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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

A propos du livre d’Alexis Escudero : quelques éléments du débat

Le samedi 22 novembre un commando dit " LGBT" a empêché un auteur (Alexis Escudero) d’exposer le contenu de son livre puis a tenté de le vider manu militari du Salon du livre libertaire de Lyon.


Témoin des faits, je ne suis pas intervenu pour trois raisons :


1° – je ne suis pas un partisan de la liberté d’expression totale pour tout le monde contrairement à de nombreux anarchistes. Je n’ai pas oublié l’affaire Faurisson et ses défenseurs ultragauches qui défendaient la "liberté d’expression" des négationnistes ; Chomsky, Baillargeon et Bricmont qui défendent eux aussi la liberté d’expression des fascistes ; ou les défenseurs du groupe raciste antimusulmans Riposte laïque dans le mouvement libertaire.


Si vraiment le contenu de ce livre est aussi réactionnaire que le prétendent ses critiques, je ne vois pas pourquoi un tel auteur a été invité au Salon.


Mais d’un autre côté s’il faut chasser d’un événement libertaire tous ceux qui défendent des thèses contestables au sein du mouvement anarchiste, la tenue même d’un tel salon deviendrait impossible. Chacun, en fonction de ses positions, pourrait facilement établir une liste noire des auteurs, des compagnons de route de l’anarchisme, ou des organisations indésirables : les bouffeurs de viande pour les vegans ; les soutiens des mouvements de libération nationale pour les anars hostiles à tout Etat ; les partisans des coopératives pour les anarcho-communistes conséquents, etc.


2° j’étais influencé (peut-être à tort) par les comptes rendus négatifs de son ouvrage.


3° je ne suis pas anarchiste et ne peux me réclamer de ma foi en une éthique anarchiste me permettant de juger de ce qui est juste – ou pas – dans le cadre de cette éthique militante.


N’ayant pas lu le livre d’Escudero j’ignore donc si cet auteur méritait d’être invité ou pas à ce salon du livre libertaire.


Par contre, pour les avoir entendus crier dans leur mégaphone, je crains que les adversaires d’Escudero par leurs insultes destinées à l’auteur mais aussi à tous ceux et toutes celles qui voulaient empêcher son expulsion, leur refus de débattre et d’avancer des arguments et leur violence aient renforcé les thèses d’Escudero plutôt que contribué à faire avancer leur cause.


Voici deux textes pour éclairer le débat


- Un appel à boycotter la présence d’Escudero au Salon


- Le témoignage d’une personne présente et en accord avec Alexis Escudero


P.S. Je préciserai aussi que, même si je suis partisan de l’égalité des sexes, je ne suis pas "féministe" vu la variété de sens que l’on donne à ce mot. Si le féminisme va d’Yvette Roudy à Emma Goldman, d’Alexandra Kollontai à Anne Zelensky, je crains que ce terme mérite quelques éclaircissements et que les LGBT n’aient pas grand-chose à faire des prolétaires et de la lutte des classes, du moins si l’on en croit leurs textes... Comme le disait une féministe sur un forum "La lutte des classes, ça me saoule"... Pour ma part, je suis prêt à être "saoulé" par la lutte des classes tous les jours, n’en déplaise à tous les postmodernes, déconstructionnistes, relativistes culturels et autres multiculturalistes réformistes.


Y.C. Ni patrie ni frontières, 22/12/2014


**********


Super Féministe au salon... et en colère !


Comme chaque année, Super Féministe va tenir un stand au Salon des Editions Libertaires (les 22 et 23 novembre, 28 rue Denfert Rochereau, Lyon 4ème).
Mais nous avons appris récemment que, parmi les intervenants annoncés lors des débats prévus sur ces deux journées, figurait Alexis Escudero, auteur d’un texte sur la PMA aux relents largement essentialistes, LGBTphobes et anti-féministes.


Alors, on a un peu l’habitude d’être confronté-e-s, dans la rue ou par médias interposés, aux discours des anti-genre, Manif pour tous et autre JRE (Journée du retrait)…
On ne se fait guère d’illusion non plus sur l’anti-sexisme de façade arboré par certain-e-s dans le milieu libertaire…
Mais de là à partager un même salon et à débattre avec la version « gauche radicale » des anti-genre… avouons que ça énerve un peu.


Après discussion, nous avons donc décidé de maintenir notre présence au Salon, et de sortir un tract pour dénoncer l’invitation d’A.Escudero à cet événement.


