici.

Vous les emportez en avion ?

TS – Je les emporte pour qu’ils soient recyclés à Curitiba. Parce que nous vivons dans une région où la question des détritus est très compliquée, et que je n’ai vraiment pas le courage de les jeter n’importe où, je n’y arrive pas. J’ai lu une fois un livre qui s’intitule « Les citoyens serviles » de Juan Ramón Capella. Je me souviens que ce livre disait que les gens tirent la chasse et en fait ils salissent le monde. Alors j’ai la sensation très forte que lorsque je mets mon sac de détritus dans la rue au lieu de faire du compost, je salis le monde, je salis ma maison parce que ma maison c’est le monde. Je crois que le débat sur l’Amazonie doit aussi passer par là. Un débat sur cet individualisme, sur la manière dont les gens vivent centrées sur le consumérisme, sur ce qu’on recherche, sur ce qui est déconnecté à l’autre et au monde. Pour moi, il est très clair que ma maison ne se termine pas sur le perron, ma responsabilité vis à vis du monde ne se termine pas à la porte de mon univers individuel. (…) Il y a une autre question que je trouve plus forte encore, et qui m’inquiète encore plus avec Belo Monte. Je vais vous expliquer calmement … Cette entrevue ne va jamais se terminer !

Ne vous inquiétez pas …

TS – Voilà ce que je pense. J’ai déjà parlé de Belo Monte comme d’un éthnocide. Quand Hannah Arendt étudie les régimes totalitaires, elle fait une description du nazisme, elle fait une description de la politique de Hitler qui est très intéressante. Hitler affirmait qu’il avait découvert une loi naturelle, et que cette loi naturelle était la supériorité d’une race, d’un peuple sur un autre. Les juifs seraient un obstacle qui serait vaincu par cette loi naturelle. (…) Et ici, ce que Belo Monte fait avec ce processus de déstructuration débuté avec la Transamazonienne, c’est de l’accélérer à un rythme insoutenable pour les indigènes. Et c’est peut être la justification des suspensions des décisions judiciaires, et la raison pour laquelle la Loi ne s’applique pas ici. Ce qui me choque, c’est la manière qu’a la société de rendre cela naturel avec la vison qu’il est inévitable que les indigènes en arrivent à être assimilés par la société qui les entoure, par la société hégémonique. (…) Ce processus d’éthnocide est vu comme « naturel », et de ce fait il ne gène pas les gens. On ne s’inquiète pas de voir les indigènes mourir. Dans une société de consommation, à partir du moment où on ne perd pas le moi hégémonique de chacun, la mort culturelle d’un peuple ne dérange pas. Voilà ce que je ressens, c’est extrêmement choquant la manière dont la société accepte ce processus.

(…)

Vous vous sentez impuissante face à Belo Monte, face à ce fait qui se consume malgré tous vos efforts, malgré toutes les actions et sans le soutien de la société qui est omise ?

TS – Je crois que le Ministère Public Fédéral n’est pas impuissant. Mais je crois qu’aujourd’hui, seulement par la voie judiciaire, le Ministère Public Fédéral n’arrive pas à faire appliquer la Loi ici. Belo Monte est un défi à l’État de Droit. Mais surtout, je crois que l’histoire doit être racontée. Et ce que le Ministère Public Fédéral fait ici à Altamira est l’histoire vivante de Belo Monte. Et je dirais que le Ministère Public n’est pas réduit au silence. Je ne sais pas ce que l’Histoire dira de Belo Monte. Mais ce que je peux dire c’est que le Ministère Public Fédéral ne se taira pas.

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D’après la source : http://brasil.elpais.com/brasil/2014/12/01/opinion/1417437633_930086.html
Traduit du portugais par Chico Libri : https://www.thechangebook.org/blog/1578/belo-monte-lanatomie-dun-%C3%A9thnocide
Plus d’infos dans Actualutte N°25 – Ces barrages de la honte : http://actualutte.com/n25-ces-barrages-de-la-honte/
Photos : amazonwatch.org / greens-efa.eu / http://msalx.veja.abril.com.br

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