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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

TOUS LES CHEFS ONT TORT !

1- Quelle que soit leur sensibilité politique, les chefs ont toujours tort.

2- Même quand ils ont raison, les chefs ont tort, toujours tort. L’irréparable tort des chefs est d’être des chefs.

3- Même quand ils admettent qu’ils n’ont pas raison, les chefs ont tort. Les chefs compréhensifs n’en restant pas moins chefs.

4- Les chefs ont toujours quelque chose à dire, inexorablement. Les chefs s’imposent, se font écouter et s’arrangent pour avoir le dernier mot (on leur couperait la langue, les chefs parleraient encore). Le tort de celles et ceux qui les écoutent est de prendre en compte ce qu’ils ont à dire.

5- Les chefs, personnages les plus néfastes, n’arrivent jamais en retard, puisque nul-le n’est préssé-e de les voir arriver.

6- Les chefs trouvent leur utilité dans un système d’aliénation. Si l’absence des chefs est en soi libératrice, il en découle, parfois, un malaise collectif. Les chefs restant les entités de déresponsabilisation par excellence.

7- La solidarité avec les chefs est une forme de collaboration de classes. Celles et ceux qui s’y prêtent ne sont que de vulgaires collabos qui contribuent à leur propre oppression, le pire étant quand ils-elles y prennent du plaisir !

8- Tant qu’il y aura des chefs, il y aura la misère glauque de la séduction et la sournoiserie de la manipulation. Et tant qu’il y aura des gens pour obéir, il y aura des chefs.

9- Plus on critique les chefs, plus ils se décomposent. Toutes les occasions sont bonnes pour nuire aux chefs.

10- Les chefs qu’on abat ne font plus d’ombre à nos ébats…

Ni grands chefs, ni petits chefs !

Origine : http://infokiosques.net/IMG/pdf/TousChefsTort02.pdf


http://colchique.over-blog.com/categorie-312361.html

Les "chef-fe-s" dans les collectifs autogérés ...
LES CHEF-FE-S : COMMENT S’EN DÉBARRASSER ?


Message Internet
Date: 9 Janvier 2002
Subject: [convergence-libertaire] les "chef-fe-s" dans les collectifs autogérés...

Salut à tou-te-s, je voulais vous envoyer un papier sur les “chef-fe-s” (implicites) dans les collectifs autogérés... C’est une sorte de récapitulatif de plusieurs discussions qu’on a eues entre squatteureuses de plusieurs villes.

Le papier en question est un tableau à l’origine, mais j’ai préféré l’envoyer ici sous forme rédigée, parce que internet, je m’y connais pas assez, et j’ai trop peur qu’un tableau envoyé en fichier joint se transforme en informe charabia. Enfin la version tableau, elle reste disponible par courrier pour qui veut.

Un tableau ça a ses limites, et ça, c’est le sujet d’un deuxième papier sur les chef-fe-s, qui suit bien sagement juste en-dessous.
Et voilà, et n’oubliez pas de bien lire l’un des paragraphes du deuxième texte : le but de ces textes n’est pas d’être juste lus ou cités ou affichés ou je ne sais quoi, enfin vous faites ce que vous voulez avec, bien sûr, mais moi ce que je trouverais bien c’est qu’ils ne soient qu’une “base” de réflexion, c’est-à-dire qu’ils soient commentés, contredits, complétés, etc., etc., grâce à toute la diversité de nos expériences, pour qu’au bout on arrive à des choses plus abouties et plus collectives.

LES CHEF-FE-S : COMMENT S’EN DÉBARRASSER ?

Le tableau a (pour l’instant) 6 lignes et 4 colonnes. Les lignes, ce sont les différents types de pouvoir, qu’on a l’impression de constater dans nos collectifs (donc y’en aurait 6). Les colonnes, ce sont les différentes manières de s’en débarrasser. Enfin, la première colonne, c’est plus une description de l’excès de pouvoir en question, comment il se manifeste, à quel genre de chef-fe il mène. La seconde, c’est ce que peuvent faire les chef-fe-s elleux-mêmes (les dominant-e-s) pour lutter contre cette situation de pouvoir. La troisième, c’est ce que peuvent faire les autres gens du collectif (les dominé-e-s) pour lutter contre ce pouvoir. La quatrième, c’est ce que peut mettre en place le collectif dans son ensemble (dominant-e-s + dominé-e-s) pour lutter contre ce pouvoir. Ce qu’on peut remarquer en regardant bien c’est que ô surprise il y a des signes “+” entre les trois dernières colonnes. Ce qui pourrait signifier que les solutions aux situations de pouvoir requièrent un effort des dominant-e-s, des dominé-e-s, et du collectif dans son ensemble. Bon mais ça on développera plus loin.
Le tableau est rédigé en suivant les lignes : type de pouvoir par type de pouvoir.

