Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Barrage de Sivens : les circonstances de la mort d'un manifestant restent floues

Prévue lundi à 14 heures, l’autopsie de Rémi Fraisse, 21 ans, retrouvé mort dans la nuit de samedi à dimanche sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn), devait permettre d’éclairer les circonstances du décès de ce jeune homme, originaire de Plaisance-du-Touch dans l’agglomération toulousaine. Au même moment, un rassemblement devait avoir lieu devant la préfecture à Albi.
Dimanche en fin d’après-midi, environ 450 opposants au barrage ont convergé Place de la Libération à Gaillac (Tarn) en mémoire de leur camarade. Des échauffourées ont ensuite opposé « une soixantaine de cagoulés » aux gendarmes qui ont riposté aux jets de pierres avec des gaz lacrymogènes. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a dénoncé ces violences, énumérant « des dégradations dans la ville », des drapeaux tricolores brûlés et un tag inscrit sur le Monument aux Morts. Plusieurs magasins, principalement des banques, ont été également pris pour cible par les émeutiers.


« ILS ONT ENVOYÉ DES GRENADES »



La tension est à son comble. Lundi matin, le site militant reporterre. net a publié le témoignage laissant entendre que Rémi Fraisse avait été touché par une grenade lancée par les forces de l’ordre.


« Il était à trente mètres de moi sur ma gauche, raconte au site le témoin qui déclare se prénommer Camille. Je l’ai vu se faire toucher alors qu’il y avait des explosions à côté. Ils ont envoyé des grenades explosives, des tirs de flashballs. Après, cette personne s’est retrouvée à terre. » Les jeunes occupants de la « zone à défendre » (ZAD), qui tentent depuis des mois de s’opposer aux travaux en grimpant dans les arbres, dénoncent régulièrement « les violences policières » dont ils sont l’objet.


Rémi est « une victime du fascisme d’Etat » estime tout de go Eric Pététin, ancien leader de la lutte contre le tunnel du Somport, venu rejoindre les rangs des « zadistes » du Tarn.


Des éléments matériels pourraient contredire la version des manifestants. À l’heure du décès de Rémi Fraisse, une seule grenade offensive aurait été lancée par les militaires et les types de lésions que ces grenades occasionnent ne seraient pas compatibles avec les blessures de la victime. Enfin, les gendarmes s’interrogent sur le contenu du sac-à-dos du défunt. Les restes carbonisés du bagage seraient en cours d’analyse.


Lire les réactions : Barrage de Sivens : l'ex-ministre Delphine Batho demande l'arrêt du projet


« L’EXTRÊME DROITE SOUS LES CAGOULES »
Dimanche en fin d’après-midi, environ 450 opposants au barrage ont convergé Place de la Libération à Gaillac (Tarn) en mémoire de leur camarade.
Officiellement, les autorités insistent sur les conditions dans lesquelles les gendarmes ont découvert son corps vers 2 heures du matin à proximité de l’aire aménagée pour servir de parking aux engins de chantier.


« Les gendarmes présents sur site étaient retranchés dans l’aire de stockage des engins de chantier et ont été attaqués en règle par le groupe de manifestants violents, approximativement une centaine qui jetaient des cocktails Molotov, des engins pyrotechniques et des pierres sur le grillage et à l’intérieur depuis l’extérieur », a rapporté le procureur de la République, Claude Dérens, lors d’une conférence de presse dimanche soir à Albi. Selon le procureur, les gendarmes auraient récupéré le jeune homme, blessé, et lui auraient porté les premiers secours avant l’arrivée des pompiers, qui ont constaté le décès.


Sur place, des traces de sang ont été découvertes sur le sol. « Les opposants au barrage ont été obligés de sécuriser le lieu présumé où a été découvert le corps de Rémi », s’indigne Guillaume Cros, conseiller régional (EELV) tarnais. Le procureur de la République indique que les enquêteurs n’avaient pas pu se rendre sur place dimanche en raison de « l’hostilité » des manifestants.


M. Dérens attend les résultats de l’autopsie, qui doivent être connus dans la journée de lundi, pour se prononcer sur les causes du décès. Pour lever toute ambiguïté, il devrait dans les heures qui viennent saisir les « boeufs-carottes » de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale et les militaires de la Section de recherches de Toulouse. Ils seront chargés notamment de l’audition de tous les gendarmes présents sur le site lors de la mort de Rémi Fraisse.


À propos des incidents de samedi, Jean-Luc Mélenchon estime de son coté que « l’extrême droite se trouvait sous les cagoules ». Le leader du Parti de Gauche a été pris a parti par quelques manifestants qui l’ont bombardé avec du yaourt lors de son arrivée sur le site de la manifestation, samedi après-midi. José Bové, député européen (EELV), a également essuyé des quolibets de manifestants hostiles à la présence d’élus sur le site. Des voitures de journalistes ont aussi été prises pour cible, taguées par certains, rapidement nettoyées par d’autres.


