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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Mayotte, Under the DOM

 Mayotte, Under the DOM

Dans « Under the dome », série télévisée US, une ville se réveille un jour sous un dôme transparent qui la retranche du monde.

« Sept migrants clandestins se sont noyés dans le naufrage de la barque de pêche qui les transportait, juste en arrivant dans le lagon de Mayotte, a annoncé aujourd’hui la préfecture [5]. » Un fait divers parmi d’autres, coincé entre un cambriolage et la sortie de route d’un camion. On s’habitue à tout, y compris au retour cyclique de ces drames. Un instant suspendue par le flash info, la vie poursuit son cours. Comme si ces sept morts ne comptaient pas, pas plus que tous ceux qui les ont précédés sous les eaux, et qui se comptent par milliers [6]. Mayotte reste un angle mort de la France : territoire absent des rayons des librairies, des écrans de cinéma et de télévision, des préoccupations et de l’imaginaire de l’Hexagone. Loin des yeux, loin du cœur... Pourtant cette île est le laboratoire de la postcolonialité républicaine, produit d’un croisement entre Françafrique et Département d’outre-mer (DOM). La mécanique coloniale opère à Mayotte sur le mode d’une censure tectonique qui scinde, partitionne, rature un paysage archipélique – celui des Comores – avant de se réfracter dans le psychisme du néocolonisé [7].

Si Mayotte est si méconnue en France, c’est sans doute parce que le Mahorais, en tant que spécimen humain distinct du Comorien, n’existe pas encore ; il est en cours de modelage, à partir d’images, de récits, d’une réécriture de l’histoire visant à mettre en scène aux yeux du monde un « peuple mahorais ». De quoi justifier la partition de l’archipel des Comores au profit de la France. Dans les salons internationaux du tourisme, des hôtesses mahoraises souhaitent « karibu » aux Tour operators et clients potentiels. Leurs dépliants invitent à l’exotisme : « Cédez à la tentation de Mayotte, l’île aux parfums, l’île aux makis… Son lagon offre une aire où dauphins, baleines et tortues marines aiment à voguer. Venez aussi à la rencontre de la population autochtone : les Mahorais ont l’âme gaie, tout y est encore authentique. » L’autochtone des guides touristiques, c’est la nouvelle figure du bon sauvage : un être doux et spontané, à peine entré dans l’histoire. L’accession du Mahorais au statut de Français « domisé » procède d’une (...)

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