anarchiste individualiste
8 Septembre 2014
~Un document découvert après l’assassinat d’un membre de la secte en terre camerounaise lève un coin du voile sur les hommes et les réseaux du groupe terroriste dans le nord du Cameroun.
~Vendredi 16 mai 2014, Maroua, capitale régionale de l’extrême Nord. Aladji Garé tombe après avoir reçu trois balles dans la tête à l’entrée de son domicile, devant sa copine, tétanisée. Selon des témoignages concordants des voisins, “trois hommes sveltes, cagoulés, sont arrivés à bord d’une moto vers 19 heures et l’ont abattu. L’un d’eux a ensuite dit en haoussa [langue majoritaire dans le nord du Nigeria] : ‘va dire tout à Allah, traître…’ Et la moto a démarré.” D’après la copine du défunt, Aladji Garé avait répondu nerveusement à un appel téléphonique en haoussa dans un premier temps, puis en arabe, quelques minutes seulement avant d’être froidement abattu. Cet assassinat a aussitôt déclenché une vaste enquête policière. Au cours des perquisitions dans la modeste demeure du défunt, la police a découvert des composants nécessaires à la fabrication d’un explosif liquide extrêmement volatil, le HMTD. Dans une pièce se trouvaient des documents relatifs au djihad, des reçus de transferts d’argent en provenance du Nigeria et du Qatar. Les enquêteurs ont également mis la main sur une clé USB. Y était consigné un texte écrit en arabe regorgeant de révélations sur la secte Boko Haram. Règlement de comptes. Selon la police, Garé était originaire de Banki, à la frontière avec le Nigeria. A Maroua, on l’appelait Shahid (martyr). A Kousséri, il se cachait derrière le pseudonyme de Bilal (celui qui appelle à la prière). D’Aladji Garé on dit dans son quartier qu’il ne décolérait pas souvent, et jamais bien longtemps. Sauf quand il parlait de ses parents, qu’il avait perdus à l’âge de 10 ans. Quelques jours avant son assassinat, la colère était revenue, braquée contre ses patrons de Boko Haram. Aladji Garé n’avait pas digéré le gel de ses “honoraires” par Aladji Abdallah au lendemain de l’attaque de la brigade de gendarmerie de Kousséri, dans la nuit du 4 mai. Et il menaçait de vendre la mèche d’abord à la presse et ensuite aux services du renseignement camerounais. Selon les déclarations de sa copine, il était reproché au défunt d’avoir éconduit un homme de main du réseau Boko Haram, l’adjudant chef Dapsia Denis. Lequel avait trouvé la mort au cours de l’attaque susmentionnée. Aladji Abdallah, un Camerounais, se présenta comme importateur de véhicules d’occasion du Qatar. Au-delà, c’est l’homme-orchestre qui fait la liaison entre les membres de la secte Boko Haram disséminés au Cameroun et la base nigériane. C’est aussi lui qui était aux avant-postes (avec le lamido [chef traditionnel] d’Achigachia, extrême nord du Cameroun) lors des négociations entre les autorités camerounaises et les ravisseurs de la famille Moulin-Fournier puis ceux du père Vandenbeusch. Réseaux. Selon une source proche de l’enquête, Aladji Garé avait écrit, avant son assassinat, un message d’avertissement. “Si vous ne donnez pas l’argent là, je dis tout…” L’homme avait déjà entamé son grand déballage et tout consigné dans sa clé USB. Aladji Garé connaissait personnellement une grande partie des membres de la secte nigériane. Il savait qui étaient les acteurs clés des attaques (espions, experts en tout genre, ainsi que les amis, épouses et maîtresses de chefs de guerre). Carte de situationDe source policière, on apprend que Aladji Garé a tiré habilement parti d’un procédé consistant à centrer son texte autour de la vie de trois individus très différents. Il a commencé par Abubakar Shekau, le gourou de Boko Haram. “C’est quelqu’un qui ne sert pas Allah”, écrit-il. Dans le texte de Garé figurent aussi deux personnages : Mohamed Ijokepewu et Hoda Waobi. Le premier, relève-t-on, est un médecin issu d’une famille de notables nigérians ayant “une vision particulière” de l’alternance au sommet de l’Etat nigérian. Le second, quant à lui, est un jeune Malien qui collecte les fonds auprès de quelques dignitaires répertoriés dans la sphère militaro-politique du Nigeria. C’est également lui qui recrute les combattants. Ce sont ces individus qui forment le noyau dur de Boko Haram. Le texte exploité par la police apporte également de nouvelles informations, notamment sur la santé d’Abubakar Shekau. Selon Garé, le chef de Boko Haram souffre d’hypotension artérielle. Un voile de secret entoure le clan Shekau. Toutefois, on apprend que plusieurs membres de sa famille sortent peu à peu de l’ombre dans ce qui paraît être une volonté de les préparer à un “rôle”. L’un d’eux, Allouf Ben (un surnom), est le patron d’un espace transformé depuis 2010 en centre opérationnel pour former ou recycler les combattants (jeunes Nigérians et ex-rebelles maliens). Son travail consiste à élaborer les plans d’attaque et les kidnappings en coordination avec les chefs. Selon les écrits d’Aladji Garé, au Cameroun, “chacun a son rôle” pour égarer les services du renseignement. Pour éviter les fuites, Boko Haram limite autant que possible l’utilisation du téléphone. Sont privilégiés les tête-à-tête entre les membres basés au Cameroun. Les rencontres ont généralement lieu dans des zones où l’autorité matérielle et morale de l’Etat est au plus bas. —René Meva’a Amougou Publié le 2 juin 2014 dans Intégration (extraits) Yaoundé
CAMEROUN * Boko Haram, témoignage de l'intérieur
Un document découvert après l'assassinat d'un membre de la secte en terre camerounaise lève un coin du voile sur les hommes et les réseaux du groupe terroriste dans le nord du Cameroun. | Parta...
