anarchiste individualiste
13 Mai 2014
5 mai 2014, 20:26
LE BUND UN SYNDICAT REVOLUTIONNAIRE JUIF
Si sa principale influence fut marxiste en Russie, de nombreux anarchistes s'y greffèrent ou militèrent à coté. L'influence des anarcho-syndicalistes juifs fut importante en Angleterre ou aux Etats-Unis où pendant le jeûne de Yom Kippour les militants se promenaient dans les quartiers juifs avec des charrettes remplies de porcs ou organisaient des banquets ouverts à tous. Dénonçant les rabbins alliés des patrons qui au nom de l'unité juive combattaient violemment les mouvements de grève, le BUND s'efforçait aussi de favoriser le yiddish (la langue des ouvriers juifs) au détriment de l'hébreu la langue religieuse.
Le BUND regroupait les ouvriers juifs combatifs qui militaient pour les droits civiques, sociaux ou politiques. Contre les nombreux pogroms antisémite des groupes d'autodéfense étaient organisés. De nombreux marxistes voyant d'un mauvais oeil la liberté et l'indépendance du BUND s'efforcèrent de le combattre sans cesse et d'essayer de le discréditer. Dés 1917 Lénine envoya les principaux leaders du mouvement vers les goulags de Sibérie ou les fit assassiner. A noter que le BUND ne participa pas au coup d'état de 1917, considérant que c'étaient les ouvriers et les paysans qui devaient faire la révolution et non une minorité militaire. Le BUND continua jusque dans les années 30 en Pologne puis fut liquidé définitivement par le parti communiste.
La sale propagande actuelle fait de chaque juif un sioniste en puissance, et nous fait croire que cela est ainsi depuis la nuit des temps. Les partisans de tous bords de la division occultent la vérité et réécrivent l'histoire à leur compte. La vérité c'est qu'au début du siècle les pogroms, la privation de tout droit, la condition d'esclavage, les exactions contre les juifs étaient légion. En ces temps troubles le BUND rassemblant des dizaines de milliers de travailleurs en Europe de l'Est s'élevaient d'une voix forte contre le sionisme de droite ou de gauche (mouvement qui donna ensuite les kibboutz).
Lors de son quatrième congrès en 1901 le BUND déclarait : "Le congrès considère le sionisme comme une réaction de la classe bourgeoise contre l'antisémitisme et la situation anormale du peuple juif [.]. Le sionisme politique érigeant pour but la création d'un territoire pour le peuple juif ne peut prétendre résoudre la question juive, [.] ni satisfaire le peuple dans son ensemble [.] et demeure une utopie irréalisable. Le congrès estime que l'agitation des sionistes est un frein au développement de la conscience de classe. Que ce soit dans les organisations économiques (caisses) ou politiques (section Bundistes), il ne faut pas admettre les sionistes". Le BUND, au contraire des sionistes, prônaient le combat sur place luttant avec les ouvriers immigrés (polonais, ukrainiens.) ou russes, affirmant que c'est là où on se trouve qu'il faut lutter pour la révolution sociale.
Le BUND par sa réflexion, sa maturité était visionnaire sur ce que donnerait la création d'un état juif ; aussi dès 1905 ses militants mettaient en garde les juifs tentés par le sionisme : "ceux qui devraient être expropriés ne se laisseront sans doute pas faire les bras croisés. Le capitalisme en Eretz (Israël) ne préférerait-il pas la force de travail arabe, bon marché ? Est-ce que les sionistes socialistes penseraient établir une zone d'implantation spéciale pour les bédouins et promulguer des lois d'exceptions contre les travailleurs migrants non juifs ?".
Transposer l'exploitation d'un pays à un autre, voilà à quoi été voué le sionisme ! Et aujourd'hui en Israël ? Tout doucement, des opposants à l'état commencent à ressortir l'histoire du prolétariat juif des oubliettes, à ne pas oublier qu'il y a des pauvres et des exploités en Israël. A ne pas oublier non plus que, face à ces derniers, les exploiteurs, que ce soit en Palestine ou en Israël, travaillent, eux, main dans la main !
Pour en finir avec le mythe du BundLe Combat Syndicaliste (CNT-AIT, Toulouse) N° 73 Avril-Mai 2002 Bien que ce texte soit polémique, il a été décidé qu'il a sa place ici. Pour autant, n'entre pas dans la «querelle» des CNT.
