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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Israël-Palestine : Guerre et génocide

vendredi 7 août 2009, par Yves

Pour adopter une position internationaliste sur la phase actuelle du conflit israélo-palestinien il faut commencer par clarifier trois questions essentielles.

X Tout d’abord, le sens et la signification du terme « génocide ».

Il existe une définition étroite, classique, et une définition bourgeoise-humanitaire de ce terme.

Au sens étroit, traditionnel, qui est extrêmement répandu, les pratiques génocidaires coïncident avec l’assassinat organisé, et pas seulement avec l’assassinat de masse. Il s’agit de « l’extermination », de la « liquidation » ou de l’« anéantissement » d’un groupe ethnique, d’une nationalité ou d’un peuple en tant que tel.

Au sens large, le génocide est un concept développé par Raphaël Lemkin (auteur du livre Axis Rule in Occupied Europe : Laws of Occupation - Analysis of Government - Proposals for Redress, publié par la Fondation Carnegie pour la paix internationale en 1944, et traduit en France sous le titre Qu’est-ce qu’un génocide ?, 63 ans plus tard, aux Éditions du Rocher, NdT), comme une réponse à la crise générale du Capital et, plus spécifiquement, en réaction à la guerre barbare d’agression et de domination menée par les nazis en particulier dans l’Est de l’Europe.

En ce sens, le terme de génocide concerne l’intégrité et l’identité des groupes en tant que groupes (peuples, nationalités, ethnies) : les pratiques génocidaires visent à l’extinction des institutions productives, socio-culturelles et politiques (lorsque ces dernières existent) qui sont des formes d’expression tacites de l’irréductible subjectivité, de l’Esprit* (Geist) populaire. Les pratiques génocidaires prennent essentiellement pour cible (même si ce n’est pas toujours consciemment) cet Esprit lui-même, à savoir, l’irréductible subjectivité sociale constituée par les sensibilités émotionnelles et morales, les loyautés, les tabous et les interdits communs qui donnent naissance à un ensemble cohérent de mœurs et de coutumes, fournissant ainsi à ces peuples et ces groupes sociaux une identité et une cohésion sociales.

En ce sens, les pratiques génocidaires (refus de l’utilisation de la langue, expropriation des terres des groupes dont l’activité est essentiellement agricole, destruction totale de l’infrastructure et des installations médicales, etc.) qui visent à la destruction d’un groupe en tant que groupe, en particulier ethnique ou national, peuvent en principe être déployées sans la perte immédiate d’une seule vie, même si, pour mener ce processus à son terme, elles impliquent nécessairement la destruction, le meurtre des membres de ces groupes.

Le second sens, plus large, du terme génocide est celui qui figure dans un document tout à fait inapplicable de l’ONU : la Convention sur le génocide, plus précisément son article II. (Richard Lemkin a été personnellement impliqué dans sa rédaction.) La Convention sur le génocide, tout comme l’ONU, est le produit de l’évolution de la société bourgeoise, et ce dans un sens qui n’a rien de banal. D’une part parce que sans l’humanisme des Lumières, l’existence de ce document serait inconcevable, et, d’autre part, parce que les deux principaux organes de l’ONU sont des cadres institutionnels permettant de régler les problèmes de la classe dirigeante. L’Assemblée générale de l’ONU est une assemblée de voleurs, de voyous et d’assassins ; quant au Conseil de sécurité, il s’agit d’un organisme plus sélectif dont les membres permanents représentent les grandes puissances impérialistes, et donc lui aussi des voleurs, des voyous et des assassins.

En d’autres termes, même si nous trouvons répugnantes les pratiques génocidaires, nous, marxistes, ne nous réclamons pas de la Convention de l’ONU sur le génocide, car ce document ne joue pas un rôle fondamental dans notre critique de la société capitaliste.

Sur le plan historique, ce texte est mystificateur et sème la confusion. D’une part, il permet à certaines sociétés parlementaires (qui en général sont aussi les grandes puissances impérialistes) de se faire passer pour « démocratiques » dans un sens anhistorique et privé de toute perspective de classe ; et, d’autre part, ce document présente comme fondamentaux et cherche à fortifier des groupes (ethnies, peuples, nations) socio-historiquement constitués, mais qui sont, sous leur forme actuelle, des éléments démographiques de l’ordre mondial du Capital que nous souhaitons dépasser.

Les deux sens, étroit et large, du terme génocide, sont régulièrement confondus, mélangés.

