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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Organisation Communiste Libertarie (OCL) - Courant Alternatif

Alors que la situation économique et sociale s'aggrave, la crise du logement suit le même
chemin. En France, plus de deux millions de logements sont vides, et des centaines de
milliers personnes sont «à la rue». Mais les luttes et résistances continuent, pour ouvrir
des lieux ou faire appliquer les lois sur l'hébergement d'urgence. Nous avons choisi ici
de revenir sur ce qui s'est passé à Lyon au cours des derniers mois, où plusieurs types de
mobilisations et d'actions se sont succédés pour essayer de trouver des solutions à cette
galère. ---- A Lyon on compte, de d'après l'INSEE, plus de 24000 locaux libres, dont des
logementsfonction inoccupés et en parfait état. Certains sont mêmes chauffés pendant
l'hiver (avec nos impôts), alors que les bâtiments sont complètement vides! D'un autre
côté, quelques milliers de personnes vivent dans des habitats précaires, des bidonvilles,
voire sont carrément à la rue. Les foyers d'accueil d'urgence sont saturés dès le mois de
novembre, donc avant l'arrivée des grands froids.

Et la préfecture semble se ficher pas mal de
la situation, refusant de libérer des
places, d'ouvrir des hébergements d'ur-
gence ou bien de faire usage de son droit
de réquisition (au prétexte que ceux qui
paient un loyer pourraient être choqués,
ou bien pourraient avoir envie de ne
plus payer!).

Déjà l'hiver dernier, en décembre
2013, plusieurs manifestations et ras-
semblements regroupant parfois
quelques centaines de personnes ve-
nant à titre individuel ou liées à divers
collectifs, ont eu lieu pour exiger des so-
lutions pérennes pour les sans-toit. Le
lundi 17 décembre 2013, suite à une ma-
nifestation appelée en fin de journée,
une centaine de personnes ont réussi à
investir le collège F. Truffaut à la Croix-
Rousse (il est à noter que ce collège, in-
occupé depuis quelques années, est
chauffé tout l'hiver bien que totalement
vide!). La police présente en grand
nombre a réussi à faire lever l'occupa-
tion dans la soirée, mais cela renforcera
une dynamique qui se poursuivra tout
l'hiver. De façon assez inattendue, la
maire du premier arrondissement de
Lyon a passé une après-midi en garde-
à-vue suite à cette tentative de réquisi-
tion populaire, à cause du soutien
qu'elle a exprimé en faveur de l'action.
Dans la même période, deux écoles pri-
maires avaient été occupées pendant
une quinzaine de jours (jusqu'aux va-
cances de Noël), suite à l'expulsion d'en-
viron 70 personnes - dont une
quarantaine d'enfants - d'un squat au
début du mois de décembre.

La trêve hivernale, pas pour tout le monde!

On sait que la fameuse «trêve hi-
vernale» dépend beaucoup du bon vou-
loir des institutions (tribunaux,
préfectures). A Lyon comme ailleurs. Et
au début du mois de Février 2014, alors
que le froid est encore bien là, une cen-
taine de Roms se sont fait expulser d'un
squat, sans perspective de relogement
bien entendu! Mais la fin de l'hiver, ou
plutôt la date du 31 mars, sonne géné-
ralement comme une reprise des hosti-
lités. Les centres d'hébergement
d'urgence remettent à la rue de nom-
breuses personnes, et les foyers sont
vidés. Des squats se font expulser
manu-militari, et en général les flics
sont nombreux, comme début avril 2014
où quelques personnes ont été mises
dehors par une bonne soixantaine de
poulets. Mais ce même mois d'avril,
dans un foyer d'hébergement à Villeur-
banne (banlieue limitrophe de Lyon fai-
sant partie du Grand Lyon), alors que
l'association qui avait accueilli les occu-
pants tentait de les remettre à la rue, un
certain nombre ont décidé de rester et
se sont mises à occuper le foyer. Celui-ci
a finalement été expulsé le premier oc-
tobre, soit un mois avant le début de la
«trêve hivernale», alors qu'il comptait
environ deux cent habitants dont des
dizaines d'enfants. Il faut savoir que la
préfecture lyonnaise avait pour habi-
tude de proposer quelques nuits d'hô-
tels aux familles ayant des enfants de
moins de deux ans, mais cette fois ça
n'a pas été le cas, alors que le bébé le
plus jeune n'avait que quelques se-
maines!

Dès le printemps, tout le monde dehors!

Courant juillet, ce ne sont pas moins
de trois campements Roms qui ont été
expulsés en une semaine, avec fichage
systématique des habitants par la PAF
(Police Aux Frontières). Les femmes en-
ceintes et les familles avec enfant de
moins d'un an se sont fait proposer un
relogement temporaire, mais pour les
autres il n'y avait rien du tout. Au début
du mois de septembre, une trentaine de
Roms se sont fait expulser d'un camp
dans le 9ème arrondissement de Lyon,
alors que des négociations étaient en
cours avec la mairie et que le proprié-
taire des lieux n'avait rien de-
mandé.Mais les flics, aux ordres de la
préfecture, n'ont même pas averti le
maire de leur action, et ont continué à
harceler les familles les jours suivants
pour les empêcher de rester dans le
quartier. A la même période, comme de
nombreuses personnes se trouvaient
sans solutions d'hébergement, un col-
lectif a décidé de réquisitionner un
grand bâtiment vide au centre de Vil-
leurbanne . La police (une vingtaine de
policiers)est venue constater légalement
l'occupation au bout de quelques jours.
Mais le lendemain, les flics défonçaient
la porte pour virer tout le monde. Une
partie des habitants, qui se sont fait sor-
tir sans opposer de résistance, passe-
ront en procès au début du mois de
février pour s'être installé sur un terrain
appartenant à autrui sans autorisation.
Et rebelote quelques jours plus tard,
lorsqu'une nouvelle ouverture dé-
clenche une expulsion rapide avec 5
garde-à-vues dans la foulée.

