anarchiste individualiste
5 Janvier 2016
5 janvier 2016 8 h 00 min·Aucun commentaireVues: 76
Depuis plus de trois décennies, le collectif Labor Notes occupe une place centrale dans le paysage syndical états-unien. Fournissant au quotidien des données, des fiches pratiques, des retours d’expérience aux militants syndicaux, Labor Notes a encouragé l’apparition de nouveaux lieux, objets, formes de contestation de l’exploitation capitaliste sur le lieu de travail. Contournant l’inertie de nombreuses centrales syndicales, le site fonctionne comme une boite à outils pour les militants de base en leur fournissant des armes pratiques. Illustration avec ce petit texte prodiguant de judicieux conseils pour lutter contre l’apathie de ses collègues.
Vous avez l’impression d’être le seul qui s’intéresse au syndicat ? Qu’aucun de vos collègues ne lèvera le petit doigt pour vous aider ? Que votre lieu de travail est embourbé dans « l’apathie » ? C’est une maladie commune. Dans les ateliers de Labor Notes nous demandons souvent aux adhérents syndicaux de faire une liste des raisons pour lesquelles les gens ne s’engagent pas sur leur lieu de travail. Les réponses classiques incluent :
Ça vous dit quelque chose ?
C’est peut-être que vos collègues s’en foutent. Mais grattez un petit peu et vous verrez que ça n’est jamais tout à fait vrai.
Tout le monde se sent forcément concerné par quelque chose au travail. À peu près tout le monde se sent concerné par les salaires, par exemple. Personne n’est indifférent au fait que ses horaires soient pourris ou agréables.
Alors, pourquoi cette « apathie » ? Serait-ce parce que, pour la plupart de vos collègues, tout va pour le mieux au travail ? Peut-être ressentent-ils la sécurité de l’emploi, adorent leurs chefs, gagnent de super salaires et bénéficient d’une excellente couverture sociale, n’ont aucune inquiétude à propos de plans de restructuration ou de licenciements, ne sont confrontés à aucun risque médical et abordent sereinement leur retraite ! Si c’est le cas, laissez tomber le syndicalisme et trouvez-vous une autre marotte !
Mais le plus probable, c’est que les gens ont peur ou qu’ils se sentent impuissants et déboussolés
Ils disent que tout va bien parce qu’ils ne croient pas que ça puisse changer. L’antidote, c’est de s’organiser.
Quand vous vous demandez pourquoi il n’y a pas eu plus de personnes à sortir du rang pour s’en prendre au patron, il est important d’examiner votre situation avec attention, afin de déterminer quelles en sont les raisons précises. Vous devez diagnostiquer le problème avant d’écrire l’ordonnance. Si ce n’est pas l’apathie, qu’est-ce que c’est ?
Quel est le vrai problème ?
Voici quelques façons de comprendre ce qui ressemble à de l’apathie, et d’y répondre.
Tout le monde a l’air de s’en foutre
Tout le monde se sent concerné par quelque chose. Mais ce quelque chose n’est peut-être pas exactement ce à quoi vous vous attendez. Choisissez quelques collègues que vous voudriez mieux connaître. Parlez-leur, et découvrez ce qui les préoccupe.
Peut-être que la politique de gestion du stress de l’entreprise que vous trouvez vraiment scandaleuse n’est pas la première de leurs priorités parce que quelque chose les travaille encore plus : un chef détestable, une charge de travail insoutenable, un danger pour la sécurité, une rage de dents mais pas de couverture santé, un emploi du temps qui leur permet à peine de voir leurs enfants, un règlement débile qu’il faut défendre devant les clients… La seule façon de savoir, c’est d’écouter.
Faites preuve de respect et de compréhension. S’ils sentent que vous écoutez réellement, ils seront plus susceptibles de s’intéresser aux choses qui vous préoccupent.
Comment les patrons nous désorganisent
Légende tableau :
Prenez du recul par rapport à votre frustration de ne rien voir bouger et regardez les choses d’un point de vue militant. Ce tableau montre quatre problèmes fréquents et comment vous pouvez aider vos collègues à les dépasser.