Au sens étroit-classique du terme, l’État d’Israël (c’est-à-dire, ses forces armées bien organisées et très structurées) n’est pas engagé dans un génocide. Au sens large du terme, employé par les humanitaires bourgeois de tous bords, oui, bien sûr, les forces armées de l’État israélien sont engagées dans un génocide. Personne ne doute de l’absence totale d’équivalence morale entre une poignée de roquettes et un assaut aérien et terrestre mené par une puissante force militaire. Mais ce n’est pas ce qui est en cause dans la discussion sur le génocide...

Au sens large, la destruction des terres et des cultures, des usines et de tous les équipements (moyens de production, infrastructures), et même, dans une certaine mesure, de l’environnement bâti, c’est-à-dire des paysages urbains quand ils peuvent être distingués des sites industriels, une telle destruction de la substance objective de l’ennemi caractérise la doctrine militaire des armées nationales (c’est-à-dire bourgeoises) au moins depuis que les stratèges militaires américains ont codifié la pratique des deux ailes de l’armée de Sherman**, en Géorgie, en Caroline du Nord et en Caroline du Sud à la fin (1864 -1865) de la guerre de Sécession.

En fait, toutes les guerres « asymétriques », durant lesquelles une armée traditionnelle a affronté une force de guérilla irrégulière, à toutes les époques de l’histoire, depuis les origines de l’agriculture, de la stratification de la société et de l’Etat, toutes ces guerres, donc, ont été caractérisées par la destruction de la substance objective de l’ennemi sous diverses formes historiques spécifiques.

Si je ne tiens nullement à escamoter la dimension criminelle des actions de l’Etat d’Israël, il convient de garder à l’esprit que, en tout temps, le génocide (au sens large) a été pratiqué par les États ...

Qu’est-ce que l’Etat sinon une structure fondée sur un territoire, qui cherche à s’agrandir, a des pratiques génocidaires, dispose d’une strate de fonctionnaires attachés à un pouvoir central (qu’il s’agisse d’un individu ou d’une institution), concentre et monopolise pratiquement l’usage de la force armée ? À l’époque bourgeoise, cet Etat se caractérise comme une force institutionnelle « publique » séparée qui se dissimule sous un masque d’objectivité tout en se distinguant de la société, c’est aussi une structure où les capitalistes antagonistes forgent leur unité.

x Mais ce qui est aussi en question dans la discussion sur le génocide, c’est la « qualification » de la criminalité des actions de l’État israélien.

Cette discussion repose sur une assez grave équivoque. Les Israéliens ne sont absolument pas des nazis. Au sens bourgeois-humanitaire, les actions qui constituent un génocide ont été clairement définies : selon la définition large de la Convention de l’ONU, la confiscation des terres, la destruction au bulldozer de vignobles et de vergers, l’empoisonnement des puits d’eau, la destruction des infrastructures des centrales électriques, des installations médicales et le blocus contre l’importation de nourriture et de fournitures médicales sont tous des actes de génocide.

Pour nous, marxistes, ces actions sont des moments d’une stratégie globale qui vise à réduire les terres formant une « nation palestinienne » à une série d’enclaves composées des terres les plus indésirables, politique subordonnée à l’objectif de l’État d’Israël d’augmenter les dimensions de son territoire. S’il est vrai que les Israéliens engagés dans cette quête territoriale, en particulier ceux qui appartiennent à l’armée, ont recours à des notions faisant référence à la sous-humanité de leurs adversaires (par exemple quand ils affirment que les Palestiniens sont des « fourmis »), phénomène qui apparaît chaque fois qu’un peuple organisé en nation affronte un autre peuple sur les questions de la terre, ces pratiques et ces discours ne sont pas du même ordre que ceux des nazis.

Les objectifs des nazis étaient beaucoup plus larges : l’expansion territoriale, y compris la création d’une Grossdeutschwirtschaft (d’une « économie de la Grande Allemagne ») en incorporant la production agricole de l’arrière-pays du « Proche-Orient » allemand, cette expansion territoriale était secondaire par rapport à la création de mondes mortifères.

Ce n’était pas seulement une question de déportations, de déplacements de populations ou même de marches forcées et d’assassinats de masse.

En un sens, tout cela va bien au-delà de la Convention sur le génocide. La totalité de ces meurtres de masse souligne la spécificité des crimes nazis. Elle révèle, d’abord, au moins implicitement, que les nazis cherchaient de façon systématique, en s’appuyant sur toute la puissance de l’Etat (et même après que leur défaite apparut clairement inévitable), non seulement à exterminer des groupes sociaux et des peuples vulnérables et sans défense parce qu’ils ne disposaient pas d’un Etat (les Juifs, les Roms et les Sinti), mais à effacer totalement la mémoire des groupes nationaux (les Polonais, Yougoslaves, etc.), en tant que peuples, groupes culturellement identifiés.

