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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

A Jérusalem, Israéliens et Palestiniens ont la peur en commun

Par une belle matinée ensoleillée, à Jérusalem, les terrasses des cafés sont remplies, les magasins aussi, comme si l'attentat contre une synagogue, le plus meurtrier depuis des années, n'avait rien changé à la routine des habitants. Et pourtant.
"Dieu sait ce qui peut arriver, même en plein milieu de la journée", confie Ayelet Blass, assise à l'extérieur d'un café de Jérusalem-Ouest. "Ce qui fait peur c'est le caractère aléatoire" des attaques.
Installé à côté et pianotant sur un ordinateur portable, Daniel Makeover affirme que Jérusalem n'est pas plus dangereux que les quartiers chauds d'Harlem ou de Paris. "Mais ici, il y a une dimension politique, donc la menace est plus grande. C'est une histoire de +tu es juif, donc je ne t'aime pas+. Ca fait peur".
Comme lui, de nombreux habitants de Jérusalem ont compris depuis des semaines qu'ils étaient embarqués dans une nouvelle spirale de violence même si ses contours géographiques et idéologiques sont encore flous.
Ce sentiment s'est renforcé après l'attaque de fidèles juifs réunis mardi matin dans une synagogue de Jérusalem par deux Palestiniens armés d'un revolver et de hachoirs. Elle a fait cinq victimes et les deux auteurs, Oudaï et Ghassan Abou Jamal, ont été abattus par la police.
Cet attentat a été perpétré dans un secteur ultra-orthodoxe de Jérusalem ouest, éloigné de tout quartier palestinien et habituellement épargné par les tensions.
"J'ai été soldat, j'ai servi dans les Territoires (palestiniens occupés) et je sais qu'il y a certains secteurs qui sont problématiques", analyse Daniel Makeover. "Mais c'est terrifiant que cela arrive dans un endroit qui n'est pas du tout litigieux, et surtout dans une synagogue".
Un peu plus loin du café, dans la même rue de l'ouest de Jérusalem, un chauffeur de taxi palestinien est adossé à sa voiture. Et il ne se sent pas en sécurité.
"Ca fait bien longtemps que je n'avais pas eu aussi peur de travailler ici", témoigne-t-il.
"Surtout après la mort de ce chauffeur de bus", insiste Shadi, en référence au conducteur palestinien retrouvé pendu dans un dépôt de Jérusalem, la veille de l'attentat contre la synagogue.
La police israélienne affirme qu'aucune trace de violences n'a été découverte sur le corps du chauffeur, mais un médecin légiste palestinien présent lors de l'autopsie a lui affirmé qu'il s'agissait d'un meurtre.
"J'évite de circuler dans les quartiers les plus religieux de la ville", précise Shadi, qui refuse de donner son nom de famille. Et, "si je vais prendre un couple de juifs, je ne fais pas monter dans mon taxi trois jeunes, surtout s'il s'agit de très religieux".
Abira et Dawlat, deux soeurs palestiniennes parties dans une virée shopping, affirment que rien n'a changé dans leurs relations avec les Israéliens depuis le début des violences. Mais elles aussi vivent dans l'inquiétude d'un acte de représailles.
"De nombreuses personnes se baladent avec des couteaux, et on a peur que quelqu'un cherche à se venger", déclare Abira. "La situation va forcément empirer avec des attaques des deux côtés", prévoit-elle.
Imad Mouna, propriétaire d'une librairie, ne se sent plus en sécurité nulle part, ni chez lui à Jérusalem-Est annexée où il craint la réaction des forces de sécurité, ni à Jérusalem-Ouest où il sent l'hostilité des Israéliens croître.
"On ne va plus seul dans les quartiers juifs, surtout la nuit. Si on doit s'y rendre, alors on y va en groupe. Et on l'interdit aux enfants", dit-il.
"Même à Jérusalem-Est nous sentons la pression. La police contrôle plus de voitures... Elle ne nous lâche pas, même pour des broutilles comme les histoires de stationnement", souligne le libraire.
Face à la vague d'attaques imprévisibles, Israël a resserré l'étau autour des habitants de Jérusalem-Est, a érigé des barrages à l'entrée de certains quartiers et renforcé les effectifs des forces de sécurité. Le gouvernement a aussi renoué avec une pratique controversée qui consiste à détruire les maisons des auteurs d'attaques.
De telles méthodes sont dénoncées comme une "punition collective" par les Palestiniens et, si elles apaisent une partie de l'opinion israélienne, nourrissent un peu plus le sentiment d'injustice qu'ils ressentent.


(20-11-2014 - Avec les agences de presse)


"Non au terrorisme d’État d’Israël" :
http://www.petitions24.net/non_au_terrorisme_de_letat_disrael

A Jérusalem, Israéliens et Palestiniens ont la peur en commun
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