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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Nestor Makhno L’anarchisme et notre époque 1925

L’anarchisme, ce n'est pas seulement une doctrine qui traite de la vie sociale de l’homme, comprise dans le sens étroit que lui prêtent les dictionnaires politiques et, parfois, lors de meetings, nos orateurs propagandistes. C’est aussi un enseignement qui embrasse la vie de l’homme dans son intégralité.


Au cours du processus d’élaboration de sa conception globale du monde, l’anarchisme se donne une tâche bien précise : saisir le monde dans son entier, en écartant de sa voie toutes sortes d’obstacles, présent et à venir, dressés par la science et la technique bourgeoise et capitaliste. Cela dans le but de fournir à l’homme l’explication la plus exhaustive possible sur l’existence de ce monde et d’appréhender de la meilleure façon tous les problèmes qui peuvent se poser à lui ; cette démarche doit l’aider à prendre intérieurement conscience de l’anarchisme qui lui est inhérent par nature - c’est du moins ce que je suppose -, au point qu’il en ressent continuellement des manifestations partielles.


C’est à partir de la volonté individuelle que l’enseignement libertaire peut s’incarner dans la vie réelle et frayer la voie qui aidera l’homme à chasser en lui tout esprit de soumission.


Lorsqu’il se développe, l’anarchisme ne connaît pas de limites. Il ne connaît pas de rives où il pourrait s’échouer et se fixer. Tout comme la vie humaine, il ne possède pas de formules définitives pour ses aspirations et objectifs.


Le droit absolu de tout homme à une liberté totale, tel qu’il est défini par les postulats théorique de l’anarchisme, ne saurait être pour lui, à mon avis, qu’un moyen pour atteindre son plus ou moins grand épanouissement, sans cesser pour autant de se développer. Ayant chassé en l’homme l’esprit de soumission qui lui a été artificiellement imposé, l’anarchisme devient dorénavant l’idée directrice de la société humaine en marche vers la conquête de tous ses objectifs.


A notre époque, l’anarchisme est encore considéré comme théoriquement faible ; en outre, certains affirment qu’il est souvent interprété de façon erronée. Pourtant ces adeptes s’expriment à foison à son sujet ; beaucoup en parlent constamment, militent activement et parfois se lamentent qu’il ne triomphe pas (je suppose, dans ce dernier cas, que cette attitude est provoquée par l’impuissance à à élaborer, à partir d’un cabinet d’études, les moyens sociaux indispensable à l’anarchisme pour avoir prise sur la société de notre temps).


La cohésion de tous les anarchistes actifs, exprimée par un collectif agissant sérieux, est unanimement estimée nécessaire par chacun d’entre nous. Il serait bien étonnant que des adversaire de cette Union se déclarent dans notre milieu. La question à résoudre ne tient qu’en la forme organisationnelle que pourrait adopter cette Union des anarchistes.


Personnellement, je considère comme la forme organisationnelle la plus adaptée et la plus nécessaire celle qui se présenterait sous l’aspect d’une Union des anarchistes, édifiée sur la base des principes de la discipline collective et de la direction commune des toutes les forces anarchistes. Ainsi, toutes les organisations qui y seraient adhérantes seraient liées entre elles par la communauté des objectifs socio-révolutionnaires, mais aussi par celle des moyens qui y mèneraient.


L’activité des organisations locales peut être adaptée, autant que possible, aux conditions locales ; elle doit cependant s’unir sans défaillance à l’orientation de la pratique organisationnelle globale de l’Union des anarchistes couvrant tout le pays.


Que cette Union s’appelle parti ou tout autrement n’a qu’une importance secondaire. Ce qui est primordial c’est qu’elle réalise la concentration de toutes les forces anarchistes en une pratique commune et unitaire contre l’ennemi, en impulsion la lutte pour les droit des travailleurs, la réalisation de la révolution sociale, et l’avènement de la société anarchiste !


Catégories : LivresXXe siècle1925Anarchisme

Nestor Makhno
La makhnovchtchina et l’antisémitisme
1927


Depuis près de sept ans, les ennemis du mouvement révolutionnaire makhnoviste se sont tellement déchaînés en mensonges à son égard que l’on peut s’étonner que ces gens n’arrivent pas à en rougir au moins de temps en temps.


Il est assez caractéristique que ces mensonges éhontés dirigés contre moi et les insurgés makhnovistes, en fait contre notre mouvement dans son ensemble, unissent des gens dans camps socio-politiques très différents : on peut y trouver des journalistes de toutes plumes, des écrivains, des érudits et des profanes qui leur emboîtent le pas, des maraudeurs et des spéculateurs, lesquels n’hésitent pas parfois à se présenter en pionniers des idées révolutionnaires d’avant garde. On y rencontre également de prétendus anarchistes, tel Yanovky, du Freie arbeiter stimme. Tous ces gens de toute sorte et de tous poils, ne craignent aucunement d’user de mensonges contre nous, sans même nous connaître ; parfois sans y croire vraiment eux-même. Ces mensonges se complètent d’insinuations, ce qui consiste à crier toujours et partout contre nous, sans tenter d’établir les fondements mêmes de leurs criailleries. En effet, où sont les faits plausibles qui pourraient justifier en quoi que ce soit cette hystérie amorale ? Tous ces impudents mensonges contre nous, les makhnovistes, nous traitant de programmeurs, sans avancer la moindre preuve ni vérifier quoique ce soit, m’on amené, il y a peu de temps, à m’adresser, par l’intermédiaire de la presse libertaire et russe, aux Juifs de tous pays, pour leur demander des explications sur les sources de toutes ces absurdités, afin que soient fournis des faits précis de pogromes, d’encouragements ou d’appels à des pogromes commis ou lancé par le mouvement révolutionnaire des travailleurs ukrainiens que j’ai guidé.


Seul, le club bien connu de Paris, le "Faubourg", a répondu à mon appel aux juifs de tous pays". La direction de ce club a fait savoir par la presse que, lors d’une réunion, le 23 juin 1927, le débat porterait sur la question suivante : "le "général" Makhno a-t-il été l’amis des Juifs ou bien a-t-il participé à des tueries contre eux ? ". Il y était ajouté que le camarade français Lecoin allait y intervenir en tant que défenseur de Makhno.


Il va sans dire que, si tôt que j’ai appris la tenue de cette assemblée du "Faubourg", je me suis immédiatement adressé au président de ce club, Poldès, en lui demandant par lettre que Lecoin soit écarté de cette question et que la possibilité d’intervenir personnellement devant son club me soit donnée. A la suite d’une réponse positive, je me suis donc présenté le 23 juin 1927 devant l’assemblée de ce club.


