anarchiste individualiste
10 Septembre 2014
~« L'homme peut apprendre, donc il peut être libre ». « ...Mais le secret de la supériorité intellectuelle étant l'esprit critique, l'indépendance d'esprit, il en résulte des difficultés insurmontables pour toute forme d'autoritarisme, car l'autoritariste choisit en général des êtres dociles et malléables et, par conséquent, des médiocres. Il ne peut admettre que ceux qui ont le courage intellectuel de contester son pouvoir puissent être les meilleurs. » (in: Karl R. POPPER,
~La psychanalyse ne guérit pas Comme toute thérapeutique, l’analyse peut, bien sûr, ne pas guérir. Cela tient à deux choses : la capacité du thérapeute à accompagner ce patient-là (aucun analyste ne peut jurer qu’il est capable d’accompagner tout le monde) et l’inconscient du patient. N’oublions jamais que 50 % de nous-même veut s’en sortir et 50 % ne le veut pas. Nous allons en analyse pour nous débarrasser de nos symptômes mais, paradoxalement, nous tenons à ces symptômes, parce que c’est la seule chose que nous connaissons de la vie, du monde, du rapport aux autres et à nous-même. De plus, en matière d’analyse, le mot “guérison” possède un sens particulier : un patient est “guéri” non seulement quand il n’a plus ses symptômes, mais quand il sait pourquoi il a eu besoin de les avoir. C’est la seule garantie pour qu’ils ne reviennent pas. » Elle dure longtemps Personne n’est ligoté sur un divan, chacun décide d’arrêter quand il le veut. Certains le font dès qu’ils sont débarrassés de leurs symptômes. C’est dommage, mais c’est leur droit. Si l’on va jusqu’au bout, c’est long, parce que la psychanalyse consiste à remonter le fil de sa vie, petit à petit, en le prenant par le bout qui vient pendant la séance : un souvenir, un rêve, une anecdote. Et on tire lentement le fil : à quoi ça nous fait penser, à quoi ça nous renvoie, quelle angoisse ça soulève… On détisse pour retisser. Cela ne peut pas être rapide. D’autant qu’une partie de tout cela est devenue inconsciente : lorsque c’est trop douloureux, le psychisme se protège. Mais dire que c’est long ne veut pas dire que c’est sans fin : l’analyse a une fin. » Elle coûte cher La psychanalyse coûte une somme d’argent qui est le symbole du prix à payer pour s’en sortir. En matière d’engagement, en effet, la parole ne suffit pas. Dire : “Je soutiens les Restos du coeur”, et ne jamais donner un euro, c’est contradictoire. Or la psychanalyse suppose un engagement, car elle n’est pas une partie de plaisir. On paye l’analyse aussi pour ne pas être en dette envers son thérapeute (en tout cas pour qu’au sentiment éventuel de dette ne s’ajoute pas une dette réelle). Nous avons fait un travail avec lui. Nous l’avons terminé. Nous pouvons donc le quitter. Cela dit, poser qu’il faut payer l’analyse ne signifie pas qu’elle soit un objet de luxe. Le prix peut être discuté, décidé avec l’analyste, en gardant à l’esprit qu’il n’est pas lié seulement aux revenus, mais au sens qu’il a pour chaque personne. Chacun d’entre nous peut toujours considérer que tel prix est cher et tel autre non. Tout dépend de la façon dont nous nous évaluons, de la valeur que nous nous accordons… Tout cela est le produit de notre histoire. »
~Elle est réservée aux intellectuels Il existe une intelligence analytique particulière, mais elle n’a rien à voir avec un bagage culturel ou des années d’études. Elle a à voir avec un niveau de souffrance vécue enfant qui nous a ouvert les oreilles pour entendre, sinon nous serions morts. Et elle a à voir avec un vrai désir de travailler sur soi. À l’hôpital, j’ai rencontré des pères et des mères d’enfants, ou des adultes qui venaient pour eux, qui étaient illettrés et qui possédaient une intelligence de l’analyse remarquable. L’analyse n’est jamais une histoire de rapport à l’intellect. Quels que soient les mots utilisés, c’est le rapport à la vérité qui passe. La psychanalyste Françoise Dolto, qui s’autorisait une franchise brutale mais salutaire, disait parfois à ses patients : “Expliquez-moi pourquoi ça m’ennuie tellement, ce que vous me racontez.” L’ennui est toujours le signe que, en face, le discours, même Elle ne s’occupe que de la tête II arrive que des psychanalystes ne s’occupent pas du corps. Cela se produit généralement lorsqu’ils ne peuvent pas entendre l’archaïque, c’est-à-dire les tout débuts de la vie, avant les mots. C’est souvent dû au fait qu’ils n’ont pas été jusque-là dans leur propre analyse. Le psychisme et le corps sont liés puisqu’un être humain se construit dans une interaction entre les deux. C’est en nourrissant son enfant, par exemple, qu’une mère va lui faire sentir ce qu’il est pour elle : un autre dont elle respecte le désir, ou un morceau d’elle-même sans identité. Le corps est un lieu d’inscription de notre histoire, c’est une mémoire d’avant les mots que l’on peut dire avec les mots. » Elle ramène tout au sexe La découverte de la psychanalyse, c’est effectivement la découverte, par Freud, d’une sexualité infantile qui n’a rien à voir avec la sexualité des adultes. Chez l’enfant, il n’existe pas de primat des organes génitaux. Toutes les sensations sont érotisées. Cette notion est extrêmement importante parce qu’elle explique pourquoi un enfant a tant de mal à franchir les étapes de son développement. Parce que, à chacune de ces étapes, il découvre des plaisirs auxquels il va devoir renoncer pour passer à l’étape suivante et à des plaisirs différents. C’est douloureux pour lui, et l’enfant ne peut le faire sans l’aide de ses parents. Cette découverte de Freud est fondamentale et, aujourd’hui encore, elle dérange beaucoup. À propos de la maltraitance, par exemple, on sous-estime toujours la destruction psychique de l’enfant et la façon dont les abus vont hypothéquer, parfois définitivement, sa sexualité future. » septembre
Psychanalyse : critiques sur le divan : Elle est réservée aux intellectuels
Il existe une intelligence analytique particulière, mais elle n'a rien à voir avec un bagage culturel ou des années d'études. Elle a à voir avec un niveau de souffrance vécue enfant qui nous ...