Mais ce n'est pas fini. En effet, pour
que les «occupants sans titre» de di-
vers lieux ne puissent pas avoir une
chance de profiter de la trêve hivernale
- dont on a vu qu'elle était à géométrie
variable - la préfecture décide à la fin
du mois d'octobre de faire un grand mé-
nage. Et ce sont pas moins de cinq
squats qui ont été expulsés durant les
deux dernières semaines d'octobre!

En réponse à cette situation, des in-
dividus, collectifs, associations et
groupes politiques de toute la région
Rhône-alpes ont appelé à une grande
manifestation régionale pour le loge-
ment et pour l'arrêt des expulsions (1).
Le samedi 15 novembre, ce sont plus de
1500 personnes qui manifestent dans
les rues de Lyon, encadrées par un dis-
positif policier impressionnant
(BAC/CRS/Gardes mobiles en grand
nombre, grilles aux principaux carre-
fours, etc.). Suite à cette manifestation,
plus d'une centaine de personnes - joi-
gnant le geste à la parole - sont allés
apporter leur soutien pour permettre
«l'officialisation» de l'occupation d'un
immeuble réquisitionné par un groupe
de précaires en début de semaine. L'im-
meuble, situé dans le 8ème arrondisse-
ment, était haut de six étages et rempli
de logements vides en bon état, et ap-
partenait originellement à l'éducation
nationale ; mais on apprit plus tard que
le Grand Lyon l'avait racheté pour le re-
vendre à une société immobilière. Les
soutiens sont restés dans la soirée, le
temps que les preuves d'occupation
soient données aux flics (incluant
même un contrat EDF), et ceux-ci s'en
sont repartis vers 20h... Le répit aura été
de courte durée, puisque le lendemain,
le dimanche 16 donc, des dizaines de
flics sont venus en fin d'après-midi ex-
pulser les occupants. Une partie seront
arrêtés dans la foulée, mais relâchés
dans la soirée, et deux personnes ne
sont sortis de garde-à-vue qu'à la fin de
la journée du lundi (sans qu'il y ait de
procédure engagée, à notre connais-
sance).

«Jamais sans toit»: écoles occupées à Lyon

Au début du mois de novembre, des
comités de Lyon et des communes envi-
ronnantes, préoccupés par les pro-
blèmes de logement et en particulier les
enfants à la rue, se sont regroupés pour
créer le collectif «Jamais sans toit». Ce
collectif a recensé environ quasiment
deux cent enfants SDF scolarisés dans
l'agglomération lyonnaise, et une cen-
taine non scolarisés vivant dans des bi-
donvilles. Le collectif, présent à la manif
du 15 novembre, a organisé des rassem-
blements et actions dans les établisse-
ments scolaires afin de faire évoluer la
situation. Au total, jusqu'à neuf écoles
ont été occupées afin de permettre à des
familles de dormir au chaud, d'autres
ayant organisé des mobilisations pour
les enfants sans logements.

Trois semaines plus tard, moins de
vingt familles avaient été relogées et la
préfecture ne faisait même plus sem-
blant de vraiment vouloir négocier. Un
campement a donc été organisé le 10
décembre au soir dans le parc situé en
face de la Préfecture afin de mettre un
peu la pression sur les institutions. C'a
été l'occasion pour les gens qui luttent
localement de se retrouver ensemble
pour un soir (le campement s'est ter-
miné en fin de soirée, le froid et les flics
bien présents n'aidaient pas à passer la
nuit sur place...). Et la semaine suivante,
deux rassemblements ont été organisés,
à quelques jours d'intervalle. Le premier,
regroupant plus de cent personnes pour
dénoncer l'expulsion du 16 novembre,
a trouvé face à lui un grand nombre de
flics venus défendre le droit de propriété
contre le droit au logement. Le second,
appelé devant le collège F. Truffaut(le
même collège que l'année précédente,
voir ci-dessus) toujours chauffé, mais en
plus gardé, afin d'en exiger la réquisi-
tion a vu plus de deux cent personnes
répondre à l'appel. Mais là encore un
cordon de policiers gardait le lieu, et il
fut donc impossible de tenter de s'y in-
troduire.

A ce moment-là, environ 30% des fa-
milles s'étaient vu proposer des solu-
tions d'hébergement d'urgence, parfois
assez éloignées. On apprenait alors que
le préfet sollicitait l'aide de l'église pour
que celle-ci mette des locaux à sa dis-
position (pour environ 100 à 150 per-
sonnes). C'était d'autant plus cocasse
que quinze jours auparavant un prêtre
était passé au tribunal de Lyon pour
avoir hébergé des sans-papiers dans son
église! Après un mois de luttes, c'est-
à-dire au moment des fêtes de fin d'an-
née, la quasi-totalité des familles
s'étaient vu attribuer un logement pré-
caire (le 30 décembre pour certaines!).
Mais la situation reste très instable,
dans la mesure où les hébergements
d'urgence ne vont durer que jusqu'en
mars-avril. La lutte est donc loin d'être
terminée...

OCL-Lyon

(1) voir : https://rebel-
lyon.info/Manifestation-
pour-l-arret-des-expulsio
ns.html
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Organisation Communiste Libertarie (OCL) - Courant Alternatif
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