11 Octobre 2014
Les armées bombardent, tuent, violent, obligeant les populations à fuir...
Quand les impérialismes « libèrent » les peuples en les bombardant… Les civils sont des victimes souvent oubliées, et même volontairement occultées quand on veut nous dire qu’il s’agissait d’une « grande » guerre, glorieuse et au sacrifice utile ( !).
Les romans, les films, les émissions, les commémorations et les monuments aux morts se refusent à parler des victimes civiles… La première guerre mondiale comme les autres a sacrifié non seulement des civils transformés en tueurs mais aussi des civils dans leur maison…
A part nous parler des poilus (et surtout pour glorifier leur « sacrifice pour la patrie), on ne nous dit pas que la guerre n’a pas tué que des militaires, mais aussi les civils qu’elle prétendait défendre… notamment ceux des régions qu’ils s’agissait prétendument de libérer : d’Alsace et de Lorraine !
En particulier, la région frontière, celle des Vosges (des deux côtés du col de la Schlucht) notamment, a été entièrement massacrée, rasée, bombardée, assassinée…
Soi-disant défendue par deux sauveurs, la population des Vosges a été prise entre deux feux !
Si les combats militaires ont été très violents, les deux armées n’ont du coup eu aucun respect des vies civiles. Les populations germanophones ont été traitées en ennemies de guerre par les troupes françaises et les populations francophones de la même manière par les troupes allemandes.
Quatre batailles difficiles et sanglantes qui se déroulèrent sur le front en Alsace-Lorraine : le Ban de Sapt (Vosges), la Tête des Faux, le Linge et Hartmannswillerkopf, mieux connu sous le nom de Vieil Armand.
Si la bataille de la Tête des Faux a été d’une courte durée et n’a entraîné « que » un millier de morts, les autres batailles furent terrible : on compte 17.000 morts au Linge, environ 5.000 à Ban-de-Sapt et pas loin de 30.000 au Vieil Armand, la plus longue et la plus terrible des batailles en Alsace, et une des plus meurtrières en France durant le conflit.
Durant la Première Guerre mondiale, Metzeral par exemple, dans la vallée de Munster est l’objet d’une bataille qui se solde par une victoire française décisive. La commune, quant à elle, n’est plus qu’un amas de ruines. La ville de Munster a été détruite à 85 % lors de la Première Guerre mondiale. De multiples villages comme Stosswhir, Hartmannswiller, Whir, Breitenbach (détruit à 70%), Soultzeren, Steinbach, Orbey, etc. sont en grande partie détruits…
Avoisiner la « ligne bleue des Vosges » n’avait rien de sympathique mais ce n’était pas un cas unique, loin de là… Ainsi, ce n’est pas la pluie qui s’abat sur Saâles, une commune du fond de la vallée de la Bruche, mais des bombes françaises. Situé à quelques kilomètres de la frontière avec la France, le village abrite le commandement allemand. Une cible de choix pour l’armée tricolore. Saâles est presque rasée.
Peut on prétendre que les victimes bombardées dans leurs maisons, violées, massacrées sont mortes pour la liberté, pour la patrie, pour l’honneur et autres billevesées ? Pas plus que les soldats, civils mis de force sous l’uniforme !
Si on nous donne souvent des bilans de soldats morts au front, on a très peu ceux des civils assassinés dans leurs maisons or les photos qui suivent démontrent que les civils n’ont pas été épargnés par ces guerres, que ce soit par l’armée française ou par l’armée allemande….
Bien entendu, la France ne cite que les villages détruits par les Allemands et respectivement. Par exemple, la France ne citera pas les destructions de Mulhouse, de Altkirch, de Buettwiler, Guewenhein...
Il y a eu des villages martyrs comme Fleury-devant-Douaumont, Remenauville, Regnéville, Fey en Haye ou Vaux devant Damloup dit « Vaux rasé » ou encore les villages de la vallée de Munster… Eh bien on nous dit que ce sont des « communes mortes pour la France » !!!!