Cependant, la méthode particulière de mener les débats dans ce club et la question qui me concernait n’étant traitée qu’en fin de réunion ont fait que je n’ai pu intervenir que fort tard, vers onze heures du soir et n’ai pu m’exprimer à fond. Je n’ai pu tout au plus introduire la question en traitait le caractère historique, les sources et voies de l’antisémitisme en Ukraine.


Mes ennemis se serviront peut-être de cette circonstance indépendante de ma volonté et surtout du fait que je sois ici pieds et poings liés. En effet, selon les lois policières françaises, il m’est interdit de communiquer avec mes camarades d’idées français ; par conséquent, il nemlm’est pas possible d’organiser moi-même une réunion publique pour m’expliquer à propos de ces calomnies. D’ailleurs, certains ont encore impudemment menti en parlant d’un "procès" qu’on aurait organisé à Paris. Nouvelles mensongère qui a été reprise par mes ennemis, les défenseurs hypocrite du droit et de l’indépendance du peuple juif, lequel a pourtant tellement souffert au cours de ces dernières trentes années en Russie et en Ukraine.


La réalité peut-elle correspondre en quoi que ce soit à ces mensonges ? Tout les travailleurs juifs d’Ukraine, ainsi que tous les autres travailleurs ukrainiens savent bien que le mouvement que j’ai guidé durant des années était un mouvement authentique de travailleurs révolutionnaires. Le mouvement,’a nullement cherché à séparer, sur des bases raciales, l’organisation pratique des travailleurs trompés, exploités et opprimés. Bien au contraire, il a voulu les unir en une toute puissance révolutionnaire, capable d’agir contre leur oppresseurs, en particulier contre les dénikiens profondément pénétrés d’antisémitisme. Le mouvement ne s’est jamais occupé d’accomplir des pogromes contre les Juifs et ne les a jamais encouragés. En outre, il y a de nombreux travailleurs juifs au sein de l’avant garde du mouvement révolutionnaire d’Ukraine (makhnoviste). Par exemple, le régiment d’infanterie de Gouliaï-Polié comprenait une compagnie exclusivement composée de deux cents travailleurs juifs. Il y a aussi eu une batterie de quatre pièces d’artillerie dont les servants et l’unité de protection, commandant compris étaient tous juifs. Il y a eu également de nombreux travailleurs juifs dans le mouvement makhnoviste qui, pour des raisons personnelles, préférèrent se fondre dans les unités combattantes révolutionnaires mixtes. Ce furent tous des combattants libres, engagés volontaires qui ont lutté honnêtement pour l’œuvre commune des travailleurs. Ces combattants anonymes possédaient leurs représentants au sein des organes économique de ravitaillement de toute l’armée. Tout cela peut être vérifié dans la région de Gouliaï-Polié parmi les colonies et les villages juifs.


Tous ces travailleurs juifs insurgés se sont trouvés sous mon commandement durant une longue période, non pas quelques jours ou mois, mais durant des années entières. Ce sont tous des témoins de la façon dont moi, l’État-major et l’armée entière, nous nous sommes portés à l’égard de l’antisémitisme et des pogromes qu’il inspirait.


Toute tentatives de pogromes ou de pillage fut, chez nous étouffée dans l ’oeuf. Ceux qui se rendirent coupables de tels actes furent toujours fusillés sur les lieux de leurs forfaits. Il en fut ainsi, par exemple, en mai 1919, lorsque les insurgés paysans de Novo-Ouspénovka, ayant quitté le front pour se reposer à l’arrière, découvrirent à proximité d’une colonie juive deux cadavres décomposés, puis les ayant pris pour des insurgés assassinés par les membres de cette colonie juive, s’en prirent à elle et tuèrent une trentaine de ses habitants. Le jour même, mon État-major envoya une commission d’enquête dans cette colonie. Elle découvrit les traces de auteurs de la tuerie. J’envoyai immédiatement un détachement spécial dans ce village pur les arrêter. Les responsables de cette attaque contre la colonie juive, à savoir six personnes dont le commissaire bolchevik de district, furent tous fusillés le 13 mai 1919.


Il fut de même en juillet 1919, lorsque je me retrouvais pris entre deux feux par Dénikine et Trotsky - lequel prophétisait à ce moment dans son parti qu’il valait mieux livrer toute l’Ukraine à Dénikine que de donner la possibilité à la Makhnovstshina de se développer" - et qu’il me fallut passer sur la rive droite du Dniepr. Je rencontrai alors le fameux Grigoriev, ataman de la région de Kherson. Induit en erreur par les bruits stupides qui circulaient sur moi et le mouvement insurrectionnel, Grigoriev voulut conclure une alliance avec moi et mon État-major, en vue de mener une lutte contre Dénikine et le Bolcheviks.


Les pourparlers commencèrent sous condition de ma part l’ataman Grigoriev fournisse, dans un délai de deux semaines, à mon État-Major et au soviet de l’armée insurrectionnelle révolutionnaire d’Ukraine makhnoviste), des documents prouvant que tous les bruits qui couraient sur les pogromes commis par lui à deux ou trous reprise par lui à Elisabethgrad étaient dénués de tout fondement, étant donné que, faute de temps, je ne pouvais en vérifier moi-même la véracité.


Cette condition fit méditer Grigoriev puis, en militaire et bon stratège, il donna tout de même son accord. Pour me prouver qu’en aucun cas il ne pouvait être pogromeur, il se recommanda de la présence auprès de lui d’un représentant ukrainien du parti Socialiste Révolutionnaire. Ensuite, tout en m’accusant d’avoir lancé un "appel" contre lui, au nom de mon État-major, où il avait été dénoncé comme ennemi de la révolution, pour démontrer sa bonne foi, Grigoriev me présenta plusieurs représentants politiques qui se trouvaient auprès de lui : Nicolas Kopornitsky, du parti socialiste Revolutionnaire ukrainien.


Cela se passait au moment où je me trouvait dans les parages d’Elisabethgrad avec mon principal détachement de combat. J’estimais de mon devoir de révolutionnaire de profiter de cette circonstance pour élucider moi-même ce que l’ataman Grigoriev avait bien pu commettre lorqu’il avait occupé cette ville. Simultanément, des agents dénikiens interceptés m’apprirent que Grigoriev préparait à l’insu des travailleurs de Kherson, la coordination de ses mouvements avec l’État-major dénikien, en vue de cette lutte commune contre les bolcheviks.