Difficile de voir comment les choses pourraient changer
Si ça se trouve, vos collègues sont aussi scandalisés que vous par la politique de gestion du stress de l’entreprise, mais ça semble être trop gros pour s’y attaquer. Le patron a bien fait son travail en disant clairement que cette décision était définitive, et l’idée de la combattre semble par avance être synonyme de frustration et de perte de temps.
C’est parfaitement rationnel de la part de ces salariés de réagir de cette façon, surtout s’ils se sont toujours sentis impuissants et isolés sur leur lieu de travail. Les gens ont l’habitude de courber le dos pour ne pas se faire emmerder. Si vos collègues n’ont jamais senti la force du nombre, ou vu une action collective changer quelque chose, – quand bien même il s’agirait d’une petite victoire –, comment pourraient-ils penser qu’ils sont capables de changer quelque chose de plus fondamental ?
En tant que syndicaliste, votre boulot, c’est de susciter l’intérêt de vos collègues en leur présentant une stratégie gagnante qui soit crédible. Pour cela, pas besoin d’être un orateur-né. Les actes parlent plus que les mots, et vous aurez principalement besoin de montrer plutôt que d’expliquer à vos collègues qu’un changement est possible. Il faut le leur prouver – en acte.
En général, cela signifie partir d’actions modestes et de petits problèmes, des choses que vous pouvez obtenir avec les gens que vous avez déjà convaincus, en les amenant, petit à petit, là où ils se sentent moins à l’aise. Quand ça marche, les gens seront attirés automatiquement, et au fur et à mesure qu’ils participent, leur confiance en eux grandira.
Le désespoir a la vie dure. Or, c’est plus facile de se débarrasser d’une mauvaise habitude avec le soutien d’un groupe. Rassembler les gens peut aider chaque individu à dépasser son abattement.
Personne ne veut rien faire
Leur avez-vous demandé de faire quelque chose, une tâche précise ? La plupart d’entre nous n’a pas le militantisme dans le sang. Nombre de vos collègues ne prendront pas l’initiative de lancer quelque chose, mais ils répondront si une personne de confiance leur demande de participer.
Trouvez des revendications très petites et spécifiques, et discutez-en directement avec un collègue. Au départ cela peut être aussi simple que de répondre à un questionnaire, de manger avec d’autres collègues pour parler d’un problème, ou de signer une lettre collective.
Soyez respectueux des contraintes de temps de leurs vies, et montrez-leur votre gratitude pour toutes les choses qu’ils sont prêts à faire. Cette attitude de respect les mettra à l’aise pour en faire plus à l’avenir.
Personne ne vient aux réunions
Réfléchissez à la façon dont les gens sont prévenus des réunions. Un mail ou une note sur un panneau d’affichage ne sont pas des bonnes méthodes. Des invitations personnelles de vive voix sont les meilleures. Divisez votre lieu de travail en plusieurs secteurs et trouvez quelques autres personnes avec qui partager le travail consistant à inviter individuellement chaque personne.
Vous pouvez aussi réfléchir aux questions pratiques qui rendent les réunions plus accessibles : horaires, lieu, garde d’enfant, jargon.
Et quand des gens viennent à une réunion, elle a intérêt à être agréable et productive, sinon ils ne reviendront pas ! Les gens sont incroyablement occupés de nos jours, et vous communiquerez votre respect pour leur participation en préparant la réunion à l’avance. Préparez un ordre du jour clair, un horaire de début et de fin, un motif pour y participer, comme par exemple une question brûlante sur votre lieu de travail.
Mais le plus important c’est d’être patient, et de ne pas abandonner. Mobiliser des salariés, c’est un marathon, pas un sprint.
