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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Du « Black-Blanc-Beur » à la « race sociale » : la confusion s’épaissit chez les gauchistes gaulois

Du « Black-Blanc-Beur » à la « race sociale » : la confusion s’épaissit chez les gauchistes gaulois

vendredi 4 décembre 2015, par Yves

Coup de gueule face à des "débats" bien mal entamés....

Ce texte a été modifié le 4 décembre suite aux commentaires d’une camarade et le sera encore si je reçois d’autres critiques et demandes de précisions, YC.

Les origines françaises de la mode du concept de « race sociale »

Il était une époque (le début des années 80) où toute la gauche et une bonne partie de l’extrême gauche trouvaient « génial » et « branché » d’employer des nouveaux termes comme « Black, Blanc, Beur ». Une génération et quelques années plus tard, ces termes fondés sur des phénotypes, des caractéristiques physiques (évidentes aux yeux de tous sauf des gauchistes décérébrés), font partie du vocabulaire courant de tous, à droite comme à gauche. Du rappeur Saïdou au ministre de l’Intérieur Manuel Valls, d’Alain Finkielkraut à Houria Bouteldja, d’Alain Soral à Dieudonné, tout le monde politique et intellectuel utilise ces concepts, mais aussi les « citoyens ordinaires ».

La social-démocratie française, pleine de bonnes intentions multiculturalistes dans les années 80 et tant abhorrée aujourd’hui par les partisans de la pseudo théorie de la « race sociale » qui en sont les héritiers idéologiques, a en fait préparé le terrain. Elle a mâché le travail à tous ceux qui aujourd’hui nous expliquent benoîtement que le terme de « race sociale » ne serait absolument pas lié à des phénotypes ou à des caractéristiques physiques. Ce sont les mêmes qui aussitôt affirment que les « blancs » auraient des privilèges auxquels les « noirs » ou les « non blancs » n’auraient pas accès...

Le règne de l’incohérence

Ainsi Obama serait donc un « blanc » social ? et le chômeur lillois, depuis 5 générations, qui vote Marine Lepen serait un « noir » social ? le roi d’Arabie saoudite serait un « blanc » social et un « musulman » (donc un non-blanc social) et le routier lyonnais « de souche » un blanc « privilégié » mais aussi un non-blanc social (puisque prolétaire) ? Qui peut croire que de telles absurdités, de tels tours de passe-passe, nous aident à lutter contre l’exploitation et contre le racisme ?

Qui peut croire une seconde que reprendre à son compte des termes bien ancrés dans les mentalités les plus réactionnaires, utilisés sans complexes par les politiciens de droite et d’extrême droite, pourrait être innocent ?

Une telle légèreté est étonnante de la part de militants ou d’intellectuels tellement à cheval sur l’usage des mots. Leur conception complètement idéaliste, selon laquelle changer l’orthographe des mots en la « genrant » contribuerait à changer les mentalités (ils ignorent d’ailleurs que de nombreuses langues asiatiques ne connaissent pas de différence notable entre masculin et féminin et que cela n’a jamais rien changé aux rapports de domination des hommes sur les femmes.... cherchez l’erreur), ne s’applique mystérieusement plus à des termes connotés racistes depuis des siècles comme « noirs » et « blancs »....

Indifférents à la moindre cohérence théorique, les partisans de la prétendue théorie de la « race sociale » ajoutent, à la liste établie au départ par les intellectuels identitaires anglosaxons, les « musulmans » et les « roms » au catalogue des « non-blancs ».

La liste des « racisés » ressemble de plus en plus à un inventaire à la Prévert, car selon les sensibilités on peut y ajouter – en retrancher – toutes les sous-catégories que l’on veut... En effet, curieusement en France, jamais les prolétaires chinois, pakistanais, bengalis, etc. ne sont mentionnés par ceux qui évoquent la « racisation ». On se demande par quel miracle les prolétaires asiatiques vivant en France (« non blancs » eux aussi) échapperaient au racisme structurel ou au racisme tout court. Il suffit d’ailleurs d’écouter les blagues de certains comiques actuels pour constater que les Chinois en prennent plein la gueule sans que cela soulève la moindre protestation des antiracistes « décoloniaux »...