Lire le décryptage : Tensions dans le Tarn, où le barrage de Sivens attise la guerre de l'eau


Stéphane Thépot (Correspondant à Toulouse)
Matthieu Suc
Journaliste au Monde

Tensions dans le Tarn, où le barrage de Sivens attise la guerre de l'eau
LE MONDE | 08.09.2014 à 11h31 • Mis à jour le 08.09.2014 à 18h01 |
Par Martine Valo
Abonnez-vous
à partir de 1 € Réagir ClasserPartager facebook twitter google + linkedin pinterest


Manifestation contre le lac artificiel de Sivens (Tarn), le 1er septembre.
Lisle-sur-Tarn (Tarn), envoyée spéciale


Lundi 8 septembre au matin, aux abords de la forêt de Sivens, dans le Tarn, les forces de l'ordre ont chargé une fois de plus le cortège de voitures et de tracteurs des opposants au barrage qui va provoquer la destruction de 13 hectares de zones humides entre Lisle-sur-Tarn et Gaillac. Deux barrages sur la route départementale ont tenu un bon moment suscitant des embouteillages, tandis que dans les bois, à proximité immédiate du chantier, cinq personnes s'étaient enterrées pour empêcher la progression des engins des bûcherons. Il y a eu des blessés et des interpellations.
La veille, dimanche 7 septembre, les propos de Ségolène Royal avaient fait naître l'espoir d'un moratoire qui frapperait ce futur lac artificiel. Celui-ci, d'une emprise totale de 48 hectares, doit retenir 1,5 million de mètres cube d'eau pour assurer l'alimentation l'été de quelques agriculteurs en aval. « L'eau est un bien précieux », a insisté dimanche la ministre de l'écologie, rappelant en substance que son ministère ne donne pas pour instruction de permettre à quelques grandes exploitations de s'approprier la ressource grâce à des investissements publics.


Voilà des mois que durent les échauffourées dans le Tarn, que des militants s'accrochent au sommet des arbres pendant des jours entiers, sans compter d'éphémères barricades de terre pour freiner le chantier, les manifestations et plusieurs grèves de la faim : le projet de Sivens symbolise le réservoir de trop dans une vaste région, le bassin Adour-Garonne, où l'eau est devenue un enjeu essentiel.


AMBIANCE FESTIVE ET SOUTIENS


A l'heure du pique-nique, dimanche, l'ambiance pouvait sembler festive dans les clairières de Sivens où se sont côtoyés un bon millier d'amoureux de la nature sauvage dans cette partie de la vallée du Tescou, quelques éleveurs du coin (sympathisants de la Confédération paysanne ou non), des élus Europe Ecologie-Les Verts (avec le député européen José Bové en vedette), tandis qu'était annoncé le soutien de personnalités médiatiques tel le chanteur Manu Chao.


Comme un moment de répit dans un combat au long cours de plus en plus tendu. Car les « zadistes » – l'irréductible bataillon de la « zone à défendre », un terme devenu générique depuis Notre-Dame-des-Landes – sont la bête noire du conseil général du Tarn, maître d'ouvrage du lac artificiel.


Depuis l'arrivée des premiers bûcherons le 1er septembre, puis des engins qui recrachent les pins sous forme de bouillie de bois, les abords du chantier sont placés sous haute sécurité. Environ 150 à 200 gendarmes mobiles lourdement équipés y ont pris position, ils sont souvent plus nombreux que les opposants. Un hélicoptère contrôle le nombre de « zadistes » éparpillés dans les bois, où vrombissent les tronçonneuses.


RADICALISATION


Sur place, ces derniers se plaignent d'être harcelés ; une jeune fille montre sa cuisse toute bleue d'avoir reçu un tir tendu de Flash-Ball. Des élus écologistes ont même été bousculés par les gendarmes, qui disent de leur côté être la cible de cocktails Molotov.


Dans leur ferme toute proche, un couple d'exploitants s'inquiète de cette radicalisation et s'interroge. « Sivens, c'est un projet de plus de trente ans, témoigne l'agriculteur. Il était fondé alors, mais vous ne croyez pas que de Gaillac à Montauban, on a tous attendu la bouche ouverte que le barrage nous arrive ! Moi, j'ai fait mon propre lac en 1975, j'ai trois puits aussi. Les autres ont fait pareil ! »


Le bassin-versant du Tescou compte déjà 185 retenues collinaires : de quoi stocker 5 millions de mètres cubes en déviant un tiers du cours d'eau. Pourquoi alors investir 8,4 millions d'euros, avec un coût de fonctionnement estimé à 360 000 euros par an, dans un ouvrage supplémentaire au profit de 81 exploitants agricoles selon les chambres d'agriculture locales, 19 selon les opposants ?


