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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Comunista Organizzazione Libertarie (OCL) - Courant Alternatif

Si la mobilisation populaire n'a pas été au rendez vous, la répression, elle, a fonctionné
à plein régime. Sur Paris et ailleurs, les flics ont très bien manoeuvré et ont réussi à
étouffer toute opposition radicale à la mort d'un militant... Retour sur ce qui est en
train de devenir la norme de toute mobilisation... ---- MISE EN SCÈNE ET VERROU POLICIER
---- Paris, métro Stalingrad, dimanche, les 300 courageux qui se sont rassemblés n'en
mènent pas large... Des centaines et des centaines de flics les encerclent, les contrôlent
et multiplient les provocations. Il faut dire que la manifestation est interdite, comme
toutes les manifestations en solidarité avec la lutte de Sievens jusqu'ici (une
manifestation sera finalement acceptée par la préfecture avec un encadrement policier
complètement dingue).

Autour, il y a bien 300 autres personnes qui n'osent
pas rentrer dans ce rassemblement qui a
tout l'air d'un traquenard, de peur de se
faire contrôler ou embarquer (pour des
motifs tels que «avoir une écharpe noire»).
Quand finalement les organisateurs ap-
pellent les gens à se disperser, les flics les
en empêchent et chargent dans le tas...
créant un semblant de chaos qui mettra
les journalistes en émoi...

Préalablement, et c'est une première de-
puis des années, des arrestation préven-
tives très massives (près d'une trentaine)
avaient eu lieu à Montreuil quelques
heures avant la manif, saisissant la ban-
derole de la manif, les tracts et privant
ainsi la manifestation d'une grande part
de son expression politique.

Ces arrestations préventives sont la
preuve que le mouvement et plus large-
ment les révolutionnaires sont très sur-
veillés et que l'état a décidé de mettre le
paquet en terme de «répression préven-
tive» sur le mouvement.

Sur les quelques rassemblements qui ont
eu lieu, il faut noter le très faible nombre
de personnes présentes. 700 le mercredi
suivant la mort de Rémi, 300 à Stalingrad
donc, et une manif «unitaire» (où les orgas
ont très peu mobilisé) a réuni près de 3000
personnes après de nombreuses menaces
d'interdiction. Alors que le calme dans les
manifs a été la norme, le résultat de la ré-
pression est sans appel:

-330 interpellations

-48 garde à vue (pour des «délits» allant
d'insulte à agent, diffusion de tract, en
passant pas «attroupement non armée en
vu de commettre des dégradations»)

-9 procès en vue (pour collage d'affiche
«incitant directement à la rebellion», «me-
neur d'une manifestation interdite», «dé-
gradations», «port d'armes prohibées» et
autres motifs farfelus...) (1)

Parallèlement, une répression plus inci-
dieuse a lieu. La répression policière s'est
abattue sur le mouvement et les individus
de manière très intimidante. Le jour de la
manifestation unitaire déclarée en préfec-
ture, les provocations policières sont mul-
tiples, les flics sont présents en masse, les
groupes de baqueux insultent les mani-
festants... La tension est assez palpable et
pourtant les gens présents savent bien
qu'un affrontement serait du pain béni
pour le pouvoir. A un moment, le groupe
de baqueux se rapproche d'un camarade
classé comme «leader» (c'est souvent lui
qui porte les mégaphones en manif) pen-
dant que celui-ci les filme. Ils l'interpel-
lent, le tabassent sur le trottoir et le
laissent repartir dans la manif, le visage
tuméfié, aux yeux de tous...

La veille, une camarade à la pointe du
mouvement, assumant publiquement les
positions politiques anti étatiques et anti
flics, voit débarquer chez elle les flics au
petit matin. Motif: une sombre histoire de
prélévement ADN datant d'il y a plusieurs
années.