Le caractère spécifique des crimes nazis réside aussi dans le fait qu’ils ne limitaient pas la notion barbare de « sous-humanité » aux peuples, aux communautés ethniques. Ces crimes étaient certes axés sur l’impitoyable extermination des Juifs d’Europe (ainsi que la déportation et l’esclavage des éléments les plus « sains » des peuples de Pologne et de Russie, les autres millions d’éléments « superflus » » étant assassinés en masse). Mais les crimes nazis sont allés bien au-delà : la définition de la « sous-humanité » s’appuyait non seulement sur les origines ethniques mais aussi sur les préférences sexuelles (les homosexuels), l’âge (les vieux) et l’état de santé (les malades incurables, les malades mentaux, et les enfants handicapés). Par ailleurs, ce furent des meurtres de masse aux motivations strictement politiques, visant les ouvriers, les socialistes et les communistes, qui ont rendu possible la réalisation des ambitions génocidaires plus vastes des nazis.

Enfin, on ne peut saisir la spécificité des crimes nazis si l’on ignore la méthode employée : ces crimes ont été systématiquement, froidement, et bureaucratiquement réalisés sur la base de la rationalité scientifique occidentale et de sa contrepartie technologique, le meurtre accompli sur une échelle de masse grâce à son industrialisation. Ces deux dimensions (échelle de masse, industrialisation) sont inséparables du capitalisme, dans lequel les camps de la mort comme univers mortifères ont pris forme. Il est crucial de comprendre que, au-delà des apparences, ce système a été au centre du génocide nazi. Le terme de « système », dans le cas des nazis, se réfère à une pratique intentionnelle, systématique, méthodique et méticuleuse qui a tenté d’identifier et de détruire la culture, puis d’« extirper », « exterminer », c’est-à-dire assassiner des êtres humains qui, selon des critères théoriques grossiers (c’est-à-dire, fondés sur une base biologique-naturelle, et, donc prétendument permanente et immuable, qui impliquait des caractéristiques comportementales, morales, et culturelles) étaient ahumains, « sous-humains », présumés inaptes, « indignes de vivre ».

Aucun de ces éléments qui caractérisent l’histoire réelle des pratiques du régime nazi ne se retrouve dans le comportement de l’État d’Israël ...

X Troisième et dernier point, la question du nationalisme.

En tant qu’internationalistes, ce qui est décisif pour des marxistes (au moins ceux qui se reconnaissent dans les traditions de la gauche communiste), c’est un axe prolétarien : nous ne choisissons pas entre deux groupes nationaux qui sont en compétition. Nous ne soutenons pas, d’un point de vue militaire, politique ou autre, des formations nationalistes petites bourgeoises (ici le Hamas). Et nous ne soutenons évidemment pas les Etats, donc ici la puissance impérialiste régionale, Israël.

Si cet axe prolétarien ne peut pas être formé, il n’existe pas de solution au conflit. Il se poursuivra sans fin (et parfois de façon ouverte comme dans la dernière guerre). D’un autre côté, ceux qui appellent à la destruction du Hamas et du Hezbollah apportent, en réalité, leur soutien à la position nationaliste la plus extrémiste à l’intérieur d’Israël, position que, officiellement, même l’Etat d’Israël ne défend pas. Cette position n’est pas une position internationaliste, mais en fait, tacitement, une position nationaliste qui tient un raisonnement similaire à celui du milieu radical, anti-raciste qui, lui, soutient les mouvements réactionnaires, parce que nationalistes anti-impérialistes, comme le Hamas.

Nous ne voyons pas de solution pour mettre fin à ce conflit, à moins que les travailleurs eux-mêmes, dans leur lutte contre le Capital, soient obligés de se retourner contre « leurs » Etats respectifs, à moins que des organes de double pouvoir émergent, que les États commencent à s’écrouler, et que, au cours de ce processus, se forge une unité par-dessus les frontières nationales, véritablement internationale ... Nous soutenons toute action, aussi minime soit-elle, qui avance dans cette direction. De tels événements se produisent rarement, le plus souvent quand un État subit lui-même une très forte pression, par exemple, lors de défaites militaires « catastrophiques » qui discréditent totalement les forces nationalistes et délégitiment entièrement un État.

