11 Novembre 2014
Un documentaire décrit, de manière pédagogique et synthétique, l'histoire et la démarche du syndicalisme d'action directe.
"L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes" proclame la Première Internationale. Avant d'être une bureaucratie verrouillée par quelques apparatchiks qui soupent à la table du pouvoir, le syndicalisme permet aux travailleurs de s'organiser pour lutter contre l'exploitation capitaliste et pour une amélioration immédiate de leurs conditions de vie. Le documentaire "Et pourtant ils existent" retrace l'histoire du syndicalisme d'action directe.
Un fédéralisme vertical regroupe les syndiqués par branche professionnelle tandis que le fédéralisme horizontal les regroupe par unions locales. Les bourses du travail sont des lieux de solidarités qui développent l'entraide mais aussi des espaces pour impulser des luttes pour abattre le capitalisme. Les fonctions, aujourd'hui assurées par l'Etat providence, sont alors initiées par les bourses du travail. La classe ouvrière tente de construire son autonomie par rapport la politique et développe une véritablecontre-culture avec ses livres et ses journaux. Surtout, les travailleurs doivent agir directement, sans intermédiaires. La grève est l'instrument privilégié pour lutter contre le patronat et le capitalisme.
Le syndicat devient l'instrument de la lutte des classe. Les travailleurs peuvent ainsi défendre directement leurs intérêts matériels sans se préoccuper de l'obédience idéologique de leur organisation. La CGT atteint son apogée en 1906 et organise de nombreuses grèves. Mais la forte répression puis la guerre laminent le syndicalisme qui s'est construit progressivement. En 1917, la révolution russe attire vers le Parti communiste de nombreux syndicalistes sincères qui pensent que les soviets et les ouvriers contrôlent le pouvoir en URSS. La CGT devient la courroie de transmission des directives du PC.
Après la seconde guerre mondiale, la création de la CNT doit permettre de regrouper les anarcho-syndicalistes dans une même organisation. Mais la plupart des libertaires restent à la CGT ou rallient la CGT-FO nouvellement créé. Mai 68 fait souffler un vent libertaire sur la France. Mais les jeunes libertaires sont davantage attirés par l'activisme et négligent la construction d'un mouvement révolutionnaire implanté dans la classe ouvrière. Dans les années 1968, la CFDT tient un discours révolutionnaire et autogestionnaire pour rallier une partie de la jeunesse en révolte. Mais la CFDT s'aligne progressivement sur les positions du PS. Plusieurs syndicalistes révolutionnaires qui subissent ses purges participent ensuite à la CNT. Le mouvement de grèves de décembre 1995 donne un nouvel élan à la CNT qui parvient à s'implanter dans de nombreux secteurs.
Le syndicalisme révolutionnaire favorise les expérimentations et pratiques sociales autogestionnaires. Dans une démarche libertaire les moyens déterminent les fins: on ne sort pas de l'aliénation par des moyens aliénés.
Des expériences autogestionnaires peuvent permettre de recréer des liens de solidarité pour rompre avec la séparation des individus et l'ennui de la vie quotidienne. Ses nouvelles pratiques s'apparentent également à une forme de propagande par le fait en soulignant les améliorations dans la vie quotidienne à travers l'autogestion et l'entraide. Mais il ne s'agit pas pour autant de se contenter de révolutions minuscules qui permettent d'aménager la misère existentielle. Une perspective de rupture avec le capitalisme et la civilisatio
n marchande reste indispensable pour construire une société communiste libertaire.
Mais le syndicalisme subit aussi une déstructuration du salariat et doit tisser des liens avec différents mouvements de contestations qui luttent aussi en dehors des entreprises. La démarche syndicale permet de construire progressivement un processus de transformation sociale mais doit également s'ouvrir aux mouvements spontanés et aux différentes formes d'organisation créées par les exploités eux-mêmes.
Ce film souligne la richesse du syndicalisme révolutionnaire. La lutte sociale et l'auto-organisation des exploités sont la seule arme face aux patrons et au capitalisme. Alors que toute la gauche et l'extrême gauche tente de grappiller quelques voix, voire quelques postes d'élus, l'anarcho-syndicalisme affirme la nécessité de l'action directe pour transformer réellement la société. Contre les gauchistes et les communistes autoritaires, le syndicalisme de lutte insiste sur l'auto-organisation des exploités, sans hiérarchie ni permanent. Contre l'anarchisme moral, le syndicalisme d'action directe souligne l'importance de la lutte des classes qui permet de changer la société en s'attaquant à ses structures capitalistes.
Histoire du syndicalisme d'action directe - Zones subversives
Un documentaire décrit, de manière pédagogique et synthétique, l'histoire et la démarche du syndicalisme d'action directe. &L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-...
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