L’équipe de Labor Notes
Traduit de l’anglais par Pavel Desmet
Mots-clefs : Changement-social, Luttes-sociales, militantisme, Patronat, répression syndicale, Syndicalisme
Auteur CP
Ou voir sur la chaine youtube d'IMmédia
L'envers de la double peine
5 janvier 2016 8 h 00 min·Aucun commentaireVues: 76
Depuis plus de trois décennies, le collectif Labor Notes occupe une place centrale dans le paysage syndical états-unien. Fournissant au quotidien des données, des fiches pratiques, des retours d’expérience aux militants syndicaux, Labor Notes a encouragé l’apparition de nouveaux lieux, objets, formes de contestation de l’exploitation capitaliste sur le lieu de travail. Contournant l’inertie de nombreuses centrales syndicales, le site fonctionne comme une boite à outils pour les militants de base en leur fournissant des armes pratiques. Illustration avec ce petit texte prodiguant de judicieux conseils pour lutter contre l’apathie de ses collègues.
Vous avez l’impression d’être le seul qui s’intéresse au syndicat ? Qu’aucun de vos collègues ne lèvera le petit doigt pour vous aider ? Que votre lieu de travail est embourbé dans « l’apathie » ? C’est une maladie commune. Dans les ateliers de Labor Notes nous demandons souvent aux adhérents syndicaux de faire une liste des raisons pour lesquelles les gens ne s’engagent pas sur leur lieu de travail. Les réponses classiques incluent :
Ça vous dit quelque chose ?
C’est peut-être que vos collègues s’en foutent. Mais grattez un petit peu et vous verrez que ça n’est jamais tout à fait vrai.
Tout le monde se sent forcément concerné par quelque chose au travail. À peu près tout le monde se sent concerné par les salaires, par exemple. Personne n’est indifférent au fait que ses horaires soient pourris ou agréables.
Alors, pourquoi cette « apathie » ? Serait-ce parce que, pour la plupart de vos collègues, tout va pour le mieux au travail ? Peut-être ressentent-ils la sécurité de l’emploi, adorent leurs chefs, gagnent de super salaires et bénéficient d’une excellente couverture sociale, n’ont aucune inquiétude à propos de plans de restructuration ou de licenciements, ne sont confrontés à aucun risque médical et abordent sereinement leur retraite ! Si c’est le cas, laissez tomber le syndicalisme et trouvez-vous une autre marotte !
Mais le plus probable, c’est que les gens ont peur ou qu’ils se sentent impuissants et déboussolés
Ils disent que tout va bien parce qu’ils ne croient pas que ça puisse changer. L’antidote, c’est de s’organiser.
Quand vous vous demandez pourquoi il n’y a pas eu plus de personnes à sortir du rang pour s’en prendre au patron, il est important d’examiner votre situation avec attention, afin de déterminer quelles en sont les raisons précises. Vous devez diagnostiquer le problème avant d’écrire l’ordonnance. Si ce n’est pas l’apathie, qu’est-ce que c’est ?
Quel est le vrai problème ?
Voici quelques façons de comprendre ce qui ressemble à de l’apathie, et d’y répondre.
Tout le monde a l’air de s’en foutre
Tout le monde se sent concerné par quelque chose. Mais ce quelque chose n’est peut-être pas exactement ce à quoi vous vous attendez. Choisissez quelques collègues que vous voudriez mieux connaître. Parlez-leur, et découvrez ce qui les préoccupe.
Peut-être que la politique de gestion du stress de l’entreprise que vous trouvez vraiment scandaleuse n’est pas la première de leurs priorités parce que quelque chose les travaille encore plus : un chef détestable, une charge de travail insoutenable, un danger pour la sécurité, une rage de dents mais pas de couverture santé, un emploi du temps qui leur permet à peine de voir leurs enfants, un règlement débile qu’il faut défendre devant les clients… La seule façon de savoir, c’est d’écouter.
Faites preuve de respect et de compréhension. S’ils sentent que vous écoutez réellement, ils seront plus susceptibles de s’intéresser aux choses qui vous préoccupent.
Comment les patrons nous désorganisent
Légende tableau :
Prenez du recul par rapport à votre frustration de ne rien voir bouger et regardez les choses d’un point de vue militant. Ce tableau montre quatre problèmes fréquents et comment vous pouvez aider vos collègues à les dépasser.