J’appris des habitants d’Elisabethgrad et des villages avoisinants, ainsi que de partisans des unités de Grigoriev, qu’à chaque fois qu’il avait occupé la ville, des juifs y avianet été massacrés. En sa présence et, sur mon ordre, ses partisants avaient assasiné près de deux milles Juifs, dans la fleur de la jeunesse juive : de nombreux membres de jeunesses anarchistes bolchéviques et socialistes. Certains d’entre eux avaient même été extraits de prisons pour être abattus.


Apprenant tout cela, je déclarai immédiatement Grigoriev, l’ataman de Kherson - Socialiste révolutionnaire entre guillemets - agent de Dénikine et pogromeur public, directement responsable des actes de ses partisan contre les Juifs.


Lors du meeting de Sentovo, le 27 juillet, Grigoriev fut présenté comme tel et exécuté sur place aux yeux de tous. Cette exécution et ses motifs ont été consigné comme suit : "Le pogromeur Grigoriev a été exécuté par les responsables makhnovistes : Batko Makhno, Sémion Karétnik et Alexis Tchoubenko. Le mouvement makhnoviste prend entièrement sur lui la responsabilité de cet acte devant l’histoire." Ce protocole a été cosigné par les membres del’armée insurrectionnelle et les représentant du parti Socialiste révolutionnaire, dont Nicolas Kopornitsky (remarque : les sociaux-démocrates Seliansky et Kolioujny avaient complètement disparu à la suite de l’exécution de Grigoriev).


C’est ainsi que je me suis toujours comporté envers ceux qui avaient commis des pogromes ou qui étaient en train d’en préparer. Les pillards ne furent pas épargnés non plus, que ce soit au sein de l’armée insurrectionnelle ou en dehors. C’est ce qui se produisit, par exemple, lorsqu’en août 1920 deux détachement de tendance chauvine Pétliouriste, sous le commandement Levtchenko et Matianycha, se retrouvant encerclés par nos unités, nous envoyérent des emissaires pour nous proposer de se fondre dans notre armée. L’État-major et moi les reçûmes et acceptâmes leur jonction ; cependant, dès que nous nous aperçûmes que les éléments chauvins de ces détachements s’occupaient de pillages et professaient l’antisémitisme, nous les fusillâmes aussitôt, au village d’Averski, dans la province de Poltava. Quelques jours plus tard, leur commandant Matianycha fut également fusillé pour avoir eu un comportement provocateur dans la ville de Zinkov (province de Poltava). Son détachement fut désarmé et la majorité de ses membres renvoyés dans leurs foyers.


En décembre 1920, le même phénomène se renouvela avec des soldats de l’Armée Rouge, lorsque nous soutînmes avec succès les attaques de la cavalerie de Boudienny et défîmes complètement la XIéme division de son armée, auprès du village de Pétrovo, dans le district d’Alexandrovsk, puis la XIVéme division de cavalerie, en faisant prisonnier, cette foi, tout son commandement et son État-major. De nombreux prisonniers de la XIème division exprimèrent le désir de se joindre à l’armée insurrectionnelle pour combattre les commissaires politiques autocrates, comme ils les appelaient. En traversant la région de Kherson, le village de Dobrovelitchka, dont plus de la moitié de la population était juive, certains cavaliers ex-boudiennistes ou pétliouriens, ayant connaissances au sien de leurs anciennes unités des rumeurs sur l’hostilité des makhnovistes envers les "youpins", se mirent à piller les maisons des Juifs de ce village. Dès que cela fut remarqué par des makhnovistes expérimentés, ils furent tous saisis et fusillés sur place.


C’est ainsi que la Makhnovstshina, durant toute son existence, observa une attitude intransigeante à l’égard de l’antisémitisme et des pogromeurs ; cela parcequ’elle était un mouvement authentiquement laborieux et révolutionnaire en Ukraine.




Nestor Makhno

Nestor Makhno
Abecedaire de l’anarchiste révolutionnaire
1932


L’anarchisme, c’est la vie libre et l’œuvre créatrice de l’homme. C’est la destruction de tout ce qui est dirigé contre ces aspirations naturelles et saines de l’homme.


L’anarchisme, ce n’est pas un enseignement exclusivement théorique, à partir de programmes élaborés artificiellement dans le but de régir la vie ; c’est un enseignement tiré de la vie à travers toutes ses saines manifestations, passant outre à toutes les normes artificielles.


La physionomie sociale et politique de l’anarchisme, c’est une société libre, antiautoritaire, celle qui instaure la liberté, l’égalité et la solidarité entre tous ses membres.


Le Droit, dans l’anarchisme, c’est la responsabilité de l’individu, celle qui entraîne une garantie véritable de la liberté et de la justice sociale, pour tous et pour chacun, partout et de tous temps. C’est là que naît le communisme.


L’anarchisme naît naturellement chez l’homme ; le communisme, lui, en est le développement logique.


Ces affirmations demandent à être appuyées théoriquement à l’aide de l’analyse scientifique et de données concrêtes, afin de devenir des postulats fondamentaux de l’anarchisme. Cependant, les grands théoriciens libertaires, tels que Godwin, Proudhon, Bakounine, Johann Most, Kropotkine, Malatesta, Sebastien Faure et de nombreux autres n’ont pas voulu, du moins je le suppose, enfermer la doctrine dans des cadres rigides et définitifs. Bien au contraire, on peut dire que le dogme scientifique de l’anarchisme, c’est l’aspiration à démontrer qu’il est inhérent à la nature humaine de ne jamais se contenter de ses conquètes. La seule chose qui ne change pas dans l’anarchisme scientifique, c’est la tendance naturelle à rejeter toutes les chaînes et toute entreprise d’exploitation de l’homme par l’homme. En lieu et place des chaînes et de l’escalvage instaurés actuellement dans la société humaine - ce que, d’ailleurs, le socialisme n’a pu et ne peut supprimer -, l’anarchisme sème la liberté et le droit inaliénable de l’homme à en user.


En tant qu’anarchiste révolutionnaire, j’ai participé à la vie du peuple urkainien durant la révolution. Ce peuple a ressenti instinctivement à travers son activité l’exigeance vitale des idées libertaires et en a également subi le poid tragique. J’ai connu, sans fléchir, les mêmes rigueurs dramatiques de cette lutte collective, mais, bien souvent, je me suis retrouvé impuissant à comprendre puis à formuler les exigences du moment. En général, je me suis rapidement repris et j’ai clairement saisi que le but vers lequel, moi et mes camarades, nous appelions à lutter était directement assimilé par la masse qui combattait pour la liberté et l’indépendance de l’individu et de l’humainté entière.