Son but : cerner l’origine de nos névroses grâce à la parole et au décodage de notre inconscient. Sa spécificité : des séances à durée variable. Isabelle Taubes Sommaire Définition Historique Déroulement d’une séance Indications Contre-indications Prix et durée Témoignage Définition La psychanalyse est la science de l’inconscient. En fait, les objectifs de la psychanalyse lacanienne sont identiques à ceux de la psychanalyse freudienne : il s’agit de réduire la souffrance, de dénouer les conflits psychiques, par la parole et l’analyse des lapsus et des rêves. C’est, en effet, dans nos mots et nos songes que l’inconscient s’exprime. Lacaniens et freudiens s’accordent aussi sur une idée essentielle : ce sont les fantasmes sexuels infantiles et les événements oubliés de l’enfance qui forment le contenu de l’inconscient et sont à l’origine de nos névroses d’adultes. Or, pour les exhumer, une seule solution, parler. Car les mots ressuscitent les images, réveillent la mémoire et, progressivement, attirent vers la conscience les fantasmes et les scènes du passé qui ont déterminé nos destins. Mais, si tous les lacaniens se réclament de Freud, tous les freudiens ne sont pas lacaniens. Principal point de divergence : la pratique lacanienne des séances à durée variable (mais plutôt brève), qui s’oppose aux standards en vigueur dans les institutions freudiennes classiques (trois quarts d’heure). Historique A lire Une saison chez Lacan de Pierre Rey (Seuil). Jacques Lacan de Gilbert Diatkine (PUF). Le Dénouement d’une analyse de Gérard Pommier (Flammarion). L’Ethique de la psychanalyse Un séminaire de Jacques Lacan, retranscrit par Jacques-Alain Miller (Seuil). Jacques Marie Lacan (1901-1981) a puisé dans la théologie, la cybernétique, l’ethnologie, la linguistique et les mathématiques pour enrichir la psychanalyse. Peu désireux de s’en tenir aux dogmes, il a introduit de nouveaux concepts prolongeant la théorie freudienne. Notamment, en 1936, le « stade du miroir », qui rend compte de la genèse du moi : c’est en se contemplant dans le miroir pour la première fois, en compagnie d’un adulte qui lui dit : « Tu vois, cet enfant, dans la glace, c’est toi », que le jeune individu acquiert la conscience d’avoir un moi. Et, en 1960, l’« objet a », qui explique l’insatisfaction si fréquemment rencontrée par les humains dans leur vie amoureuse. L’« objet a » est l’objet premier du désir enfantin : c’est le sein, la voix, le regard maternel, que l’adulte recherche toute sa vie en ses partenaires. Sans jamais le trouver. La singularité de Lacan, surnommé « le trublion de génie », l’a fait exclure des institutions analytiques. Dans les années 60, il devient un authentique maître à penser. En 1964, il fonde l’Ecole freudienne de Paris et, quelques mois avant sa mort, l’Ecole de la cause freudienne. Le lacanisme a donné naissance à un vaste mouvement qui compte actuellement un grand nombre d’écoles et plusieurs milliers de membres dans le monde entier. Françoise Dolto et Serge Leclaire, le concepteur de « Psy show », en faisaient partie. Son gendre, Jacques-Alain Miller, assure la transcription de ses "séminaires" qui, pour beaucoup, n’ont jamais été publiés, car Lacan écrivait très peu. Déroulement d’une séance Toute psychanalyse débute par des « entretiens préliminaires » pour cerner la problématique du patient et tester son désir d’entreprendre une analyse. Mais, chez les lacaniens, ils durent généralement plusieurs semaines. Ensuite, le patient est invité à s’allonger sur le divan, mais seulement lorsqu’il n’a plus besoin d’un soutien visuel pour parler. Et, surtout, quand l’analyste est sûr qu’un tel soutien l’a installé en position de « sujet supposé savoir » la cause de sa souffrance. En effet, cette situation signe la mise en place du « transfert ». En s’imaginant que l’analyste sait de quoi il souffre, le patient transfère sur lui ses affects, qu’il réservait autrefois à ses parents. Mais cette tromperie est nécessaire pour qu’il puisse régler ses comptes avec les figures parentales qui ont influencé son destin. Naturellement, l’analyste