Toute cette gymnastique serait comique si, derrière ces manœuvres idéologiques, ne gisaient pas autant de problèmes non résolus d’un point de vue théorique et politique pour tous ceux qui prétendent changer radicalement la société.

a) SOS Racisme

En France, le multiculturalisme a eu un aspect sympa (en dehors du fait qu’il était financé par le PS au pouvoir, donc par l’Etat). Même les Indigènes de la République reconnaissent parfois, au détour d’une interview, qu’à une époque SOS Racisme a eu un aspect positif et éducatif. Et, de leur point de vue identitaire, ils ont raison : le Parti socialiste et ses associations satellites, ses intellectuels compagnons de route ou ses propagandistes stipendiés, ses médias complices (Libération en tête) ont transformé les qualifications purement raciales de « Black Blanc Beur » en étiquettes antiracistes dans l’esprit de nombreux jeunes révoltés par la propagande xénophobe du Front national et qui prenaient lentement conscience du racisme structurel français (terme à l’époque pratiquement inconnu puisque la gauche et l’extrême gauche ignoraient superbement ces phénomènes).

Le lavage des cerveaux a commencé par la petite main jaune de SOS, les concerts antiracistes géants, la propagande médiatique antiraciste mobilisant artistes, cinéastes, musiciens, comiques, etc. Et progressivement il est apparu parfaitement normal de qualifier les hommes et les femmes selon leurs... phénotypes.

b) De nouvelles niches dans le champ intellectuel

Parallèlement on a vu s’organiser une offensive dans le monde universitaire, qui après l’épuisement du structuralisme, a adopté les théories postmodernes (déconstruction, postcolonialisme, etc.). Cette offensive a pris le relais, au niveau théorique, de l’antiracisme gentillet et bisounours des années 80 qui a imprégné pas mal de monde, et ce bien au-delà des cercles militants. Les universitaires de gauche partisans de la déconstruction, dont les écrits étaient parfois tout aussi incompréhensibles que ceux des plus obscurs lacaniens des années 70, ont réussi à se donner une allure plus radicale en se reconnectant avec l’anti-impérialisme des années 50 et 60 et l’identitarisme plus musclé des Afro-Américains, que ce soit ceux du SNCC, des Black Panthers et d’une pléthore de mouvements nationalistes-culturels outre-Atlantique (qui sait, par exemple, en France que les Afro-Américains disposent aujourd’hui de leur propre fête de « Noël », sous le nom de Kwanza, devenue désormais une affaire commerciale juteuse et très « mainstream » alors qu’il s’agissait au départ d’une initiative très marquée par le nationalisme identitaire noir... ?).

c) Rap et islam new look

La culture rap et hip hop afro-américaine est apparue, elle aussi, comme « super sympa » aux yeux de la gauche et de l’extrême gauche françaises. Et ce d’autant plus que le rap « français » ne se construisait pas sur des bases mono-ethniques comme aux Etats-Unis mais pluri-ethniques. Cette nouvelle évolution musicale a contribué à dépasser les discours officiels multiculturalistes parfois assez intellos et éthérés, à leur donner un côté identitaire plus affirmé, plus dur aussi au niveau verbal, comme dans les pays anglosaxons, mais de façon subreptice et inconsciente. Ce nouveau facteur de la culture de masse a rendu le terme de « Black » absolument incontournable pour les jeunes, fussent-ils maghrébins, poussant évidemment ces derniers à s’inventer une nouvelle identité et à se définir eux-mêmes comme « rebeus ». La culture rap a pris la succession de SOS Racisme ou s’est mélangée à l’antiracisme de l’Etat-PS.

Dernière influence, le nouvel intérêt pour l’islam chez les jeunes générations, intérêt qui a rajouté encore une couche de confusion et de division identitaire chez les jeunes prolétaires – d’origine maghrébine ou pas d’ailleurs...

Désormais, les jeunes peuvent combiner antiracisme virulent et sympathique (en tout cas vivement encouragé par les médias de gauche), fascination pour l’esprit revendicatif des rappeurs (quelles que soient leur nationalité ou leurs origines, puisque le rap est devenu mondial) et plongée dans l’identitarisme religieux sous toutes ses formes (sectaire-religieuse, nationaliste ou plus politisée). Cette nouvelle quête identitaire leur est apparue d’autant plus justifiée que leur foi était maltraitée et méprisée en France par l’Etat et les médias ; cette situation de « communauté minoritaire » pouvait leur faire croire que l’islam était effectivement une religion de pauvres et d’opprimés, de « rebeus », terme quasiment synonyme de Français de seconde zone... et de troisième génération.

Les émeutes de 2005 et l’incapacité des politiques à y répondre par des mesures sociales radicales n’ont fait que confirmer et accélérer ces tendances diffuses, d’origines diverses, puisqu’elles combinaient les stratégies de l’élite politique socialiste et de la gauche intellectuelle multiculturaliste, celles des rappeurs révoltés en quête de reconnaissance médiatique et celles de jeunes chercheurs de gauche en quête de chaires à l’université et de places dans les médias et les maisons d’édition.

