LA RÉVOLUTION Rencontre avec Yannis Youlountas, 2015 LA ROUTE DU SUD OUEST Jean-François Brient, 2014 QUE CRÈVE L'EXTRÈME GAUCHE DU CAPITAL ! Guerre de Classe, Juillet 2015 LA SOCIÉTÉ UNIDIMENSIONNELLE Herbert Marcuse, L'homme unidimensionnel (extraits) 1964 OUVRIER-ROBOT RÉVOLTÉ Extraits d'un entretien de Pièces et main d’œuvre avec Rémy, juin 2015 DE LA SERVITUDE MODERNE Jean-François Brient, 2007 (extraits) TROUBLE DANS LE NET Lukas Stella, avril 2015 L’OBSCURANTISME A TOUJOURS ÉTÉ LE MODE D'ÉCLAIRAGE DU POUVOIR Raoul Vaneigem, février 2015 DOUBLE CONTRAINTE EN FOLIE Lukas Stella, janvier 2015 LE NOUVEL ORDRE PSYCHIATIQUE Olivier Labouret (extrait) ATHÈNES SUR UN VOLCAN Yannis Youlountas, décembre 2014, membre de l’assemblée d’occupation de l’Ecole Polytechnique à Athènes LA COMMUNE LIBRE DE BARBACHA Matouf Tarlacrea, 2014 TANT QU'IL Y AURA DES BOUILLES... La ZAD de Sivens dans le Tarn, une expérience libertaire Yannis Youlountas LA CRISE PAYE Lukas Stella, octobre 2014 LA GRÈCE APPREND À SE PASSER DE L'ÉTAT Raoul Vaneigem, juillet 2014 LE POUVOIR COMME PERVERSION NARCISSIQUE Marie-France Hirigoyen (extraits) REFUSONS D’AMELIORER CE QUI NOUS ABÎME Des cheminots et des humains sans étiquette qui quelque soit ce qui arrivera, ne veulent plus être ce qu’on les force à ne pas devenir… AMEN TON PÈZE ! l’Église de la Très Sainte de la Consommation NE RÉPAREZ-PAS CE QUI VOUS DÉTRUIT, pamphlet pour une bonne vie Rédaction du magazine Streifzüge, Autriche, octobre 2013 ÉLOGE DE L'OISIVETÉ Bertrand Russell, 1935 (extraits) L’ESCROQUERIE DE LA DETTE Extraits de Plumedepresse et de Lukas Stella EXARCHEIA LA NOIRE, Au cœur de la Grèce qui résiste Yannis Youlountas, 2013 (Extraits) DE LA CONTAGION À L’ÉPIDÉMIE Lukas Stella, 2012 (Extrait) CONTROVERSE SUR LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE Lettre de Jean-Pierre Voyer à M. Bueno, 1998 (Extrait) COMMENT L'ÉLITE DIRIGE LE MONDE Karen Hudes employée de la Banque mondiale (Extraits) LA RICHESSE DES MILLIARDAIRES DU MONDE A DOUBLÉ DEPUIS 2009 Andre Damon, novembre 2013 L'ANARCHISTE OMAR AZIZ et l’auto-organisation dans la révolution syrienne Leila Shrooms, Tahrir-ICN, août 2013 (suivi de "Repose en victorieux", "Auto-organisation dans la révolution du peuple syrien", "Un anarchiste syrien conteste la vision binaire rebelle/régime de la résistance"). CHANGER LA VIE, OU LE PLUS DIFFICILE À IMAGINER Annie Le Brun, août 2012 (suivi de "Les aventurisques", juin 1968) JP MORGAN PRESCRIT LA DICTATURE EN EUROPE Stefan Steinberg, Mediapart juin 2013 SORTIR DE L'IMPASSE, pour un renouvellement du projet révolutionnaire Négatif, Bulletin irrégulier, Novembre 2012 Asservi, exploité puis crever dans la misère… ABOLISSONS L'ESCLAVAGE SALARIAL JBF, juillet 2013 A ROADMAP TO A JUST WORLD "Une feuille de route vers un monde juste, le peuple ranimant la démocratie", Discours de Noam Chomsky au DW Global Media Forum, Bonn, Allemagne, juin 2013 LA RÉVOLUTION DE L'ÊTRE PLUS QUE DE L'AVOIR Entretien avec Raoul Vaneigem, janvier 2013 LE TRAVAIL LIBÈRE-T-IL ? Hors service, feuille anarchiste, N° 36 (extrait), mai 2013 L'AUSTÉRITÉ SUR UNE ERREUR DE CALCUL, Inventin, avril 2013 QUAND L'OMISSION CRÉE L'ILLUSION, Lukas Stella, janvier 2013 CRITIQUE DE LA SOCIETÉ DE L’INDISTINCTION, L'internationale, janvier 2013 NIQUE LE PAPE, Paul, janvier 2013 PRÉSAGES D'IMPOSTEURS, Lukas Stella, décembre 2012 LE PROGRAMME DES "RÉJOUISSANCES" À VENIR, Paul, octobre 2012 NÉCROTECHNOLOGIE DE SYNTHÈSE, PMO, novembre 2012 LE MYTHE ÉCONOMIQUE COMME RÉALITÉ ILLUSOIRE Addenda à « L’invention de la crise », Lukas Stella, septembre 2012 N'ÊTES-VOUS QUE DES POIRES ? Raoul Vaneigem, septembre 2012 L'INVENTION DE LA CRISE, Daniel Durouchoux, Échanges, la revue des dirigeants financiers, Commentaire de Lukas Stella, juillet 2012 LE SIFFLET ENROUÉ, Harpo Grouchos, juillet 2012 SOCIALOS COLLABOS ! Lukas Stella, juillet 2012 PAR-DELÀ L'IMPOSSIBLE, Raoul Vaneigem, avril 2012 ÉCHEC DE L'ART, Emmanuelle K, 2012 QUEL MONDE ALLONS-NOUS LAISSER À NOS ENFANTS ? Raoul Vaneigem, mars 2012 ET PUIS APRÈS ? Paul, mars 2012 LA GRÈCE, BERCEAU D'UN AUTRE MONDE, Raoul Vaneigem et Yannis Youlountas, mars 2012 CHOISIR SON MAÎTRE N'EST PAS UNE LIBERTÉ, Lukas Stella, mars 2012 GUERRE OUVERTE, Lukas Stella, octobre 2011 LE MOUVEMENT DES OCCUPATIONS AUX ÉTATS-UNIS, Interview de Ken Knabb, novembre 2011 ENTRETIEN AVEC RAOUL VANEIGEM, Siné Mensuel N°2, octobre 2011 WALL STREET OCCUPÉ, #occupywallstreet, septembre 2011 L'EXCEPTION LIBYENNE, Jean-Pierre Filiu, Le Monde, août 2011 Dans la crise généralisée de la pourriture marchande, LE TERRORISME D'ÉTAT EST L'ARME DE GUERRE CENTRALE DU GOUVERNEMENT DU SPECTACLE MONDIAL, L'internationale, juillet 2011 POUR UNE NOUVELLE INTERNATIONALE, Message d’une insurgée grecque, décembre 2008 LETTRE OUVERTE DES TRAVAILLEURS D'ATHÈNES À SES ÉTUDIANTS, Des prolétaires, décembre 2008 L’ÉTAT N’EST PLUS RIEN, SOYONS TOUT (extraits) Raoul Vaneigem, juillet 2010 LES FACHISTES S'AFFICHENT EN SE CACHANT ! Le logo du FN est une copie conforme du logo du MSI. Les origines historiques du Front National, quelques extraits de "Fascisme et grand capital" de Daniel Guérin, de Guy Debord et de Raoul Vaneigem. LA MORT À PETITES DOSES PREND SON TEMPS Lukas Stella, mars 2011 TOURNANT INSURRECTIONNEL, À Londres comme partout, prenons l'offensive ! Guitoto, mars 2011 COLÈRE ET INDIGNATION, Communiqués CRIIRAD du 23 et 25 mars 2011 (extraits) COMMUNIQUÉS DE L'OBSERVATOIRE DU NUCLÉAIRE (extraits), mars 2011 MOHAMED SAÏL ANARCHISTE ALGÉRIEN (extraits) DÉGAGE ! Paul, février 2011 NOUS VOULONS VIVRE, Dan depuis la prison de la Santé, février 2011 DE TUNIS, UN VENT DE LIBERTÉ ENTREVUE AVEC UN ANARCHO-COMMUNISTE SUR LA PLACE DE LA LIBERTÉ AU CAIRE, février 2011 RÉVOLUTION EN TUNISIE, En avant ! En avant ! Parti Communiste-Ouvrier d’Iran ALGÉRIE, 5 suicides par le feu en 5 jours LA RÉVOLUTION MÉDITERRANÉENNE NE FAIT QUE COMMENCER, janvier 2011 Le régime de Ben Ali au bord de la rupture. Les biens de la famille du président Ben Ali attaqués et pillés. TUNISIE, les miliciens de Ben Ali font régner la terreur, Radio Kalima, janvier 2011 Massacre en Tunisie, plus de 80 morts - L'armée fraternise avec les manifestants... ALGÉRIE, La chasse aux jeunes est lancée. Un jour, bientôt, ils vous chasseront ! Yahia Bounouar Algerie emeutes 2011 STRATÉGIES À L'USAGE D'INVENTEURS D'INCROYANCES, Lukas Stella "Stratagèmes du changement", Chapitre VIII, 2008 (Paru aux Éditions Libertaires / Courtcicuit-diffusion, FNAC...) LE PIRE EST À VENIR, Paul, juillet 2010 COURTE ADRESSE A TOUS CEUX QUI SE FIGURENT ENCORE QUE L’ON POURRAIT GERER PLUS HUMAINEMENT LA MERDE CAPITALISTE AU LIEU DE LA SUPPRIMER ! Gustave Lefrançais, juillet 2010 AU SECOURS ! Dans la société française, 80% des gens normaux sont des malades mentaux, Paul, mai 2010 TRAVAILLER PLUS LONGTEMPS POUR PLUS DE CHÔMEURS, Lukas Stella, mai 2010 PANIQUE À BORD, Paul, mai 2010 GANGRÈNE DU SYSTÈME, Lukas Stella, mai 2010 SAUVE QUI PEUT, Paul, mars 2010 REFUSONS LE PIÈGE DE LA DETTE, Dominique Plihon, février 2010 Addendum inventin, Jean de Maillard, février 2010. CONSIDÉRATIONS SUR LA SITUATION IRANIENNE ET SES PERSPECTIVES RÉVOLUTIONNAIRES, Sinbad le marin, février 2010 PETITS ÉCHOS DE MODES, Paul, février 2010 CONVERSATION (extraits), Raoul Vaneigem, Septembre 2009 DIX FOIS PLUS DE PASSIONS, Claude GUILLON Sexpol N°5 du 15 octobre 1975 C'EST LA CATA ! Paul, décembre 2009 TACTIQUES OPÉRATIONNELLES, Lukas Stella, "Stratagèmes du changement", Chapitre VI, 2008 COUP TORDU, Paul, décembre 2009 CROYANCES OBJECTIVES, CAPACITÉS RÉDUITES, Lukas Stella "Stratagèmes du changement", Chapitre V, 2008 VOS PAPIERS ! Paul, novembre 2009 NOUS SOMMES LE MONDE EN DEVENIR, Lukas Stella, août 2009 IMPERCEPTIBLE CONDITIONNEMENT, Lukas Stella, "Stratagèmes du changement", Chapitre IV, août 2008 CRISE CHRONIQUE ET DURABLE, mais pas pour tous... Inventin, juin 2009 JETONS LES BOURGEOIS À LA TOMBE QU'ILS NOUS CREUSENT Rapaces, communication 187, mai 2009 APPEL À LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE, Raoul Vaneigem, avril 2009 TROIS PETITS COCHONS, PENDUS AU PLAFOND... Paul, mai 2009 FUTUR EN FAILLITE, RÊVE EN DÉRIVE, Lukas Stella, février 2009 LA FIN DES CERTITUDES, Ilya Prigogine (extraits) QUAND L'OBÉISSANCE EST DEVENUE IMPOSSIBLE, Emmanuelle K. (extraits) ULTIME LETTRE AU BARON PETDECHÈVRE de son ex-secrétaire au château de Saint-Magloire, Paul, février 2009 ENTRETIEN AVEC RAOUL VANEIGEM, 2008 MANIFESTE POUR UNE DÉSOBÉISSANCE GÉNÉRALE Sous-Comité décentralisé des gardes-barrières en alternance Emeutes en Algerie, 2011Petit dictateur, larbin des milliardaires, dégage ! NICOLÉON, Victor HUGO LE PRIX DU VENT, Paul, octobre 2008 CONFÉRENCE DE HEINZ VON FOERSTER (extrait) RIDEAU ! Paul, septembre 2008 SUR LA SÉMANTIQUE GÉNÉRALE, Kourilsky-Belliard, Edward T. Hall, Alfred