Voici le tract en question, et vous pouvez venir nous rencontrer au salon, (les après-midis) pour discuter de tout ça mais aussi et surtout de nos actions, de nos projets…
(Et pour info le débat est annoncé à 15H45 ce samedi)


Hasard du calendrier sans doute, alors que le 1er« bébé éprouvette » en France a largement fêté ses 30 ans, alors que 50 000 enfants naissent chaque année chez les couples hétérosexuels grâce à la procréation médicale assistée, c’est juste après le vote de l’extension du droit au mariage aux personnes de même sexe et la visibilité nationale soudaine des revendications d’ouverture de l’accès à la PMA que M.Escudero sort un ouvrage pour nous alerter sur les dangers de celle-ci. Ces diverses techniques mèneraient, ni plus ni moins, à « la fin de la vie et de l’humanité ».


Que peut-on lire dans son livre « La reproduction artificielle
de l’humain » ?


- Une posture binaire qui n’accepte aucune nuance, qui ne laisse aucune place au débat, car si on n’est pas avec lui on est un « mouton bêlant », si on est favorable à la PMA on cautionne l’humain artificiel élevé dans des utérus artificiels au service du capitalisme mondial…


- Un retour à la hiérarchisation des luttes : l’égalité des droits, les questions LGBT sont réduites à des « hochets sociétaux » à la solde des intérêts marchands.


- Des thèses assénées sur un ton prophétique, qui plutôt que de s’intéresser aux usages sociaux réels d’une technique, partent dans une science-fiction du pire.


- La volonté d’assimiler les critiques de l’essentialisme menée par les féministes au souhait d’une« uniformisation biologique des individus ».


- Une vision conservatrice de la famille et des rapports hommes-femmes, avec une peur de l’indifférenciation des sexes digne des délires zemmouriens.


Ce que nous dénonçons dans ce type de pamphlet :


C’est qu’il ne tient aucun compte de la réalité des personnes concernées : par exemple la transexualité n’est nommée que pour invoquer son fantasme de l’uniformisation, mais les violences, discriminations, vécues par les personnes trans, leurs luttes et leurs revendications sont balayées.


C’est qu’à dénoncer un complot il passe à côté de vrais enjeux politiques liés aux techniques de PMA : les évolutions sociales de la filiation et de la parentalité, les conditions pour un accès égal aux techniques de PMA, les difficultés éprouvées par les personnes dans un parcours de PMA (accès à l’information, pouvoir médical, conséquences sur le corps des femmes…)…


C’est qu’au nom de la lutte contre le capitalisme et une Nature essentialisée, il rejoint une bonne partie des arguments de la Manif pour tous, version « de gauche » quoi.


C’est qu’il ajoute une pierre, après J.Bové et P.Rahbi, à une dérive écolo vers l’essentialisme, au nom de « la défense du vivant ».


Non aux LGBTphobies !
Oui à l’extension du droit à la PMA !
Non à l’essentialisme et au naturalisme !
Oui au féminisme (et au super féminisme) !


Super Féministe
Planning Familial 69


*****


LA JOURNÉE DE L’AMOUR
Samedi 22 novembre 2014 – Salon des éditions libertaires
Témoignage et réflexions personnelles


Ce samedi 22 novembre 2014, les Salon des éditions libertaires avait programmé un débat avec Alexis Escudero, autour de son livre La reproduction artificielle de l’humain, publié aux Éditions du Monde à l’envers.


Ce débat n’a pas eu lieu parce qu’il a été violemment empêché par un commando (le mot n’est pas trop fort)de LGBT et de super féministes qui exigeaient son annulation et l’expulsion d’Alexis Escudero et de PMO, au motif d’homophobie, de LGBTophobie, de confusionnisme, de « masculinisme » et d’essentialisme. Selon leur tract (disponible sur superfeministe.blogspot.fr), tout débat est impossible avec ceux qui refusent la PMA pour tous.


Ce commando d’amazones fascisantes et haineuses bloquaient l’entrée de la salle avant l’heure du débat, armées d’un mégaphone pendant que super-féministe distribuaient le tract précité. La tension montait au fur et à mesure qu’arrivaient les personnes qui souhaitaient participer au débat, d’emblée traitées en ennemies irréductibles. Celles qui protestaient de leur droit à y assister étaient sommés de « fermer leurs gueules », voire traitées de « connasses » (à ma connaissance une injure éminemment sexiste) et autres noms d’oiseaux, le tout hurlé dans le mégaphone et à grands coups dans les murs. Il devenait rapidement évident que le rapport de force était en leur faveur. Les organisateurs ont préféré annuler le débat, de crainte que le gardien n’appelle la police. Ils ont aussi malheureusement laissé ce commando libre de monter dans la grande salle où, si les libertaires et antifascistes auto proclamés, ainsi que le public (qui ne vient pas là par hasard) avaient au moins décidé qu’un débat programmé doit pouvoir avoir lieu quoi qu’on en pense sur le fond, le rapport de force aurait pu être inversé. Au lieu de quoi, on a fait cercle, forcément entendu et assisté à leur violence sans même faire semblant de les expulser. J’avoue être partie à ce moment-là et je n’ai donc pas tout vu.
Mais j’en ai vu, entendu et lu assez pour ressentir un profond malaise et beaucoup d’appréhension.