Il faut rajouter à cela les exactions contre les populations des deux côtés sur motif de collaboration avec l’ennemi. Les uns ont été incorporés de force et les autres internés sous accusation d’espionnage. Des villages entiers ont été déportés sous l’accusation de transmission d’informations à l’ennemi… Des citoyens ont été emprisonnés et y sont restés des années après la guerre. Les femmes ont eu leur lot de souffrances, des viols aux accusations d’avoir « couché avec l’ennemi » aux difficultés innombrables pour nourrir les familles durant la guerre.
La guerre signifie l’état de siège et la dictature militaire : arrestations, internements ou assignations à résidence de personnalités « profrançaises » , contrôles des papiers . Méfiance envers les civils dans la zone des combats , parfois considérés comme des « Franzosenköpfe » (têtes de Français) , des « Verräter » (traîtres) du côté allemand , comme des « Prussiens » , des « Boches » ou des « Espions » du côté français . 3200 habitants de Saint Amarinet Masevaux, 559 de Dannemarie et 4200 d’autres localités sont déportés par l’armée française et internés dans des camps ( anciens monastères , forts désaffectés) situés dans les départements du Midi et du Grand Ouest , notamment dans le Finistère . Les Alsaciens
Lorrains sur le territoire français au moment de la déclaration de guerre sont classés par une commission spéciale en quatre catégories : otages , « Austro-Allemands » , suspects et « Alsaciens
Lorrains d’origine française ».
Comment la première guerre mondiale laissait une ville où elle était passée
Soldats devant Clermont-en-Argonne entièrement détruite
Voilà ce qui reste après le passage des armées libératrices
Rozelieures : quand les maisons particulières sont aussi des objectifs militaires
Pour les civils, l’invasion constitue un moment de particulière vulnérabilité. Lorsque les mesures d’évacuation n’ont pas été anticipées ou n’ont pu être mises en œuvre, les civils, leurs espaces de vie et leurs biens sont exposés aux effets directs et indirects des opérations militaires. Ils deviennent la cible de violences délibérées exercées par les troupes d’invasion.
Exécutions, viols, prises d’otages s’accompagnent de pillages et de saccages, les atteintes aux personnes et aux objets s’inscrivant dans une étroite continuité. Sur tous les fronts de la Grande Guerre, les populations civiles se sont vues exposées à cette violence d’invasion. Sur le front Ouest, les troupes allemandes pénètrent dans les territoires envahis, avec la certitude de devoir affronter une résistance armée des populations belges et françaises : dans les représentations des soldats et officiers allemands, le mythe du franc-tireur alimente l’image d’une population civile conduisant une guérilla cruelle contre les troupes allemandes aux moments de plus grande vulnérabilité. Dès le 8 août 1914, les treize régiments allemands ayant participé à l’attaque de Liège font preuve d’une violence à la mesure de leur appréhension. Dans la petite localité belge de Dinant, les exécutions de masse et l’emploi des civils comme boucliers humains entraînent le décès de 674 personnes, soit 10% de la population totale. La destruction des bâtiments publics, des archives et des richesses artistiques accompagne l’anéantissement presque total de la ville. Ces violences d’invasion conjuguent, d’une part, l’expérience de vulnérabilité physique éprouvée par les combattants et une représentation profondément anxiogène des populations ennemies et, d’autre part, un vécu de puissance, lié au port des armes, et d’impunité, induit par l’effondrement des normes ordinaires de contention de la violence. Effroi et violence sont alors retournés contre les civils désarmés.
Au total, entre août et octobre 1914, 6 500 civils belges et français sont exécutés et 20 000 immeubles détruits.
L’armée française est tout aussi violente dans la zone d’origine allemande où elle pénètre comme le montrent les images de conflit dans les Vosges... Les populations civiles sont tout aussi frappées...