Korzybski, A.E. van Vogt, Bernard Wolfe, Gregory Bateson (extraits) L'HOMME UNIDIMENSIONNEL, Herbert Marcuse, extraits de la préface, 1967 LA SOCIÉTÉ DEVIENT ELLE-MÊME CRIMINELLE Extrait d'un entretien avec le journaliste Denis Robert LE SPORT, DE LA PUBOLITIQUE TOXIQUE, Lukas Stella, 2008 LA BIODIVERSITÉ LOURDEMENT CONDAMNÉE, Raoul JACQUIN, 2008 JE SUIS UN DÉMOCRATE, JE SUIS UN CONNARD, Santiago Alba Rico, 2008 COMME UN TROUPEAU, Paul, février 2008 OU EST PASSÉ LE TROU DE LA SÉCU ? Inventin 2008 ÉCRAN DE FUMÉE SUR POLLUTION, Lukas Stella, 2006 DES BERGÈRES ET DES BERGER OPPOSÉS À LA MÉCANISATION DE LA VIE, 2007 PRIVILÈGES DES LARBINS, Inventin, 2007 COUP DE FIL EN PLEINE GUEULE, Inventin, 2007 SANS RÉSISTANCE NI DÉPENDANCE Jules Henry et Léon Léger, Les hommes se droguent, L’état se renforce, 1974 (Extraits) PLUS MARIONNETTE QUE DICTATEUR, Lukas Stella, 2007 NOUVELLE LETTRE DU BARON PETDECHEVRE Jehan-Godefroid-Adalbert-Carolus-Vladimir, Nanterre, 22 mars 2008 UN PARTI CHASSE L'AUTRE, Inventin, 2007 LE GRAND SECRET, Paul, 2007 LA FONCTION DE L'ORGASME (extrait de l'introduction), Wilhelm Reich, 1945 LA MASSE CACHÉE, Lukas Stella, 2007 SURENCHÈRES SÉCURITAIRES, Raoul Vaneigem, 2004 DRAGONS ET DONJONS, Paul, 2007 STRATÉGIE DU CHANGEMENT, Lukas Stella, 2006 L'ÉCOLOGIE, Guy Debord (citations) DANS L'ANGLE MORT DE L'ÉCONOMIE SPECTACLE, Inventin, 2006 GUY DEBORD, Préface à la quatrième édition italienne de "La société du spectacle", 1979 (Extrait) ERWIN SCHRÖDINGER (Extraits) ALBERT EINSTEIN, Lettre à Schrödinger, 1935 HEINZ VON FOERSTER, Stratégie de la thérapie brève, 1990 (Extraits) QUELQUES PAS DE PLUS VERS UNE ÉCOLOGIE DE L'ESPRIT Gregory Bateson (Extraits) L'ARBRE DE LA CONNAISSANCE, Humberto Maturana, Francisco Valera, 1994 (Extraits) LE CRÉPUSCULE DES FARCEURS, Paul, 2006 GRAFFITI ANTI-CPE, Février-avril 2006 APPEL ANONYME, sur Indymédia Marseille, mars 2006 LE CPE EST MORT, L'ARNAQUE A BIEN MARCHÉ ! Inventin, 2006 POUR UNE POIGNÉE DE SALOPARDS, Lukas Stella, 2006 LA DÉMOCRATIE SERA GLOBALE, OU NE SERA PAS, Paul, 2003 JEUNESSE EN PÉRIL, Paul, 2004 AU-DELÀ DE LA CULTURE, Edward T. Hall, 1979 (Extraits) NI DIEU NI DARWIN, Alawa, 2005 DÉPHASAGE, La machine à réduire, Lukas Stella (extrait de la brochure "Abordages informatiques"), 2002 DE L'ORIGINE DES ESPÈCES PAR VOIE DE LA DÉRIVE NATURELLE Humberto Maturana, Jorge Mpodozis, 1992 (extraits) LE RÊVE DE LA RÉALITÉ Heinz Von Foerster et le constructivisme Lynn Segal, 1988 (Extraits) LE RETOUR DU GRAND MÉCHANT LOUP, Paul, 2006 JOURNAL IMAGINAIRE, Raoul Vaneigem, 2006 (Extraits) DU VERT À TOUS LES ÉTAGES, introduction à la critique de l’écologie politique, Paul, 2004 mai 68 __________________________ LA RÉVOLUTION Rencontre avec Yannis Youlountas Le Monde Libertaire : L’anarchie à l’épreuve du réel, tu as pu la voir sur tous les terrains de lutte où tu t’es rendu ces dernières années. Qu’est-ce que cela implique selon toi, d’agir concrètement pour l’anarchie ? Yannis Youlountas : L’anarchie à l’épreuve du réel pose deux problèmes à distinguer. Tout d’abord, la façon dont on intervient concrètement sur le terrain, en testant et en complétant notre boîte à outils théorique. C’est une réinvention permanente et une consolidation indispensable, au plus près de la vie qui souffre et s’insurge. C’est ce qui fait de l’anarchie une utopie en mouvement plus que jamais actuelle et porteuse d’avenir pour sortir de l’impasse mortifère du capitalisme, du productivisme et du hiérarchisme. L’autre problème de l’anarchie à l’épreuve du réel me semble dans sa rencontre avec les personnes qui la méconnaissent et, en particulier, sa confrontation avec celles qui partagent un autre point de vue, utilisent des outils parfois différents des nôtres et qui, bien souvent, n’ont tout simplement pas traversé le même type d’itinéraire que celui qui nous a conduit à plus de radicalité sur la question du pouvoir. Croyants, votants, réformistes, partisans de la non-violence absolue ou, à l’inverse, d’une violence révolutionnaire sans limite : les positions comme les nuances sont infinies. Sur le front des luttes, nous sommes fréquemment entourés de personnes qui, pour la plupart, ne sont pas sur la même longueur d’ondes, bien qu’actives, généreuses ou déterminées dans un projet commun. Ce qui pose le problème des limites de notre acceptation d’autrui et réciproquement. Où les poser ? De quelle façon ? Et que signifie une limite ? Comment ne pas tomber dans la compromission et le fourvoiement, ni, à l’inverse, basculer dans le sectarisme et le clanisme d’une énième avant-garde éclairée ? Bien sûr, je ne nie pas la nécessité de se regrouper par affinités, mais je regrette certaines formes de frilosité et, en particulier, la tentation de rester sagement entre nous en attendant que tous les autres se rendent compte spontanément, un beau jour, de leurs erreurs passées et nous rejoignent miraculeusement. D’une part, c’est stérile parce que ça nous maintient dans une marginalité dont s’amuse le pouvoir. Et, d’autre part, c’est en totale contradiction avec les projets d’éducation populaire et de lutte aux côtés des plus démunis contenus dans la pensée anarchiste. Combien de nos compagnons libertaires, aussi dévoués et sumpathiques soient-ils, reproduisent sans s’en rendre compte des comportements élitistes, hautains, parfois même intolérants et malveillants à l’écart de certaines luttes et initiatives pas ou peu orthodoxes. Non contents de s’exclure du reste du “mouvement social”, ils vont parfois jusqu’à se déchirer entre eux pour savoir qui “pisse le plus noir”. Pourtant, à quoi peut bien servir un petit club anonyme de trois personnes qui détient l’absolue vérité anarchiste et qui propose brutalement la conversion ou l’ostracisme à tous ceux qui s’en approchent ? On ne peut pas cultiver le jardin de l’utopie sans se salir les mains, expérimenter et oser prendre le risque de faire des erreurs. ML : Est-ce que c’est forcément du sectarisme ? On peut juger, par exemple, les "initiatives en acte", amaps et autres scop, plus destructrices que bénéfiques dans l’optique d’une révolution libertaire, parce qu’elles sont trop bien digérées par le capitalisme ou les courants non-libertaires qui les vident de leur sens. Y.Y. Mettre la pensée libertaire à l’épreuve du réel, c’est prendre en compte que ledit réel dans lequel nous agissons reste, malheureusement, une parcelle du vieux monde, ce qui rend bien difficiles les créations d’alternatives. Autrement dit, le nouveau monde que nous désirons ne pourra pas pleinement s’établir tant qu’il sera bridé par les conditions matérielles et symboliques de l’ancien monde : la propriété, le rapport à l’argent, les contraintes bureaucratiques, les rapports de domination, toutes les cultures sous-jacentes dans ces domaines, les répétitions qu’on produit, les harcèlements qu’on subit. Il est donc difficile de désobéir à tout, partout, tout le temps. C’est précisément pourquoi on ne pourra pas changer le monde uniquement en se changeant soi-même, contrairement à ce qu’affirment des proverbes naïfs, ni même au creux d'une communauté qui n'en reste pas moins exposée, où qu'elle soit, au bon vouloir des dirigeants du vieux monde et de leurs valets. Un rapport de force est également nécessaire avec eux. On ne peut pas faire sans défaire. La transformation me semble indispensable sur les deux plans à la fois : agir sur soi et autour de soi, mais aussi agir plus globalement sur tous les cadres qui nous aliènent et nous oppriment. Cependant, être lucide n’empêche pas d’être indulgent. N’oublions pas que la capacité à désobéir n’est pas seulement le fruit de notre expérience, mais aussi de notre environnement, des situations, et qu’il faut parfois plus de temps à certains qu’à d’autres, dans tous les chantiers de la vie. Les projets communs du genre Sels ou Amaps sont surtout l’occasion d’aller à la rencontre de personnes différentes et d’échanger avec elles. On n’y construit pas un monde nouveau, mais on essaie modestement de l’imaginer ou, au moins, de décoloniser une partie de l’imaginaire préfabriqué. Ces projets ne sont pas révolutionnaires, mais ils créent, même modestement, les conditions nécessaires à cette remise en question qui seule peut permettre d’ouvrir des perspectives révolutionnaires. Car c’est quoi la révolution ? Définir ce qu’on entend par révolution et comment on désire la faire est encore une mise à l’épreuve du réel de la pensée libertaire, par-delà les formules galvaudées, car cela nous rappelle qu’on doit partir du monde et de ses habitants tels qu’ils sont, et non pas seulement tels qu’on les désire. ML : De notre côté, on a l’impression que la révolution a déjà commencé en Grèce. Tout cela évidemment dans le plus grand silence médiatique : sur les récents événements de décembre, nous n’avons eu, au moment où cela se passait, quasiment