1. Le pouvoir d’INITIATIVE.

Il correspond à la capacité d’agir par soi-même, d’avoir et de lancer des idées, de prendre les devants.


Son excès, c’est la situation où seule 1 personne (ou seules peu de personnes), a cette capacité dans le collectif. Elle tire le groupe, l’entraîne, lui donne de l’énergie. Elle paraît infaillible. Quand elle n’est pas là, le collectif est un peu inerte / paumé.


Ce que peut faire la/e détenteurice (ou les détenteurices) de cet excès de pouvoir, c’est se mettre en retrait, ne pas se jeter systématiquement sur le premier truc à faire, quitter momentanément le groupe, montrer ses failles, être moins exigeant-e / plus tolérant-e / plus confiant-e envers les autres membres du collectif, cesser de craindre que sans ellui, les choses seront forcément mal faites.
Ce que peuvent faire celleux qui “subissent” cet excès de pouvoir, c’est prendre confiance en soi, se lancer, se jeter à l’eau, ne pas se reposer sur l’énergie / les idées / la toute-puissance d’un-e seul-e (ou de quelques-un-e-s).


Ce que peut faire l’ensemble du collectif, c’est créer un climat de confiance où l’on accepte les tentatives, les échecs, les faiblesses. Ca peut aussi être identifier collectivement les différentes choses à faire ou à prendre en main, et formuler clairement, pour chacune, QUI s’en charge, histoire de montrer puis d’éviter que toutes les tâches soient accaparé-e-s par un-e seul-e ou quelques-un-e-s.

2. Le pouvoir d’INFORMATION.

L’information est l’un des outils nécessaires pour prendre des initiatives.
L’excès de ce pouvoir, c’est quand une seule personne (ou une minorité de personnes) dans le collectif a toutes les infos importantes dans la tête. Elle devient une personne référente, indispensable.

Ce que peut faire ce-tte dominant-e (ou ces dominant-e-s), c’est transmettre ces infos aux autres gens du collectif, aussi souvent que possible, par oral et surtout par écrit (pour qu’elles soient accessibles tout le temps par tout le monde).

Ce que peuvent faire les dominé-e-s, c’est s’approprier l’information, ne pas se reposer sur des personnes référentes qu’on questionne quand on en a besoin.

Ce que peut faire le collectif, c’est créer des outils d’information collective : panneaux, cahiers, agendas, répertoires, dossiers juridiques...

3. Le pouvoir de COMPETENCE.

Les compétences, les savoirs techniques ou manuels, sont d’autres outils nécessaires pour prendre des initiatives.


L’excès de ce pouvoir, c’est quand une seule personne (ou une minorité) détient les compétences nécessaires au collectif (par exemple, bricoler l’électricité, écrire un tract, faire une affiche, parler en public...) Cette personne devient spécialiste et indispensable.


Ce que peut faire lae dominant-e (ou les dominant-e-s), c’est transmettre sa compétence dès que possible. C’est être disponible pour cette transmission : se mettre à la portée des autres, ne pas les mépriser, ni les envoyer chier, quand illes posent des questions.


Ce que peuvent faire les dominé-e-s, c’est se munir d’une certaine curiosité : trouver l’envie d’acquérir au moins quelques autres compétences que la leur. Et c’est solliciter la transmission de compétence par lae compétent-e.


Ce que peut faire le collectif, c’est instaurer ou généraliser les échanges de savoir dans la vie du collectif. Par exemple, faire en sorte que pour chaque tâche, il y ait 2 “exécutant-e-s” : l’un-e compétent-e, et l’autre qui a envie d’apprendre.

4. Le pouvoir de la PRÉSENCE physique dans les moments de l’aventure collective.

L’excès de ce pouvoir, c’est quand une seule personne (ou une minorité) est toujours présente. Elle est la seule à voir et à vivre tous les moments de l’aventure collective (réunions, actions...) : elle en connaît et maîtrise tous les détails. Elle fait partie du collectif plus que quiconque.