Je pense qu’il convient en effet d’abord de reconnaître que les positions de ces groupes sont irréconciliables avec celles du livre et de PMO (auxquelles j’adhère). Il est donc très difficile d’organiser un débat dans ces conditions, dès lors qu’on refuse de « faire de la pédagogie », comme ils disent. Alors qu’il s’agit précisément, face au déferlement techno-scientifique, moteur du capitalisme de notre époque, de réfléchir à la vie humaine sur Terre et à ses modes d’organisation.


Cela implique, a minima, que l’on s’entende sur ce qui est humain, sur ce qui distingue l’humain de la nature (le donné) dont il est issu et inséparable. Il est évident qu’à partir du moment où l’on considère qu’humain et nature sont des gros mots tabous, voire qu’ils n’existent pas, la discussion tourne vite à l’absurde. Ou au pugilat. Or, au profit de ceux qui possèdent les moyens de production et utilisent les connaissances qu’a accumulées l’humanité dans son effort de sortir de sa condition purement animale (survie et reproduction de l’espèce), le discours dominant crée son propre langage, sa novlangue qui, comme Orwell l’a brillamment démontré, a pour but d’empêcher de penser et ainsi nie la liberté. C’est ainsi qu’en dépit des preuves sensorielles, scientifiques, rationnelles du contraire, on peut affirmer que la femme est un homme, ou l’inverse, ou rien du tout, tout cela n’étant que le résultat d’un déterminisme social.


Ceux qui acceptent d’être nés hommes ou femmes sont des essentialistes, peu importe qu’ils soient majoritaires, leur combat est un combat d’arrière-garde et ils sont voués à disparaître. Il semblerait que la modernité et le progrès soient à ce prix. Ce que la science est capable de faire, elle le fera envers et contre tous, elle l’a déjà fait, elle le refera, et comme le dit Alexis Escudero, « ce qu’on fait aux animaux, on le fera à l’homme ». À quand les néo Lebensborn ? Qu’il soit souvent difficile de vivre son « essentialisme » et de lutter pour qu’il ne soit pas un déterminisme borné et que cela constitue précisément l’intérêt du développement et du progrès humain, et de la politique, n’effleure pas ces groupes minoritaires et victimaires (quoique leurs doléances soient dignes d’intérêt) qui trouveraient plus commode d’abolir le problème en faisant advenir un homme nouveau (vieille lune totalitaire), un OGM humanoïde, forcément toujours « connecté ».


Ce qui fait cruellement défaut à l’énonciation de leurs exigences est une démonstration rationnelle, argumentée, des finalités humaines qu’ils nous proposent, une réflexion sur ce que cette post humanité aurait de souhaitable et de supérieur à l’ancienne ; en quoi elle serait une émancipation simplement en échappant à la contingence physique, comme si le corps (et la matérialité) était dissociable de l’esprit. Tous ces apprentis-sorciers ne savent que très peu de choses sur le fonctionnement du cerveau, les plus honnêtes le reconnaissent, ils savent peu de choses sur le développement de l’inconscient, des affects, de l’imagination ; ils ne savent que ce qu’ils sont capables de quantifier, de reproduire et de chiffrer et coder sur leurs machines. Ils ne connaissent même pas grand-chose au génome qu’ils tripotent. Et ils savent encore moins pourquoi ils le font. Sans doute parce que c’est possible, comme je l’ai déjà dit, et que si c’est possible, c’est un droit, quelles qu’en soient les conséquences.
Ceux que j’ai vus et entendus ce 22 septembre interdire un débat n’ont pu que discréditer le mouvement LGBT et le super féminisme, par leurs postures violentes, dictatoriales, haineuses, hélas (même dans leur optique) calquées jusqu’à la caricature sur ce que le comportement dit mâle peut avoir de pire. C’était une démonstration atterrante du degré zéro de la pensée qui les renvoie à la bestialité dont l’humanité a si longtemps tenté de s’émanciper ; et ils ne sont pas les seuls, comme le prouve l’actualité quotidienne, régionale, nationale et internationale.


Lyon, le 25 novembre 2014


Annie Gouilleux





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