L’expérience de la lutte pratique a renforcé ma conviction que l’anarchisme éduque d’une manière vivante l’homme. C’est un enseignement tout aussi révolutionnaire que la vie, il est tout aussi varié et puissant dans ses manifestations que la vie créatrice de l’homme et, en fait, il s’y indentifie intimement.


En tant qu’anarchiste révolutionnaire, et tant que j’aurai un lien au moins aussi ténu qu’un cheveu avec cette qualification, je t’appellerai, toi frère humilié, à la lutte pour la réalisation de l’idéal anarchiste. En effet, ce n’est que par cette lutte pour la liberté, l’égalité et la solidarité que tu comprendra l’anarchisme.


L’anarchisme existe, donc, naturellement chez l’homme : il l’émancipe historiquement de la psychologie servile - acquise atrificiellement - et l’aide à devenir un combatant conscient contre l’esclavage sous toutes ses formes. C’est en cela que l’anarchisme est révolutionnaire.


Plus l’homme prend conscience, par la reflexion, de sa situation servile, plus il s’en indigne, plus l’esprit anarchiste de liberté, de volonté et d’action s’incruste en lui. Cela concerne chaque individu, homme ou femme, même s’ils nont jamais entendu parler du mot "anarchisme".


La nature de l’homme est anarchiste : elle s’oppose à tout ce qui tend à l’emprisonner. Cette essence naturelle de l’homme, selon moi, s’exprime dans le terme scientifique d’anarchisme. Celui-ci, en tant qu’idéal de vie chez l’homme, joue un rôle significatif dans l’évolution humaine. Les oppresseurs, tout aussi bien que les opprimés, commencent peu à peu à remarquer ce rôle ; aussi, les premiers aspirent-ils par tout les moyens à déformer cet idéal, alors que les seconds aspirent, eux, à les rendre plus accessibles à attiendre.


La compréhension de l’idéal anarchiste chez l’esclave et le maître grandit avec la civilisation moderne. En dépit des fins que celle-ci s’était jusque là données - endormir et bloquer toute tendance naturelle chez l’homme à protester contre tout outrage à sa dignité -, elle n’a pu faire taire les esprits scientifiques indépendants qui ont mis à nu la véritable provenance de l’homme et démontré l’innexistence de Dieu, considéré auparavant comme le créateur de l’humanité. Par suite, il est devenu naturellement plus facile de prouver de manière irréfutable le caractère artificiel des "onctions divines" sur terre et des relations infâmantes qu’elles entraînaient contre les homes.


Tous ces évènements ont considérablement aidé au développement conscient des idées anarchistes. Il est tout aussi vrai que des conceptions artificielles ont vu le jour à la même époque : le liberalisme et le socialisme prétendument "scientifique", dont l’une des branches est représentée par le bolchevisme-communisme. Toutefois, malgrés toute leur immense influence sur la psychologie de la société moderne, ou du moins sur une grande partie d’entre elle, et malgré leur triomphe sur la réaction classique d’une part, et sur la personnalité de l’individu, d’autre part, ces conceptions artificielles tendent à glisser sur la pente menant aux formes déja connues du vieux monde.


L’homme libre, qui prend conscience et qui l’exprime autour de lui, enterre et enterrera inévitablement tout le passé infâmant de l’humanité, ainsi que tout ce que cela entraînerait comme tromperie, violence arbitraire et avilissement. Il enterrera aussi ces enseignements artificiels.


L’individu se libère peu à peu, dès à présent, de la chape de mensonges et de lâcheté dont l’ont recouvert depuis sa naissance les dieux terrestres, cela à l’aide de la force grossière de la baïonnette, du rouble, de la "justice" et de la science hypocrite - celle des apprentis sorciers.


En se débarrassant d’une telle infamie, l’individu atteint la plénitude qui lui fait découvrir la carte de la vie : il y remarque en premier lieu son ancienne vie servile, repoussante de lâcheté et de misère. Cette vie ancienne avait tué en lui, en l’asservissant, tout ce qui avait de propre, clair et valable au départ, pour le transformer soit en mouton bêlant, soit en maître imbécile qui piétine et déchire tout ce qu’il y a de bon en lui-même et chez autrui.


C’est seulement à ce moment que l’homme s’éveille à la liberté naturelle, indépendante de qui ou de quoi que ce soit et qui réduit en cendre tout ce qui lui est contraire, tout ce qui viole la pureté et la beauté captivante de la nature, laquelle se manifeste et croît à travers l’œuvre créatrice autonome de l’individu. Ce n’est qu’ici que l’homme revient à lui-même et qu’il condamne pour toujours son passé honteux, coupant avec lui tout lien psychique qui emprisonnait jusqu’ici sa vie individuelle et sociale, par le poids de son ascendance serville et aussi, en partie, par sa propre démission, encouragée et accrue par les chamans de la science.


Désormais, l’homme avance d’année en année autant qu’il le faisait auparavant de génération en génération, vers une fin hautement étique : ne pas être, ni devenir lui-mêmme un chaman, un prophète du pouvoir sur autrui et ne plus permettre à d’autres de disposer d’un pouvoir sur lui.


Libéré des dieux célèstes et terrestres, ainsi que de toutes leurs prescriptions morales et sociales, l’homme élève la voix et s’oppose en actes contre l’exploitation de l’homme par l’homme et le dévoiement de sa nature, laquelle reste invariablement liée à la marche en avant, vers la pleinitude et la perfection. Cet homme révolté ayant pris conscience de soi et de la situation de ses frères opprimés et humiliés, s’exprime dorénavant avec son cœur et sa raison : il devient un anarchiste révolutionnaire, le seul individu qui puisse avoir soif de liberté, de pleinitude et de perfection tant pour lui que pour le genre humain, foulant à ses pieds l’esclavage et l’idiotie sociale qui s’est incarnée historiquement par la violence - l’État. Contre cet assassin et bandit organisé, l’homme libre s’organise à son tour avec ses semblables, en vue de se renforcer et d’adopter une orientation véritablement communiste dans toutes les conquètes communes accomplies sur la voie créatrice, à la fois grandiose et pénible.


Les ndividus membres de tels groupes s’émancipent par là même de la tutelle criminelle de la société dominante, dans la mesure où ils redeviennent eux-mêmes, c’est à dire qu’ils rejettent toute servilité envers autrui, quelqu’ils aient pu être auparavant : ouvrier, paysan, étudiant ou intellectuels. C’est ainsi qu’ils échappent à la condition soit d’âne bâté, d’esclave, de fonctionnaire ou de laquais se vendant à des maîtres imbéciles.