aucun écho. Ce n’est qu’après coup qu’on a lu des entrefilets où se disait que « les émeutes s’étaient calmées ». Comment analyses-tu ce qui s’y passe ? Y.Y. Ce que j’observe en Grèce me paraît plus, pour l’instant, un phénomène de transition qu’un phénomène révolutionnaire à proprement parler. Mais l'un peut mener à l'autre très rapidement. Le point de basculement n'est peut-être pas très loin. Chaque semaine, les initiatives se multiplient, tantôt pour survivre, tantôt pour défier le pouvoir. Les rapports de force se répètent, notamment dans la rue : des occupations et des manifestations, pas toujours très denses mais néanmoins régulières et intenses, parfois marquées par des conquêtes. Par exemple, le récent soulèvement de décembre a permis à Nikos Romanos, qui était en grève de la faim depuis 31 jours en prison, de poursuivre ses études1. Cette transition se situe surtout au niveau de l’imaginaire social : la désillusion à l’égard du pouvoir, dont le masque est enfin tombé aux yeux de beaucoup, favorise la décolonisation de l’imaginaire au sujet dudit pouvoir et balaie tous les présupposés distillés dans l’éducation, l'information et la tradition. Même s'il est très difficile de mesurer l'ampleur du phénomène, cela me semble présager d’une possibilité révolutionnaire dans les temps qui viennent. On n'est peut-être pas loin d’une révolution en Grèce, mais, comme je le disais dans mon texte Athènes sur un volcan2, c’est uniquement à certaines conditions et il reste encore des points d’interrogation pour savoir jusqu’où ça ira. ML : Tu vas régulièrement en Espagne, notamment en Andalousie et en Catalogne. As-tu remarqué de grandes différences ? Y.Y. J'ai l'impression qu'en Espagne, on se situe beaucoup plus, actuellement, dans la lutte pour la survie, bien que la chute des revenus, salaires comme retraites, soit moins vertigineuse qu'en Grèce. Notamment parce que le nombre d'expulsions quotidiennes (plus de 150 par jour) est plus important en Espagne qu'en Grèce, toute proportion gardée. Pareil pour le nombre de suicides, souvent liés à ces expulsions, parfois spectaculaires et choquants pour le reste de la population. Je ne connais pas en Grèce de mouvement d'occupation aussi populaire et massif que celui de Sanlúcar, au sud de l'Espagne. Dans cette petite ville d'Andalousie, 150 familles expulsées de leur domicile (à cause de la forte hausse des crédits immobiliers à taux flottants) ont choisi de s'organiser et d'occuper 16 immeubles, vides depuis 7 ans, qui appartiennent à l'une des principales banques d'Espagne. Là-bas, ce sont principalement des femmes, parfois avec des enfants dans les bras, qui font barrage aux huissiers et aux policiers, et qui médiatisent l'affaire pour gagner le soutien de l'opinion publique, ce qui commence à réussir en Espagne. Les solidarités s'étendent également à d'autres domaines. Il y a quelques mois, à Barcelone, des pelleteuses sous escorte policière ont détruit une partie de Can Vies, un célèbre squat libertaire qui était occupé depuis 17 ans. Plusieurs nuits d'émeutes ont suivi dans le centre de Barcelone. Cependant, ce qui a le plus marqué les esprits et étendu la solidarité, c'est le chantier de reconstruction immédiate qui a rassemblé quotidiennement des centaines de personnes de tous âges du quartier et des alentours (au total plusieurs milliers ont participé, dont des enfants parfois très jeunes) formant une chaîne humaine pour sortir les gravats, les trier, les retailler et reconstruire aussitôt. Ces luttes ont pour points communs d'être simples, ancrées dans une réalité immédiate et puissantes symboliquement. Ce n'est pas l'idéologie qui est présente au premier plan, mais la nécessité, la dignité et la solidarité. L’action directe des anarchistes s'y déploie souvent en synergie avec d’autres personnes et mouvements pas toujours libertaires. Par exemple, à Sanlúcar, j’ai vu les anarcho-syndicalistes de la CNT-AIT soutenir les occupations aux côtés des marxistes autogestionnaires du SAT, le syndicat andalou des travailleurs, connu pour ses positions séparatistes et ses coups d'éclats médiatiques, notamment avec la participation de Diego Cañamero, emprisonné plus de 50 fois. Il s'agit aussi et surtout de luttes ciblées qui portent presque exclusivement sur la question sociale et la défense des conditions d’existence, et beaucoup moins sur la remise en cause du pouvoir, qui pourtant a été centrale dans le mouvement des indignés, mais qui s'est finalement essoufflée, justement parce qu'elle n'est pas allée jusqu’à sa logique ultime : l'abolition pure et simple du pouvoir et, par conséquent, le débat sur les moyens pour y parvenir. En Grèce par contre, cette question du pouvoir me paraît plus électrique, brûlante, explosive. Elle s'intensifie ici ou là, selon les circonstances. Elle revient, repart, se réveille, sans qu’on sache où cette palpitation intense va mener. C’est pour ça que j’ai comparé la Grèce à un volcan. On sent que la terre tremble, on observe régulièrement des flammes et des cendres, on entend la colère partout, mais on ne peut pas savoir si une grande éruption va avoir lieu. ML : Et la France, dans tout ça ? Y.Y. La grande différence avec la Grèce et l'Espagne, c'est surtout le niveau des revenus et la présence de minimas sociaux qui permettent à l'État de domestiquer et de contrôler la misère, chose rare ou inexistante au Sud. C'est pourquoi, les terrains de luttes les plus mobilisateurs en France sont les ZAD, dont les préoccupations sont en premier lieu écologiques. Au Testet comme à Notre-Dame-des-Landes, le dénominateur commun, le point de compatibilité qui relie chacun des luttants, c'est la défense de l'environnement. Ce n’est que progressivement que s'est mise en place, sur le terrain et dans l’organisation de la lutte, une réflexion plus profonde sur la démocratie et la suppression éventuelle du pouvoir, comme l'a confirmé la création d'un second collectif au Testet3, sans hiérarchie ni porte-parole, et comme c’est également le cas sur une partie de Notre-Dame-des-Landes. Durant les semaines où j'ai vécu sur la ZAD du Testet, j'ai pu vérifier qu'il y avait d'un côté les occupants, pour la plupart anarchistes ou antiautoritaires, et tous les autres, militants de passage ou à distance, familles entières venant en soutien par centaines durant les fêtes du dimanche, dont le principal point commun n’était pas le refus du pouvoir, mais uniquement l'usage, bon ou mauvais selon eux, qui en était fait. Les premières discussions montraient souvent l'ampleur de la décolonisation de l'imaginaire à accomplir. A la différence des Zadistes4, beaucoup des nombreux visiteurs se fichaient complètement d’avoir un président et un premier ministre, un président du conseil général ou un maire. De toutes façons, il ne pouvait pas en être autrement. C'était une évidence. Les échanges se limitaient donc à la façon dont le pouvoir s’exerce et à l'urgence de réformer certaines lois ou leurs conditions d'applications. Beaucoup réduisaient même tout ça à des problèmes de personnes : certains de nos chefs n'étant simplement pas de bons chefs. Comme si le problème du Testet venait uniquement du problème Carcenac, le président du Conseil général du Tarn, maître d'œuvre têtu, hautain et autoritaire. Heureusement, nos rencontres, luttes et créations ont provoqué par la suite des prises de conscience. ML : Tu penses que ces différences témoignent de niveaux de conscience différents ? Y.Y. Absolument. Combattre le productivisme sans combattre le capitalisme ou proclamer l'égalité sans remettre en question le hiérarchisme relève de la même naïveté. Mais les idées reçues continuent à défier la logique aussi durablement que la pensée n'est pas examinée. Sauf quand il s'agit de mauvaise foi, c'est-à-dire quand l'intérêt produit l'opinion. L'intérêt de classe notamment. C'est ce qu'on essaie d'expliquer aux gens sur les différents terrains de lutte, au moyen de débats, chansons, graffitis, articles, films et toutes sortes d'initiatives. Par exemple, faire venir Noël Godin, Raoul Vaneigem, Sergio Ghirardi ou l'Église de la Très Sainte Consommation sur la ZAD du Testet durant la semaine Grozad, c'était exactement dans ce but : faire de l'éducation populaire, bousculer les idées reçues et ouvrir des perspectives de réflexion pour aller plus loin, tout en remontant le moral des occupants et en attirant également du monde de l'extérieur, sans oublier d'aller à la rencontre des lycéens qui faisaient la grève pour nous soutenir, devant leur bahut. L'imaginaire est le carburant du désir, c'est-à-dire de la capacité à se projeter, qui à son tour produit la volonté, la ténacité, le courage et la joie de lutter et de s'émanciper. C'est l'antidote contre la résignation. Sans décoloniser et élargir son imaginaire, on ne choisit pas, ou en apparence seulement : on subit, en spectateur de sa vie et du monde. On reste assis, donc à genoux, esclaves modernes d'un pouvoir qu'il nous revient de désacraliser. Parce que nos chaînes sont d'abord dans nos têtes. Les anarchistes, dans leur radicalité, proposent d'aller à "la racine" du problème, de remonter à "la cause des causes", formule malheureusement récupérée par des gourous confusionnistes qui veulent nous faire croire que Le Pen ou Soral sont des résistants et qu'il suffirait de tirer au sort nos chefs au lieu de les élire pour être libres. Alors que nous prétendons, au contraire, que c'est le pouvoir qui corrompt, quel qu'il soit et d'où qu'il vienne, et que le hasard ne fait rien à l'affaire : quand on est chef, on est chef. Si les libertaires ne veulent pas que des imposteurs maniant le verbe et la souris se prévalent de nos idées pour les mélanger à n'importe quoi et en faire des contresens, il est urgent d'agir directement, à l'épreuve du réel, en descendant dans les catacombes enfumées de la société, mais aussi en étant plus présents sur internet. Face aux virus de la confusion, c'est à nous d'être les rétrovirus du choix sibyllin qui se présente à nous : soit continuer à nous soumettre dans la servitude volontaire à un pouvoir toujours plus répressif, soit nous préparer à reprendre nos vies en main, tout en rejetant les fabriques de boucs-émissaires et leurs collaborateurs. En Grèce, cette lutte contre la confusion est, depuis longtemps, l'une de nos priorités, au sein du "mouvement social" par-delà les divergences politiques. L'antifascisme n'est pas devenu un mot péjoratif comme en France, bien au contraire. Il est indissociable de l'anticapitalisme. Notamment, en dévoilant le rôle supplétif du fascisme au service du capitalisme qui l'instrumentalise pour se maintenir au pouvoir, comme l'histoire l'a montré en Grèce et ailleurs. Outre l'amplitude de l'action directe antifasciste en Grèce, le dénominateur commun des luttes, là-bas, ne me semble ni la préoccupation écologique ni même sociale (contrairement aux ZAD en France et aux occupations habitables en Espagne), mais plutôt la question du pouvoir qui témoigne d'un profond ras-le-bol et d'une immense corruption. D'autant plus que le gouvernement grec est carrément une coalition PS-droite depuis 4 ans, à la différence des exemples espagnols et français où les mêmes jumeaux politiques jouent encore le spectacle de l'alternance perpétuelle. L'exemple le plus éclatant est bien sûr dans le quartier d'Exarcheia à Athènes, où tous les membres de collectifs ne sont pas forcément du même avis sur la façon de construire un projet de société qui permettrait de vivre autrement, mais où, néanmoins, tout le monde s’accorde sans ambiguïté sur le fait que l’important désormais, c’est de ne plus obéir qu’à nous-mêmes et de refuser d’accepter plus longtemps de baisser la tête, dans la recherche d'une façon de vivre plus autogestionnaire, égalitaire et libertaire. En France, ce "dénominateur commun" des luttes, que ce soit sur des fronts de combat multicolores comme au Testet ou dans des expérimentations alternatives souvent superficielles, est rarement la question du pouvoir, tout au moins pas d’emblée, hélas pour les anarchistes. Dès lors, à chaque fois, la question se pose : participer ou pas ? Et si oui, de quelle façon ? Le plus court chemin vers l’utopie n'est pas de tourner en rond dans son coin en attendant le grand soir ou l'aube noire, mais de faire autant de pas que possible vers elle, au rythme d'une société minée de longue date par un passif monstrueux, stupide, inégalitaire et liberticide. Il n'y a pas de miracle. La décolonisation de l'imaginaire social ne tombera pas du ciel. Elle n'interviendra qu'au fur et à mesure de la découverte, du désir et de la réflexion, en progressant vers l'utopie et en savourant les avancées qu'elle procure. De même, nous ne changerons pas le monde uniquement au moyen de petits groupes aussi éclairés soient-ils. Bien sûr, certains épisodes révolutionnaires ont été déclenchés par une poignée de personnes aux rôles décisifs. Mais que sont devenus ces grands moments historiques ? Ce qui a fait échouer chaque révolution n'est pas seulement la contre-révolution aussitôt lancée contre elle, mais aussi, plus profondément, la faiblesse de l'imaginaire social, distillé et institué au bon vouloir des puissants qui n'ont eu aucun mal, par conséquent, à éradiquer "la canaille" en levant aisément des troupes réactionnaires et assassines, puis, plus récemment, un cortège d'électeurs effrayés en juin 1968. Un fruit qui n'arrive pas à maturité ne peut être que stérile. Toute révolution qui devance trop largement l'imaginaire social est condamnée à échouer, sinon dans les premiers jours, du moins dans les suivants. Par conséquent, cela suppose que préparer la révolution, c'est d'abord contribuer aux mouvements sociaux, parmi les gens qui en ont assez ou qui rêvent d’autre chose. On ne perd pas son "identité libertaire" parce qu’on va à la rencontre de "voisins politiques" avec lesquels on diffère sur un ou plusieurs sujets majeurs. De surcroît, si on désire un horizon véritablement démocratique au sens libertaire du terme, il est nécessaire de faire preuve de vigilance, mais aussi d'ouverture et d’écoute. Il est, par exemple, intéressant d'entendre les doutes et les réserves qu’expriment les gens qui s'intéressent à l'anarchie et de pouvoir y répondre. Par exemple, quand je présente Ne vivons plus comme des esclaves dans des associations comme Attac ou d’autres associations proches de la gauche critique, de l'écologie ou de l’altermondialisme, je découvre, d'une part, beaucoup de choses intéressantes même si je ne partage pas certains points de vue et, d'autre part, je peux mesurer le chemin qui reste à parcourir avant d’oser plus radicalement changer le cours des choses et les bases de la société. Je peux également vérifier à quels points certaines choses que nous proposons séduisent de plus en plus des gens qui croyaient autrefois que l'anarchie ne pouvait mener qu'au désordre arbitraire et au chacun pour soi. Dans ce genre de circonstances, par exemple, il m'arrive de faire observer que la devise "Liberté, Égalité, Fraternité", pure abstraction républicaine clouée froidement aux frontispices des monuments publics, devient enfin concrète et agissante dans l'utopie libertaire, au point de la résumer parfaitement. ML : La fraternité serait donc une composante de la solution ultime pour faire aboutir nos luttes ? Y.Y. L’anarchie commence par la lettre A, tout comme son synonyme : l’amour. Être anarchiste, c'est faire le pari de l'humain. C'est ne pas céder à la résignation et se dire qu'on mérite tous mieux que la vie dans laquelle on se fourvoie trop souvent, et dans laquelle beaucoup étouffent, souffrent, renient leur capacité à choisir leur pensée et leurs actes. Être anarchiste c'est exiger les conditions de liberté et d'égalité sans lesquelles il n'y a pas de fraternité possible. Être anarchiste, c'est se dire qu'on ne détient pas plus la vérité qu'un autre, mais pas moins non plus, et que l'échange d'égal à égal est donc nécessaire, dans le respect mutuel. Être anarchiste, c’est essayer de construire une société basée sur la vision la plus aimante qui soit de l’humain. C’est reconnaître ce dernier à la fois en tant qu’individu unique et en tant que membre de la communauté humaine universelle. C'est pourquoi, la démonstration est à faire. Nous devons montrer autour de nous, dans l’action directe, dans notre rapport au réel, ce que c’est qu’être anarchiste, c’est-à-dire ce que c’est que penser un projet qui vise et propose parmi ses bases la fraternité. Il ne s'agit pas, bien sûr, de réduire l'anarchie à l'idéal hippie et à son fameux "peace and love". Car dans l’amour, il peut y avoir aussi de la violence. La violence, étymologiquement, n’est rien d'autre que la force de vie (la violence s'écrit "bia" en grec et se prononce "via"). Pareil au niveau des idées : la confrontation, le débat et même le conflit sont des temps parfois nécessaires pour construire un monde commun. ML : Certains anarchistes te semblent-ils parfois dans une démarche un peu trop brutale, voire hautaine vis à vis des gens qui pourraient s’intéresser à ce qu’on a à leur proposer ? Y.Y. Oui, c'est dommage. Peut-être parce qu'ils ne distinguent pas assez l'attitude qui convient face au pouvoir et celle à privilégier aux côtés des opprimés même s'ils nous exaspèrent parfois. Quand je vais sur des territoires en lutte où les gens ont un niveau de culture politique relativement limité et, en particulier, toutes sortes de préjugés sur l’anarchie, il ne suffit pas de citer Bakounine ou Louise Michel et de parler de liberté ou d’égalité pour les convaincre. Il faut surtout leur montrer ce qu’est l’anarchie dans notre façon d’être à l’écoute, d’accepter