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~NIGERIA Vers un autre Etat islamique ?
~Le groupe djihadiste Boko Haram est en train de se tailler un véritable fief dans le nord du Nigeria, et son chef a déclaré le califat. L'Etat nigérian est dépassé par cette organisation fanatique et décentralisée.
~Le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau, a récemment annoncé la création d'un califat islamique dans l'Etat de Borno, au nord-est du Nigeria, ce qui provoque l'inquiétude de la communauté régionale et internationale. Boko Haram a pris le contrôle de nombreuses villes et impose sa loi dans des régions entières du nord-est du Nigeria depuis le retrait de l'armée. Les victoires de l'organisation et les atrocités qu'elle commet attirent une fois de plus l'attention sur la situation au Nigeria et sur la transformation idéologique des mouvements extrémistes. Le mouvement a prononcé plusieurs fatwas (édits religieux) à l'encontre de tous ceux qui coopèrent avec l'Etat. Les personnes accusées de se ranger du côté des autorités nigérianes sont exécutées, car Boko Haram les considère comme des renégats qui collaborent avec des infidèles. Un territoire pour un califat Le califat englobe des grandes zones de l'Etat de Borno et une partie du territoire de l'Etat voisin de Yobe. Abubakar Shekau est le calife et le mouvement a une structure décentralisée. Ainsi, son fonctionnement repose sur les actions de groupes qui n'ont presque aucun lien entre eux. De cette manière, si l'un d'eux est démantelé, les autres ne sont pas dévoilés ou arrêtés. Les principales attaques de Boko Haram prennent pour cible les civils, les villes chrétiennes, les écoles, la police et tous ceux qui coopèrent avec eux. Le nord du pays est ainsi devenu le foyer d'un djihad idéologique. Malgré les contre-offensives de l'armée, Boko Haram reste actif et cherche à s'étendre au-delà du Nigeria. Idéologie talibane Il existe des similarités entre Boko Haram et l'Etat islamique (EI). Ce dernier correspond à une branche de l'idéologie d'Al-Qaida, alors que Boko Haram est rattaché idéologiquement aux talibans du Nigeria, qui sont eux-mêmes liés aux talibans d'Afghanistan. Pour Boko Haram, comme pour l'EI, un califat doit régner sur Terre. Pour y parvenir, tous les non-musulmans doivent être massacrés s'ils refusent de se convertir à l'islam. Les deux organisations estiment par ailleurs que leurs victoires "viennent de Dieu". Boko Haram a annoncé son intention d'appliquer la charia au Nigeria, alors que près de la moitié de la population est chrétienne. Enfin, des rapports des Nations unies ont révélé une hausse des violences sexuelles dans les zones contrôlées par les djihadistes. Le président Goodluck Jonathan est sous pression au niveau national, car une élection présidentielle est prévue en 2015. Et les tentatives de l'Etat, depuis 2011, pour dialoguer avec Boko Haram sont restées infructueuses. Les pressions viennent aussi de l'étranger, car une grande partie de la communauté internationale a déjà exprimé ses préoccupations vis-à-vis de la propagation des violences dans le pays. Les forces nigérianes affrontent Boko Haram depuis 2009 et, bien que Goodluck Jonathan ait promis de détruire le groupe, l'Etat semble impuissant. De ce fait, le gouvernement est plus que jamais la cible de critiques, notamment depuis qu'il s'est montré incapable de retrouver les écolières enlevées en avril.