En tant qu’individu, l’homme se rapproche de sa personnalité authentique l’orsqu’il rejette et réduit en cendres les idées fausses sur sa vie, retrouvant ainsi tous ses véritables droits. C’est par cette double démarche de rejet et d’affirmation que l’individu devient un anarchiste révolutionnaire et un communiste conscient.


En tant qu’idéal de vie humaine, l’anarchisme se révèle consciemment en chaque individu comme une aspiration naturelle de la pensée vers une vie libre et créatrice, conduisant à un idéal social de bonheur. A notre siecle, la société anarchiste ou société harmonieuse n’apparaît plus comme une chimère. Cependant, autant que son élaboration et son aménagement pratique, sa conception paraît encore peu évidente.


En tant qu’enseignement portant sur une vie nouvelle de l’homme et de son développement créateur, tant sur le plan individuel que social, l’idée même de l’anarchisme se fonde sur la vérité indestructible de la nature humaine et sur les preuves indiscutables de l’injustice de la société actuelle - véritable plaie permanente. Cette constatation conduit ses partisants - les anarchistes - à se trouver en situation à demi ou entièrement illégale vis-à-vis des institutions officielle de la société actuelle. En effet, l’anarchisme ne peut être reconnu tout à fait légal dans aucun pays ; cela s’explique par son serviteur et maître : l’État. La société s’y est complètement dissoute ; toutes ses fonctions et affaires sociales sont passées aux mains de l’État. Le groupe de personnes qui a parasité de tous temps l’humanité, en lui construisant des "tranchées" dans sa vie, s’est ainsi identifié à l’État. Que ce soit individuellement ou en masse innombrable, l’homme se retrouve à la merci de ce groupe de fainéants se faisant appeler "gouvernants et maîtres", alors qu’ils ne sont en réalité que de simple exploiteurs et oppresseurs.


C’est à ces requins qui abrutissent et soumettent le monde actuel, qu’ils soient gouvernants de droite ou de gauche, bourgeois ou socialistes étatistes, que la grande idée d’anarchisme ne plaît en aucune sorte. La différence entre ces requins tient en ce que les premiers sont des bourgeois déclarés - par conséquents moins hypocrites -, alors que les seconds, les socialistes étatistes de toutes nuances, et surtout parmis eux les collectivistes qui se sont indûment accolés le nom de communistes, à savoir les bolcheviks, se dissimilent hypocritement sous les mots d’ordre de "fraternité et d’égalité". Les bolcheviks sont prêt à repeindre mille fois le société actuelle ou à changer mille fois la dénomination des systèmes de domination des uns et d’esclavage des autres, bref à modifier les appellations selon les besoins de leurs programmes, sans changer pour autant un iota de la nature de la société actuelle, quitte à échaffauder dans leurs stupides programmes des compromis aux contradictions naturelles qui existent entre la domination et la servitude. Bien qu’ils sachent que ces contradictions soient insurmontables, ils les entretiennent tout de même, à la seule fin de ne pas laisser apparaître dans la vie le seul idéal humain véritable : le communisme libertaire.


Selon leur programme absurde, les socialistes et communistes étatistes ont décidé de "permettre" à l’homme de se librer socialement, sans qu’il soit possible pour autant de manifester cette librerté dans sa vie sociale. Quant à laisser l’homme s’émanciper spirituellement en totalité, de manière à ce qu’il soit entièrement libre d’agir et de se soumettre uniquement à sa propre volonté et aux seules lois naturelles, bien qu’ils abordent peu ce sujet, il ne saurait pour eux en être question. C’est la raison pour laquelle ils unissent leurs efforts à ceux des bourgeois afin que cette émancipation ne puisse jamais échapper à leur odieuse tutelle. De toute façon, l’"émancipation" octroyée par un pouvoir politque quelconque, on sait bien désormais quel aspect cela peur revêtir.


Le bourgeois trouve naturel de parler des travailleurs comme d’esclaves condamné à le rester. Il n’encouragera jamais un travail authentique susceptible de produire quelquechose de réellement utile et beau, pouvant bénéficier à l’humanité entière. Malgrè les capitaux colossaux dont il dispose dans l’industrie et l’agriculture, il affirme ne pas pouvoir aménager des principes de vie sociale nouvelle. Le présent lui paraît tout fait suffisant, car tout les puissants s’inclinnent devant lui : les tsars, les présidents, les gouvernements et la quasi-totalité des intellectuels et savants, tout ceux qui soumettent à leur tour les esclaves de la société nouvelle. "Domestiques" crient les bourgeois à leur fidèles serviteurs, donnez aux esclaves le servile qui leur est dû, gardez la part qui vous revient pour vos dévoués services, puis conservez le reste pour nous !… Pour eux, dans ces conditions, la vie ne peut être que belle !


"Non nous ne sommes pas d’accord avec vous là-dessus ! rétorquent les socialistes et communistes étatistes. Sur ce, ils s’adressent aux travailleurs, les organisent en parti politiques, puis les incitent à se révolter en tenant le discours suivant : "Chassez les bourgeois du pouvoir de l’État et donnez-nous-le, à nous socialistes et communistes étatistes, ensuite nous vous défendrons et libererons".


Ennemis acharnés et naturels du pouvoir d’État, bien plus que les fainéants et les privilégiés, les travailleurs expriment leur haine, s’insurgent accomplissent la révolution, détruisent le pouvoir d’État et en chassent ses détenteurs, puis, soit par naïveté soit par manque de vigilance, ils laissent les socialistes s’en emparer. En Russie, ils on laisser les bolcheviks-communistes se l’accaparer. Ces laches jésuites, ces monstres et bourreaux de la liberté se mettent alors à égorger, à fusiller et à écraser les gens, même désarmés, tout comme auparavant les bourgeois, si ce n’est pire encore. Ils fusillent pour soumettre l’esprit indépendant, qu’il soit individuel ou collectif, dans le but d’anéantir pour toujours en l’homme l’esprit de liberté et la volonté créatrice, de le rendre esclave spirituel et laquais physique d’un groupe de scélérats installés à la place du trône déchu, n’hésitant pas à utiliser des tueurs pour se subordonner la masse et éliminer les récalcitrants.


L’homme gémit sous le poids des chaînes du pouvoir socialiste en Russie. Il gémit aussi dans les autres pays sous le joug des socialistes unis à la bourgeoisie, ou bien sous celui de la seule bourgeoisie. Partout, individuellement ou collectivement, l’homme gémit sous l’oppression du pouvoir d’État et de ses folies politiques et économiques. Peu de gens s’intéressent à ses souffrances sans avoir en même temps d’arrières-pensées, car les bourreaux, anciens ou nouveaux, sont très forts spirituellement et physiquement : ils disposent de grands moyens efficaces pour soutenir leur emprise et écraser tout et tous ceux qui se mettent en travers de leur chemin.