De nouvelles petites forces politiques identitaires (CRAN, PIR, CCIF, etc.) sont nées et leurs représentants les plus dotés de réseaux ont cherché à occuper le champ médiatique, avec un certain succès d’ailleurs. Les pseudo théories de la « race sociale », importées des Etats-Unis, ont donc utilement servi à ces carriéristes français pour consolider le travail de démolition multiculturaliste commencé par SOS Racisme et sa division des exploités en Blacks, Blancs, Beurs (BBB). On est passé du BBB au BNBMR, Blancs.Non-Blancs.Musulmans.Roms (jusqu’ici les courants identitaires de gauche ne se sont pas sérieusement investis dans la défense concrète des Roms, il s’agit juste pour eux d’une pose).

Le processus de justification idéologique du fractionnement identitaire des exploités selon des lignes raciales (sans guillemets) et religieuses est désormais bien au point en France, et il accompagne évidemment une évolution matérielle et sociale qui se manifeste à l’échelle de toute l’Europe. Evolution marquée par un individualisme croissant, une atomisation accélérée, une structuration de plus en plus éclatée des tâches dans les entreprises et à l’extérieur (diminution de la taille des unités de production, développement du télétravail et de l’auto-entreprenariat, informatisation, etc.) qui favorisent la renaissance des communautés imaginées, qu’elles soient régionales, religieuses (juives, chrétiennes et musulmanes) ou ethniques.

Une riposte à la fois pauvre, dogmatique et peu informée

Faute d’effectuer une nécessaire révolution mentale, et de remettre en cause leur incapacité historique à analyser à la fois les racines profondes du racisme, les politiques identitaires de gauche comme de droite dans le monde anglo-saxon (depuis déjà un demi-siècle quand même !), et l’influence multiséculaire néfaste des religions, certains anarchistes ou marxistes se sont tout à coup sont mis à traiter sur les réseaux sociaux tous les partisans, sincères ou pas, de la théorie bidon de la « race sociale » de « racistes ».

Ultime, radicale et ridicule erreur.

Ils confirment ainsi que ces défenseurs autoproclamés de « la classe » baignent encore dans le climat idéologique créé par la social-démocratie française des années 80... sans même s’en rendre compte. Ils croient qu’en traitant de « racistes » les partisans de la théorie néfaste de la « race sociale », en ne faisant pas l’effort d’étudier les origines de ces bricolages idéologiques, leurs succès et leurs avatars dans la gauche anglo-saxonne, en ne s’interrogeant pas sur les profondes transformations de la « force de travail » des pays capitalistes avancés, en ne se livrant à aucune autocritique sérieuse, ils pourront remporter la bataille politique acharnée qu’il va nous falloir mener contre ces prétendues évidences « sociales » reposant en fait sur des phénotypes et sur le « bon sens » lié à l’observation des différences physiques entre les êtres humains – traduire des « races » qui ont été si longtemps enseignées ou reconnues comme ayant des bases scientifiques et biologiques.

Origines positives du concept de race sociale et évolution négative actuelle

Les opposants à la théorie de la « race sociale » sont tout aussi peu sérieux que leurs partisans.

Les premiers, marxistes ou anarchistes, ont du mal à admettre qu’en 150 ans ils n’ont rien produit de vraiment utile pour comprendre et combattre spécifiquement le racisme... Les progrès dans la compréhension du racisme ont été réalisés par des militants tiers-mondistes et des universitaires le plus souvent extérieurs au champ militant. Cela devrait quand même poser question aux défenseurs de l’orthodoxie marxiste ou anarchiste.

De l’autre côté, chez les partisans de la théorie de la race sociale, et surtout chez les nouveaux convertis dans les milieux militants, règne une méconnaissance totale (volontaire ou involontaire) de l’histoire de cette notion...

Ses inventeurs voulaient seulement au départ montrer que les races étaient des constructions sociales et non scientifiques. En clair qu’elles n’existaient pas, qu’elles n’avaient pas de fondement biologique, génétique, etc. Ce qui est parfaitement juste. C’est d’ailleurs déjà ce qu’on trouve dans le colloque international organisé par l’Unesco qui réunit un panel de scientifiques pour définitivement démontrer la fausseté du racisme. Tous les partisans et les opposants à la pseudo théorie de la « race sociale » devraient commencer par lire « Le Racisme devant la science » publié chez Gallimard en 1960, il y a plus d’un demi-siècle.