Ce que celle-ci peut faire, c’est prendre des vacances, s’absenter, arriver en retard... Se rappeler qu’il peut y avoir d’autres choses à faire, d’autres choses dans la vie que cette aventure collective.

Ce que peuvent faire les dominé-e-s, c’est ne pas oublier, quand lae dominant-e est absente ou en retard, de ne pas l’attendre ! pour agir ou commencer. Ca peut être, aussi, faire des réunions non-mixtes dominé-e-s (par exemple, dans un squat, non-habitant-e-s), où la présence de dominant-e-s est exclue...

Ce que peut faire le collectif, c’est choisir la non-permanence (par exemple, dans un squat “d’activités”, pas d’habitant-e-s fixes)...

5. Le pouvoir de la PAROLE.

Il correspond à la capacité de se manifester, s’exprimer, se mettre en avant.
Son excès, c’est quand une personne parle beaucoup, longuement, écoute peu, coupe souvent la parole aux autres...
Ce qu’elle peut faire pour se soigner, c’est apprendre à se taire, à écouter, à laisser des blancs, dans la conversation ou avant de prendre la parole en réunion...

Ce que peuvent faire les dominé-e-s, c’est apprendre à prendre la parole, se défendre quand illes se la font couper, oser prendre la parole en réunion quand il y a des silences...

Ce que peut faire le collectif dans son ensemble, c’est créer un climat où celleux qui ont des difficultés à s’exprimer sont écouté-e-s, respecté-e-s, pris-es en compte, aidé-e-s. Ca peut aussi être, pour les réunions, trouver des systèmes égalitaires de prise de parole (main levée pour demander la parole, tours de parole, tours de table, objet-relais de parole, temps de parole limité, etc., selon les situations).

6. Le pouvoir de COORDINATION.

Il apparaît quand on a une vision globale de l’aventure collective et de ses priorités.
Son excès, c’est quand une personne (ou une minorité) s’occupe toujours de rappeler des dates importantes (par téléphone...), de lancer les réunions, de tenir l’ordre du jour, de poser les questions, de recentrer les débats...

Ce que peut faire cette personne, c’est ne pas se jeter sans cesse sur ce rôle... Et se préoccuper de partager sa vision globale de la situation.

Ce que peuvent faire les dominé-e-s, c’est justement acquérir cette vision globale de l’aventure et des urgences, et ne pas se blottir dans le rôle d’exécutant-e.

Ce que peut faire le collectif, à chaque réunion par exemple, c’est d’instaurer un rôle de médiateurice, QUI TOURNE, pour que ce ne soit pas implicitement les mêmes qui s’y collent ou qu’on y colle.

CE QUI N’EST PAS DIT DANS CE TABLEAU

1. Ce tableau a été réalisé à partir de PRÉSUPPOSES, de principes de base implicites, qui mériteraient peut-être d’être développés.

- ON VEUT PAS DE CHEF-FE-S dans nos collectifs.

Ca paraît évident mais ça ne l’est pas pour tout le monde. Certain-e-s pensent qu’il y a des talents naturels (ou culturels: l’âge, l’expérience...) pour dynamiser un groupe, le rendre plus efficace, le faire avancer plus vite vers la révolution ou vers le bonheur...
- IL NE SUFFIT PAS DE SE DIRE ANTI-AUTORITAIRES...
Même dans les collectifs qui de proclament anti-autoritaires, il y a des situations de pouvoir... C’est pas parce qu’on a aboli la hiérarchie, les postes d’autorité, dans le groupe (au niveau explicite) que hop, spontanément, comme par magie, on se libère d’un coup de 20 ans et plus de conditionnements, que nos comportements changent de A à Z... La lutte contre le pouvoir est une affaire quotidienne, de conscience, d’attention...
- Y’A PAS DE VICTIMES du pouvoir dans un collectif autogéré : tou-te-s responsables, tou-te-s coupables, d’une situation de pouvoir. Les dominant-e-s autant que les dominé-e-s. L’effort pour changer la donne doit venir de tout le monde, sans exception, sinon ça marche pas (à moins d’en venir au conflit). La motivation pour combattre la situation de pouvoir peut être partagée par tou-te-s, et on a la chance d’être dans un milieu où a priori c’est le cas : les “chef-fe-s” parmi nous se disent parfois (souvent?) rongé-e-s par leur position.

