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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Intenses combats à Kobané, la Turquie exclut toujours d'armer les Kurdes

Kobani a été le théâtre d'intenses combats dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 octobre. Les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) ont attaqué les défenseurs kurdes de cette ville au mortier et à l'aide de voitures piégées.
« Nous avons connu la nuit dernière les affrontements les plus intenses depuis plusieurs jours, peut-être depuis une semaine », a déclaré Abdoulrahman Gok, un journaliste présent sur place.



L'EI, qui a lancé son offensive sur la ville le 16 septembre, a tiré samedi 44 obus de mortier sur les quartiers kurdes et certains de ces projectiles ont atterri en Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Kobané est adossée à la frontière turque et les djihadistes de l'EI comptent s'en emparer pour affermir leur emprise sur une longue bande continue de la frontière syro-turque.


« IMPOSSIBLE » D'ARMER LES KURDES


L'OSDH avance que l'EI a perdu 70 combattants en deux jours. Selon lui, des combattants arabes syriens qui se battent aux côtés des kurdes ont exécuté deux combattants de l'EI qui avaient été faits prisonniers. « L'un d'eux était un enfant d'une quinzaine d'années. Ils lui ont tiré une balle dans la tête », affirme l'OSDH.




La Turquie, qui a massé des chars le long de la frontière face à Kobané, se refuse toujours à armer les combattants des Unités de protection du peuple (YPG), affilées au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui avait pris les armes en 1984 contre l'Etat turc. Une position réaffirmée dimanche par le président turc Recep Tayyip Erdogan :


« Il serait très, très erroné d'attendre de notre part que nous disions franchement 'oui' à notre alliée au sein de l'Otan, l'Amérique, pour ce genre de soutien. Attendre une telle chose de notre part est impossible. »
Lire (en édition abonnés) : L’agonie de Kobané déchire la Turquie

Simko Karemakh a vu par trois fois une voiture chargée d’explosifs surgir à vive allure dans les tronçons de rue que tenaient ses hommes, dans le quartier de Kahni Araba, dans l’est de Kobané. Cet officier des unités de protection du peuple (YPG), la principale force kurde qui défend la ville assiégée par les djihadistes de l’Etat islamique (EI), a perdu sept camarades dans ces attaques. Pendant neuf jours, Simko Karemakh, 35 ans, s’était battu avec son unité d’une quinzaine d’hommes contre les djihadistes de maison en maison, creusant des meurtrières dans les murs, faisant rarement un pas dehors avant la nuit tombée. Mais ces conducteurs de l’EI décidés à mourir, qu’il est bien difficile d’atteindre à la roquette avant qu’il ne soit trop tard, ont fini par le faire décrocher. Il a quitté la ville samedi 11 octobre à 4 heures du matin, pour convoyer 22 civils, dont des blessés, par une discrète route de poussière vers la ville voisine de Suruc, en Turquie.
Samedi 11 octobre, des habitants de Mursitpinar assistent, côté turc, aux combats dans Kobané.
La veille, vendredi, les forces kurdes avaient perdu leur « quartier de sécurité », une zone où sont situés le principal poste de police, la mairie et une partie des bâtiments administratifs. Encore une fois, la chute de Kobané a été annoncée comme imminente. Mais mardi, les Kurdes tenaient encore 70 % de la ville, selon Anwar Muslim, « premier ministre » du canton kurde de Kobané, joint en ville par téléphone.


L’EI a dépêché dimanche des renforts de Rakka et d’Alep, ses bastions du nord syrien, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. L’organisation menace désormais la « porte » de Kobané, une arche qui ouvre la route du nord depuis le centre-ville. La frontière turque est à moins d’un kilomètre. « S’ils la prennent, nous ne pourrons plus évacuer nos blessés » vers la Turquie, dit Simko Karemakh, après avoir dormi tout son soûl, et taillé sa moustache. Ses yeux vert pâle paraissent flotter dans ses cernes noirs.


