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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

À propos du décès de Jean-Claude Duvalier, ex "président à vie" haïtien

La disparition de l’ex "président à vie" Jean-Claude Duvalier [1] a démontré la polarisation qui existe au sein des classes dominantes haïtiennes. En effet, la question de "funérailles nationales" ou pas y a divisé les opinions. Et, à la cérémonie intime donnée par la famille, on n’a vu majoritairement que les anciens barons de l’époque François. Ceux qui arrivèrent aux affaires et autres accommodations à partir de la "réconciliation" Duvalier-Bennette et qui occupent des postes ou tournent autour du pouvoir actuel brillèrent par leur absence. « En politique, la reconnaissance est une lâcheté » disait lui-même le tyran de sinistre mémoire : il a été bien servi.


Mais avant, l’impossibilité de juger ce criminel-voleur-jouisseur qui, accompagné de ses amis et sbires de tout acabit, laissait allègrement fonctionner la machine infernale, démontre les limites non seulement de cet "État de droit" si mal nommé, mais également la mystification pleine et entière de la dite ‘démocratie bourgeoise’ que les idéologues de cette classe essaient par tous les moyens de nous faire avaler.


Et c’est dans la combinaison contradictoire de ces deux moments, funérailles nationales avortées et jugement bloqué, qu’il faut comprendre l’évolution de la situation. Car juger Jean-Claude voudrait dire aussi demander des comptes au régime duvaliériste lui-même et, une fois arrivés à la "réconciliation", également pointer du doigt ceux dits des "grandes familles" haïtiennes qui, tout aussi franchement, participèrent de ce festin macabre. Comme ils continuent de le faire aujourd’hui. Juger Jean-Claude Duvalier, signifierait donc mettre en procès les classes dominantes globalement. Mieux, signifierait expliquer le rôle des impérialistes. De l’époque… et d’aujourd’hui. On comprend mieux alors l’écheveau qui se présente aux criminels de tous temps.


Les victimes du camp populaire, si elles veulent un jour obtenir justice, sauront alors comment se rendre autonomes de certains liens qui ne leur appartiennent pas et dès lors ne les mèneront nulle part sauf, comme toujours, à l’abattoir.


BATAY OUVRIYE
- Port-au-Prince, lundi 13 octobre 2014








Notes
[1] Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc » ou « Bébé Doc », né le 3 juillet 1951 à Port-au-Prince, et mort dans la même ville le 4 octobre 2014 d’une crise cardiaque. Homme politique haïtien déchu, soi-disant « président à vie ».
Il est reconnu président de la République d’Haïti de 1971 à 1986, après la mort de son père, le Dr François Duvalier, dit « Papa Doc », titulaire « à vie » du poste. Durant sa prise de pouvoir, le fils introduit des changements politiques par rapport au régime de son père et il délègue beaucoup d’autorité à ses conseillers, bien que des milliers d’Haïtiens soient assassinés ou torturés et que des centaines de milliers quittent le pays. Il maintient un train de vie fastueux (incluant un mariage ayant coûté quelques millions de dollars en 1980) et gagne des millions de dollars en s’impliquant dans le trafic de drogue et faisant du trafic d’organes sur des haïtiens morts alors que le pays est l’un des plus pauvres des Amériques.
Les relations entre Haïti et les États-Unis s’améliorent sous la présidence du fils Duvalier, pour plus tard se détériorer sous l’administration Carter, puis pour seulement s’améliorer sous Ronald Reagan, notamment à cause de l’anti-communisme de la famille Duvalier.







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