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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

en finir avec le système de relations mis en place après la fin de la Guerre froide.

en finir avec le système de relations mis en place après la fin de la Guerre froide.

~L’intervention militaire dans l’est de l’Ukraine n’est pour le président russe qu’un élément dans un jeu plus vaste: en finir avec le système de relations mis en place après la fin de la Guerre froide. L’intervention militaire dans l’est de l’Ukraine n’est pour Vladimir Poutine qu’un élément dans un jeu dont l’objectif est plus vaste: en finir avec le système de relations mis en place en Europe après la fin de la Guerre froide. Un ensemble complexe d’accords, de traités, de tentatives de coopération voire d’intégration, entre la Russie et des institutions internationales qui étaient déjà actives en Europe du temps de la Guerre froide, notamment l’Otan et l’Union européenne. En changeant par la force les frontières établies en Europe, comme il l’a fait en annexant militairement la Crimée au mois de mars, le président russe enfreint même une règle qui avait été à peu près respectée tout au long de la Guerre froide et avait été solennisée dans l’Acte final de la Conférence d’Helsinki en 1975: le respect de l’intégrité territoriale des Etats européens. «Intangibles» ou «inviolables»? Lors des négociations qui avaient abouti aux accords d’Helsinki, de longues discussions avaient eu lieu sur une question apparemment sémantique mais hautement politique: les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale devaient-elles être déclarées «intangibles» ou «inviolables»? L’URSS plaidait pour l’intangibilité. Un de ses principaux objectifs, dans ces négociations d’Helsinki, était de faire reconnaître une fois pour toute l’extension du «camp socialiste» jusqu’à la frontière de l’Elbe séparant les deux Allemagne, conséquence de l’avancée de l’Armée rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Précisément en raison de la volonté du gouvernement de Bonn de laisser la porte ouverte à une possible réunification, les Occidentaux avaient obtenu que les frontières soient déclarées «inviolables», c’est-à-dire qu’elles ne puissent pas être changées par la force, mais puissent faire l’objet de changements pacifiques par accord des différentes parties et suivant les vœux des populations concernées. C’est ce qui s’est passé en 1990 avec la réunification allemande. Des accords d’Helsinki est née d’abord la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe), devenue l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) après la fin de la division du Vieux continent entre les deux blocs. En annexant purement et simplement la Crimée et en jouant avec l’idée d’un «statut étatique» pour le sud-est de l’Ukraine occupé par les séparatistes prorusses, Poutine met en cause un des fondements de la stabilité européenne datant de près de quarante ans. Ce n’est pas la première fois, mais jusqu’à maintenant, il s’était contenté de mises en cause verbales de l’OSCE. Bien que celle-ci regroupe 57 Etats membres plus des partenaires extra-européens et qu’elle fonctionne selon la règle du consensus, la Russie la considère comme une machine de guerre occidentale chargée de promouvoir les droits de l’homme et d’empêcher la manipulation des élections, et exige depuis longtemps sa réforme. Les séparatistes de l’est de l’Ukraine, soutenus par Moscou, ont montré le peu de respect qu’ils accordaient aux observateurs de l’OSCE en les faisant prisonniers au début du conflit. Nouvelle architecture de sécurité L’OSCE n’est pas la seule institution dans le collimateur de Poutine. Dans les années 1990, les accords se sont multipliés entre la Russie et l’Alliance atlantique, qui avait survécu à la fin de la guerre froide, contrairement au Pacte de Varsovie, alliance des pays socialistes autour de l’URSS défunte. Les Américains –et les Allemands– se sont-ils engagés, au moment de la réunification allemande, à ne pas étendre l’Otan vers l’Est? La question est controversée. Toujours est-il que les Etats libérés de la tutelle communiste se sont portés candidats à l’Otan et y ont été admis par petits paquets à partir de 1999. Seuls l’Ukraine et la Géorgie ont vu leur rapprochement avec l’Otan refusé en 2008 à l’instigation de la France et de l’Allemagne, lors du sommet de Bucarest auquel assistait Vladimir Poutine. Paris et Berlin ne voulaient pas «provoquer» Moscou. Poutine a interprété cette décision comme un signe de faiblesse et a profité de la guerre avec la Géorgie, en août de la même année, pour la dépecer. Comme une sorte de compensation à l’élargissement de l’Otan, les Occidentaux ont proposé au Kremlin, dans les années 1990, divers modes d’association avec l’organisation atlantique: Partenariat pour la paix, qui ne plaisait pas à la Russie parce qu’elle était traitée sur le même pied que des «petits» pays qui avaient été ses vassaux, Forum Otan-Russie et, en 1997, acte fondateur Otan-Russie, qui créait la