UNE MAJORITÉ D'AVIS DÉFAVORABLES


« Sivens répond à 70 % aux besoins de l'agriculture, mais il servira aussi à soutenir l'étiage du Tescou, assure le président du conseil général du Tarn, Thierry Carcenac (PS). Même si aucun agriculteur ne pompait dedans, je le ferais quand même pour améliorer la qualité de l'eau », assure-t-il. L'élu admet que l'enquête publique a recueilli une majorité d'avis défavorables. Mais il faut bien agir : le département est déficitaire de 39 millions de mètres cubes par an.


La bataille se livre aussi sur le terrain juridique. France Nature Environnement, Nature Midi-Pyrénées et d'autres associations ont attaqué les arrêtés préfectoraux permettant de lancer les travaux dans un secteur classé zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique et de noyer une zone humide majeure.


Ben Lefetey, porte-parole du collectif, s'est engagé contre le barrage, moins en faveur des 94 espèces protégées de mammifères, oiseaux, reptiles et insectes qui vont perdre leur habitat, que pour dénoncer un modèle agricole « qui sent le roussi ». « Entre ceux qui irriguent leur maïs, c'est déjà la guerre : ils pompent dans la rivière et ne touchent au contenu de leurs réserves qu'in extremis, peu importe le voisin en aval. Personne n'a le courage de les mettre autour d'une table pour les obliger à partager. »


Le militant montre une étude rédigée pour le département voisin du Tarn-et-Garonne. Elle indique que, plusieurs fois, le Tescou s'est complètement asséché en à peine une dizaine de jours. « L'influence des pompages d'irrigation est ici manifeste », écrivent les rapporteurs.


Martine Valo
journaliste Planète Suivre Aller sur la page de ce journaliste Suivre ce journaliste sur twitter

Barrage à Sivens : un rapport d'experts critique le projet
Le Monde.fr avec AFP | 26.10.2014 à 22h16 • Mis à jour le 27.10.2014 à 12h00


Abonnez-vous
à partir de 1 € Réagir ClasserPartager facebook twitter google + linkedin pinterest


Sur le site du barrage de Sivens.
Des besoins surestimés, une étude d'impact « de qualité très moyenne », « un financement fragile » : un rapport d'experts commandé par le ministère de l'écologie, dont l'AFP a obtenu une copie, critique fortement le projet de barrage de Sivens dans le Tarn. Il doit être remis lundi après-midi à la préfecture du Tarn, dans un contexte très tendu.
Un jeune homme a en effet trouvé la mort dans la nuit de samedi à dimanche sur le site de ce barrage contesté. Les causes de sa mort sont encore inconnues mais les opposants à sa construction affirment que le décès est survenu « dans le contexte d'affrontements » avec les gendarmes.


Lire le point sur la situation sur place : Barrage de Sivens : tensions et appels au calme après la mort d'un opposant


Le projet de barrage-réservoir d'1,5 million de m3 d'eau stockée est soutenu par le conseil général du Tarn, qui le juge indispensable pour irriguer les terres agricoles alentour et affirme qu'une autre zone humide sera recréée. Très critique sur le projet, le rapport juge cependant « difficile » d'arrêter le chantier, « compte tenu de l'état d'avancement des travaux et des engagements locaux et régionaux pris avec la profession agricole ». Il propose d'améliorer le projet sur plusieurs points.


« SANS RÉELLE ANALYSE DES SOLUTIONS ALTERNATIVES POSSIBLES »


Etabli par deux ingénieurs généraux des ponts, eaux et des forêts, ce rapport doit être rendu public par la préfecture du Tarn dans le courant de cette semaine, peut-être dès lundi. Il critique tout d'abord une évaluation « contestable » des besoins « réels » d'irrigation, évoquant « une surestimation du volume de substitution destiné à l'irrigation d'au moins 35 % ». Un surdimensionnement qui s'explique par une estimation des besoins établie « sur des données anciennes et forfaitaires ».


« Le choix d'un barrage en travers de la vallée a été privilégié sans réelle analyse des solutions alternatives possibles », une situation d'autant « plus regrettable que le coût d'investissement rapporté au volume stocké est élevé », note le rapport. Il qualifie en outre l'étude d'impact de « qualité très moyenne » et juge le financement du projet « fragile ».


Outre plusieurs recommandations techniques, le rapport préconise la mise en place d'un « comité de suivi multi-acteurs de la gestion des retenues [des barrages] de Sivens et de Thérondel afin que l'affectation des volumes et le projet territorial qui en découlera soient partagés par l'ensemble des acteurs locaux ».

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article