2. Ce tableau a des LIMITES : attention attention !!!

- CE TABLEAU EST TRÈS BO.
(modestement.) Ou plus précisément, il peut paraître très abouti : il ne l’est pas. Il est là pour être gribouillé, griffonné, grignoté. Contesté. Work in progress, amig@.

- CE TABLEAU EST TRÈS TECHNIQUE.

Trop. On dirait un code de la route. Il ne couvre pas plein d’aspects du pouvoir : l’aspect social, historique, éducatif, linguistique, psychologique... D’autres aspects qui sont sans doute essentiels à comprendre, et à “travailler”, pour changer des choses.

- CE TABLEAU EST UN TABLEAU.
Les situations réelles et humaines n’ont rien à voir avec des tableaux, elles sont bien plus complexes. Le but en lisant ce tableau n’est pas d’arriver à se classer, soi ou son collectif, dans une de ses cases. C’est simplement d’acquérir quelques outils, quelques pistes, quelques idées, pour ensuite comprendre ce qu’on vit, se clarifier un instant la cervelle, arriver un moment à formuler des choses, pour ensuite mieux revenir à la perception très particulière de la situation très singulière où on se trouve. Entendons-nous bien, ce tableau n’est qu’un outil heuristique, dans le sens idéaltypique-wébérien du terme, n’est-ce pas. C’est entendu ?

Texte paru sur la liste Convergence Libertaire le 11 Janvier 2002

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unité - convergence - unité - convergence

Comment devenir un bon dirigeant politique en dix leçons ?




La méthode Assimil-vite-la-politique nous permet de publier en exclusivité quelques extraits de sa méthode éprouvée pour devenir un dirigeant politique puissant. Ceci donne des résultats efficaces pour un investissement raisonnable. Nous vous la conseillons donc.


1/ Etre un humain blanc "occidental" de sexe mâle est une condition favorable sous nos climats. L'instruction et la culture peuvent être moyenne, l'habileté politique n'est pas liée aux diplômes, ni à la sagesse ou au fait d'être cultivé. On peut commencer jeune, mais la moyenne la plus courante est de 35 à 60 ans.


2/ Il est indispensable d'avoir une structure organisationnelle stable, où l'importance numérique des troupes peut être une donnée importante. La durée de l'organisation est en soi un enjeu de taille.


3/ Il sait faire fonctionner et utiliser les mythes sur l'origine ou l'avenir, la puissance et la valorisation. Il remplace aisément le prêtre d'antan comme intercesseur face aux puissances spirituelles. La promesse est un horizon de sens primordial.


C'est un bon connaisseur de l'âme humaine et tire profit des passions tristes des humains, qui préfèrent se soumettre en ayant un petit rôle, plutôt que de prendre le risque de la liberté éphémère.


Il sait que l'existentiel et l'identitaire sont des points clés de l'humanitude, alors il en joue à souhait.


4/ Il s'entoure d'un cercle amical, où l'affectif et la reconnaissance conforteront l'engagement des personnes proches. L'aspect "tribal" de l'économie familiale n'a pas de secret pour lui, même s'il affirme à dessein que la politique prime.


Il s'efface pour distribuer des valorisations symboliques aux personnes dont il a besoin.


5/ Il profite des forces neuves des personnes qui débutent en politique en leur montrant l'énorme besoin que l'on a d'elles. La justification doit bien sûr avoir une haute valeur morale et viser au bien de l'humanité pour compenser le sacrifice militant. Comme l'usure humaine est parfois rapide, il faut toujours de la chair fraîche.


Les technocrates, eux, parlent maintenant de turn-over, mais le dirigeant politique sait qu'il s'agit de tout autre chose : du merveilleux que procure l'instance symbolique collective, car le monde politique est triste et froid s'il est désenchanté.


6/ Il a toujours raison, si besoin il met "les principes" en avant, il ne reconnaît jamais qu'il a tort. Au mieux, c'est une erreur d'appréciation.
En cas de désaccord sur une initiative que il n'a pas prise lui-même le dirigeant ne dit pas qu'il est contre. Non il crée une ambiance défavorable ou critique en sous-main et n'encourage pas à y participer.


A l'inverse si il se sent en minorité il jouera de son "aura" personnelle en disant : "vous pensez ce que vous voulez, personnellement je pense que ...". Cette tactique fonctionne à merveille. L'instinct grégaire vient au secours de la soumission.