Difficile de voir comment les choses pourraient changer
Si ça se trouve, vos collègues sont aussi scandalisés que vous par la politique de gestion du stress de l’entreprise, mais ça semble être trop gros pour s’y attaquer. Le patron a bien fait son travail en disant clairement que cette décision était définitive, et l’idée de la combattre semble par avance être synonyme de frustration et de perte de temps.
C’est parfaitement rationnel de la part de ces salariés de réagir de cette façon, surtout s’ils se sont toujours sentis impuissants et isolés sur leur lieu de travail. Les gens ont l’habitude de courber le dos pour ne pas se faire emmerder. Si vos collègues n’ont jamais senti la force du nombre, ou vu une action collective changer quelque chose, – quand bien même il s’agirait d’une petite victoire –, comment pourraient-ils penser qu’ils sont capables de changer quelque chose de plus fondamental ?
En tant que syndicaliste, votre boulot, c’est de susciter l’intérêt de vos collègues en leur présentant une stratégie gagnante qui soit crédible. Pour cela, pas besoin d’être un orateur-né. Les actes parlent plus que les mots, et vous aurez principalement besoin de montrer plutôt que d’expliquer à vos collègues qu’un changement est possible. Il faut le leur prouver – en acte.
En général, cela signifie partir d’actions modestes et de petits problèmes, des choses que vous pouvez obtenir avec les gens que vous avez déjà convaincus, en les amenant, petit à petit, là où ils se sentent moins à l’aise. Quand ça marche, les gens seront attirés automatiquement, et au fur et à mesure qu’ils participent, leur confiance en eux grandira.
Le désespoir a la vie dure. Or, c’est plus facile de se débarrasser d’une mauvaise habitude avec le soutien d’un groupe. Rassembler les gens peut aider chaque individu à dépasser son abattement.
Personne ne veut rien faire
Leur avez-vous demandé de faire quelque chose, une tâche précise ? La plupart d’entre nous n’a pas le militantisme dans le sang. Nombre de vos collègues ne prendront pas l’initiative de lancer quelque chose, mais ils répondront si une personne de confiance leur demande de participer.
Trouvez des revendications très petites et spécifiques, et discutez-en directement avec un collègue. Au départ cela peut être aussi simple que de répondre à un questionnaire, de manger avec d’autres collègues pour parler d’un problème, ou de signer une lettre collective.
Soyez respectueux des contraintes de temps de leurs vies, et montrez-leur votre gratitude pour toutes les choses qu’ils sont prêts à faire. Cette attitude de respect les mettra à l’aise pour en faire plus à l’avenir.
Personne ne vient aux réunions
Réfléchissez à la façon dont les gens sont prévenus des réunions. Un mail ou une note sur un panneau d’affichage ne sont pas des bonnes méthodes. Des invitations personnelles de vive voix sont les meilleures. Divisez votre lieu de travail en plusieurs secteurs et trouvez quelques autres personnes avec qui partager le travail consistant à inviter individuellement chaque personne.
Vous pouvez aussi réfléchir aux questions pratiques qui rendent les réunions plus accessibles : horaires, lieu, garde d’enfant, jargon.
Et quand des gens viennent à une réunion, elle a intérêt à être agréable et productive, sinon ils ne reviendront pas ! Les gens sont incroyablement occupés de nos jours, et vous communiquerez votre respect pour leur participation en préparant la réunion à l’avance. Préparez un ordre du jour clair, un horaire de début et de fin, un motif pour y participer, comme par exemple une question brûlante sur votre lieu de travail.
Mais le plus important c’est d’être patient, et de ne pas abandonner. Mobiliser des salariés, c’est un marathon, pas un sprint.
