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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Lannion: le sable de la colère fait descendre des milliers de personnes dans la rue

AFP, publié le dimanche 11 septembre 2016 à 17h26

Lannion: entre 3.800 et 5.000 personnes manifestent contre l'extraction de sable coquillier dans la baie

"Non au pillage, dune à défendre": à Lannion, le début de l'extraction de sable coquillier dans la baie, sitôt connu le rejet d'un recours, a exaspéré les opposants qui ont été plusieurs milliers dimanche à exprimer leur colère dans cette ville des Côtes-d'Armor.

En fin de matinée, entre 3.800 personnes selon la police et 5.000 selon les organisateurs se sont rassemblées, sous le soleil, sur la place de l'Hôtel de ville de Lannion, brandissant une multitude de pancartes, sur lesquelles on pouvait lire notamment "Ne restez pas la tête dans le sable, sauvez-le" ou "Extraction à Lannion, mépris aux Bretons".

Sur la Côte de granit rose, le combat fait rage depuis quelques années contre ce projet d'extraction de sable coquillier, porté depuis 2010 par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN), filiale du groupe Rouiller. Une extraction autorisée en avril 2015 par le ministre de l'Économie de l'époque, Emmanuel Macron.

La zone concernée, une dune sous-marine indispensable pour la pêche selon les professionnels, représente une superficie de 4 km2 environ. La concession est accordée pour une durée de 15 ans et le volume d'extraction est limité à 250.000 m3 par an. Ce sable calcaire est destiné à amender les terres agricoles, afin de diminuer leur acidité.

La colère des opposants n'a fait que redoubler depuis que la CAN a commencé l'extraction, en pleine nuit, entre mardi et mercredi. Ce début d'exploitation intervenait au lendemain du rejet par le tribunal administratif de Rennes du recours déposé par plusieurs communes de la baie de Lannion et une association environnementale pour demander la suspension des arrêtés autorisant cette extraction.

"Le fait de commencer en pleine nuit, c'est des méthodes de voyous", a lancé dimanche à Lannion Yves-Marie Le Lay, président de l'association Sauvegarde du Trégor.

- 'À la sauvette' -

"Nous demandons (au Premier ministre) M. (Manuel) Valls de suspendre l'extraction. C'est un trouble à l'ordre public", a poursuivi M. Le Lay, qui avait appelé les manifestants à se munir "de tout instrument sonore pour organiser le plus grand tapage du Trégor" (secteur situé dans l'ouest des Côtes-d'Armor, NDLR)

Son appel a été suivi et, pendant quelques minutes, un concert de casseroles a retenti dans le centre de Lannion, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le début d'exploitation a aussi été condamné samedi par M. Macron. "Il n'est résolument pas acceptable de commencer l'exploitation à la sauvette", a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

Sa position, a-t-il précisé, "était d'attendre, de suspendre le démarrage de l'extraction, d'ici la décision définitive du tribunal". Les opposants ont en effet décidé de faire appel de la décision du tribunal administratif de Rennes devant le Conseil d'État, un recours que la ministre de l'Environnement Ségolène Royal a décidé "d'appuyer", a-t-elle annoncé dès jeudi.

Au micro de France Inter, Mme Royal a rappelé qu'elle n'avait pas été favorable à la décision de M. Macron autorisant l'extraction. "Je crois en effet que c'est une grave décision, qui n'est écologiquement pas responsable", a-t-elle déclaré à la radio.

"Je vais donner bien évidemment aux associations de défense tous les arguments scientifiques qui leur permettront d'étayer leur appel", a-t-elle dit. "Je n'ai pas le pouvoir de stopper, mais j'ai le pouvoir de donner des arguments devant la justice."

Des élus rencontreront Mme Royal lundi à Paris, selon Joël Le Jeune, président de Lannion-Trégor Communauté.

Dans la foule de Lannion, Tristan, un pêcheur de la baie, se lamentait: "J'ai 24 ans, je viens d'acheter mon bateau. Pour moi, c'est la catastrophe", a-t-il témoigné.

Selon le Comité départemental des pêches maritimes, qui a jugé "inadmissibles" les méthodes de la CAN, "les quantités de poissons pêchées sont deux fois moins importantes" depuis que l'extraction a commencé, d'après ce que lui ont rapporté des pêcheurs travaillant actuellement dans le secteur de la concession.

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