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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

L’organisation de l’économie dans une société anarchiste

L’organisation de l’économie dans une société anarchiste

~Utopie ou réalisme Il importe de nous poser d’abord la question de principe : est-il nécessaire et opportun de présenter, d’une façon plus ou moins précise, l’organisation de la société à venir ? Les libertaires répondirent toujours par l’affirmative, et tentèrent de scruter l’avenir. Les marxistes, par contre, refusèrent d’aborder le problème, dissimulant leur manque d’idéal et d’imagination derrière un soi-disant matérialisme historique et nous qualifièrent d’utopistes. En réalité, il n’y a de meilleur réalisme que celui des révolutionnaires qui, en critiquant la société actuelle, avancent une idée précise de celle qui doit la remplacer. Kropotkine écrivait dans « La science moderne et l’anarchie » « Aucune lutte ne peut avoir de succès, si elle reste inconsciente, si elle ne se rend pas un compte concret, réel, de son but. Aucune destruction de ce qui existe n’est possible, sans que, déjà pendant la période de destruction et des luttes menant à la destruction, on ne se représente mentalement ce qui va prendre la place de ce qu’on veut détruire. On ne peut pas faire une critique théorique de ce qui existe, sans se dessiner déjà dans l’esprit une image plus ou moins nette de ce que l’on voulait voir en lieu et place de ce qui existe. Consciemment ou inconsciemment, l’idéal - la conception du mieux-être - se dessine toujours dans l’esprit de quiconque fait la critique des Institutions existantes » Révolution sociale et libertaire indispensable L’organisation de l’économie à orientation et finalité libertaire, ainsi que son développement, nécessitent un changement radical du système capitaliste et du système communiste étatique imprégné des principes marxistes-léninistes. Ce changement implique nécessairement : - abolir et dépasser ces deux systèmes ; - jeter les bases fondamentales de la nouvelle économie et de la société anarchiste ou du vrai socialisme en marche vers celle-ci. Pas plus la société anarchiste que la société communiste libertaire ne se réaliseront par enchantement en un jour, ni de façon synchronisée sur le plan mondial, à une phase donnée de l’histoire universelle. La révolution ne sera pas au même niveau dans un pays et à plus forte raison dans tous les pays à la fois. Elle ne pourra pas non plus être uniforme, faite sur un type unique, les conditions géographiques, ethniques, démographiques ainsi que l’état de développement de l’industrie, des richesses naturelles, l’existence ou non de matières premières, les possibilités agricoles, la mentalité, la culture... etc., influeront dans les différentes constructions de cette révolution, et cela, malgré l’orientation libertaire. En effet, selon son implantation, en plus des différences possibles déjà notées, le système apparaîtra dans chaque pays sous des aspects multiples et divers, à la recherche Incessante d’une perfection et d’un équilibre harmonieux. Il n’en reste pas moins que les caractéristiques essentielles de la société anarchiste ainsi que les moyens et procédés pratiques et efficaces pour y arriver, doivent se manifester avec clarté et vigueur - pour avoir prise sur la réalité - des aujourd’hui en vue d’éclosions futures. Les buts de la nouvelle économie libertaire et de la Société anarchiste doivent être la liberté et le bien-être de tous, dans un milieu d’égalité social et de solidarité humaine. - Pour les réaliser, l’Etat doit nécessairement disparaître, ainsi que toute dictature, fut-elle transitoire. Il faut supprimer toutes les Institutions autoritaires du capitalisme, de la propriété privée, tous les procédés d’exploitation et d’oppression de l’homme par l’homme, les classes sociales, hiérarchies, privilèges, ainsi que le salariat. Bien sûr que, malheureusement, la révolution sociale rencontrera des grands obstacles dans un pays, mais elle doit aller Immédiatement au fond des choses, surtout dans le domaine économique. (Elle doit se préoccuper surtout de l’organisation du travail et de la société). Il faut faire passer dans la réalité de tous les jours le maximum de réalisations libertaires donnant ainsi un certain nombre d’idées et d’initiatives importantes qui se développeront par la suite. Le leitmotiv doit être pain, liberté, habitation, culture et loisirs pour tous. « De chacun selon ses moyens et à chacun selon ses besoins ». Il faudra détruire tous les obstacles intérieurs qui s’opposeront à la libre organisation de la Société nouvelle. Il ne faudra pas beaucoup compter sur la solidarité révolutionnaire mondiale pour appuyer une révolution dans quelque pays que ce soit, surtout si elle se présente comme anarchiste. Toute aide des blocs mondiaux prédominants sera évidemment un effort de satellisation. De plus il faut compter sur le fait qu’un changement révolutionnaire profond produit une période de marasme économique, de tâtonnements, de réajustement des structures, tout