possibilité d’une coopération étroite. Toutes ces propositions ne pouvaient satisfaire pleinement les exigences de Moscou, qui voulait un droit de veto sur les décisions de l’Otan. Cette contradiction est apparue en pleine lumière en 1999, quand l’Alliance atlantique a décidé d’intervenir au Kosovo sans l’accord russe. C’est pourquoi les dirigeants russes poursuivent une vieille idée déjà apparue du temps de l’Union soviétique: une nouvelle architecture de sécurité dans la grande Europe. Sous cette formule diplomatique se cache la volonté d’être partie prenante des décisions occidentales en matière de sécurité, de défense et d’organisation du continent, y compris la définition des sphères d’influence. Les Russes ont essayé d’y parvenir par la négociation, dans le discours de Poutine prononcé en allemand en 2001 devant le Bundestag à Berlin, puis sur un ton plus menaçant quelques années plus tard, en 2007, à la conférence de Munich sur la sécurité. Pendant qu’il assurait l’intérim entre deux présidences Poutine, Dmitri Medvedev a repris la proposition, accueillie par une indifférence polie des Occidentaux. Créer des faits accomplis De toute évidence, le président russe a changé de politique. Il veut maintenant créer des faits accomplis qui obligent ses interlocuteurs à se placer sur le terrain qu’il choisira. Des observateurs à Moscou pensent qu’il s’apprête à bouleverser l’ensemble des accords sur lesquels était fondée la stabilité européenne. Déjà, la Russie s’est retirée du traité sur les forces classiques, qui fixait des plafonds pour les armées occidentales et russe en Europe et obligeait à annoncer les manœuvres militaires d’envergure. Elle met en cause le traité sur les forces nucléaires à moyenne portée, signé en 1987 par Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Ces missiles avaient été au centre de la tension Est-Ouest tout au long des années 1980 et provoqué des manifestations pacifistes en Europe occidentale, ce qui avait suscité la fameuse phrase de François Mitterrand en 1983: «Les fusées sont à l’Est et les pacifistes à l’Ouest». Des experts russes font remarquer que la dénonciation de ces accords n’aurait pas de conséquences pratiques car, en réalité, la Russie détient un nombre de forces classiques ou nucléaires inférieures aux plafonds fixés en commun. Mais il en va du symbole. De la même manière que George W. Bush avait dénoncé en 2002 le traité ABM sur la limitation des missiles antimissiles pour pouvoir déployer en Europe un «bouclier» qui ne verra pas le jour, en tous cas avec l’ampleur envisagée à l’origine. Les non-membres de l'Otan sacrifiés? Un autre accord, l’acte fondateur Otan-Russie de 1997, reste un des derniers vestiges des tentatives de coopération entre les deux anciens ennemis de la guerre froide. Il aurait pu transformer la Russie en membre virtuel de l’organisation atlantique s’il avait été pris au sérieux par les deux parties. Pour Vladimir Poutine, il est certainement caduc mais le président russe veut se donner le beau rôle et laisser aux Occidentaux la responsabilité de le violer. Il prévoit en effet que l’Otan n’entretiendra pas de bases permanentes dans les pays membres d’Europe centrale et orientale, c’est-à-dire ceux qui ont une frontière commune avec la Russie. Pour faire face à ce qu’ils considèrent comme une aggravation de la menace russe depuis le conflit ukrainien, les Polonais et les Baltes demandent le stationnement permanent de soldats de l’Otan sur leur sol. Les Allemands, les Français et d’autres membres de l’Alliance s’opposent à cette démarche pour ne pas fournir un nouveau prétexte à Vladimir Poutine. Le compromis, qui devrait être trouvé au sommet de l’Otan au Pays de Galles, portera sur la création d’une force de réaction rapide de 4.000 hommes environ appartenant à plusieurs pays, qui pourrait être opérationnelle très rapidement, «en quelques semaines voire en quelques jours», a dit le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen. Les Russes y voient une provocation supplémentaire tandis qu’ils considèrent leur intervention masquée en Ukraine comme une contribution au rétablissement de la paix. L’Otan redécouvre que l’Europe a besoin d’une dissuasion qui ne soit pas seulement nucléaire. Jusqu’à maintenant, Vladimir Poutine n’est intervenu militairement que dans les Etats voisins qui n’étaient pas membres de l’organisation et qui n’étaient donc pas protégés par l’article 5 de la charte de Washington de 1949. Selon cet article, toute menace contre un membre de l’Alliance doit être considérée par les autres comme une menace contre eux-mêmes. Barack Obama a réaffirmé l’engagement représenté par l’article 5 lors de sa récente visite en Estonie, un des trois pays baltes particulièrement exposés aux manœuvres de Moscou. Toutefois, en «sanctuarisant» le territoire de ses membres, l’Otan laisse entendre du même coup que les pays non-membres, tel l’Ukraine, ne bénéficient pas de la même sécurité. C’est sur eux que Vladimir Poutine teste le nouvel ordre européen qu’il voudrait instaurer..