Brûlant de défendre ses droits à la vie, à la liberté et au bonheur, l’homme veut manifester sa volonté créatrice en se mêlant au tourbillon de violence. Devant l’issue incertaine de son combat, il a parfois tendance à baisser les bras devant sont bourreau, au moment même où celui-ci passe le nœud coulant autour du cou, cela alors qu’un seul de ses regards audacieux suffirait à faire trembler le bourreau et à remtte en cause tout le fardeau du joug. Malheureusement, l’homme préfère bien souvent fermer les yeux au moment même où le bourreau passe un nœud coulant sur sa vie toute entière.


Seul, l’homme qui a réussi à se débarasser des chaînes de l’oppression et observé toutes les horreurs se commettant contre le genre humain, peut être convaincu que sa liberté et celle de son semblable sont inviolables, tout autant que leur vies, et que son semblable est un frère. S’il est prêt à conquerir et à defendre sa liberté, à exterminer tout exploiteur et tout bourreau (si celui-ci n’abandonne pas sa lâche profession), puis s’il ne se donne pas pour but dans sa lutte contre le mal de la société contemporaine de remplacer le pouvoir bourgeois par un autre pouvoir tout aussi oppresseur - socialiste, communiste ou "ouvrier" (bolchevik) -, mais d’instaurer une société réellement libre, organisée à partir de la responsabilité individuelle et garantissant à tous une liberté authentique et une justice sociale égale pour tous, seul cet homme là est un anarchiste révolutionnaire. il peut sans crainte regarder les actes du bourreau-État et recevoir s’il le faut son verdict, et aussi énoncer le sien à l’occasion en déclarant : "Non, il ne saurait en être ainsi ! Révolte-toi, frère opprimé ! Insurge-toi contre tout pouvoir de l’État ! Détruis le pouvoir de la bourgeoisie et ne le remplace pas par celui des socialistes et des bolcheviks-communistes. Supprime tout pouvoir d’État et chasse ses partisants, car tu ne trouveras jamais d’amis parmis eux."


Le pouvoir des socialistes ou communistes étatitstes est tout aussi nocif que celui de la bourgeoisie. Il arrive même qu’il le soit encore davantage, l’orsqu’il fait ses expériences avec le sang et la vie des hommes. A ce moment, il ne tarde pas à rejoindre à la dérobée les prémices du pouvoir bourgeois ; il ne craint plus alors de recourrir aux pires moyens en mettant et en trompant encore plus que tout autre pouvoir. Les idées du socialisme ou communisme d’État deviennent même superflues : il ne s’en sert plus et se rapproche à toutes celles qui peuvent lui servir à s’aggriper au pouvoir. En fin de compte, il ne fait qu’employer des moyens nouveaux pour perpetuer la domination et devenir plus lâche que la bourgeoisie qui, elle, pend le révolutionnaire publiquement, alors que le bolchevisme-communisme, lui, tue et étrangle en cachette.


Toute révolution qui a mis aux prises la bourgeoisie et les socialistes ou communistes d’État illustre bien ce que je viens d’affirmer, en particulier si l’on considère l’exemple des révolutions russes de fevrier et d’octobre 1917. Ayant renversé l’empire russe, les masses laborieuses se sentirent en conséquence à demi émancipée politiquement et aspirèrent a parachever cette libération. Elles se mirent à transmettre les terres, confisquées aux grands propriétaires terriens et au clergé, à ceux qui les cultivaient ou qui avaient l’intention de le faire sans exploiter le travail d’autrui. Dans les villes, ce furent les usines, les fabriques, les typographies et autres entreprises sociales qui furent prises en main par ceux qui y travaillaient. Lors de ces réalisations saines et enthousiastes, tendant à instaurer des relations fraternelles entre les villes et les campagnes, les travailleurs ne voulurent pas remarquer qu’à Kiev, Kharkov et Pétrograd, des gouvernements nouveaux se mettaient en place.


A travers ses organisations de classe, le peuple aspirait à poser le fondement d’une société nouvelle et libre devant éliminer, en toute indépendance, au cours de son developpement, du corps social tous les prarasites et tous les pouvoirs des uns sur les autres, jugés stupides et nuisibles par les travailleurs.


Une telle démarche s’affirma nettement en Ukraine, dans l’Oural et en Sibérie. A Tiflis, kiev, Petrograd et Moscou, au cœur même des pouvoir mourants, cette tendance se fit jour. Toutefois, partout et toujours, les socialistes et communistes d’État avaient et on encore leurs nombreux partisants, ainsi que leurs tueurs à gages. Parmi ceux-ci, il faut malheureusement constater qu’il y eu de nombreux travailleurs. A l’aide de ces tueurs les bolcheviks ont coupé court à l’œuvre du peuple, et d’une manière si terrible que même l’inquisition du Moyen Age pourrait les envier.


Quant a nous, connaissant la véritable nature de l’État, nous disons aux guides socialistes et bolcheviks : "Honte à vous ! Vous avez tant écrit et discuté de la férocité bourgeoise à l’égard des opprimés. Vous avez défendu avec tant d’acharnement la pureté révolutionnaire et le dévouement des travailleurs en lutte pour leur émancipation et maintenant, parvenu au pouvoir, vous vous révélez ou bien les même lâches laquais de la bourgeoisie ou bien vous devenez vous même bourgeois en utilisant ses moyens, au point même qu’elle s’en étonne et s’en moque."


D’ailleurs à travers les expériences du bolchevisme-communiste, la bourgeoisie a compris, ces dernieres années, que la chimère scientifique d’un socialisme étatique ne pouvait se passer ni des moyens, ni même d’elle même. Elle l’a si bien compris qu’elle se moque de ses élèves qui n’arrivent même pas à sa hauteur. Elle à compris que, dans le système socialiste, l’exploitation et la violence organisée contre la majorité de la masse laborieuse ne suppriment nullement la vie débauchée et le parasitisme des fainéants, qu’en fait l’exploitation ne change que de nom puis croît et se renforce. Et c’est bien ce que la réalité nous confirme. Il n’y a qu’à constater la maraude des bolcheviks et leur monopole sur les conquètes révolutionnaire du peuple, ainsi que leur police, leurs tribunaux, prisons et armée de geôliers, tous employés contre la révolution. L’armée "rouge" continue d’être recrutée de force ! On y retrouve les mêmes fonctions qu’auparavant, bien qu’elles s’y dénomment autrement, en étant encore plus irresponsable et devoyées.