cela mettant à l’épreuve la capacité révolutionnaire du pays, surtout dans ses qualités à construire. Assurer l’existence et le libre fonctionnement de la société Dès le premier moment, il est nécessaire d’assurer la production, l’investissement le ravitaillement, la productivité sans exploiter le producteur, sans le maintenir soumis à des journées de travail épuisantes. Le triomphe immédiat de la révolution sociale et sa consolidation, dépendra pour beaucoup de la capacité révolutionnaire et libertaire des travailleurs (capacités sociales, économiques, culturelles et idéologiques). Le facteur essentiel de l’ordre nouveau doit être l’homme libre et conscient de lui-même. Aucun type d’économie actuelle ne convient à l’anarchisme. Notre finalité est de vivre en liberté et de faire tout pour que tous -les êtres puissent en jouir, à égalité de conditions. La seule limite étant ce que la terre, la nature et l’effort solidaire des hommes pourront fournir. Conception de l’anarchisme social Pour les mêmes raisons, notre conception du socialisme intégral est simple et non exhaustive, ni uniforme dans ses possibilités et modalités pratiques. Et si nos préférences vont vers le communisme libertaire, comme système ouvert et perfectible, nous ne refusons systématiquement - mis à part, bien sûr, les régimes bourgeois et totalitaires - aucun autre mode d’organisation sociale, qui peut être de type mutualiste, collectiviste, coopératif, pourvu qu’ils éliminent toute exploitation de l’homme par l’homme. La liberté d’expérimenter différents systèmes économiques dans une société en voie de transformation, selon les principes anarchistes, doit être assurée sous condition qu’une planification librement et fédérativement élaborée et -librement consentie, garantit la production des biens nécessaires et le fonctionnement normal des services essentiels, afin de satisfaire les besoins de tous selon les possibilités de l’époque. Liberté d’expérimentation L’expérimentation et la coexistence de différents types de socialisation, sont : mutualiste (Proudhon) ; collectiviste (Bakounine-Mella) ; communiste (Kropotkine-Malatesta) ; coopérativiste (non commercialisée). A n’importe quelle échelle, peut être possible dans le système libertaire à condition de respecter le principe anti-autoritaire qui a pour corollaire l’autonomie, le fédéralisme et la solidarité. D’un point de vue libertaire, cela est particulièrement logique puisque sa pensée est que ses formes sociales ne doivent pas stagner et qu’aucune structure économique ne peut être considérée comme définitive et immuable. Créer toujours les conditions optimales pour le plein développement de la personnalité humaine, telle doit être l’orientation et le but de la société anarchiste. Esquisses sociales et économiques de la pensée libertaire L’économie ne peut se développer sans base sociale. Les nécessités de la vie en société font que les hommes se voient dans l’obligation de chercher un principe régulateur, pour la rendre au moins compatible. Il faut donc un pacte ou un contrat librement consenti, accepté librement et consciemment, et appliqué de la même manière. Dans la conception anarchiste - du moins celle qu’admet la base organisatrice par pacte libre - le communisme libertaire est le système le plus adapté au développement d’une société voulant vivre sur les principes précédemment cités. Base de la nouvelle société : la commune libre « L’idée de communes indépendantes pour les groupements territoriaux, et de vastes fédérations de métiers pour les groupements par fonctions sociales - les deux s’enchevêtrant et se prêtant appui pour satisfaire les besoins de la société - permit aux anarchistes de concevoir d’une façon concrète, réelle, l’organisation possible d’une société affranchie. Il n’y avait plus qu’à y ajouter les groupements par affinités personnelles - groupements sans nombre, variée à l’infini, de longue durée ou éphémères, surgissant selon les besoins du moment pour tous les buts possibles - groupements que nous voyons déjà surgir dans la société actuelle, en dehors des groupements politiques et professionnels. Ces trois sortes de groupements, se couvrant comme un réseau les uns les autres, arriveraient ainsi à permettre la satisfaction de tous les besoins sociaux la consommation, la production, et l’échange ; les communications, les arrangements sanitaires, l’éducation ; la protection mutuelle contre les agressions, l’entr’aide, la défense du territoire ; la satisfaction, enfin, des besoins scientifiques, artistiques, littéraires, d’amusement. Le tout - toujours plein de vie et toujours prêt à répondre par des nouvelles adaptations aux nouveaux besoins et aux nouvelles influences du mllieu social et intellectuel. Si une société de ce genre se développait sur un territoire assez large et assez peuplé pour permettre la variété nécessaire des goûts et des besoins, on s’apercevrait bientôt que la contrainte par l’autorité, quelle qu’elle soit, y serait inutile ». Pierre KROPOTKINE (« La Science Moderne et l’Anarchie »). La cellule vivante de la nouvelle