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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Le krach en Chine annonciateur d’une crise bien plus importante ?

Au début du mois de janvier la Chine a de nouveau, dévalué le cours du Yuan. C’est-à-dire qu’elle a fait tourner la planche à billets pour que la valeur de sa monnaie soit moins forte par rapport au dollar. L’impact est tel que les bourses asiatiques ont dû fermer pour endiguer le krach. C’est déjà la quatrième fois de l’année puisque l’été dernier le Yuan avait déjà été dévalué trois fois en trois jours. Il risque d’ailleurs d’avoir d’autres dévaluations dans les jours qui viennent. Mais pourquoi et surtout qu’est-ce que cela nous indique sur la situation économique de la chine qui est devenu aujourd’hui un des acteurs principaux du capitalisme mondial ?

Pourquoi la Chine dévalue-t-elle sa monnaie ?

Principalement pour faciliter la vente des marchandises produites par ses industries. Le problème de la Chine c’est que, depuis la crise de 2008, ses exportations ont drastiquement chuté. Elle représentait plus de 35 % de son PIB et ne tourne plus qu’à 20 % aujourd’hui[1]. Cela pourrait ne pas être si grave, sauf que la demande intérieure, c’est-à-dire la consommation des ménages chinois, n’a pas pris le relais, et la Chine se retrouve avec des montagnes d’invendus sur les bras.

C’est au niveau de la production d’acier que c’est le plus visible. La Chine qui produit plus de la moitié de l’acier mondial, surproduit entre 250 et 350 millions de tonnes par an (l’équivalent d’un tiers de sa production) et du coup ne sait pas quoi en faire. Plus de 100 millions de tonnes sont directement détruites chaque année, les autres tentent d’être vendus à perte sur le marché mondial. Pire encore, les machines sont en moyennes utilisées seulement à 50% de leur capacité de production[2], car les marchandises produites si la production était poussée à son maximum, n’auraient aucune possibilité d

Mais pas seulement. Les luttes ouvrières et les conflits du travail de ces dernières années ont forcé les patrons et l’État chinois à augmenter considérablement les salaires. Pour plus de détails sur les luttes ouvrières et un petit historique économique de la Chine capitaliste, n’hésitez pas à lire l’article présent sur le site de Tantquil.

L’avantage des prolos chinois c’est qu’ils sont payés en Yuans. Du coup quand on le dévalue, cela baisse automatiquement les salaires. En plus, ils ne s’en aperçoivent pas directement s’ils continuent à consommer majoritairement des marchandises produites en Chine.

Le problème c’est qu’à faire baisser sa monnaie, on favorise l’investissement et le développement de l’industrie alors même que l’on est déjà en surproduction. Ensuite on paye également plus cher les produits que l’on importe. Cela tombe bien, les principales importations de la Chine restent les hydrocarbures et avec un baril de pétrole à son plus bas prix depuis 10 ans (moins de 32 $) ce n’est pas un problème pour le moment.

Qu’est-ce que cela cache ?

Au-delà des effets à court terme espérés, cette dévaluation tente de cacher la situation économique de la Chine qui s’aggrave de jour en jour. En effet, la surproduction et l’incapacité d’écouler les stocks d’acier sont principalement dues au ralentissement économique que subit le pays depuis 2008. En 2007 la croissance annuelle était à 14,2 % alors qu’elle n’était plus que de 6,9 % au dernier trimestre 2015 (officiellement, en réalité elle serait même seulement de 2% selon certains économistes)[3] et elle continue de ralentir.

Et ce n’est clairement pas une petite passade, ce ralentissement et du à une contradiction inhérente au système capitaliste. Pour plus d’explications, c’est par ici. En tout cas aujourd’hui investir dans l’industrie chinoise n’est plus du tout rentable et la plupart des grandes entreprises du pays doivent se diversifier pour continuer à faire des profits. C’est en partie cet état de fait qui a contribué à créer une énorme bulle spéculative immobilière ces dernières années. En 2014, prêt d’un tiers des investissements.

Par exemple, un groupe chinois comme Lenovo, connu pour vendre des téléphones et des PC dans le monde entier et qui a même racheté une grande partie d’IBM en 2005, fait presque 60 % de ses bénéfices annuels grâce à des investissements dans l’immobilier[4].

Ce que l’on a aujourd’hui en chine c’est l’une des plus grandes bulles spéculatives de l’histoire économique moderne. Les prix ont doublé dans les 35 plus grandes villes de Chine entre 2004 et 2011. Le prix du mètre carré y est à peu près le même qu’en France sauf que les salaires sont loin d’être les mêmes. Du coup, tout le monde fait des prêts dans tous les sens. Les banques aux particuliers, les banques entre banques, mais aussi beaucoup de particuliers à particuliers. La plupart de ces prêts ne seront jamais remboursés et le gouvernement chinois et obliger de maintenir les banques sous perfusions en y réinjectant régulièrement de l’argent. A tel point que la dette chinoise aurait atteint près de 200%[5] du PIB cette année.

Bref, une bulle spéculative finit toujours par éclater sous le poids du surendettement. La seule question qui demeure c’est quand est-ce que cela va arriver. Et les différents soubresauts de ces derniers mois semblent nous montrer que cela approche. En tout cas vu l’ampleur des capitaux qui sont en jeux et l’intégration de la Chine dans le marché mondial, si la bulle explose dans les prochains mois ou mêmes années, cela risque de faire passer la crise des subprimes de 2008 pour une simple petite brise d’un soir d’été face à l’ouragan immobilier chinois.

[1] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/CHN/fr/NE.EXP.GNFS.ZS.html

[2] http://www.herramienta.com.ar/herramienta-web-4/les-limites-de-la-croissance-chinoise

[3] http://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2015/11/01/le-ralentissement-de-l-activite-economique-chinoise-se-confirme_4800922_1656941.html

[4] Yu Yongding, « China’s Policy responses to global Financial Crisis » cité par Mylène Gaulard dans son très bon livre Karl Marx à Pékin, les racines de la crise en Chine capitaliste », Paris, démopolis, 2014.

[5] http://www.boursorama.com/actualites/chine-emergents-etats-unis-vrais-risques-ou-craintes-exagerees-dorval-am-b7b28ac1a3aacd2d3650f9fe1f56bc0c

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’être vendues. La baisse du Yuan favorise donc ces tentatives d’écouler les marchandises surproduites.

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