~oscou a même impliqué les Illuminatis ou des soldats se battant sur leur temps de vacances dans ses actions. Le 5 septembre, un cessez-le feu provisoire entre l'Ukraine et les séparatistes entrait en vigueur. Quelques minutes plus tard, la presse recevait un email des rebelles, qui se baptisent eux-mêmes «Novorossiya» («Nouvelle Russie»), les invitant à assister à une conférence de presse à Moscou expliquant pourquoi l'Ukraine viole le cessez-le-feu. Pendant ce temps-là, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, publiait un communiqué expliquant en quoi l'Otan est une menace au processus de paix. Vladimir Poutine est passé maître dans l'art de changer de sujet. Il faut beaucoup de talent pour faire du soutien de la Russie à Bachar el-Assad une défense du droit international. Ou pour justifier l'arrestation de musiciens de rock dissidents comme une victoire sur l'antisémitisme. Mais l'implication militaire croissante de la Russie en Ukraine lui a fourni une occasion, avec ses alliés, de faire de sa façon de justifier ses actions ou noyer le poisson une oeuvre d'art. Petite sélection. 26 février: Poutine ordonne des exercices militaires près de la frontière ukrainienne sous le prétexte de protéger les droits des populations russes en Crimée. 28 février: la Russie envahit la Crimée... en quelque sorte. Alors que des hommes masqués et armés s'emparent d'installations militaires clés dans la région, Moscou dément lancer une offensive militaire. Pendant ce temps-là, le Parlement russe examine une loi facilitant le rattachement de territoires au cas où, pour une raison quelconque, un pays étranger se trouverait «ne pas avoir d'autorité souveraine effective» dessus. 1er mars: la chambre haute du Parlement russe approuve l'usage de la force armée en Ukraine. Une mesure qu'un de ses membres justifie par le désir de «protéger la population de la Crimée de l'anarchie et de la violence». 18 mars: après un référendum par lequel 96,7% des habitants de la Crimée ont approuvé le rattachement à la Russie –le maintien au sein de l'Ukraine ne faisait pas partie des options proposées–, Moscou annexe son territoire. «Dans nos coeurs, nous savons que la Crimée a toujours été une partie inaliénable de la Russie», explique Poutine. 6 avril: les rebelles pro-russes s'emparent de bâtiments gouvernementaux dans des villes de l'est de l'Ukraine, Donetsk, Louhansk et Kharkiv (ils seront repris par les forces ukrainiennes deux jours plus tard). La Russie explique que sa présence à proximité des rassemblements pro-russes, à l'occasion d'exercices militaires le long de la frontière, est en conformité avec le droit international. Le gouvernement ukrainien affirme que la Russie finance les rebelles, ce que Moscou dément. 14 avril: Poutine et Obama ont un entretien téléphonique. Le dirigeant russe, qui continue de démentir jouer un rôle aux côtés des rebelles, enjoint son homologue américain d'exercer des pressions sur l'Ukraine pour qu'elle cesse d'utiliser la force. 15 avril: Poutine explique à la chancelière allemande Angela Merkel que l'Ukraine est au bord de la guerre civile et que la responsabilité de ce problème incombe à Kiev. 17 avril: Poutine finit par admettre la présence de troupes russes en Crimée, et ajoute qu'il espère qu'il n'aura pas à utiliser les pouvoirs que lui a confiés la Douma pour envoyer des troupes dans l'est de l'Ukraine (ou, comme il l'appelle désormais, Novorossiya). 19 avril: on annonce que des «petits hommes verts» –des guerriers masqués dont on affirme qu'ils appartiennent aux forces spéciales russes– ont commencé à apparaître dans l'est de l'Ukraine. La Russie dément tout lien avec eux. 23 avril: la Russie prévient qu'elle réagira si ses intérêts en Ukraine sont attaqués. 24 avril: Poutine prévient que l'emploi de troupes ukrainiennes à l'intérieur des frontières ukrainiennes aura des conséquences. 