anarchiste individualiste
8 Janvier 2016
Jeudi 7 janvier, cinq réservoirs de pétrole à Sidra et deux à Ras Lanouf étaient toujours en feu. Les deux ports, à l’arrêt depuis décembre 2014, ont la capacité combinée de chargerentre 35 et 40 % du pétrole brut exporté par la Libye.
Alors que les fumées des cinq terminaux en feu continuaient d’obscurcir le ciel de Sidra et de Ras Lanouf, où un attentat-suicide a également eu lieu tuant quatre personnes, un camion-citerne piégé a ravagé un centre de gardes-côtes de la commune de Zliten, à une cinquantaine de km à l’ouest de Misrata, tuant au moins 47 personnes.
L’attentat n’avait toujours pas été revendiqué jeudi après-midi mais le mode opératoire porte la signature de l’EI. Une telle frappe à l’ouest de Misrata pourrait indiquer que la métropole portuaire, qui constitue un verrou stratégique obstruant une possible avancée de ses combattants vers Tripoli, n’est pas à l’abri de l’EI. En s’attaquant ainsi en l’espace de quelques jours au croissant pétrolier comme aux environs de Misrata, l’EI semblesignifier que son ambition de se projeter à l’est comme à l’ouest à partir de son bastion de Syrte doit être prise au sérieux.
Si les attaques de l’EI sur Sidra et Ras Lanouf ont finalement été repoussées par la Garde des équipements pétroliers, la milice locale contrôlant le croissant pétrolier, les djihadistes semblent en effet avoir pris la localité de Ben Jawad, située 25 km à l’est de la dernière ville qu’il contrôlait dans cette zone, Nawfaliyah.
Cette nouvelle conquête marque une extension de la bande territoriale sous l’emprise de l’EI autour de son bastion de Syrte, soit une zone d’environ 250 km de longueur et de plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur. Cette série d’attaques relance l’inquiétude internationale autour des ambitions de l’EI en Libye, un pays qui pourrait offrir une base de repli à l’organisation djihadiste au moment où elle se trouve sévèrement touchée par la campagne de raids aériens en Syrie et en Irak.
« CHAQUE JOUR PERDU DANS LA MISE EN ŒUVRE DE L’ACCORD DE RÉCONCILIATION EST UN JOUR GAGNÉ POUR DAECH », A PRÉVENU MARTIN KOBLER, ENVOYÉ SPÉCIAL DE L’ONU POUR LA LIBYE
Ces événements ne font que conforter l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Martin Kobler, dans sa détermination à imposerla mise en œuvre de l’accord politique signé le 17 décembre à Skhirat (Maroc).
Réagissant mardi à l’attaque, M. Kobler a prévenu que « chaque jour perdu dans la mise en œuvre de l’accord est un jour gagné pour Daech ». L’accord prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale censé sceller la réconciliation entre les deux camps politico-militaires qui se combattent depuis l’été 2014.
D’un côté, la coalition bâtie autour du Parlement de Tobrouk élu en vertu d’un scrutin reconnu par la communauté internationale et où dominent des nationalistes, des anti-islamistes et d’ex-kadhafistes ; de l’autre, le Conseil général national (CGN) basé à Tripoli et contrôlé par les tenants de l’islam politique et les« révolutionnaires » se réclamant de l’héritage de l’antikadhafisme.
Pour l’heure, les « durs » des deux camps ont réussi à entraverl’entrée en application de l’accord et l’EI capitalise chaque jour davantage sur l’impasse politique qui se prolonge. Les Occidentaux sont impatients de voir un gouvernement d’union nationale se constituer afin de fournir un cadre juridique à une intervention militaire contre l’EI autour de Syrte.
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