Le libéralisme, le socialisme et le communisme d’État sont trois membres de la même famille empruntant des voies différentes pour exercer leur pouvoir sur l’homme, afin de l’empêcher d’atteindre son plein épanouissement vers la liberté et l’indépendance en créant un principe nouveau, sain et authentique à partir d’un idéal social valable pour tout le genre humain.


"Revolte-toi ! déclare l’anarchiste révolutionnaire à l’opprimé. Insurge-toi et supprime tout pouvoir sur toi et en toi. Et ne participe pas à en créer un nouveau sur autrui. Sois libre et défends la liberté des autres contre toutes atteintes ! "


Le pouvoir dans la société humaine est sourtout prôné par ceux qui n’ont jamais vécu véritablement de leur propre travail et d’une vie saine, ou bien, encore, qui n’en vivent plus ou qui ne veulent pas en vivre. Le pouvoir d’État ne pourra jamais donner la joie, le bonheur et l’épanouissement à une société quelle qu’elle soit. Ce pouvoir à été créé par des fainéant dans le but unique de piller et d’exercer leur violence, souvent meurtrière, contre tous ceux qui produisent, par leur travail - que ce soit par la volonté, l’intelligence ou les muscles -, tout ce qui est utile et bon dans la vie de l’homme.


Que ce pouvoir se qualifie de bourgeois, de socialiste, de bolchevik-communiste, d’ouvrier ou de paysan, cela revient au même : il est tout aussi nocif à l’individualité saine et heureuse et à la sociètè dans son ensemble. La nature de tout pouvoir d’État est partout identique : anéantir la liberté de l’individu, le transformer spirituellement en laquais, puis de s’en servir pour les besognes les plus sâles. Il n’y a pas de pouvoir innofensif.


"Frère opprimé, chasse en toi le pouvoir et ne permet pas qu’il s’instaure ni sur toi ni sur ton frère, proche ou lointain ! "


La vraie vie, saine et joyeuse, de l’individu et de la collectivité ne se construit pas à l’aide du pouvoir et de programmes qui tentent de l’enfermer en des formules et des lois écrites. Non, elle ne peut s’édifier qu’à partir de la liberté individuelle, de son œuvre créatrice et indépendante, s’affirmant par les phases de destruction et de construction.


La liberté de chaque individu fonde la société libertaire ; celle-ci atteit son integralité par la décentralisation et la réalisation but commun : le communisme libertaire.


Lorsque nous nous représentons la société communiste libertaire, nous la voyons comme une société grandiose et harmonieuse dans ses relations humaines. Elle repose principalement sur les individus libre qui se groupent en associations affinitaires - que ce soit par intérêt, nécéssité ou penchants -, garantissant une justice sociale à titre égal pour tous en se liant en fédérations et confédérations.


Le communisme libertaire, c’est une société qui se fonde sur la vie libre de tout homme, sur son droit intangible à un développement infini, sur la suppression de toutes les injustices et de tous les maux qui ont entravé le progrès et le perfectionnement de la société en la partageant en couches et en classes, sources de l’oppression et de la violence des uns sur les autres.


La société libertaire se donne pour but de rendre plus belle et plus radieuse la vie de chacun, au moyen de son travail, de sa volonté et de son intelligence. En plein accord avec la nature, le communisme libertaire se fonde par conséquent sur la vie de l’homme pleinement épanoui, indépendant, créateur et absolument libre. C’est la raison pour laquelle ses adeptes apparaissent dans leur vie comme des êtres libres et radieux.


Le travail et les relation fraternelles entre tous, l’amour de la vie, la passion de la création belle et libre, toutes ces valeurs motivent la vie et l’activité des communistes libertaires. Ils n’ont nul besoin de prisons, de bourreaux, d’espions et de provocateurs, utilisés par contre en grands nombre par le socialistes et communistes étatistes. Par principe, les communistes libertaire n’ont aucun besoin des bandits et assassins à gages dont le pire exemple et le chef suprème est en fin de compte, l’État. Frère opprimé ! Prépare-toi à la fondation de cette société là, par la reflexion et au moyen de l’action organisée. Seulement, souviens-toi que ton organisation doit être solide et constante dans son activité sociale. L’ennemi absolu de ton émancipation, c’est l’État ; il s’incarne au mieux par l’union des cinq types suivants : le propriétaire, le militaire, le juge, le prêtre et celui qui est leur serviteur à tous, l’intellectuel. Dans la plupart des cas, ce dernier se charge de prouver les droits "légitimes" de ses quatre maître à sanctionner le genre humain, à normaliser la vie de l’homme sous tous ses aspects individuels et sociaux, cela en déformant le sens des lois naturelles pour codifier des lois "historiques et juridiques", œuvres criminelles de plumitifs stilipendiés.


L’ennemi est très fort car, depuis des millénaires, il vit de pillages et de violences ; il en a retiré de l’expérience, il a surmonté des crises internes et il adopte maintenant une nouvelle physionomie, étant menacé de disparition par l’apparition d’une science nouvelle qui reveille l’homme de son sommeil séculaire. Cette science nouvelle libère l’homme de ses préjugés et lui fournit des armes pour se découvrir lui-même et trouver sa véritable place dans la vie, malgrè tous les efforts des apprentis-sorciers de l’union des "cinq" pour l’empêcher d’avancer sur cette voie.


Ainsi une telle modification du visage de notre ennemi, frère opprimé, peut être remarqué, par exemple, dans tout ce qui sort du cabinet des savants réformateurs de l’État. Nous avons pu observer d’une mainère caractéristique cette métamorphose lors des révolutions que nous avons vécues nous-même. L’union des "cinq", l’État, notre ennemi, parut au début disparaître complètement de la terre…


En réalité, notre ennemi ne fit que changer d’apparence et se découvrit de nouveau alliés qui oeuvrèrent criminellement contre nous : la leçon des bolcheviks-communistes en Russie, en Ukraine, en Georgie, et parmis de nombreux peuples d’Asie centrale est très édifiante à ce égard. Cette époque ne sera jamais oubliée par l’homme qui combat pour son émancipation, car il car il saura se rappeler ce qu’il y a eu de cauchemardesque et de criminel.


Le seul et le plus sûr moyen qui s’offre à l’opprimé dans sa lutte contre le mal qui l’enchaîne, c’est la révolution sociale, rupture profonde et avancée vers l’évolution humaine.