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Sur la répression envers Alain Pojolat, communiqué du NPA

Alain Pojolat a été convoqué par la justice pour avoir déposé en juillet dernier, à la
préfecture, au nom de plusieurs organisations, des demandes d'autorisation à manifester.
Ces manifestations, en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza qui
subissaient l'agression féroce de l'armée israélienne, ont été interdites. (...) Toutes
ces tentatives ont échoué. Malgré les interdictions, malgré la police, c'est par milliers
que les manifestants sont venus dénoncer dans la rue l'agression israélienne. C'est par
milliers que la pétition regroupant entre autres une large palette de personnalités du
monde associatif, syndical, artistique et politique, a été signée, dénonçant l'inculpation
d'Alain Pojolat (....) Le procureur avait requis 2 mois de prison avec sursis et 1500
euros d'amendes. L'ampleur de la mobilisation en a décidé autrement. Cette belle victoire
politique est un encouragement à ne pas baisser la tête pour toutes celles et ceux qui se
battent pour la liberté d'expression.

Sur la manif de Stalingrad, les membres
du front de gauche et du NPA qui avaient
déposé la manifestation ont été tirés du lit
par les flics venant leur signifier l'interdic-
tion de la manif. Avant, les flics se conten-
taient d'un rendez vous en préfecture.

LES MANIFESTATIONS À PARIS, UN ENJEU DE TAILLE

Manifester à Paris est devenu un sport ris-
qué. Il s'agit désormais de pouvoir défiler.
Chose qui il y a 10 ans ne posait que peu
de problèmes, devient aujourd'hui un pé-
riple.

Désormais, déposer un rassemblement
anar un peu ambitieux politiquement (qui
dépasse la soixantaine de personne) est
impossible à Paris. Il faut nécessairement
passer par une «organisation respectable».
Et encore, pour la manifestation du 8 no-
vembre au départ de Bastille, il a fallu un
cortège de 15 orgas de gauche pour que la
manif soit enfin acceptée. Cela fait échos
aux manifs Palestine interdites cet été et à
l'inculpation d'Alain Pojolat (voir encart).
Cette impossibilité pratique freine nos ini-
tiatives et nos possibilité de nous ouvrir
vers l'extérieur. Cela accentue la tendance
déjà lourde des groupes radicaux (dont
l'auteur fait entièrement partie) à se re-
plier sur leur petit milieu. Néanmoins, et
c'est le point plutôt positif de cette mobi-
lisation, tout le monde est très conscient
de ce piège. Ainsi, et c'est une première à
Paris, des personnes issues de la mou-
vance autonome ont cherché à tisser des
liens avec les NPA, le front de gauche et
d'autres tendances de gauche. Ces liens
ont été recherchés par les organisations de
gauche, tout aussi faibles que nous, et les
contacts se sont faits sur des bases pure-
ment pratiques... Mais il faut le constater:
nous ne pourrons plus manifester sur des
sujets qui touchent réellement le pouvoir
qu'en faisant des alliances de circons-
tances. Alliances qui pourraient déboucher
sur de nouvelles formes politiques,
puisque les organisations de gauche sont
en train de se déliter complètement et
laissent leurs militants (qui n'ont plus au-
cune illusion sur les socialistes, bien qu'il
leur a fallu du temps) dans l'expectative...
Cette nouvelle forme de dialogue,
contrainte par la répression, n'en est pour
l'instant qu'à l'état d'amorce, mais il est
clair qu'il faut pousser pour aller dans ce
sens, et ce sans se faire d'illusion ni fan-
tasmer un mythe de «l'unité du mouve-
ment ouvrier». Il est juste clair qu'à Paris,
nos forces sont trop faibles et disséminées
pour pouvoir se permettre de ne pas tra-
vailler ensemble.