« ON FRAPPE ET ON SE REPLIE »
Personne ne sait combien de temps les forces kurdes peuvent encore tenir Kobané. « On frappe et on se replie », dit Simko Karemakh, sans espérer regagner le terrain perdu. « Nous ne pourrons nous défendre seuls que jusqu’à un certain point, dit Anwar Muslim, pour l’instant, les frappes aériennes américaines nous soulagent. »


Samedi et dimanche, des avions américains, épaulés par des appareils saoudiens et des Emirats arabes unis, ont bombardé par trois fois des positions de l’EI à Kobané.


Mardi, des avions américains ont pilonné la ville et ses alentours : vingt et une frappes, dans la nuit notamment. Elles ont visé les faubourgs de l'est, la colline de Tel Shaïr, qui surplombe le centre, et un village situé à 7 km à l'ouest de Kobané, selon Idriss Nassan, un porte-parole joint dans la ville. Ces frappes visent à empêcher l'EI de se ravitailler et de masser des forces près des blocs d'habitation que tiennent les forces kurdes, selon le Pentagone. Dans la journée, les djihadistes répliquaient en lançant neuf véhicules piégés à travers Kobané, selon Nassan, dont un camion qui a explosé près de l'hôpital Hamal, déserté peu avant que l'EI ne le bombarde, il y a neuf jours.


Selon Anwar Muslim, les combattants kurdes aident à guider les frappes de la coalition internationale, en indiquant où se concentrent les djihadistes. « Mais le temps que ces informations passent, ils sont parfois déjà ailleurs, devine Simko Karemakh. Et s’ils arrêtent les frappes, Daech [acronyme arabe de l’EI] nous écrasera. » Les YPG demandent des armes et le libre passage de combattants kurdes par la frontière. Le gouvernement turc refuse. Il estime que ce sont deux forces ennemies qui s’affrontent.


En lançant leur offensive, le 16 septembre, les djihadistes ont traversé presque sans encombre ce territoire kurde isolé en Syrie, jusqu’à butter sur l’agglomération. Les armes les plus puissantes dont disposent les YPG, des lance-roquettes et des mitrailleuses lourdes russes dites « Douchka », ont paru dérisoires face aux blindés de l’EI, saisis probablement à l’armée irakienne lors de la prise de Mossoul.


Simko Karemakh a reculé ainsi à travers les villages d’Alichar, de Miserdad, de Kikan, de Mayesner. Il a essuyé les bombardements des chars et des mortiers de l’EI sur les premières maisons des agglomérations où les YPG attendaient les djihadistes. Puis sur l’est de Kobané. Dans le centre-ville, il s’est engagé dans des combats noctures éreintants. Les YPG se sont dispersées en petites unités à travers la ville, qui harcèlent les djihadistes au soir tombé, quand leur puissance de feu perd de son intérêt. « Certains de nos combattants dorment une heure par nuit. Mais Daech arrive à organiser ses relèves. Ils lancent des attaques à l’aube quand nous sommes usés. Ils se battent six heures et d’autres combattants prennent leur place. » Cette tactique, Simko Karemakh a entendu des djihadistes la formuler sur une radio CB. On s’est insulté régulièrement d’un camp à l’autre, dit-il, par ce canal.


ENTRÉE DE DJIHADISTES ÉTRANGERS FACILITÉE
Combien de civils sont-ils encore pris dans cette nasse ? Selon l’émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, de « 10 000 à 13 000 habitants » sont bloqués dans la zone frontière. Dimanche, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé « toutes les parties » à « empêcher un massacre de civils ». En réalité, la plupart des habitants de Kobané ont quitté la ville au fil du siège de l’EI.


Plus de 180 000 personnes ont fui vers la Turquie depuis le début de l’offensive, mais certaines restent en ville. Des malades évacués de l’hôpital Hamal sont encore bloqués dans Kobané, rapporte Nihad Mohammed, responsable d’une organisation locale liée à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).


