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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

L’âme damnée de Podemos

L’âme damnée de Podemos

SAMEDI 02 MAI 2015

Benito Perez [1]

ESPAGNE • Figure de l’aile gauche de Podemos, Juan Carlos Monedero retourne à la base. Signe, parmi d’autres, d’une normalisation délicate à gérer.

Non

Journaliste:

Benito Perez

La crise couve-t-elle au sein du jeune mouvement politique espagnol Podemos? Ancien bras droit du secrétaire général Pablo Iglesias, Juan Carlos Monedero a annoncé jeudi son retrait de la direction du parti. Ce professeur de science politique de l’université Complutense de Madrid, proche des luttes sociales latino-américaines et des Indignés, s’estime trop éloigné des pratiques politiques institutionnelles auxquelles s’est intégré Podemos. A force de les fréquenter, «on finit par ressembler à ceux que l’on voulait remplacer», avertit en substance M. Monedero.

Si le parti de gauche, fondé il y a un an et demi pour donner une expression politique aux Indignés, n’a jamais cherché à camoufler ses débats internes, ce départ est malgré tout un coup dur. D’abord, parce qu’il prive sa direction d’un intellectuel brillant, à défaut d’un communicateur habile. Durement attaqué par les médias pour ses liens avec le gouvernement d’Hugo Chávez, Juan Carlos Monedero était apparu hésitant, maladroit, à des années lumières des capacités médiatiques de son ami et leader Pablo Iglesias.

Ensuite et surtout, car le retrait de l’ancien responsable programmatique de Podemos traduit la marginalisation croissante des plus radicaux, au profit d’une ligne pragmatique visant la conquête du pouvoir dès les élections générales de cet automne... au moment même où cette dernière paraît bien compromise.

Depuis le début de l’année et l’émergence de Ciudadanos (Citoyens, centre droit), la cote de Podemos s’érode. Crédité comme le Parti populaire (PP), le Parti socialiste (PSOE) et Ciudadanos d’environ 20% des intentions de vote, Podemos demeure loin des scores nécessaires à une majorité parlementaire et apparaît comme le plus isolé des quatre prétendants au Palais de La Moncloa, dans l’impossibilité de s’allier avec la caste honnie (PSOE-PP) ou avec le jeune parti conservateur, nouvelle coqueluche des médias.

Comment sortir de cette impasse? Pour Juan Carlos Monedero, Podemos doit assumer pleinement ses «deux âmes», l’une puisant aux sources de «l’indignation, la désobéissance, l’irrévérence», l’autre à la nécessité d’investir les institutions. «Nous devons récupérer nos relations avec les bases, prendre plus de temps pour être avec vous», avait-il déclaré il y a un mois devant des militants madrilènes. Jeudi, il en a rajouté une louche, estimant à la radio que «Podemos n’a plus le temps de se réunir avec un petit Circulo (cercle, section locale du parti) parce qu’une minute de télévision est plus importante».

Des mots durs qui tranchent mais complètent ceux écrits hier sur son blog, où le professeur maintient son appui politique au projet de Podemos et assure «avoir laissé ses responsabilités avec pour seule intention de l’appuyer encore plus fort [...] sans le nœud coulant des urgences électorales, sans le venin des médias».

Actualité(2512) [2]Benito perez(1449) [3]

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