C’est seulement après ce tournant international dans les sciences et les sciences sociales, que l’on peut dater du milieu des années 1950 que certains ont commencé à s’en servir comme un outil militant. Le seul problème est que l’on ne peut pas dire qu’une chose n’existe pas, qu’elle n’a aucun fondement scientifique (disons le Saint Esprit par exemple) et en même temps la décrire très précisément avec des termes physiques, car les notions de Blanc et de Noir ne sont pas des concepts comme prolétaires, bourgeois ou petit bourgeois.

Il est impossible d’identifier un membre d’une classe sociale à son aspect physique.... Même un prolo aux mains calleuses peut devenir un capitaliste. Un Blanc par contre ne deviendra jamais un Noir et vice versa.

Des notions comme celles de noir ou de blanc sont immédiatement perceptibles à la vue, d’autant plus si on les accompagne de la description de certains traits physiques, comme on le faisait encore il y a cinquante ans, y compris dans les manuels scolaires français-républicains-universalistes ; c’est pourquoi, si on les utilise dans un but militant, même avec les meilleures intentions, il est pratiquement impossible de se démarquer ensuite des préjugés communs même chez les braves gens antiracistes.

Cette interprétation devient encore plus douteuse (et là devient effectivement raciste) quand on s’oppose comme le PIR, mais comme aussi beaucoup de nationalistes noirs américains, africains, ou indiens d’Amérique latine, au métissage.... Là on passe bien dans le domaine du biologique, de la pureté de la race, déguisés en pureté de la culture, exactement comme l’extrême droite...

Il s’opère désormais à l’extrême gauche et chez certains anarchistes le même phénomène qui s’est opéré à l’extrême droite. Cette dernière n’ose plus utiliser les caractéristiques ou dénominations raciales (rappelons, à ce propos, les mots ignobles de Marx : « Ce négro-juif de Lassalle [...] ses cheveux le prouvent, il descend de nègres... (1) » ) et prétend désormais qu’il existe des différences culturelles fondamentales entre les peuples et donc que ces peuples ne doivent pas se mélanger pour mieux préserver leur originalité et leur spécificité.

L’extrême gauche, elle, s’est engagée sur le même terrain glissant avec son utilisation ridicule de la théorie des races sociales fondées sur... la couleur de la peau. Il est assez normal qu’elle en vienne comme le PIR à s’opposer au métissage au nom de la défense des cultures des ex-colonisés, des traditions nationales ou religieuses... On revient alors effectivement à des conceptions racistes cachées, même si ce n’est nullement l’intention des braves militants « blancs » qui se battent la coulpe de ne pas appartenir à la bonne « race sociale ».

Car quoi qu’ils en disent, c’est bien de cela qu’il s’agit dans l’imaginaire militant : la culpabilité de ne pas appartenir à la bonne « race sociale ». Cela rappelle furieusement les discours staliniens du XXe siècle ou anarchistes-ouvriéristes du XIXe siècle contre les « petits bourges » ou les « intellos » qui devraient faire amende honorable de leur origine sociale ou constamment prouver qu’ils ne sont pas en train de « trahir la classe ouvrière » dont leur organisation ou groupuscule défend les « intérêts historiques ».

Ces réserves une fois exprimées, si nous voulons contrer la diffusion néfaste des théories de la « race sociale », il va falloir se mettre sérieusement au boulot, camarades, et ne pas nous contenter de simples invectives !

Y.C., Ni patrie ni frontières, 3/12/2015, modifié le 4/12/2015

1. La citation complète de Marx est celle-ci : "J’’ai maintenant acquis la certitude, comme le prouvent la conformation de son crâne et la pousse de ses cheveux, qu’il descend des nègres qui se joignirent à Moïse lors de la traversée de l’Egypte (à moins que sa mère ou sa grand-mère n’aient eu des relations avec un nègre). Il est certain que ce mélange de Juif et d’Allemand avec la substance de base du nègre devait donner un curieux résultat. L’importunité du camarade est également typique du nègre."

