Les militants communistes les plus aguerris le savent : « Le parti a toujours raison », mais la réalité le rattrape souvent. Près d’un an après leur congrès, où Fabien Roussel fut élu secrétaire national en promettant une candidature communiste autonome à chaque élection, les travées de la Fête de L’Humanité (qui se tient du 13 au 15 septembre à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis) bruissaient d’une musique un peu différente : le PCF a mis en sourdine, pour les prochaines élections municipales de mars, l’identité communiste et mis en avant un autre aspect de son discours, celui de « l’union dès le premier tour » partout où c’est possible. « Nous avons la main tendue et le stylo Bic ouvert », a ainsi déclaré M. Roussel.
Le score de la liste menée par Ian Brossat, qui a recueilli 2,5 % des voix, a sans doute agi comme un révélateur : l’urgence est désormais de sauver ce qui peut l’être. Le parti de la place du Colonel-Fabien garde toujours une implantation locale forte, c’est l’un de ses atouts : « 800 maires et 7 000 élus », selon M. Brossat, porte-parole.
« Salade, tomates, union »
« Si la gauche est unie dès le premier tour, on peut trouver une dynamique et l’emporter face à la droite, voire à l’extrême droite », plaide encore Fabien Roussel. Avec son sens de la formule habituelle, il résume : « Ici, le sandwich, c’est salade, tomates, union. Mais à la sauce marxiste. »
Les cadres PCF en ont conscience : ils jouent très gros pour les élections municipales. Plusieurs bastions sont menacés de tomber, en raison d’une multiplication des listes à gauche. Le meilleur exemple est la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Plus grosse municipalité PCF (118 000 habitants), elle pourrait arriver dans l’escarcelle du socialiste Mathieu Hanotin.
En effet, outre la liste conduite par la majorité municipale, il pourrait y avoir une liste La France insoumise (LFI), voire une liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV), si ces derniers décident de partir sous leurs propres couleurs. « Ça va être chaud à force que tout le monde joue aux imbéciles », lâche le maire, Laurent Russier. « Ce n’est pas une cause perdue : EELV est très marqué à gauche dans le département. Et l’accord passé entre nous à Aubervilliers laisse bon espoir », ajoute-t-il. M. Russier pointe par ailleurs le « risque » que Saint-Denis ne s’embourgeoise sous le mandat d’un maire socialiste, comme ce fut le cas, selon lui, de Pantin et des Lilas.