Nous ne voyons aucune raison de devenir « réalistes » au sens où l’entendent les anti-impérialistes qui soutiennent les revendications de groupes comme Hamas. Nous ne soutenons pas les nationalistes, parce que l’expérience historique cumulée des classes ouvrières du monde entier pendant près d’un siècle nous a précisément appris comment les travailleurs ont assimilé les normes du chauvinisme, comment des révolutions ont été perdues ou dévoyées à cause du nationalisme.

À l’ère de la décadence capitaliste, les États nationaux, qui ont pris forme et se sont développés en grande partie pendant l’époque bourgeoise, sont la forme politique de sociétés divisées en classes sous l’hégémonie des strates dirigeantes capitalistes. Le rapport social fondamental qui caractérise la société est le rapport salarial, entre les prolétaires qui forment un pôle de cette relation, et les capitalistes, qui en tant que couche dirigeante de l’Etat national, conservent cette position dominante, au moins en partie grâce à leur hégémonie sur les travailleurs ... En soutenant des nations et des États, les nationalistes soutiennent des classes dominantes, ou ceux qui aspirent à ce statut ; ils ne soutiennent les travailleurs que si ceux-ci acceptent de passer sous le joug des nations et des États, en d’autres termes, s’ils participent à leur propre répression et subordination aux intérêts de la classe dirigeante capitaliste...

Dans les conditions de la production capitaliste, c’est l’exploitation qui fonde la domination, c’est-à-dire toutes les formes et manifestations de l’oppression, de l’injustice sociale (racisme, intolérance, xénophobie, nationalisme), ainsi que le pillage rapace de la nature. Nous sommes partisans d’une émancipation humaine universelle par le biais de la révolution prolétarienne, parce que nous considérons le prolétariat comme la première classe dans l’histoire qui ait la capacité consciente de réorganiser la société d’une manière qui renforce la liberté de l’homme en abolissant l’exploitation de classe et tout ce qu’elle entraîne ...

On peut contester la capacité historique de la classe ouvrière (du Gesamtarbeiter, le travailleur collectif) au niveau mondial d’assumer cette charge. C’est une autre discussion. Mais même si la classe ouvrière ne pouvait accomplir cette tâche, cela ne nous pousserait pas pour autant à soutenir les nationalistes, c’est-à-dire à abandonner notre opposition résolue au Capital.

Will Barnes

Notes de l’auteur

* Geist et Esprit populaire

Chez Hegel, l’« Esprit » caractérise l’être conscient de soi. Dans ce texte, j’utilise ce concept dans une dimension plus profonde, pour désigner les sentiments précognitifs et tacites, les sensibilités et les attitudes qui, en nous orientant dans ce monde, se forment dans notre pratique de la vie quotidienne. L’adjectif « populaire » se réfère ici uniquement aux groupes sociaux de base, et non à un « peuple » au sens d’une population nationale ou encadrée par un Etat. Tous ces groupes sont historiquement constitués : ils apparaissent et disparaissent au cours de l’histoire.

Quel que soit leur niveau de technicité dans l’appropriation de la nature ou des ressources naturelles, à travers l’histoire, des groupes d’individus se rassemblent et entament des activités productives. Au cours de ces interactions, des groupes sociaux, dont la position objective dans la communauté ou dans la société est similaire, développent une subjectivité partagée. Ce ne sont pas des visions du monde, des idéologies élaborées, des perspectives sur la nature, l’humanité, la société et l’État qui sont au cœur de cette subjectivité ; il s’agit plutôt de loyautés communes, de sensibilités morales partagées qui englobent à la fois des comportements que l’on approuve ou que l’on sanctionne, et un sentiment commun de la justice sociale, du bien et du mal, qui ne sont généralement pas bien articulés ni définis, mais qui gîtent au coeur de cette subjectivité sociale. Les mœurs et les coutumes d’une communauté ou d’un groupe social spécifique ne représentent guère plus que ces sentiments et ces sensibilités partagés : ils sont fondamentaux, ou comme nous l’avons dit, irréductibles (en clair, rien d’autre ne les sous-tend), mais ils forment la base de l’identité sociale et de la cohésion du groupe. C’est sur cette base que se forment des allégeances idéologiques plus élaborées, telles que le nationalisme, ou des allégeances émotionnelles envers l’Etat.

** Sherman

Il y a eu deux théâtres d’opération principaux durant la Guerre de Sécession : l’Est (principalement la Virginie, mais aussi l’ouest du Maryland et le centre de la Pennsylvanie) et l’Ouest (le Kentucky, le Tennessee et le Mississippi, et, après 1863, la Géorgie et les deux Caroline). De novembre 1862 à mars 1864, les armées de l’Union (celles du Nord) furent privées d’un commandement militaire général : les généraux menant les armées séparées dans l’Est rendaient directement compte à Edwin Stanton, le secrétaire de la Guerre de Lincoln, tandis que les armées situées sur le théâtre d’opération occidental avaient un seul commandant en la personne d’Ulysses Grant qui, à son tour, rendait compte à Stanton. En mars 1864, Lincoln nomma Grant général de toutes les armées de l’Union.