7/ Il fait des compromis quand c'est inévitable, c'est à dire quand il ne peut diriger seul, et s'empresse de dénoncer la compromission chez les autres.


Mais il connaît la valeur du rapport de force avec ses pairs en politique, car la règle c'est de se soumettre plutôt que de se démettre, comme chez les grand singes.


La "fin justifie les moyens" est une méthode éprouvée ; autre précepte de base bien connu : "les ennemis de mes ennemis sont mes amis", il est ancien mais encore très efficace. En désespoir de cause, il aura recours au sempiternel "diviser pour régner".


8/ Avec l'âge vient le contrôle des instances, là il faut souvent verrouiller pour se maintenir en place et garder son pouvoir. On peut le faire de multiples façons : la maîtrise des statuts, la dramatisation émotionnelle, le recours au danger externe pour rendre plus forte la cohésion interne, l'instrumentalisation des personnes proches donc dévouées, la mise en scène du pouvoir, etc...


Evidemment le contrôle des finances et de l'information sera acquis discrètement. Comme de bien entendu on réclame la transparence pour les autres et on pratique l'opacité pour soi.


Le meilleur moyen étant de se rendre indispensable et incontournable par sa présence active.


9 / L'essentiel est de continuer, d'occuper l'espace, de marquer la situation, donc de faire parler de soi, on peut utiliser l'humour et même aller jusqu'à se plaindre ou se faire plaindre pour son dévouement à la cause.


Au besoin on se fait rassurant devant les inquiétudes des personnes que l'on instrumentalise.


De ce point de vue, le dirigeant politique est un bon cadre gestionnaire, il excelle dans les ressources humaines : la bonne personne à la bonne place, la culture "maison", la valorisation de la réussite, l'évacuation des difficultés sur une victime expiatoire ou un bouc émissaire, être celui qui "sait", la pratique de la convivialité bien comprise, qui en fait un humain accessible malgré son pouvoir "supérieur".


10 / La haute idée de soi-même c'est fondamental.


Partager cela avec les autres ou leur donner un motif d'exister, de se sentir libre et utile, de vibrer pour un "idéal" donne la clé du pouvoir symbolique. Partager et transmettre l'illusion sont de bonnes garanties pour que les autres se soumettent et s'en remettent à vous en politique.


Face au vide du spectacle et de la marchandise proposer du sens c'est un excellent moyen de réussir en politique.


Allez bonne chance les petits loups, ayez les dents longues, l'époque est aux faux-semblants, n'hésitez pas les humains sont méprisables et adorent la soumission pourvu qu'on les caresse ou qu'il aient peur.


Pour rire avant d'en mourir !

Du contre pouvoir
Miguel Benasayag & Diego Sztulwark,
Note de lecture de Lyne Rossi


Le livre de Benasayag et Sztulwark chemine au travers des définitions et redéfinitions de luttes, de résistances, d’opposition aux systèmes dominants, apportant chaque fois une analyse et une mise en contexte historique qui peut nous aider à comprendre ce que nous faisons…

Après des décennies "confortablement" installées dans les certitudes idéologiques dont certaines ont conduit aux drames que nous connaissons, il est temps de dépasser le pessimisme des années quatre-vingt qui "avait décrété l’échec annoncé de toute entreprise émancipatrice". Mais voilà, comment s’y prendre quand il semble nécessaire aux auteurs de passer de la pure militance "contre" à "la nouvelle radicalité" qui construit le chemin en marchant, qui "développe, dans les pratiques multiples de chaque situation, des lieux et des modes de vie, qui concrètement, dépassent en actes l’individualisme du système".

Car il s’agit bien d’intégrer le fait que "l’émancipation est avant tout existentielle et pas simplement économique ou politique". Benasayag et Sztulwark proposent d’examiner la manière dont s’opère le passage de la subjectivité contestataire à la construction de contre-pouvoirs. Cette tentative éclaire le lien complexe entre dimension individuelle et "destin" collectif, engagement pour soi et pour les autres, sens de l’engagement.
Examinant la période écoulée, qualifiée de "rupture "avec" un mythe historique : la conviction que l’humanité parcourait un chemin - accidenté mais sûr - qui la menait à son autolibération", les auteurs livrent les aspects essentiels des mutations conceptuelles et idéologiques en cours :

- la fin des modèles dont, en particulier, celui qui " justifiait la stratégie de prise du pouvoir central comme moyen d’atteindre cet état utopique, de modeler le monde ".