L’équipe de Labor Notes
Traduit de l’anglais par Pavel Desmet
Mots-clefs : Changement-social, Luttes-sociales, militantisme, Patronat, répression syndicale, Syndicalisme
Auteur CP
Ou voir sur la chaine youtube d'IMmédia
L'envers de la double peine
5 janvier 2016 8 h 00 min·Aucun commentaireVues: 76
Depuis plus de trois décennies, le collectif Labor Notes occupe une place centrale dans le paysage syndical états-unien. Fournissant au quotidien des données, des fiches pratiques, des retours d’expérience aux militants syndicaux, Labor Notes a encouragé l’apparition de nouveaux lieux, objets, formes de contestation de l’exploitation capitaliste sur le lieu de travail. Contournant l’inertie de nombreuses centrales syndicales, le site fonctionne comme une boite à outils pour les militants de base en leur fournissant des armes pratiques. Illustration avec ce petit texte prodiguant de judicieux conseils pour lutter contre l’apathie de ses collègues.
Vous avez l’impression d’être le seul qui s’intéresse au syndicat ? Qu’aucun de vos collègues ne lèvera le petit doigt pour vous aider ? Que votre lieu de travail est embourbé dans « l’apathie » ? C’est une maladie commune. Dans les ateliers de Labor Notes nous demandons souvent aux adhérents syndicaux de faire une liste des raisons pour lesquelles les gens ne s’engagent pas sur leur lieu de travail. Les réponses classiques incluent :
Ça vous dit quelque chose ?
C’est peut-être que vos collègues s’en foutent. Mais grattez un petit peu et vous verrez que ça n’est jamais tout à fait vrai.
Tout le monde se sent forcément concerné par quelque chose au travail. À peu près tout le monde se sent concerné par les salaires, par exemple. Personne n’est indifférent au fait que ses horaires soient pourris ou agréables.
Alors, pourquoi cette « apathie » ? Serait-ce parce que, pour la plupart de vos collègues, tout va pour le mieux au travail ? Peut-être ressentent-ils la sécurité de l’emploi, adorent leurs chefs, gagnent de super salaires et bénéficient d’une excellente couverture sociale, n’ont aucune inquiétude à propos de plans de restructuration ou de licenciements, ne sont confrontés à aucun risque médical et abordent sereinement leur retraite ! Si c’est le cas, laissez tomber le syndicalisme et trouvez-vous une autre marotte !
Mais le plus probable, c’est que les gens ont peur ou qu’ils se sentent impuissants et déboussolés
Ils disent que tout va bien parce qu’ils ne croient pas que ça puisse changer. L’antidote, c’est de s’organiser.
Quand vous vous demandez pourquoi il n’y a pas eu plus de personnes à sortir du rang pour s’en prendre au patron, il est important d’examiner votre situation avec attention, afin de déterminer quelles en sont les raisons précises. Vous devez diagnostiquer le problème avant d’écrire l’ordonnance. Si ce n’est pas l’apathie, qu’est-ce que c’est ?
Quel est le vrai problème ?
Voici quelques façons de comprendre ce qui ressemble à de l’apathie, et d’y répondre.
Tout le monde a l’air de s’en foutre
Tout le monde se sent concerné par quelque chose. Mais ce quelque chose n’est peut-être pas exactement ce à quoi vous vous attendez. Choisissez quelques collègues que vous voudriez mieux connaître. Parlez-leur, et découvrez ce qui les préoccupe.
Peut-être que la politique de gestion du stress de l’entreprise que vous trouvez vraiment scandaleuse n’est pas la première de leurs priorités parce que quelque chose les travaille encore plus : un chef détestable, une charge de travail insoutenable, un danger pour la sécurité, une rage de dents mais pas de couverture santé, un emploi du temps qui leur permet à peine de voir leurs enfants, un règlement débile qu’il faut défendre devant les clients… La seule façon de savoir, c’est d’écouter.
Faites preuve de respect et de compréhension. S’ils sentent que vous écoutez réellement, ils seront plus susceptibles de s’intéresser aux choses qui vous préoccupent.
Comment les patrons nous désorganisent
Légende tableau :
Prenez du recul par rapport à votre frustration de ne rien voir bouger et regardez les choses d’un point de vue militant. Ce tableau montre quatre problèmes fréquents et comment vous pouvez aider vos collègues à les dépasser.