renverra aussi le patient à son interlocuteur réel : « Ce n’est pas à moi que vous en voulez, ce n’est pas moi que vous aimez, c’est votre père (ou votre mère). » Les analystes non lacaniens prétendent que le patient doit être rassuré par un cadre immuable : un psy toujours égal à lui-même, des séances à durée déterminée. Les lacaniens, à l’inverse, privilégient l’effet de surprise. On ne sait jamais si l’analyste va être ou non de bonne humeur. Il peut rester totalement muet, ou se montrer chaleureux et plein d’humour. Pour provoquer une réaction de son patient, il lui arrive de lire son journal. Tout cela afin de l’inciter à s’interroger : « Mais que me veut-il, mon analyste ? » En se questionnant sur le désir de son psy et en émettant des hypothèses, il révèle en fait ses propres fantasmes et désirs qui vont alors pouvoir être analysés. La séance se termine lorsque le patient a énoncé un mot, une idée qui éclaire sa problématique. Même si elle n’a commencé que depuis dix minutes. Cette interruption inattendue lui permet de comprendre qu’il vient de faire surgir un élément important. Nullement obsédés par la régularité du rythme des séances, les analystes lacaniens n’hésitent pas à en accorder une supplémentaire au patient qui va mal. Ni à lui téléphoner de leur lieu de vacances. 052 linkedIn
~ Définition Historique Déroulement d’une séance Indications Contre-indications Prix et durée Témoignage Indications Toutes celles de l’analyse freudienne : problèmes affectifs, relationnels, familiaux, difficulté d’insertion sociale, angoisses et inhibitions en tout genre, échecs répétitifs, incapacité à réaliser ses désirs. Mais, pour que la psychanalyse opère, il faut être persuadé qu’existe, en nous, un savoir inconscient sur cette souffrance. Contre-indications Le refus de l’hypothèse de l’inconscient. Et l’impatience : on a mis des années à se fabriquer sa névrose, inutile d’espérer en venir à bout après quelques séances... Prix et durée Une analyse exige plusieurs années de travail – quatre, cinq, six, sept... –, selon ce qu’on en attend, selon ses propres difficultés à avancer, à raison de deux ou trois séances par semaine. Elles peuvent durer de 5 minutes à 1 heure, la plupart étant de 20 minutes. Et coûtent de 40 à 90 €. Pas de tarif standard, car le prix se décide en fonction des revenus du patient, de son rapport à l’argent et... de la volonté de l’analyste.
~Témoignage Anne, 38 ans : « Il y a des choses de soi qu’on refuse » J’avais 23 ans, une peur atroce de l’avenir, et la conviction que je ne réussirais jamais à m’insérer socialement. J’étais étudiante et supposée rédiger une thèse dE doctorat en littérature. Problème : je ne savais plus comment s’écrivaient les mots, comment s’agençaient les phrases. J’ai alors décidé de consulter un analyste lacanien. A la fin de la première séance, où je n’avais cessé de me plaindre de ce mystérieux oubli des règles de l’écriture, il m’a lancé : “Beaucoup de choses vous reviendront.” Cette petite phrase ambiguë a fait “revenir” instantanément ma faculté d’écrire. Les premiers mois de mon analyse m’ont donné une forme éblouissante pour penser, agir ; j’avais trouvé un travail qui me plaisait. Puis les vieilles angoisses ont fait leur Réapparition, mais je n’étais plus seule pour les affronter. Régler réellement les problèmes prend du temps : il y a des choses de soi qu’on refuse, des croyances névrotiques auxquelles on tient. J’ai traversé des phases de stagnation. De désespoir. Mais j’étais réellement décidée à aller jusqu’au bout et, malgré la brièveté des séances (15 à 20 minutes, parfois moins, parfois plus), je sentais mon analyste très présent. Et très disponible. Si je lui téléphonais en pleine crise, il me disait de venir. Mon analyse a duré sept ans. Aujourd’hui, j’ai trouvé ma place dans le monde. Je me suis réapproprié mon destin.
La psychanalyse lacanienne : Témoignage
Anne, 38 ans : " Il y a des choses de soi qu'on refuse "J'avais 23 ans, une peur atroce de l'avenir, et la conviction que je ne réussirais jamais à m'insérer socialement. J'étais étudiante et ...