les différences et de faire de la propagande par l’exemple. Non pas de la propagande au sens que nous serions parfaits, mais en montrant simplement que nous savons faire preuve d’amour, c’est-à-dire en l’occurrence de fraternité, dans un monde qui en manque terriblement, de même que nous sommes capables de mordre, de lutter et de créer obstinément. ML : Tu parles d’acceptation de la violence. Ce point cristallise l'une des causes de division des mouvements libertaires. Au regard de ce que tu as pu voir en Grèce, en Espagne et en France, quel constat peux-tu faire sur les moyens de lutte choisis ? Y.Y. Tout d'abord, n’oublions pas que la violence n'est jamais une fin en soi pour les anarchistes, en Grèce comme ailleurs. Ce débat sur la violence ne concerne que les moyens de sortir de la situation actuelle, c'est-à-dire de mettre fin à des rapports de domination particulièrement violents et meurtriers à tous les niveaux, depuis la violence institutionnelle de l'État qui perpétue et défend arme au poing un ordre social au service des plus riches, jusqu'aux violences quotidiennes générées par le machisme, le racisme, l'homophobie et l'anthropocentrisme. Si certains considèrent vraiment la violence comme une fin en soi, c’est-à-dire s'ils souhaitent une société violente, dans ce cas-là, effectivement, ils n’ont rien à faire avec nous, puisqu'il s'agirait par conséquent d'une société autoritaire voire fasciste. Par contre, deux questions agitent partout le débat sur la violence parmi les moyens de lutter. D'abord, la violence est-elle légitime ? Ensuite, est-elle efficace ? La première question se pose beaucoup moins en Grèce qu'en France. La légitimité de recourir à des moyens violents pour détruire un rapport de force inégalitaire qui est extrêmement violent et dévastateur ne souffre d'aucune hésitation pour la plupart des compagnons d'Héraklion à Thessalonique. Il s'agit de légitime défense, tout simplement. Par contre, il y a débat quant à l'efficacité de cette option. Durant les années 2000, le mouvement antiautoritaire (AK), composé d'anarchistes et d'antiautoritaires a parfois utilisé la violence, puis il a choisi d'y renoncer. Certains mouvements anarchistes en Grèce ne se gênent pas pour continuer à battre le pavé avec des sacs entiers de cocktails Molotov et d'éclats de marbre, pendant que des groupuscules caressent même l'espoir d'atteindre physiquement les hauts-responsables. A l'inverse, d'autres groupes libertaires refusent toute forme de violence, mais usent souvent de violences verbales quand il s'agit de qualifier leurs homologues de hooligans et de sous-estimer exagérément leur nombre et leur impact durant les nuits d'émeutes à Exarcheia ou ailleurs. Car même chez les non-violents, il existe des rapports de force et des coups en douce dignes de ceux qu'ils prétendent infréquentables. Bref, la violence divise parfois, mais heureusement assez peu. Car on ne sait jamais, en réalité, ce qui va faire changer le cours des choses. Chacun s’exerce, agit là où il peut, selon ses convictions, et cherche le point de rupture qui va peut-être faire basculer une situation. On peut observer, par exemple, que sur le Testet, c’est finalement suite à un rapport de force violent que la situation a été retournée et que les travaux ont été suspendus sine die. Plus précisément, c’est parce qu’il y a eu des combats plus intenses qu’à l’accoutumée5, avec des conséquences dramatiques, que s’est démasqué le pouvoir dans sa toute-puissance et sa violence démesurée. Je ne dis pas que la violence est une solution pour autant, mais je dis simplement que, selon les territoires et les époques, des façons d’agir très diverses ont permis de retourner les situations. On ne peut pas balayer d'un revers de la main toute l'histoire des luttes sociales et des combats pour la liberté. De plus, la violence matérielle (briser les vitres d'une banque, chose courante en Grèce et en Espagne) n'a rien à voir avec la violence physique sur autrui. Chaque degré porte une signification très différente, contrairement à ce que prétend le pouvoir qui entretient volontairement la confusion, tout en s'octroyant le droit de violenter quotidiennement de ses bras armés les populations soumises qu'il a symboliquement amputées. ML : Parmi les formes de luttes anarchistes actuelles, tu as une préférence ? Y.Y. J'aime particulièrement les moyens qui manient l'humour pour déstabiliser les détenteurs du pouvoir et qui, sous une apparence anodine, sont souvent beaucoup plus efficaces pour faire chavirer l'opinion qu'une action violente. Par exemple, le procédé de "l'anarcho-pâtissier" Noël Godin qui tend des guet-apens avec ses tartes à la crème. Il vise directement les mégalos du pouvoir, les traque, les débusque et les défait de leur impunité (en Grèce, on projette plus souvent du yaourt que des tartes). Ce type de mise en cause directe est tout sauf anodin : il désacralise le pouvoir, décolonise l'imaginaire et montre symboliquement notre capacité à atteindre les puissants. Dans la même veine, la caricature du pouvoir interprétée par l'écolo-libertaire Alessandro Di Giuseppe et l'Église de la Très Sainte Consommation6 est une autre forme d'entartage des puissants, mais avec pour tarte un miroir. Un miroir global de la religion du Fric qui règne sur la planète et dont la devise est : "travaille, obéis, consomme !" Un miroir qui nous montre ce que nous sommes ("de braves petits moutons") et qui nous propose tout à l'envers : "résignez-vous !" Un miroir en guise d'éducation populaire par l'humour (noir) qui aurait sans doute bien fait marrer nos aînés, même les plus sérieux. J'imagine Mikhaïl et Louise, un verre à la main, assistant en souriant au théâtre satirique d'Alessandro, tout en observant l'effet provoqué sur la foule. Et si le pouvoir n'était qu'une baudruche et l'humour la meilleure des aiguilles ? Et si la révolution libertaire commençait par un grand éclat de rire ? Propos recueillis par Pola, Groupe Béthune de la Fédération anarchiste — 1 Athènes sur un volcan, Yannis Youlountas, sur le site du film Ne vivons plus comme des esclaves (rubrique actualité). 2 Ibid 3 Le collectif Tant qu'il y aura des bouilles a été fondé le 13 octobre 2013 à la Métairie Neuve de la ZAD. Pour en savoir plus, lire La ZAD de Sivens : une expérience libertaire, Yannis Youlountas, sur le site du Monde Libertaire. 4 Occupants de la ZAD. 5 Qui a peur du grand méchant casseur ? Yannis Youlountas, sur le site de Siné Mensuel. 6 www.amentonpeze.org __________________________ LA ROUTE DU SUD OUEST LA ROUTE DU SUD OUEST Jean-François Brient, 2014 La vie brûle de se répandre à travers la diversité des sentiments et dans la beauté des rencontres possibles. Et ainsi de se retrouver dans cette somme de la diversité. Mais la réalité dont il faut partir est cette séparation entre chacun et tous. Dans l’amour, le séparé existe encore, mais non plus comme séparé : comme uni. Et le vivant rencontre le vivant. Pourtant, l’harmonie enivrante des corps et des esprits n’a qu’un temps. Le tourbillon s’arrête et le courant emporte les êtres vers d’autres ciels étoilés. Ils continuent leur dérive mais ils ont été transformés. La beauté de l’amour ne réside pas dans la durée mais dans cette transformation. Premier jour... quelque part en Amérique latine Les mêmes matins ouvrent sur les mêmes questions qui loin de refermer le gouffre, ne font que l’agrandir. Il y a ce vague souvenir des alcools et des fumées de la veille. Il y a l’importance de ce monde sans importance. Et moi au milieu de ce désert. Encore une journée où il faudra s’incarner dans cette guerre de chacun contre tous. Encore une journée où il faudra errer dans ce monde qui ne nous appartient plus, dans cette prison où tout est devenu si laid. Cette civilisation n’en finit pas de mourir. Mais à mesure que son déclin devient la manifestation la plus évidente de son existence, la recherche du plaisir immédiat et la réussite individuelle constituent l’aspiration de l’immense majorité. La soif de reconnaissance correspond parfaitement au processus général d’effritement de toute l’existence. Le narcissisme de ces temps bouleversés n’est rien d’autre que le côté subjectif du fétichisme de la marchandise. Lorsqu’une certaine idée de l’homme et du monde s’effondre, lorsque la marchandise envahit tout, l’espace comme les relations, la communauté disparaît et il ne reste plus que l’individu face à ce néant. Alors les hommes essayent de se construire un abri au milieu de ce champ de ruines. Cet abri, ils l’appellent le bonheur mais il n’est rien d’autre qu’une mystification de leur solitude. C’est du fond de l’ennui qu’inspire ce monde normalisé que naît la passion de marcher sur le bord de la vie. Le blasphème aux lèvres et la négation dans l’âme, je rampe dans ce désert. Le mépris y tient lieu d’espérance. Il