Pendant la guerre de position, les villes et les villages situés à proximité immédiate du front sont, bien entendu, les plus exposés aux bombardements et aux destructions. Des villages entiers disparaissent totalement. Beaucoup de familles vivent dans les ruines de leur maison ou dans des abris de fortune. Au total, dans le nord de la France, 289 000 maisons sont détruites, 422 000 sévèrement endommagées ; 11 000 édifices publics – mairies, écoles, églises… – sont à reconstruire ; trois millions d’hectares de terres arables sont inutilisables.
La ville de Munster détruite
Le film : la vallée de Munster durant la première guerre mondiale
Voici Beaulne-et-Chivy : ce village a été entièrement rayé de la carte et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres...
A l’occasion de la commémoration des combats du Spitzemberg, le village La petite fosse fut presque entièrement détruit.
Le village de Sondernach est entièrement détruit lors de la bataille dite de Metzeral, en juin 1915.
Pendant la guerre de position, les villes et les villages situés à proximité immédiate du front sont, bien entendu, les plus exposés aux bombardements et aux destructions. Des villages entiers disparaissent totalement. Beaucoup de familles vivent dans les ruines de leur maison ou dans des abris de fortune. Au total, dans le nord de la France, 289 000 maisons sont détruites, 422 000 sévèrement endommagées ; 11 000 édifices publics – mairies, écoles, églises… – sont à reconstruire ; trois millions d’hectares de terres arables sont inutilisables.
Des villages de la Meuse possèdent toutefois une particularité : ils n’ont plus d’habitants ni même d’habitations. Anéantis en février ou mars 1916, ils ont été, trois ans plus tard, déclarés "villages morts pour la France", martyrs récipiendaires de la croix de guerre. Pour administrer ces lopins de terre, entretenir monuments aux morts, plaques commémoratives et ce qu’ils appellent une "âme", des individus tiennent des registres d’état civil où il n’y a rien ou presque à signaler.
Cette exception juridique tire son origine de la loi du 18 octobre 1919. Elle prévoyait, afin de perpétuer le souvenir des morts, que, dans certaines communes, une commission de trois membres dont l’un exerçant les fonctions de président de la commission municipale, maire et disposant des mêmes attributions que les élus, hormis le vote aux sénatoriales, soit nommée par le préfet. Depuis quatre-vingt-dix ans, il a bien été question d’abroger cette loi et de rattacher ces villages fantômes à d’autres collectivités.
Hormis des flancs de montagne dans les Vosges et les Alpes italiennes, ces champs de bataille, demeurés en l’état, où gisent encore des corps et des tonnes de munitions, constituent un cas unique. Les experts estiment qu’il faudra encore deux cents ans pour nettoyer le site. La mousse ou l’herbe ont juste verdi le sol violemment bosselé par les cratères et trous d’obus. Un paysage hérissé, çà et là, d’arbres ; des lieux doux et paisibles. Dans les années 1930, des chapelles-abris ont été érigées sur les vestiges des églises.
Quelques exemples :
Beaumont-en-Verdunois (186 habitants en 1911, inhabité depuis 1918)
Bezonvaux (149 habitants en 1911, inhabité depuis 1918)
Cumières-le-Mort-Homme (pour 205 habitants en 1911, 3 en 1921, 1 en 1990 et 0 en 2006)
Douaumont (quelques maisons reconstruites ; pour 288 habitants en 1911, 38 en 1921, 10 en 1990 et 7 en 2006)
Fleury-devant-Douaumont, à côté du Mémorial de Verdun (pour 422 habitants en 1911, 12 en 1921 et 5 en 1990 et 0 en 2006)
Haumont-près-Samogneux (pour 131 habitants en 1911, 5 en 1921 et 0 en 1990)
Louvemont-Côte-du-Poivre (183 habitants en 1911, non habité depuis)
Ornes (quelques maisons reconstruites, avec pour 718 habitants en 1911, 23 en 1921, 10 en 1990 et 7 en 2006)
Vaux-devant-Damloup dit Vaux rasé a été reconstruit, de même que des dizaines d’autres moindrement touchés.