28 avril: la Russie condamne les sanctions qui lui sont infligées et assure aux États-Unis qu'elle n'envahira pas l'Ukraine. 2 mai: la Russie accuse l'Ukraine d'avoir fait échouer le plan de paix de Genève, un accord qui incluait «la démobilisation des milices, le retrait des bâtiments gouvernementaux occupés et l'établissement d'un dialogue politique qui pourrait conduire à une autonomie accrue pour des régions de l'Ukraine». Moscou n'a admis aucun rôle dans les actions des séparatistes et ne s'est donc pas engagé sur leur respect du plan. 6 mai: la Russie exclut de nouvelles discussions à Genève, jugées inutiles puisque de toute façon, l'Ukraine ne respecte pas le processus de paix. 7 mai: la Russie annonce que ses troupes se sont retirées de la frontière. La Maison Blanche affirme ne pas disposer de preuves de ce retrait. 19 mai: la Russie affirme à nouveau qu'elle retire ses troupes, cette fois-ci parce que leurs manœuvres d'entraînement du printemps ont pris fin. 31 mai: Ramzan Kadyrov, le président de la république russe de Tchétchénie, dément l'envoi de combattant tchétchènes en Ukraine mais affirme que certains ont pu s'y rendre «volontairement». 19 juin: deux semaines après l'élection à la présidence ukrainienne de Petro Porochenko, l'Otan annonce que des troupes russes sont de retour sur la frontière. La Russie dément. 13 juillet: la Russie affirme que l'Ukraine a tué un civil russe en tirant un obus par-dessus la frontière. L'Ukraine dément. La Russie menace l'Ukraine de frappes aériennes et cette dernière explique que des véhicules militaires russes ont essayé de traverser sa frontière. 17 juillet: le vol MH17 de Malaysia Airlines est abattu au-dessus de l'Ukraine. La responsabilité des rebelles pro-russes dans le drame est largement avancée et on affirme que la Russie leur a fourni des lanceurs de missiles sol-air Buk. Moscou affirme que c'est le pays dont l'espace aérien était traversé par l'avion qui est responsable du carnage, qui ne se serait pas produit si Kiev n'avait pas repris sa «campagne militaire» dans l'est de l'Ukraine. Les médias russes fournissent une série d'explications alternatives du crash: une tentative d'attentat de l'armée ukrainienne contre l'avion de Vladimir Poutine, une tentative de cacher la vérité sur le virus HIV, l'implication quelque part d'Israël ou celle des Illuminatis. 6 août: la Russie interdit les importations de plusieurs denrées en provenance de l'Union européenne, des États-Unis et d'autres pays qui ont imposé des sanctions contre Moscou en raison de son engagement supposé en Ukraine. L'interdiction provoque une flambée des prix pour les consommateurs russes. «Ces représailles n'ont pas été faciles à décider, on nous y a forcés», explique le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. 11 août: un convoi de camions russes pénètre dans l'est de l'Ukraine. Là où Kiev et les gouvernements occidentaux voient une provocation délibérée, la Russie affirme qu'ils transportent l'aide dont la région a besoin. 22 août: l'Otan affirme que des troupes russes ont pénétré en Ukraine. Malgré des photos et des images satellites le prouvant, la Russie dément. 26 août: après qu'un groupe de soldats russes a été capturé sur le sol ukrainien, l'armée russe affirme qu'ils s'y trouvaient «par accident». 28 août: un leader séparatiste affirme que des soldats russes se battent en Ukraine, oui, mais sur leur temps de vacances. Cette liste pourrait s'avérer amusante si l'on faisait abstraction du bilan humain: selon les Nations unies, au moins 1.200 personnes ont été tuées lors des combats en Ukraine entre la mi-juillet et la mi-août. Mais bon, c'est probablement la faute de l'Ukraine et des pays occidentaux. Emily Tamkin

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