Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Nucléaire : nouveau surcoût de 4 milliards pour le projet Iter

Le projet expérimental de fusion nucléaire en construction en France produira ses premiers résultats avec au mieux cinq ans de retard. Le budget a presque été multiplié par quatre en dix ans.

C'est un sévère dérapage de calendrier et de budget que s'apprête à acter Iter, le programme international de recherche sur la fusion nucléaire lancé en 2006 par l'Europe, la Chine, l'Inde, le Japon, la Russie, les Etats-Unis et la Corée. Destiné à démontrer la « faisabilité scientifique et technologique de l'énergie de fusion », qui offrirait un rendement beaucoup plus élevé que la fission nucléaire, le démonstrateur en construction à Cadarache (Bouches-du-Rhône) ne devrait pas être à l'oeuvre avant une dizaine d'années.

« Le "premier plasma" devrait être obtenu en 2025 et les premières expériences de fusion en pleine puissance interviendront en 2035 », indique aux « Echos » Bernard Bigot, directeur général d'Iter Organization depuis début 2015. « Le planning précédent, qui prévoyait un premier plasma en 2020 et une pleine puissance en 2023, était totalement irréaliste », estime-t-il. Un conseil d'Iter doit officialiser ce nouveau calendrier en juin, après avoir estimé, en session extraordinaire jeudi, que le rapport du groupe d'experts indépendants mandaté en novembre validait les propositions d'Iter Organization. Et encore ce nouveau planning est-il optimiste. « Le groupe d'experts indépendants estime que ce calendrier est ambitieux, mais il nous demande de le tenir », précise Bernard Bigot. L'ancien administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) a succédé au Japonais Osamu Motojima début 2015.

Epée de Damoclès

Alors que certains scientifiques doutent de la faisabilité de la fusion nucléaire à grande échelle et critiquent depuis des années le poids d'Iter sur les budgets de recherche des pays partenaires, ce nouveau décalage de calendrier va entraîner de lourds surcoûts. « Nous estimons que le nouveau calendrier induira 4 milliards d'euros de surcoûts pour l'ensemble des sept partenaires d'Iter, à ajouter aux 14 à 15 milliards de budget de construction évalué jusqu'à présent », indique Bernard Bigot. Il y a dix ans, le projet avait été lancé avec un coût évalué à 5 milliards d'euros.

L'Europe, premier partenaire financier du projet, commence sérieusement à s'agacer. Jeudi, le Parlement européen a osé un geste fort, en refusant de voter la décharge budgétaire au projet pour l'année 2014. Un coup dur pour l'agence Fusion for energy, qui y contribue au nom de l'Union européenne. Les députés ont donné un semestre aux protagonistes pour clarifier leur situation financière et le calendrier des travaux. Ce qui place, désormais, une réelle épée de Damoclès financière au-dessus de ce chantier. Car l'Europe a un poids déterminant dans le projet : elle assure 45 % des financements, sur lesquels 80 % des fonds viennent du budget de l'Union européenne. Le reste est intégralement abondé par la France, qui avait bataillé pour accueillir le projet.

« Gabegie »

Nombreux sont, malgré tout, les Européens qui invitent à ne pas dramatiser la situation. La Commission européenne, en particulier, se contente de « prendre note » de cette décision, selon un porte-parole qui pointe, au contraire, une récente amélioration de la situation financière. Celui-ci insiste aussi sur le fait que la Cour des comptes européenne avait « validé les comptes d'Iter pour 2014 ». De même, le discours dominant au Parlement ­consiste à mettre en valeur les progrès récemment accomplis autant que l'importance stratégique du projet. « Le vote du Parlement européen n'est pas vraiment une surprise. Le message qu'il nous envoie, c'est d'avoir un calendrier réaliste pour pouvoir valider le budget en octobre », juge Bernard Bigot.

Le groupe des Verts au Parlement, lui, tire la sonnette d'alarme. Michèle Rivasi, sa vice-présidente, évoque une « gabegie » et alerte sur le fait que le budget européen alloué à Iter pour la période 2014-2020 est supérieur à celui qui était initialement prévu sur l'ensemble de la période de construction. « S ur ce projet comme sur d'autres, en dix ans, les coûts sont multipliés par trois... », ironise un écologiste.

LIRE AUSSI


Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article