Selon Simko Karemakh, huit combattants des YPG sont morts en tentant de porter secours à un groupe de neuf habitants reclus dans une cave, dans une zone prise par l’EI.


Pour l’EI, la chute de la ville serait une victoire importante sur les forces kurdes. Elle achèverait la prise de contrôle de l’une des trois zones dans lesquelles les Kurdes ont proclamé leur indépendance vis-à-vis du régime syrien en novembre 2013. La plus isolée, la plus facile à prendre. L’EI sécuriserait ainsi un axe routier est-ouest qui relie la région d’Alep à Rakka et à la ville frontière de Tal Abyat. Les Kurdes avaient menacé à plusieurs reprises en 2013 la ville de Sarrin, proche d’un pont qui enjambe sur cette route le fleuve Euphrate.


Par ailleurs, l’Etat islamique gagnerait au passage le contrôle de près de 100 km de frontière. Le groupe en tient déjà un large pan au nord d’Alep, à l’est duquel il a combattu les forces kurdes à plusieurs reprises cette année. Il ferait alors la jonction avec un autre tronçon qu’il détient entre Kobané et le pays kurde frontalier de l’Irak. Cette prise pourra faciliter encore le trafic de pétrole et l’entrée de djihadistes étrangers en Syrie. Cependant, la région reste adossée au Kurdistan turc, où les combattants des YPG circulent. Le long de la route de Kobané, les villages sont tous kurdes.


« Du côté syrien, on circule encore facilement », observe Ali Mahmoud, un chauffeur des YPG. Mais de l’autre côté de la frontière, en Turquie, 10 000 militaires et la police turcs font la chasse à leurs compagnons, entre des collines pelées, des champs de coton mûr et d’orge récemment fauchés, des villages où des Kurdes manifestent tant que la police ne lance pas de gaz lacrymogènes. En raison de ce déploiement de forces de sécurité turcs, impossible pour les forces kurdes de faire venir par là des renforts ou des armes autrement qu’au compte-gouttes. Un vrai handicap pour Simko Karemakh. Après quelques jours de répit, il attend les ordres pour retrouver ses compagnons d’armes avant que Kobané ne tombe.


Louis Imbert (Mursitpinar, Suruc (frontière turco-syrienne), envoyé spécial)
Journaliste au Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste Suivre ce journaliste sur twitter

Kobané, qu'est-ce que c'est ?
Kobané est la troisième ville kurde de Syrie. C'est aussi l'une des trois régions qui forment le Kurdistan syrien, situées à l'extrême ouest, au centre, et à l'est de la frontière turque. Elles sont séparées par des zones de peuplement non-kurdes tenues par d'autres groupes armés, principalement l'Etat islamique. Elles sont intimement connectées aux villes et villages kurdes situés de l'autre côté de la frontière.
Kobané et ses deux régions sœurs ont proclamé leur indépendance vis-à-vis du régime Assad en novembre 2013. Elles se sont dotées d'un embryon d'État kurde, sous l'autorité de la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), force militaire clandestine née en Turquie et basée dans les monts Kandil, dans l'extrême nord de l'Irak.


Les Kurdes de Syrie se sont longtemps tenus à l'écart du conflit entre les rebelles syriens et le régime de Bachar Al-Assad, négociant en ce sens avec le régime. Certaines villes de l'est du Kurdistan sont longtemps restées cogérées par les Kurdes et le régime.

L'EI a lancé son attaque contre Kobané le 16 septembre. Les djihadistes ont progressé sans difficultés à travers les villages de la région, à l'aide des tanks qu'ils ont probablement saisis de l'armée irakienne lors de la prise de Mossoul, en Irak. Les principales forces kurdes qui défendent Kobané, les Unités de protection du peuple (YPG, émanation syrienne du PKK) ne disposent pas de missiles anti-chars pour les arrêter. Leur puissance de feu est de loin inférieure.