LES VIOLENCES POLICIÈRES, NOUVEL AXE DE LA LUTTE, NOUVEAUX LIENS AVEC LA BANLIEUE

L'autre axe intéressant qui se développe,
ce sont les liens avec les collectifs de vic-
times de la répression en banlieue. Ces
rencontres avaient déjà eu lieu préalable-
ment et cherchaient depuis longtemps un
terrain commun sur lequel agir. Mais force
était de constater que la répression contre
les militant n'allait jusqu'à aujourd'hui
pas jusqu'à la mort, alors qu'il s'agissait
d'un acte pas si isolé dans les cités fran-
çaises... Les rencontres préalables avaient
lieu autour du flash ball, avec notamment
des initiatives prises par Joachim Gatti et
Pierre Douillard, tout deux éborgnés par
un tir de flash ball en 2009 et 2007. Mais
jusqu'à présent, il s'agissait de militants
qui allaient vers les victimes de meurtres
racistes et non l'inverse. A Paris, Amal
Bentounsi et Farid El-Yamni, tous deux
membres du collectif «Urgence, notre po-
lice assassine» et respectivement soeur et
frère d'une personne morte sous les balles
de la police, ont assisté spontanément aux
assemblées générales.
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Amine Bentounsi, tué par la police

Amine Bentounsi, jeune qui a grandi dans les quartiers de Meaux, a goûté assez vite à la
justice de classe. Première incarcération à 13 ans, le plus jeune prisonnier de France à
l'époque. S'en suit un parcours assez classique où il alterne séjours en prison et
«liberté». Comme souvent dans ces cas là et pour vivre, il se tourne vers les braquages.
En cavale, il se fait balancer par un de ses complices qui voulait se débarrasser de lui.
Le 21 avril 2012, alors qu'il a 29 ans, il se fait prendre dans un traquenard policier, il
tente de s'enfuir, mais un flic lui tire trois balles dans le dos. Il n'avait pas d'arme
sur lui. Le flic a été mis en examen, ce qui a provoqué des manifs de flics devant le
tribunal de Bobigny... Pour l'instant le flic en question est sous contrôle judiciaire et
conserve son emploi en Isère. En attendant, Amal Bentounsi, la soeur du défunt, se démène
pour faire connaître cette histoire et a vu un procès lui être intenté par Valls pour
avoir tenu ce propos dans un tract: "Vous voulez commettre des violences, crimes, en toute
impunité sans être inquiété? La police recrute". Elle a finalement été relaxée.

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Les liens se sont tissés au fur et à mesure
de la mobilisation pour que, finalement,
notre cause soit commune. En témoigne la
«lettre ouverte à la mère de Rémi» (2)
écrite par Farid El Yamni, frère de Wissam
El Yamni assassiné par la police le jour du
nouvel an 2012. Lettre dans laquelle il ne
fait pas de distinction politique, raciale ou
communautaire et où il analyse la mort de
Rémi comme une continuité presque «lo-
gique» de la violence d'état.

Car l'écueil des comités vérité justice à se
tourner vers des raisons communautaires,
à analyser les meurtres policiers unique-
ment sous le prisme du racisme, tend à
être battu en brèche depuis quelques
mois. En effet Rémi Fraisse n'était pas
vraiment un jeune de cité, Clément Méric
pas plus et les trois éborgnés de la mani-
festation anti aéroport du 22 Février à
Nantes non plus. Les lignes bougent à ce
niveau là, ouvrant des perspectives de
classe, et ne se centrant plus sur les rap-
ports raciaux qui font le fondement de
groupes tendancieux comme le Parti des
indigènes de la république (qui se fera re-
marquer dans cette mobilisation par son
silence assourdissant). Ces ouvertures ne
sont pour l'instant qu'une ébauche mais
c'est la première fois que celle ci se fait de
manière formelle dans un cadre explicite-
ment politique et non plus par des rela-
tions interindividuelles...

A nous de faire fructifier ces rencontres et
ces mobilisations pour pouvoir enfin créer
un rapport de force s'appuyant sur les mi-
lieux militants mais aussi et surtout sur
les quartiers populaires, qui depuis des
années subissent ce que nous découvrons.

M. Paris

[1] Plus d'informa-
tions dans l'article:
«chronologie de la ré-
pression policière
suite à la mort de
Rémi Fraisse», sur le
site Paris-luttes.info

[2] Texte à lire sur le
site Paris-luttes.info
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Comunista Organizzazione Libertarie (OCL) - Courant Alternatif
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