Bien que la révolution sociale se développe spontanément, l’organisation déblaie sa voie, facilite l’apparition de brèches parmis les digues dressée contre elle et accélère sa venue. Lanarchiste révolutionnaire travaille dès maintenant à cette orientation. Chaque opprimé qui tient sur lui le joug, en étant conscient que cette infâmie écrase la vie du genre humain, doit venir en aide à l’anarchiste. Chaque être humain doit être conscient de sa responsabilité et l’assumer jusqu’au bout en supprimant de la société tous les bourreaux et parasites de l’union des "cinq", afin que l’humanité puisse respirer en toute liberté.


Chaque homme et surtout l’anarchiste révolutionnaire - en tant qu’initiateur appelant à lutter pour l’idéal de liberté, de solidarité et d’égalité - doit se rappeler que la révolution sociale exige pour son évolution créatrice des moyens adéquats, en particulier des moyens organisationnels constants, nottament durant la période où elle détruit, dans un élan spontané, l’esclavage, et sème la liberté, en affirmant le droit de chaque homme à un libre développement ilimité. C’est précisément la période où, ressentant la véritable liberté en eux et autour d’eux, les individus et les masses oseront mettre en pratique les conquêtes de la révolution sociale, que celle- ci éprouvera le plus grand besoin de ces moyens organisationnels. Par exemple, les anarchistes révolutionnaires ont joué un rôle particulièrement remarquable lors de la révolution russe mais, ne possédant pas les moyens d’action nécessaires, n’ont pu mener à terme leur rôle historique. Cette révolution nous a, d’ailleurs, bien démontré la vérité suivante : après s’être débarassé des chaînes de l’esclavage, les masses humaines n’ont nullement l’intention d’en créer de nouvelles. Au contraire, durant les périodes révolutionnaires, les masses recherchent des formes nouvelles d’associations libres pouvant non seulement répondre à leurs élans libertaires,mais défendre aussi leurs acquis lorsque l’ennemi s’y attaque.


En observant ce processus, nous sommes constament parvenu à la conclusion que les association les plus fertiles et les plus valables ne pouvaient être que les union-communes, celles dont les moyens sociaux sont créés par la vie même : les soviets libres. En se fondant sur cette même conviction, l’anarchiste révolutionnaire se jette dans l’action avec abnégation et il rappelle les opprimés à la lutte pour les actions libres. Il est convaincu qu’il ne faut pas seulement manifester les principe organisationnels fondamentaux et createurs, mais aussi se donner les moyens de défendre la vie nouvelle contre les forces hostiles. La pratique montre que cela doit être réalisé de la manière la plus ferme et soutenue par les masses elles-même, directement sur place.


En accomplissant la révolution, pousées par l’anarchisme naturellement en elles, les masses humaines recherchent les associations libres. Les assemblées libres retiennent toujours leur sympathie. L’anarchiste révolutionnaire doit les aider à formuler le mieux possible cette démarche. Par exemple, le problème économique de l’association libre des communes doit trouver sa pleine expression par la création de coopératives de production et de consommation, dont les soviets libres seraient les promoteurs.


C’est par l’intermédiaire des soviets libres, durant le développement de la révolution sociale, que les masses s’empareront directement de tout le patrimoine social : la terre, les forêts, les fabriques, les usines, les chemins de fer et transports maritimes, ect., puis, se regroupant selon leurs interêts, leurs affinités ou l’idéal commun, elles construiront leur vie sociale de la façon la plus variée et appropriée à leurs besoins et désirs.


Il va sans dire que cette lutte sera pénible ; elle provoquera un grand nombre de victimes, car elle opposera pour la dernière fois l’humanité libre et le vieux monde. Il n’y aura pas de place à l’hésitation ni au sentimentalisme. Ce sera à la vie et à la mort ! Du moins c’est ainsi que devra le concevoir chaque homme qui attache de l’importance à ses droits et à ceux de l’humanité entière, s’il ne veut pas demeurer un âne bâté, un esclave, comme on le force à l’être actuellement.


Lorsque le raisonnement sain et l’amour autant de soi-même que d’autrui prendront le dessus dans la vie, l’homme deviendra le véritable createur de sa propre existance.


Organise-toi, frère opprimé, fais appel à tous les hommes de la charrue et de l’atelier, du banc d’école du lycée et de l’université, sans oublier le savant et l’intellectuel en général, afin qu’il sorte de son cabinet et te porte secours sur ton pénible chemin. Il est vrai que neuf intellectuels sur dix ne pourront pas répondre à ton appel ou bien, s’il le font, ce sera avec l’arrière pensée de te tromper, car n’oublie pas que ce sont de fidèles serviteur de l’union des "cinq". Il y en aura tout de même un sur dix qui s’avèrera être ton ami et t’aidera à déjouer la tromperie des neuf autres. En ce qui concerne la violence physique, la force grossière des gouvrenant législateurs, tu l’écartera avec ta propre violence.


Organise-toi, appelle tout tes frères à rejoindre le mouvement et exige de tous les gouvernants de mettre fin volontairement à leur lâche profession de régenter la vie de l’homme. S’ils refusent, insurge-toi, désarme les policiers, les miliciens et autres chiens de garde de l’union des "cinq". Arrête pour le temps nécessaire tout les gouvernants, déchire et brûle leurs lois ! Détruis les prisons, anéantis les boureau, supprime tout pouvoir d’État !


De nombreux tueurs à gages et assassins se trouvent dans l’armée, mais tes amis, les soldats mobilisés de force, y sont présents aussi, appelle-les à toi, ils viendront à ton secour et t’aideront à neutraliser les mercenaires.


Après s’être tous réunis en une grande famille, frères, nous irons ensemble sur la voie de la lumière et du savoir, nous éloignerons les ténèbres et marcherons vers l’idéal commun de l’humanité : la vie fraternelle et libre, la société où personne ne sera plus jamais esclave ni humilié par quiconque.


A la violence grossière de nos ennemis, nous repondrons par la force compacte de notre armée révolutionnaire inssurectionnelle. A l’incohérence et l’arbitraire, nous répondrons en construisant avec justice notre nouvelle vie, sur la base de la responsabilité de chacun, vraie garantie de la liberté et de la justice sociale pour tous.


Seuls, les criminels sanguinaires de l’union des "cinq" refuseront de se joindre à nous sur la voie novatrice ; ils tenteront de s’y opposer pour conserver leurs privilèges, ce en quoi ils se condamneront eux-mêmes.


Vive cette conviction claire et ferme en la lutte pour l’idéal de l’harmonie humaine généralisée : la société anarchiste !



Nestor Makhno L’anarchisme et notre époque 1925
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