NIGERIA * Vers un autre Etat islamique ?
Le groupe djihadiste Boko Haram est en train de se tailler un véritable fief dans le nord du Nigeria, et son chef a déclaré le califat. L'Etat nigérian est dépassé par cette organisation fana...
http://www.courrierinternational.com/article/2014/09/05/vers-un-autre-etat-islamique
~NIGERIA Nouveau rapt à Chibok :
Boko Haram nargue le monde Alors que la planète n'a même pas fini de se mobiliser autour du slogan "Bring back our girls" (rendez-nous nos filles), Boko Haram a enlevé, samedi 7 juin, entre vingt et quarante femmes à 8 kilomètres de Chibok, lieu du précédent enlèvement.
~On ne sait plus où donner de la tête devant les secousses que connaît ce "géant" africain aux pieds d’argile. Il y a bien sûr le cas Boko Haram, qui sévit depuis une bonne décennie dans le Nord face à un gouvernement fédéral complètement impuissant. Enlèvement de ressortissants occidentaux, plasticage de bâtiments publics et de lieux de culte chrétiens, attentats à la voiture piégée ou explosion de ceintures de kamikazes dans les lieux publics ; avec récemment l’apparition d’une nouvelle variante à Gombe, où le 8 juin dernier le kamikaze était cette fois-ci une femme. Mode opératoire Ce sont là les modes opératoires de la secte islamiste qui a pour ambition d’imposer la charia à tout le pays. Le point d’orgue des actes ignobles des disciples d'Abubakar Shekau reste jusque-là l’enlèvement de masse de plus de deux cents jeunes filles dont on ne sait toujours pas où elles se trouvent. Comme pour narguer le gouvernement, qui a refusé son offre de libération des lycéennes contre celle de ses membres détenus en prison, Boko Haram vient à nouveau de frapper : le samedi 7 juin, ces hommes ont enlevé des femmes dont le nombre est estimé entre vingt et quarante. Où ? A quelque 8 kilomètres de Chibok, la ville où les jeunes filles avaient été prises en otages à la mi-avril. A quel moment ? Au moment même où la communauté internationale, notamment les Américains, les Français, les Britanniques et les Chinois ont envoyé des forces spéciales à la recherche des otages. Cette partie [le Nord-Est] semble être devenue au Nigeria ce que les Zones tribales sont au Pakistan et en Afghanistan, où tout prévaut sauf le calme, la discipline et l’ordre. Et comme si les agissements de Boko Haram ne suffisaient pas, un autre problème religieux est venu se planter, comme une épine, dans un des pieds, déjà fragiles, du "géant" de l’Afrique : des affrontements ont en effet éclaté le 9 juin à Kano, principale ville du Nord (encore) du pays entre des supporters du nouvel émir (nommé dimanche dernier par le gouverneur de l’Etat du même nom), l'ex-gouverneur de la banque centrale Sanusi Lamido Sanusi, limogé par le président Goodluck Jonathan, et ceux d’Aminu Ado Bayero, prétendant malheureux au titre. Rivalités politiciennes Certes, l'émir de Kano est l'un des chefs religieux les plus influents du nord du Nigeria, majoritairement musulman. Mais le problème ne semble pas seulement confessionnel au regard de ses forts relents politiques. En effet, Aminu Ado Bayero, fils aîné du défunt émir Ado Abdullahi Bayero, très populaire dans le district de Kano qu'il dirige actuellement, était soutenu par le Parti démocratique populaire (PDP) du président Jonathan ; le gouverneur de Kano, Rabiu Kwankwaso, qui a choisi M. Sanusi sur une liste de noms fournis par les responsables du palais de l'émir, est un dissident du parti de Jonathan qui a rejoint le Congrès progressiste (APC), principal parti d'opposition. Pour paraphraser le célèbre chroniqueur français Gilles Verdez, on pourrait dire que le Nigeria a mal à son Nord. Le pays, qui était déjà une poudrière, n’en finit donc pas d’accumuler les explosifs, et on ne peut s’empêcher de se demander si ce cocktail détonant ne finira pas par exploser. L'OBSERVATEUR PAALGA | HYACINTHE SANOU 11 JUIN 2014| 0
NIGERIA * Nouveau rapt à Chibok : Boko Haram nargue le monde
Alors que la planète n'a même pas fini de se mobiliser autour du slogan "Bring back our girls" (rendez-nous nos filles), Boko Haram a enlevé, samedi 7 juin, entre vingt et quarante femmes à 8 ...