suffit de voir cette foule hypnotique qui ère sans but, tout juste capable d’obéir, pour comprendre que les véritables rencontres se font rares sous l’empire de la servitude. Seuls ces écrits sur les murs laissent songer que la vie existe encore, quelque part, non loin d’ici peut-être. Voilà ma famille, ma tribu, ma bande de frères. Avec eux je suis en paix car nous savons contre quoi nous sommes en guerre. À notre échelle, avec nos gestes, nous jetons nos forces contre l’ordre du monde. « Je sais qu’il y en a qui disent que nous servons à peu de chose. À ceux-là je réponds que nous sommes du côté de la vie. Nous aimons des choses aussi insignifiantes qu’une chanson ou un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peut-être peu de chose mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. » C’est ici que l’on rencontre ceux qui valent la peine, ceux qui n’ont pas encore renoncé à l’essentiel et qui ont conservé dans leur regard ce feu que n’ont plus les résignés. Toute véritable rencontre est un événement de même que tous les événements réels naissent d’une rencontre. Ils ouvrent de nouveaux trajets aussi bien à l’échelle de nos destinées qu’à l’échelle de l’Histoire. C’est ici que je la rencontrai. Elle venait du Mexique et n’était de passage dans ma ville que pour trois jours. Des camarades de San Cristobal lui avaient parlé de notre groupe. Elle était toute envahie par son projet de film sur les luttes indigènes du rio grande à la terre de feu. Elle nous aidait à préparer des banderoles pour le jour de la race, qui commémore ce matin funeste où Colomb avait mis les pieds sur le continent. Nous avons peu de traditions dans le groupe mais il nous plait de marquer cette date de notre sceau. Un peu comme ces républicains français qui chaque année le 21 janvier mangeait une tête de veau en se rappelant quand celle de leur roi avait vacillé. Elle était belle et lumineuse, ses cheveux glissaient sur sa nuque et sa peau blanche, un peu sucrée, inspirait aux lèvres un baiser. On ne sait pourquoi une personne vous attire, ce n’est peut être qu’une question d’odeurs. Mais je n’avais ni la force ni l’envie d’échapper à ce tourbillon. Je l’observais longtemps, je l’approchais lentement et dans ce jeu étrange de la séduction, je l’isolais un peu. Ses yeux brillaient quand elle parlait. La passion était là et l’indispensable cohérence du discours aussi. Elle me parlait de son projet et de la nécessité de tisser des liens entre tous ces groupes qui surgissent un peu partout. Elle disait que le sérieux historique était de retour. Je répliquais que l’heure était aux hurlements. Elle me sentait désespéré, je la trouvais trop optimiste ; c’est sans doute pour cela que seule la révolution nous paraissait une aventure digne de cet état de survie dans lequel nous végétions. Elle disait qu’il fallait convaincre, je répliquais qu’il fallait combattre, nous étions d’accord sur l’essentiel. Je lui proposais de nous enfuir… La discussion sur le sens de tout cela continua longtemps, mais déjà, il y avait quelque chose de nouveau : une peur mêlée d’espérance. Elle disait que nous étions faits pour aimer mais pas pour tomber amoureux. Elle m’expliquait que c’était là toute la différence entre un choix qu’on assume et une condition que l’on subit. J’admirais le raisonnement mais dans la fragilité de cet instant suspendu, je ne trouvais rien à dire qui vaille la peine. En réalité, je ne pensais plus qu’à la prendre dans mes bras pour l’embrasser… "Il n’y a de vrai au monde que de déraisonner d’amour." Alfred de Musset Je me réveillais au milieu de la nuit et déjà, de manière presqu’imperceptible, mon regard avait changé. Je sentais que celle vers qui tout mon être tendait pouvait tout aussi bien s’en aller, ne plus être là, à mes côtés. Cette idée me glaça. Errant dans les ruines de la civilisation, je voulais simplement la conserver, la posséder en quelque sorte. Elle devenait à elle seule, la compensation aux affres et aux souffrances qui m’habitent depuis toujours. Elle était le sens qui manquait à tout cela, « le paradis de l’évidence inexprimable ». Et moi, enfant perdu de ce siècle, je glissais ainsi dans la mélancolie d’une autre époque, et qui ne reviendrait plus. Ce ne peut être assurément que l’odeur de la fin d’un monde. Elle se retourna pour me dire qu’elle m’aimait et qu’elle était très heureuse de me connaître. Nous nous embrassâmes à nouveau avant de replonger dans l’amour, cette danse sublime qui unit la chair et les étoiles. Et puis le sommeil… Deuxième jour... Le lendemain matin, elle me proposait de l’accompagner au musée d’art précolombien. Je lui dis que le temps ne s’y prêtait guère, mais elle semblait ne pas s’en soucier. Je connais bien ce musée pour y avoir erré de longues heures. Je lui demandai de m’expliquer son projet de documentaire sur les luttes indigènes. Elle me dit que c’était un projet qui s’inspirait d’un proverbe africain : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens les histoires de chasses continueront de glorifier le chasseur. » Elle voulait renouer les fils décousus de notre histoire à travers le récit des luttes indigènes. Elle me disait qu’il fallait créer des ponts entre les combattants d’hier et ceux d’aujourd’hui. Elle pensait l’humanité comme un cercle qui aurait été rompu avec l’arrivée des Européens sur nos terres. Elle affirmait que rien ne manquait plus au monde aujourd’hui que la pensée amérindienne et que malgré la volonté des conquistadors et de l’Église de bruler notre mémoire comme ils avaient brûlé les codex mayas, des brasiers demeuraient et qu’il fallait les appeler depuis le présent. Elle se proposait donc de traverser le continent du rio Grande à la Terre de feu, munie de sa caméra et de traquer les luttes indigènes avec l’acharnement d’un chasseur de prime. Elle me parlait avec la même aisance de Tupac Amaru, du sentier lumineux ou encore des cocaleros. Je lui proposais de nous accompagner cet après-midi pour notre action contre le jour de la race. Elle acceptait… La poésie réside dans le fait d’arrêter le cours apparemment immuable de la société marchande. Notre but, lorsque nous réalisons ces actions est une sorte de terrorisme poétique. Il s’agit de changer la vie de ceux qui les voient en diffusant la conscience critique et en incitant à agir. « La création ne peut plus avoir pour fonction de représenter le beau, ni de représenter quoi que ce soit. Sa valeur réside dans son action même et dans les conséquences qu’elle suscite. » Nous voulons contribuer, par un nouvel élan subversif dans la création, à la formation d’un espace et d’un temps libérés de l’emprise totalitaire marchande, où l’on puisse enfin penser l’impensable et réaliser l’inacceptable. Et puis pour nous, la peur est un moteur, ce genre d’actions nous permettent de dépasser nos limites. On ne se laisse pas contrôler par la peur, on utilise l’adrénaline pour avancer contre le système. Ce jour-là, pour la première fois, l’amour et l’action subversive avançaient main dans la main. Je l’aime, je l’aime car elle est ce que j’ai toujours désiré. À ce moment précis, me revint en mémoire un slogan écrit sur les murs de Paris en mai 68 : « Plus je fais l'amour, plus j'ai envie de faire la révolution. Plus je fais la révolution, plus j'ai envie de faire l'amour.” Mais si je voulais parler la belle langue de mon siècle, j’utiliserais une formule plus ramassée et plus tranchante : L’émeute est le champ expérimental de l’amour. "Je n’appartiens à personne ; quand la pensée veut être libre, le corps doit l’être aussi." Alfred de Musset Lui : Je te sens comme indifférente au fait que tu t’en ailles demain. Elle : Non, tu te trompes, j’ai beaucoup apprécié ces jours passés avec vous et avec toi. Lui : Mais tu vas partir ? Elle : Je dois suivre mon chemin. Lui : Je n’avais pas encore vécu une telle harmonie avec quelqu’un, unir l’amour et la révolution, ce n’est pas si facile. J’ai peur de passer à côté de l’amour véritable. Elle : L’amour véritable, l’amour passionnel, l’amour fusionnel, je n’y crois guère. La vérité est que la représentation socialement élaborée de l’amour n’existe pas. L’amour fusionnel est l’illusion qui sert le mieux les intérêts de la domination présente. L’amour dans les films ou dans les chansons définit une manière de penser, une manière de réagir qui ne sert finalement qu’à développer l’insatisfaction lorsqu’il se confronte à la réalité vécue. Et l’insatisfaction généralisée est la matrice de la consommation. Lui : Mais l’amour authentique est justement l’arme qui peut détruire l’insatisfaction généralisée. Elle : Je ne pense pas que la majorité des femmes partagent ton point de vue. Il est toujours difficile de s’écarter des normes aliénantes de l’amour mais je suis décidée à bâtir ma force et ma joie à contre-courant. En dissociant sexualités et