A Kobané, en terrain urbain, la progression de l'EI s'est ralentie. Divisés en petites unités, les Kurdes mènent une guerre de harcèlement efficace, pour partie de nuit. Ils frappent et se retirent. Les djihadistes attaquent la ville de tous côtés, à l'exception du nord adossé à la frontière turque. Ils ont essentiellement progressé à travers les quartiers de l'est, faisant tomber, vendredi 10 octobre, le « quartier de sécurité » des forces kurdes, une zone du centre où sont situés le principal poste de police, la mairie et une partie des bâtiments administratifs.


Les Kurdes tiennent encore environ 70 % de la ville, mais l'EI peut la faire tomber en coupant l'accès à la frontière, achevant d'encercler les forces kurdes. Celles-ci évacuent leurs blessés par cette voie. Les combattants font des allers-retours en Turquie, des renforts en arrivent probablement.


Voir l'infographie : Comprendre la bataille de Kobané en quatre cartes



Les frappes aériennes sont-elles efficaces ?


Mardi 14 octobre, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a intensifié ses frappes sur la ville. Selon le Pentagone, ces bombardements ont notamment pour objectif de couper les lignes de ravitaillement de l'EI à travers les campagnes, et de disperser les djihadistes lorsqu'ils se concentrent près des blocs d'habitation que tiennent les forces kurdes. L'EI réplique en lançant notamment des voitures chargées d'explosifs vers le centre.


Force est de constater que ces frappes aériennes, conjuguées à la guérilla urbaine des YPG, permettent pour l'heure à la ville de tenir. L'EI s'est vue forcée de dépêcher des renforts cette semaine dans la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Les YPG ont affirmé avoir pour la première fois repris du terrain en ville, et dans un village voisin cette semaine.


Lire aussi le reportage : « Sans appui aérien, Daech nous écrasera »


Pourquoi l'EI attaque-t-il Kobané ?
L'Etat islamique cherche à enlever aux Kurdes le contrôle de près de 100 km de frontière avec la Turquie. Le groupe en tient déjà un large pan au nord d'Alep, à l'est duquel il a combattu les forces kurdes à plusieurs reprises cette année.


Si Kobané tombe, l'EI ferait la jonction avec un autre tronçon qu'il détient entre Kobané et le pays kurde frontalier de l'Irak. Cette prise pourra faciliter encore le trafic de pétrole et l'entrée en Syrie de djihadistes étrangers arrivés par les aéroports turcs. Cependant, la région reste adossée au Kurdistan turc, où les combattants des YPG circulent. Le long de la route qui mène à Kobané, les villages sont tous kurdes, et peuvent encore présenter un obstacle à ces trafics.


Des combattants kurdes du parti PYD, en Syrie. Alors que l'Etat islamique tente de prendre plusieurs villes kurdes du nord de la Syrie, le PYD essuie de lourdes pertes.
Depuis juin 2013, l'EI, d'abord allié à d'autres groupes djihadistes et rebelles syriens, dont l'Armée syrienne libre (ASL), affronte les Kurdes de Syrie à Kobané et partout dans le nord du pays. Depuis janvier 2014, les alliances se sont inversées : l'EI étend seul son territoire. Cette progression continue lui permet d'accroître ses ressources, son prestige, et d'attirer de nouveaux combattants dans ses rangs.


En détruisant Kobané, L'EI met également à l'abri un axe routier est-ouest qu'il contrôle, qui relie la région d'Alep à Rakka et à la ville frontière de Tal Abat. Les Kurdes avaient menacé cette route à plusieurs reprises depuis 2013. Notamment la ville de Sarrin, proche d'un pont qui enjambe le fleuve Euphrate.