Le jésuitisme des trotskistes du NPA dans leur revue "Contretemps" mérite une mention particulière et une citation complète tant leur hypocrisie est flagrante (et tant leur omission de la dimension antisémite de ce passage est révélatrice). Voici en effet ce qu’écrit Kevin Anderson :

« À une seule reprise cependant, il semble qu’il ait utilisé le mot en n, comme un terme péjoratif. On trouve cette occurrence dans une attaque contre l’attitude de Lassalle devant la guerre civile : dans une lettre à Engels du 30 Juillet 1862, il fait référence à la peau foncée de Lassalle (ce qui était pourtant aussi le cas de Marx lui-même) utilisant le mot en n, afin de dénoncer l’attitude condescendante de Lassalle devant la cause nordiste. »

Difficile de trouver plus de contre-vérités et de mensonges quand on a la citation de Marx sous les yeux. Et ce monsieur appelle pompeusement son article « Sur la dialectique de la race et de la classe. Les écrits de Marx sur la guerre civile, 150 ans plus tard »... (http://www.contretemps.eu/interventions/sur-dialectique-race-classe-%C3%A9crits-marx-sur-guerre-civile-150-ans-plus-tard)

Si la dialectique consiste à falsifier les citations de Marx, Anderson certainement est un fin dialecticien....

PS. Nous consacrerons en 2016 un numéro spécial aux "manip identitaires" de gauche et reviendrons sur ces questions plus en détail.

Nous essaierons notamment de montrer comment le concept de race aux Etats-Unis n’a JAMAIS rompu avec ses bases biologiques, y compris dans les statistiques démographiques, les quotas dans les universités et dans la fonction publique et jusque dans la mention sur les passeports et les formulaires administratifs.

Reprendre ce concept dans un pays comme la France qui n’a pas été structuré par l’esclavage (si l’on excepte bien sûr les Antilles) et toutes ses catégories et sous-catégories raciales, c’est donc vouloir introduire de force de pseudo concepts foireux, sous des prétextes sociologico-militants ; c’est donner une légitimité pseudo scientifique aux préjugés racistes qui eux ont toujours existé dans l’Hexagone.

Ce n’est pas un hasard si le terme de "métis" n’existe pas aux Etats-Unis, ou plus exactement s’il est souvent considéré comme une insulte car il met en avant des critères raciaux biologiques. Les Etats-Unis sont en effet le pays de la "règle d’une seule goutte de sang" (one drop rule) selon laquelle une personne aux phénotypes "caucasiens" est considérée comme noire si l’un de ses ascendants est noir... Tous les Etats du Sud (mais aussi certains Etats du Nord), après la guerre de Sécession, adoptèrent de telles lois pour justifier la ségrégation qu’ils pratiquaient dans tous les lieux et espaces publics et en exclure aussi les « Blancs d’apparence »... On est bien face à un racisme biologique qui conditionne les mentalités depuis trois siècles et qui conditionne aussi les luttes contre les discriminations en Amérique, puisque encore aujourd’hui un des arguments antiracistes aux Etats-Unis est de dire aux Blancs que 30% d’entre eux ont eu trois ancêtres noirs parmi leurs sexaïeuls (en remontant cinq générations).

Ce qui n’est pas le cas du tout en France où le métissage est valorisé depuis longtemps...

Considérer aussi les "musulmans" comme une "race sociale" c’est introduire une seconde équivoque tout aussi délétère. Qui sait qu’en Angleterre ou aux Etats-Unis par exemple le terme de "muslims" désigne dans le vocabulaire courant, y compris celui des gauchistes, les "Arabes" au sens le plus large (et le plus faux), et inclut donc les Turcs, les Berbères, les Iraniens, voire les Pakistanais et les Bengalis. Il s’agit donc là aussi d’un concept très vague qui mélange des références ethnobiologiques parfaitement assumées (puisque nous sommes dans des pays où les théories des races biologiques sont considérées comme admissibles), des références à des identités nationales et une assignation religieuse arbitraire et fantasmée, trahissant une xénophobie et une ignorance crasse.

Mais tout cela les partisans des « races sociales » n’en ont rien à faire tant ils sont persuadés de détenir le Saint Graal de la Vérité sur le racisme...

PPS. Ce texte a été écrit pour répondre d’un côté à certaines critiques "marxistes" ou anarchistes contre les "racialisateurs" et contre la Marche pour la dignité et contre le racisme du 31 octobre (déjà abordé icihttp://mondialisme.org/spip.php?article2369) et de l’autre à un texte d’un anarchiste paru sur LMSIhttp://lmsi.net/Vous-avez-dit-race-sociale.

Il va de pair avec un autre article

http://mondialisme.org/spip.php?article2370
"Modèles d’interprétation du racisme et conséquences politiques actuelles"

et avec

trois textes de la Ligue des ouvriers noirs reproduits ici qui avaient été publié par les Temps modernes

http://mondialisme.org/spip.php?article2

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