Difficile de voir comment les choses pourraient changer
Si ça se trouve, vos collègues sont aussi scandalisés que vous par la politique de gestion du stress de l’entreprise, mais ça semble être trop gros pour s’y attaquer. Le patron a bien fait son travail en disant clairement que cette décision était définitive, et l’idée de la combattre semble par avance être synonyme de frustration et de perte de temps.
C’est parfaitement rationnel de la part de ces salariés de réagir de cette façon, surtout s’ils se sont toujours sentis impuissants et isolés sur leur lieu de travail. Les gens ont l’habitude de courber le dos pour ne pas se faire emmerder. Si vos collègues n’ont jamais senti la force du nombre, ou vu une action collective changer quelque chose, – quand bien même il s’agirait d’une petite victoire –, comment pourraient-ils penser qu’ils sont capables de changer quelque chose de plus fondamental ?
En tant que syndicaliste, votre boulot, c’est de susciter l’intérêt de vos collègues en leur présentant une stratégie gagnante qui soit crédible. Pour cela, pas besoin d’être un orateur-né. Les actes parlent plus que les mots, et vous aurez principalement besoin de montrer plutôt que d’expliquer à vos collègues qu’un changement est possible. Il faut le leur prouver – en acte.
En général, cela signifie partir d’actions modestes et de petits problèmes, des choses que vous pouvez obtenir avec les gens que vous avez déjà convaincus, en les amenant, petit à petit, là où ils se sentent moins à l’aise. Quand ça marche, les gens seront attirés automatiquement, et au fur et à mesure qu’ils participent, leur confiance en eux grandira.
Le désespoir a la vie dure. Or, c’est plus facile de se débarrasser d’une mauvaise habitude avec le soutien d’un groupe. Rassembler les gens peut aider chaque individu à dépasser son abattement.
Personne ne veut rien faire
Leur avez-vous demandé de faire quelque chose, une tâche précise ? La plupart d’entre nous n’a pas le militantisme dans le sang. Nombre de vos collègues ne prendront pas l’initiative de lancer quelque chose, mais ils répondront si une personne de confiance leur demande de participer.
Trouvez des revendications très petites et spécifiques, et discutez-en directement avec un collègue. Au départ cela peut être aussi simple que de répondre à un questionnaire, de manger avec d’autres collègues pour parler d’un problème, ou de signer une lettre collective.
Soyez respectueux des contraintes de temps de leurs vies, et montrez-leur votre gratitude pour toutes les choses qu’ils sont prêts à faire. Cette attitude de respect les mettra à l’aise pour en faire plus à l’avenir.
Personne ne vient aux réunions
Réfléchissez à la façon dont les gens sont prévenus des réunions. Un mail ou une note sur un panneau d’affichage ne sont pas des bonnes méthodes. Des invitations personnelles de vive voix sont les meilleures. Divisez votre lieu de travail en plusieurs secteurs et trouvez quelques autres personnes avec qui partager le travail consistant à inviter individuellement chaque personne.
Vous pouvez aussi réfléchir aux questions pratiques qui rendent les réunions plus accessibles : horaires, lieu, garde d’enfant, jargon.
Et quand des gens viennent à une réunion, elle a intérêt à être agréable et productive, sinon ils ne reviendront pas ! Les gens sont incroyablement occupés de nos jours, et vous communiquerez votre respect pour leur participation en préparant la réunion à l’avance. Préparez un ordre du jour clair, un horaire de début et de fin, un motif pour y participer, comme par exemple une question brûlante sur votre lieu de travail.
Mais le plus important c’est d’être patient, et de ne pas abandonner. Mobiliser des salariés, c’est un marathon, pas un sprint.
L’équipe de Labor Notes
Traduit de l’anglais par Pavel Desmet
Mots-clefs : Changement-social, Luttes-sociales, militantisme, Patronat, répression syndicale, Syndicalisme
Auteur CP
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L'envers de la double peine
Mes bonnes résolutions syndicales pour 2016, ou comment vaincre l'apathie de mes collègues
Depuis plus de trois décennies, le collectif Labor Notes occupe une place centrale dans le paysage syndical états-unien. Fournissant au quotidien des données, des fiches pratiques, des retours ...