propriété exclusive, je veux rompre avec les relations de mépris, de violences physiques, d’autorité, et aussi avec l’habitude de raisonner en fonction de l’autre. L’amour, en tant que construction sociale appauvrit les relations possibles. Moi je veux l’affection sans la jalousie, l’intensité sans la dépendance, la sexualité sans l’exclusivité. Je veux vivre, partager, être libre, chanter, rire, être moi. Je ne veux appartenir à personne et que personne ne m’appartienne. Je veux suivre mon chemin, celui qui me rapproche des autres et non celui qui m’enferme dans les bras d’un autre. Elle avait tout dit et elle avait raison. Je restais là, incapable de lui répondre. J’aurais pu lui dire que nous pouvions construire quelque chose de différent, mais à quoi bon, si tous les couples pensent cela mais aucun n’y parvient. Je la serrai simplement dans mes bras en espérant qu’un jour je serai à la hauteur d’un tel discours. Troisième jour Nous nous réveillâmes en fin d’après-midi. Le silence envahissait la pièce. Je la voyais tranquille, avec la même passion à mon égard et pourtant dans quelques minutes nous nous séparerons et peut-être pour toujours. Je l’admire, elle est capable d’aimer tout en restant libre, alors que moi je souffre. Elle me regarde avec tendresse et me dit simplement qu’il est temps d’y aller. Devant le bus qui l’emmènera loin de moi, elle me tend un carnet et me dit de l’ouvrir après son départ. Ils s’embrassent, le bus s’en va, il ouvre le carnet et l’on peut lire : « Chaque cœur est une cellule révolutionnaire ! » Il t’appartiendra d’écrire notre histoire… Épilogue... Elle avait pris la route du sud-ouest. Je pensais à nous sans tristesse. Je marchais dans la nuit tombante, sentant le vent pénétrant tout mon être, juste cette phrase qui revenait comme un refrain : c’est bien plus beau lorsque c’est éphémère. Je sentais que quelque chose en moi avait changé… "J’ai souvent souffert, je me suis trompé quelques fois mais j’ai aimé." Alfred de Musset Telle est la vie des hommes. Quelques rencontres qui brillent d’un feu plus intense au milieu d’un ciel obscurci par la servitude. Et le projet, toujours renouvelé, d’écrire notre propre histoire. Ceux qui parlent de révolution sans se proposer de bouleverser les relations amoureuses ne font que défendre la fonction oppressive du vieux monde. L’amour aussi, avec tant d’autres choses est à réinventer. Il s’agit de détruire les sentiments de propriété et l’illusion d’éternité qui perdurent dans l’amour. Entre la sexualité-marchandise et l’amour-possession, il existe une ligne étroite sur laquelle il faudra se mouvoir. Il nous appartient d’inventer ce jeu et le langage qui lui correspond. — "La route du sud-ouest" est un photo-métrage de 26 minutes sur l’amour et la révolution, réalisé par Jean-François Brient, auteur du film documentaire "de la servitude moderne". Le texte et le film sont libres de droits, ils peuvent être copiés, diffusés, projetés sans la moindre forme de contrainte. Ils sont par ailleurs totalement gratuits et ne peuvent en aucun cas être vendus ou commercialisés sous quelque forme que ce soit. Il serait en effet pour le moins incohérent de proposer une marchandise qui aurait pour vocation de critiquer l’omniprésence de la marchandise. La lutte contre la propriété privée, intellectuelle ou autre, est notre force de frappe contre la domination présente. Ce film qui est diffusé en dehors de tout circuit légal ou commercial ne peut exister que grâce à l’appui de personnes qui en organisent la diffusion ou la projection. Il ne nous appartient pas, il appartient à ceux qui voudront bien s’en saisir pour le jeter dans le feu des combats. https://www.youtube.com/watch?v=jaPb_J9EcMM __________________________ QUE CRÈVE L'EXTRÈME GAUCHE DU CAPITAL ! Guerre de Classe, Juillet 2015 « Les communistes l’ont rêvé [en cauchemar]… Syriza l’a réalisé… » Cette boutade pourrait très bien résumer les leçons programmatiques à tirer de la situation que les prolétaires en Grèce, nos frères et sœurs de misère et de lutte, subissent actuellement. En effet, depuis toujours, ou du moins depuis les grandes campagnes de la social-démocratie au début du 20ème siècle pour l’instauration du suffrage universel, dont le but n’était rien d’autre que l’encadrement et l’anéantissement de l’énergie que le prolétariat développait pour en finir avec la misère et l’exploitation, la critique communiste (que celle-ci s’exprimait sous l’étiquette « anarchiste », « socialiste révolutionnaire » ou autre n’est pas ici notre propos) a toujours dénoncé le cirque électoral, le parlementarisme, le gouvernementalisme, la collaboration avec les institutions bourgeoises, la croyance quasi-religieuse que des réformes pourraient améliorer le sort de notre classe… Nous n’allons pas dans cette toute petite contribution parler plus avant de la « dette souveraine grecque », ni du sauvetage de la « zone euro », et encore moins du « Grexit », tellement à la mode ces dernières semaines dans les média bourgeois. Nous n’allons pas non plus développer les différentes stratégies du gouvernement Syriza afin de « défier » les institutions financières de la commission européenne et de la Troïka. Nous laissons tous ces « détails » aux fervents adeptes de l’économie politique. Pour notre part, nous considérons que les communistes n’ont pas à se complaire dans la biologie du Capital, alors que notre tâche est fondamentalement de participer à sa nécrologie ! Nous n’allons pas plus nous épancher sur la « psychologie » du premier ministre Tsipras, sur ce qu’il espérait ou prétendait faire, et encore moins n’allons-nous prendre en considération le show médiatique et les déclarations rocambolesques de son ministre des finances, le « beau ténébreux » playboy bellâtre Varoufakis (autoproclamé « marxiste libertaire » !), ainsi que sa clique de gauchistes, juste capable de pleurnicher sur le « déni de démocratie » vis-à-vis des résultats du référendum du 5 juillet, et sur le « diktat de l’euro zone ». Ce qui intéresse les communistes, ce n’est pas ce que les individus disent d’eux-mêmes mais bien ce qu’ils font et assume dans leurs pratiques sociales… Alors, que se passe-t-il donc en Grèce, si ce n’est l’antépénultième épisode de la toujours triste et lamentable histoire de la social-démocratie historique, c’est-à-dire du parti bourgeois à destination des ouvriers et des prolétaires, de cette force sociale chargée de vider nos mouvements de lutte de sa substance subversive, de dévier leurs perspectives de transformation radicale de ce monde vers une simple réforme de celui-ci, et finalement de nous faire rentrer dans les rangs serrés de la paix sociale. Ce parti de la social-démocratie se matérialise à deux niveaux : par la constitution d’une structure militante extérieure à notre classe, issue directement des fractions progressistes et gauchistes de la classe bourgeoise d’une part, et par le développement d’un corpus idéologique réformiste généré au sein même de notre classe et s’appuyant sur les faiblesses, les limites et les illusions de la lutte d’autre part, le tout dans un va-et-vient dialectique entre les deux. Donc, il ne se passe en Grèce rien de bien différent de ce que le très « radical » Parti des Travailleurs du Brésil (sous la houlette du réformiste Lula da Silva puis de l’ex-« guérillera » Dilma Roussef) a réalisé ces dernières années en termes d’attaques des conditions de vie des prolétaires ; ce qui soit dit en passant a généré la révolte de juin 2013 contre l’austérité et la misère. Historiquement, la gauche et l’extrême gauche du Capital nous ont cent fois, mille fois habitués à leurs « trahisons » (ne peuvent se considérer comme « trahis » que les naïfs qui misent sur une quelconque alternative bourgeoise pour résoudre les problèmes fondamentaux de notre classe, de l’humanité)… Déjà, en 1871, lors de l’important mouvement prolétarien connu sous le nom de la « Commune de Paris », la gauche et l’extrême gauche en ont pris la tête afin de fonder un gouvernement qui jamais, au grand jamais, n’a pris la moindre mesure révolutionnaire afin de contrer les forces bourgeoises versaillaises, ni afin d’étendre internationalement l’effort militant en cours. Toutes les mesures de ce « gouvernement de la Commune de Paris » n’ont mené qu’à une seule chose : le désarmement (tant militaire que programmatique) de notre classe face à notre ennemi historique en recomposition après une brève défaite… Si l’on remonte à l’année 1914, on constatera le même phénomène où des gauchistes, qui se déclarait ouvertement anti-guerre, vont retourner leurs vestes en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Par exemple, le militant « socialiste révolutionnaire » français Gustave Hervé, qui écrivait dans le journal « La Guerre Sociale » qu’il fallait « planter le drapeau national dans un