Grant nomma William Sherman commandant de toutes les forces du théâtre d’opération occidental. Il conçut une stratégie fondée sur trois théâtres d’opération visant à vaincre les armées des confédérés (les « Sudistes ») sur le terrain. Ce point est important pour deux raisons. Tout d’abord, toutes les précédentes campagnes avaient été menées séparément l’une de l’autre, à la fois dans le temps et l’espace. Sans coordination, les généraux confédérés avaient pu avec succès faire passer leurs troupes d’un champ de bataille à l’autre, d’un théâtre d’opération à l’autre afin d’endiguer les progrès de l’Union. Deuxièmement, dans les précédentes batailles, les armées de l’Union cherchaient à occuper un territoire, mais pas à détruire effectivement les Etats confédérés en écrasant leurs forces armées. Généralement, les deux parties se livraient à ce qu’on appelait une guerre « molle » : après un combat sanglant entre les deux parties, l’un des protagonistes se retirait du champ de bataille et venait se réfugier dans un endroit sûr où il pouvait regrouper ses forces. Les pertes étaient souvent très élevées, mais les combats se limitaient aux affrontements entre les soldats ; les moyens et outils de production privés étaient peu affectés par le conflit, quant aux biens personnels et aux civils ils étaient encore moins touchés.

En mars 1864, à partir de Chattanooga, dans le Tennessee, Grant ordonna à Sherman de poursuivre l’une des deux grandes armées confédérées jusqu’au cœur du Sud, afin de la détruire. Sherman reçut le feu vert pour mener une guerre « dure », et reprendre une pratique que les soldats des armées de l’Ouest avaient eux-mêmes initiée l’année précédente : les forces de l’Union devaient (et allaient) opérer dans le sud du territoire, sans bénéficier de lignes de ravitaillement ou de communication. Après avoir fait le siège d’Atlanta puis incendié tout ce qui avait une valeur militaire dans cette agglomération en septembre 1864, Sherman entama une marche vers la ville côtière de Savannah. Séparant ses forces en deux ailes, son armée obligea la population du Sud à l’entretenir en expropriant son bétail, ses récoltes et ses semences. Suivant la direction principale de la marche, des trains lourdement armés écumaient la campagne et se saisissaient de toute la nourriture qu’ils pouvaient accaparer ; en même temps, ils détruisaient les clôtures, incendiaient les granges et répandaient du sel dans les champs cultivés. Cette politique était intentionnellement conçue pour rendre toute aide matérielle impossible aux armées confédérées, tout en brisant la volonté des petits propriétaires terriens et des petits paysans du Sud de résister à l’avancée de l’Union.

*********************

X Bref commentaire sur l’article « Israel/Palestine : guerre et génocide »

« Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) Meurtre de membres du groupe ;

b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

Tel est le contenu de l’article II de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par l’assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948. Le texte de Will Barnes débusque bien l’origine de la confusion politique orchestrée par les gauchistes, certains libertaires et d’innombrables internautes « progressistes » quand ils utilisent l’expression de « sionazis » ou qu’ils comparent l’encerclement de Jenine avec celui du ghetto de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Deux dimensions manquent, selon nous, dans cet article :

a) l’exposé des motivations pour lesquelles des militants « révolutionnaires » opèrent cette confusion à propos d’un Etat qui regroupe une bonne partie des Juifs et des juifs vivant sur cette planète. En clair, le démontage des mécanismes de l’antisémitisme de gauche, ou du moins des mécanismes qui renforcent, volontairement ou pas, cette idéologie ;

b) une mise en parallèle entre l’usage abusif du terme génocide et celui de violence. On sait que dans le discours « féministe » ou « antiraciste », relayé maintenant par toutes les institutions internationales et les médias, il n’existe plus de limite entre les formes de violence, symbolique et réelle : une réflexion sexiste, une plaisanterie raciste sont rangées sous la même catégorie générale de « violence » qu’un viol ou qu’un meurtre raciste. Cette confusion théorique, caractéristique du gauchisme postmoderne, des ONG luttant pour les droits de l’homme et de…l’ONU aurait gagné à être soulignée, ne serait-ce que de façon brève.

Ni patrie ni frontières

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