Kobané est la plus isolée, la plus facile à prendre des trois régions kurdes de Syrie. En la prenant, l'EI infligerait une sévère défaite au PKK. Ce groupe, structuré par trente ans de conflit, s'est imposé comme son adversaire le plus efficace en Irak et en Syrie. C'est le PKK qui avait brisé le siège de l'EI autour des monts Sinjar, en Irak au mois d'août, pour venir en aide aux populations yézidies. Laïque, mixte, socialiste et puissamment autoritaire, le modèle social défendu par le PKK a tout pour être honni par l'EI.


Enfin, la chute de Kobané ouvrirait la voie à une offensive contre la ville d'Hassaké, frontalière de la partie est de la Syrie sous contrôle kurde. Cette zone est riche en pétrole. C'est un verrou stratégique entre les territoires contrôlés par l'EI en Syrie et en Irak.


Que fait la Turquie ?
La Turquie a ouvert sa frontière à plus de 180 000 réfugiés venus de Kobané depuis le début de l'assaut. Elle accueille plus d'un million de réfugiés de Syrie depuis le début du conflit syrien. L'armée turque, qui a pris position le long de la frontière, ferme les yeux sur le passage de combattants syriens, et probablement d'armes dans une moindre mesure. Des combattants sont soignés dans les hôpitaux d'État turcs, de façon clandestine. La Turquie refuse de leur porter officiellement assistance, et multiplie les obstacles à la frontière.


Elle refuse d'agir elle-même à Kobané, ce que les Kurdes ne demandent pas, et de laisser passer des combattants du PKK turcs et des armes, ainsi que des volontaires turcs. Le gouvernement d'Ankara voit s'affronter à Kobané deux forces qu'il juge également dangereuses : l'EI et le PKK. Ce dernier a accepté depuis deux ans une trêve avec l'armée turque, après trente ans d'une guerre insurrectionnelle qui a fait plus de 40 000 morts, dont 7 000 membres des forces de sécurité turques.


Dans les camps de fortune des réfugiés de Kobané
Face aux Etats-Unis et à l'Europe qui la pressent d'agir, la Turquie estime que la guerre menée par la coalition contre l'EI est contre-productive. En attaquant les djihadistes, elle renforce par ricochet le régime de Bachar Al-Assad.


La Turquie milite pour l'instauration d'une zone tampon dans le nord de la Syrie, doublée d'une zone d'exclusion aérienne. L'opposition syrienne pourrait se regrouper pour mieux lutter contre le régime. Cette zone couvrirait une partie du territoire aujourd'hui sous le contrôle de la branche syrienne du PKK : elle permettrait à la Turquie de réduire cette base arrière prometteuse pour le mouvement armé kurde. Les alliés de la Turquie ont accueilli cette proposition avec une extrême froideur, à l'exception de la France.


Lire aussi le décryptage : Les raisons de la défiance turque envers les défenseurs kurdes de Kobané


Si Kobané tombe, que se passe-t-il ?
L'efficacité des frappes aériennes internationales est en jeu à Kobané. Si la ville tombe, l'EI prouve par l'exemple les limites de l'intervention internationale sans troupes au sol. Si elle résiste, l'EI subit un revers majeur après sa prise de contrôle d'une large partie de l'Irak durant l'été. Ces victoires avaient fait de l'EI la principale organisation djihadiste au monde : la mieux dotée en ressources militaires et financières, la plus attractive pour les combattants volontaires.


Par ailleurs, la chute de Kobané provoquerait un mouvement de colère inédit au Kurdistan turc, où l'on accuse le gouvernement de se rendre complice de l'EI et de favoriser un massacre dans une ville kurde. La semaine dernière, plus de 35 personnes sont mortes à la suite de manifestations en solidarité avec Kobané, dans des heurts entre des partisans des organes politiques du PKK, des sympathisants du Hezbollah turc (un groupe extrémiste sunnite actif au Kurdistan) et des nationalistes turcs. Le processus de paix engagé depuis deux ans entre Ankara et le leader du PKK emprisonné, Abdullah Öcalan, pourrait ne pas y survivre.


Louis Imbert (Diyarbakir (Turquie), envoyé spécial)
Journaliste au Monde

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