tas de fumier », va très rapidement se rallier à la défense de « la patrie en danger »… Idem pour la CGT française anarcho-syndicaliste, qui après des années de propagande antimilitariste, rejoindra en rangs serrés les partisans de la guerre et de l’union sacrée, permettant ainsi la faisabilité de la mobilisation générale, ou du moins favorisant son déroulement sans trop de problème… En 1917, alors que la révolte gronde sur tous les fronts contre la boucherie capitaliste, le « Parti Bolchevique » se porte à la tête du mouvement du refus de la guerre afin de mieux l’amener dans l’impasse d’un changement « radical » de gouvernement, en abattant le règne du tsar millénaire, et en participant in fine à la reconstruction de l’État capitaliste en Russie, après qu’il ait été fortement malmené par notre classe en lutte, ce qui résultera dans le stalinisme et son « socialisme dans un seul pays »… En 1918, en Allemagne, après plusieurs années de collaboration ouverte avec l’État-major de l’armée impériale, ce qui se traduira par la mobilisation sur le front ainsi que par la participation des ouvriers de l’industrie à l’effort de guerre, une importante fraction de la social-démocratie (le SPD) est directement appelée à la gestion politique (et donc au gouvernement), et ce sont des militants de la gauche qui participeront directement à l’écrasement de la lutte prolétarienne par la constitution de « corps-francs » sous l’égide de « l’ouvrier » et « député socialiste » Noske… Enfin, afin de clôturer ici cette liste non-exhaustive, en 1936 en Espagne, c’est grâce au « soutien critique » et aux voix des militants de la CNT que le Front populaire a remporté la victoire aux élections, et a ainsi pu développer une politique républicaine « antifasciste » qui s’opposera pratiquement aux velléités du prolétariat dans sa lutte pour la révolution sociale, avec l’aide active des « camarades-ministres » de la CNT-FAI. Encore une fois, la révolution sera sacrifiée sur l’autel de la défense d’un quelconque camp bourgeois considéré comme un « moindre mal » ! Bref, nous pourrions distiller ainsi sur des dizaines de pages les horreurs que notre classe a connues dans le détournement de ses luttes et l’approfondissement de ses faiblesses. Comme on le voit, la gauche et l’extrême gauche (toutes fractions confondues) ont toujours été, sont et continueront d’être des éléments prédominants dans la structuration et le maintien de la dictature capitaliste. Le prolétariat est historiquement obligé et déterminé de les combattre au même titre que toutes les autres fractions de la bourgeoisie s’il veut en finir une fois pour toute avec sa misère, l’exploitation et les guerres… Mais, revenons quelque peu aux événements présents, ainsi que sur la façon dont les actuels gestionnaires gauchistes de notre misère prétendent régler le problème… Tous ceux qui ont critiqué (à juste raison d’ailleurs) le référendum organisé par le gouvernement Tsipras n’y ont vu que du feu : leurs critiques ne dépassaient pas les sempiternelles pleurnicheries affirmant que le « Oui » signifierait une austérité dure et le « Non » une austérité moins dure. En fait, et la suite des événements nous l’a prouvé, et comment d’ailleurs en aurait-il été autrement, le « Non » n’a jamais rien signifié d’autre (comme dans toute élection) que de donner « carte blanche » au gouvernement et qu’il développe une austérité encore plus forte que celle initialement imposée par les instances européennes et leurs gangsters capitalistes. Il faut vraiment être un « idiot utile » de premier ordre pour croire une seule micro-fraction de seconde que le show électoral ou référendaire puisse être autre chose qu’une farce dont les prolétaires en sont les dindons… L’extrême gauche du Capital nous avait plutôt historiquement habitués à appliquer une politique gauchiste, qui n’est jamais rien d’autre qu’un ravalement de façade plus ou moins « radical » selon les circonstances et les nécessités du moment, le tout n’étant finalement qu’une version de la même dictature capitaliste repeinte en rouge. Dans le cas présent de la Grèce, « l’originalité » consiste à ce qu’un parti et un gouvernement gauchistes appliquent à la lettre le plan d’ajustement structurel et les mesures d’austérité implacables concoctées dans les quartiers généraux de ce qu’il est convenu d’appeler les centres décisionnels de la politique libérale du capitalisme. Mais finalement, au-delà des différences de formes et de discours, tout cela participe directement et intrinsèquement de la logique même du système capitaliste ; ou mieux dit, ce n’est pas Syriza qui est l’acteur de l’histoire mais bien l’histoire du capitalisme qui trouve en Syriza des acteurs à la hauteur de la tâche, en vue d’accomplir ses basses besognes, c’est-à-dire d’attaquer frontalement le prolétariat dans ses moyens d’existence et de lutte. Car ce dont il est fondamentalement question dans la « crise grecque », ce n’est pas de « la dette », qui ne s’élève d’ailleurs « qu’à » 324 milliards d’euros (dont plus des trois-quarts ne sont remboursables que dans plusieurs années) ; pour donner un ordre de comparaison, la dette de la France est de 2.089 milliards d’euros, celle de l’Italie de 2.194 milliards et de 9.293 milliards pour la « zone euro », sans même parler de celle de l’État-Nation le plus endetté de la planète et de l’histoire : les USA avec une dette colossale et abyssale de 18.152 milliards de dollars ! Le capitalisme a visiblement besoin de produire de la dette, il ne sait d’ailleurs rien faire d’autre que de s’emballer ainsi et de toujours plus appuyer sa reproduction élargie sur du capital fictif, sur de la valeur non encore produite et qui probablement ne le sera jamais… Non, ce dont il est vraiment question, c’est de la mise en place pratique d’un programme de mise au pas du prolétariat, non seulement en Grèce mais aussi dans d’autres régions d’Europe où le Capital a besoin de frapper encore plus fort et de discipliner une force de travail surnuméraire, de toujours plus diviser les prolétaires en différentes catégories, les blancs et les « basanés », les nationaux et les migrants, les bons citoyens travailleurs qui acceptent l’austérité sans trop rechigner et ceux qui relèvent la tête, qui montrent leurs crocs, qui organisent la lutte et la révolte… Et en ce sens, la Grèce est un véritable laboratoire social pour la bourgeoisie et son serviteur d’extrême gauche ! Le prolétariat est condamné à toujours en prendre plus plein dans la gueule, et cela sous toutes les latitudes… Si le prolétariat discipliné et pacifié en Europe et en Amérique du nord, abreuvé de campagnes étatiques de citoyennisation toujours plus terroriste, croie pouvoir échapper à son destin sans lutter, il se le fout dans l’œil comme jamais auparavant… Il faut en finir avec toutes ces illusions dans le cirque parlementaire, dans le jeu des partis politiques, mais aussi des syndicats qui ne font rien si ce n’est sauver la paix sociale et négocier au plus offrant la vente de notre force de travail. Nous n’avons rien à gagner non plus dans de nouvelles croyances qui garantiraient la « pureté » de nos luttes contre les scories de la politique bourgeoise : l’autogestion (c’est-à-dire la gestion de notre propre misère), les coopératives de production où l’essence du Capital (l’argent, l’échange et donc la valeur) n’est jamais éliminé… Dans une déclaration faite le 1er juillet, un certain « Mouvement Antiautoritaire » de Thessalonique affirme sans rire : « Nous n’avons rien à faire d’une monnaie qui fera partie d’un renouveau national et, bien sûr, nous ne pouvons pas soutenir une monnaie qui fait partie de l’intrusion financière dans chaque aspect de nos vies. Nous préférons penser la monnaie dans sa dimension normale, comme un instrument d’échange avec comme fonction principale de servir les besoins et les services sociaux. » Misère du gauchisme et de son incompréhension de ce qu’est le capitalisme ! Bref tout ce fatras démocratique à la mode n’a jamais, au grand jamais, constitué la moindre garantie quant au développement de nos luttes et à l’approfondissement de nos ruptures d’avec la société du Capital et ses défenseurs acharnés. Camarades, face à la catastrophe capitaliste faite de plus de misère, d’austérité, de répression et de guerres, face à la destruction environnementale de la planète générée par un rapport social qui n’en a rien à foutre de l’humain, il n’y a pas d’autre alternative que la lutte révolutionnaire à outrance pour la destruction de ce qui nous détruit… La seule alternative est la suivante : soit le communisme, soit la fin de l’humanité ! Entre les deux, il n’y a rien ! http://www.autistici.org/tridnivalka/guerre-de-classe-022015-syriza-podemos-front-de-gauche-que-creve-lextreme-gauche-du-capital/ __________________________ LA SOCIÉTÉ UNIDIMENSIONNELLE