Mais qu'a-t-on besoin de prouver ? Tout le monde sait que le mouvement libertaire a toujours compté un grand nombre de juifs qui ne se sont jamais référer au sionisme. La liste est longue des Erich Mühsam, Gustav Landauer, Emma Goldman, Voline, etc. Mais apparemment ce n'est pas suffisant. Ce qui manque pour certains, c'est une ORGANISATION spécifiquement juive. D'où l'intérêt pour le Bund. Mais qu'était donc ce fameux Bund ? Plus un parti politique qu'un syndicat, construit sur les principes marxistes autoritaires adoptés par la Ier internationale, quand Bakounine et ses amis en furent exclus. Un parti plus révolutionnaire que les bolcheviks par certains côtés, mais par d'autres plus sectaire, car basé sur une appartenance ethnique, ce qui explique que de nombreux juifs (tant marxistes qu'anarchistes) aient préféré lutter dans des organisations plus internationalistes. Et si les bundistes ont été exterminés par les bolcheviks, puis les quelques survivants par les nazis, n'oublions pas que ce fut le cas aussi des trotskistes, pourtant peu sympathiques. Si les vaincus n'ont pas forcément tort, ils n'ont pas non plus forcément raison. Alors, pourquoi donner tant d'importance à ce mouvement tragiquement disparu ?
Il est triste de voir qu'il y a encore des juifs libertaires qui pensent qu'on peut être juif autrement que par hasard, rejoignant ainsi les théories fumeuses sur «l'exception juive» qu'on s'attendrait plutôt à retrouver chez les théoriciens de l'antisémitisme. Il semble loin le temps où Georges Brassens parlait des «imbéciles heureux qui sont nés quelque part».
L'antisémitisme s'est manifesté de bien des façons, mais ce n'est pas de l'antisémitisme que de condamner le sionisme, qui ne fait que perpétuer le mythe des races «supérieures» et «inférieures». aucun libertaire, à plus forte raison juif, ne devrait se sentir visé. Ma sympathie va à tous mes frères anarchistes, juifs et non-juifs mélangés, qui ont lutté dans la Makhnovtchina, dans les milices révolutionnaires en Espagne, dans les mouvements ouvriers à travers le monde, contre tous les fascismes et toutes les formes de racisme, mais aussi contre la démocratie bourgeoise, ses guerres, son colonialisme et sa destruction des peuples. Des juifs ont été de tous ces combats, non pas en tant que juifs, mais en tant que révolutionnaires, et nous nous reconnaissons en eux. Par contre, d'autres ont mené des combats qui n'étaient pas les nôtres, et le fait qu'ils étaient juifs ne doit pas nous égarer. J'ai été époustouflé en lisant un article d'Alternative libertaire où on reprochait aux anarchistes de l'époque de ne pas s'être suffisamment investis lors de l'affaire Dreyfus. En quoi le sort du CAPITAINE Dreyfus, fût-il juif, devrait-il intéresser les antimilitaristes ? Détail cocasse, le seul anarchiste de l'époque qui trouve grâce aux yeux d'AL, c'est Kropotkine, qui aurait volé au secours de Dreyfus alors que la majorité des anarchistes se voilaient pudiquement la face. Le même Kropotkine qui fut l'un des seuls libertaires à se prononcer pour la guerre contre l'Allemagne. Pas étonnant qu'il ait tenu à démontrer que Dreyfus n'était pas un espion ! Si les anarchistes veulent dénoncer l'antisémitisme, il peuvent trouver des exemples plus intéressants que l'affaire Dreyfus, dont la révolutionnaire Rosa Luxemburg, disait que c'était un conflit interne à la bourgeoisie qui ne concernait en aucune façon les révolutionnaires. Autre exemple de cette dérive identitaire : pour fêter dignement le deuxième millénaire de la naissance du Christ, la CNT Vignoles avait organisé une semaine militante avec moult débats autour du 1er mai 2000. En bonne place au menu, les libertaires et le Yiddishland et le Bund. Par contre, pas un mot sur le drame palestinien, ni même sur le sionisme. Pas intéressant, ou trop gênant pour en parler ? Et maintenant, avec l'insoutenable au quotidien, est-ce qu'on va en parler ?
Marius Jacob