- l’abandon d’une conception linéaire et homogène du temps historique qui " justifiait au nom d’un monde futur idéal les actes de l’avant-garde du présent ", prédiction d’un futur enchanté, proclamée par une élite qui prétendait " connaître les lois du réel "

- la naissance de l’exigence de lutte pour la vie "sans rien chercher à faire à la place des autres", visant à"développer des projets inscrits d’abord dans la situation".

À ne pas intégrer ces mutations comportementales et subjectives, nous nous exposons au pessimisme impuissant, dont les auteurs font une description saisissante et qui résonne en chacun de nous, observateur du désengagement trop largement partagé… Car nous assistons à "l’ambiguïté de la cohabitation, des "passions tristes" et de la subjectivité anticapitaliste".

C’est à repenser les champs de l’action et de la création - multiformes -pour sortir de la velléité, que nous sommes contraints. Repenser, cela signifie travailler les représentations sociales à partir desquelles nous "fonctionnons" ; il en est ainsi de celles de l’État, de la gestion, de la politique, de la société, du pouvoir ; la représentation que nous avons de ces termes et des réalités qu’ils recouvrent alimentent les formes de luttes ou la passivité que nous choisissons. Aborder la différence entre puissance et pouvoir ou politique et gestion permet de redéfinir et de clarifier les tentatives de prises de pouvoir contemporaines dont le problème essentiel est que "dans le "pouvoir " ne loge pas le pouvoir".

En tant que manière d’exercer la gestion, l’administration "de ce que la politique de la puissance a changé et créé… (le pouvoir) peut agir comme une représentation positive pour la puissance, comme un miroir qui alimente la tendance puissante de la multitude".

Il s’agit de penser le lien entre processus continu de maturation des changements (représentations sociales/subjectivité comprises), micro-expériences en actes et "prise du pouvoir" en replaçant cette dernière "dans le contexte d’une politique de la puissance". Cette décentration de la question de la prise du pouvoir - par opposition à la place centrale qu’elle a occupée dans tous les processus révolutionnaires - repose celle de la place et du rôle des actions multiples qui engagent le changement social, en situation. Notre responsabilité - ici et maintenant - est engagée, pour changer les manières de vivre, de penser, de gérer, etc., pour développer des contre-pouvoirs. Le mérite des auteurs réside dans cette mise en lumière de l’urgence à légitimer la résistance par l’expérimentation et l’action en situation, expression de "la subjectivité radicale".

La décentration de la question de la prise de pouvoir se trouve soudain supplantée par la centralité de la "question ouvrière" comme "sujet de l’émancipation". Cette approche d’un passage obligé par la "question ouvrière" pour penser l’émancipation nous réoriente sensiblement vers ce que les auteurs dénoncent eux-mêmes : le caractère univoque de la libération. L’un des échecs des "révolutions" du XXe siècle n’est-il pas d’avoir réduit la question de l’émancipation à la seule classe ouvrière pour ce qu’elle recouvrait - dans les représentations de "l’avant-garde" - d’emblématique? Par ailleurs l’expérience concrète du "socialisme réel", n’a-t-elle pas montré les limites de la croyance selon laquelle la centralité de la question ouvrière subsumait à elle seule les autres questions ?
Cheminer dans la radicalité conceptuelle et politique, c’est peut-être aussi faire le deuil des outils théoriques qui ont permis de fonder "les tragédies révolutionnaires". Même si Marx et Engels - comme le rappellent les auteurs - ont appelé "communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel", l’incarnation de ce credo et le désir de toute-puissance (saccage environnemental / négation de la personne humaine…) qui ont illustré le "socialisme réel" nous invitent à la modération dans l’utilisation de ces outils.

Le livre de Benasayag et Sztulwark nous offre les moyens de penser l’action militante, de transformation sociale, en d’autres termes que ceux du siècle écoulé. L’exigence de créativité qui anime le concept de "nouvelle radicalité" nous incite à réinterroger les pratiques militantes et les formes d’organisation qui les sous-tendent.

Lyne Rossi

Note de lecture parue sur le site de la revue Ecorev http://ecorev.free.fr/

TOUS LES CHEFS ONT TORT !
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