organisation sociale libertaire, en plus de l’individu, du groupe, de la collectivité, du syndicat, est pour nous, la commune libre. La commune libre, constituée par tous et par chacun des citoyens, peut jouer un rôle de coordination sociale générale, du point de vue purement administratif, non pas un rôle de pouvoir ou d’institution politique,, mais au contraire de service social, dans le secteur local. Ses fonctions doivent se conformer aux accords et décisions prises par les assemblées communales libres sur assentiment commun. On doit arracher tout autoritarisme et toute bureaucratie de l’organisation communale. Des fédérations communales et nationales de communes libres pourront se constituer sur le plan général d’un pays ou d’une zone géographique et ethnique déterminée ; elles pourront se confédérer internationalement. La commune ne doit en aucune manière posséder le pouvoir politique ; encore moins militaire, celui-ci devant disparaître totalement. Elle ne doit même pas détenir le pouvoir révolutionnaire, Tout pouvoir politique doit être aboli et nul ne doit l’exercer. Il ne doit pas y avoir non plus dans la Commune de propriété économique qui fasse de ses limites géographiques ni de ses bornes historiques un champ clos ou un fief. Toute commune doit être ouverte à la solidarité. Elle doit se pratiquer, la recevoir aussi, se fondant sur le principe qui veut que toute richesse naturelle, crée ou fabriquée, tout produit, outil ou matériel, constituent un patrimoine commun qui reste à la disposition de tous. La jouissance de ce patrimoine n’est réglée que par les normes collectives établies librement et collectivement. Du syndicat révolutionnaire et de ses fonctions L’organisme qui dans la société socialiste peut le mieux assurer l’organisation du travail, est le syndicat de caractère syndicaliste révolutionnaire, constitué par les travailleurs libres de l’industrie, de la terre, de la mine, des laboratoires, des centres de recherche, par ceux des branches techniques spécialisées. Les syndicats, groupés par branches d’industrie, en fédérations locales, communales, régionales et internationales, et administrant directement ; sous leur contrôle conscient, fabriques, ateliers, exploitations agricoles, mines, chantiers navals, instituts scientifiques et technologiques, sont des organismes capables d’assurer la production de tous les articles et éléments indispensables à la société et à ses composants, en fonction des besoins qui se feront sentir et qui se présenteront, l’objectif poursuivi étant, bien entendu, la création de l’abondance par la participation de chacun à l’effort commun, selon ses forces et ses capacités, sans l’exploitation de personne et sans privilège aucun. Toutes les ressources matérielles, économiques et techniques, les produits manufacturés, les produits agricoles, maritimes, le cheptel, etc., devront être mis à la disposition de tous, par l’intermédiaire des organismes adéquats, pour la distribution, le change et la répartition les plus justes. Les fédérations de syndicats pourront se former par catégories de production, soit industrielle, agricole, etc., ou par services publics : postes, téléphones ; transports et autres. La révolution sociale, avec la disparition de la bourgeoisie et des structures capitalistes et autoritaires, devra établir un ordre économique nouveau, ordre qu’implique forcément d’autres modalités de travail, des règlements nouveaux des fabrications, des reconversions professionnelles, des spécialités distinctes de production. Les syndicats par profession ou industrie ne devront disposer d’aucun pouvoir politique ; ils ne devront posséder aucune fabrique, machine, aucun produit fabriqué. On ne doit pas laisser germer la propriété corporative dans la société anarchiste ou communiste libertaire. L’autogestion doit avoir pour travail fondamental d’organiser la meilleure et la plus rationnelle organisation du travail et de la fonction productive, contrôlée par un sentiment élevé de responsabilité Individuelle et professionnelle consciente et volontaire. Les comités ou commissions d’autogestion de l’usine, de l’entreprise de l’atelier ou de la collectivité productrice, doivent être nommés directement par le personnel même de l’usine ; elles doivent être révocables à tout instant et renouvelées fréquemment. On doit débusquer la bureaucratie en tous les endroits où elle peut s’implanter. Il ne faut jamais donner non plus de pouvoir de commandement au personnel technique ou qualifié de la spécialité concernée. Nous sommes opposés au principe de « tout le pouvoir aux syndicats ; nous nous refusons aussi à donner le commandement à un technicien ou spécialiste chargé de la responsabilité d’une tâche. En effet, celui-ci doit considérer les autres travailleurs sur un plan d’égalité morale et effective, comme homme et producteur, coopérant dans une entreprise commune au service du bien général. Sur le salaire ou rémunération Si nous, anarchistes, avons pour but de supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme, d’abolir les classes et le salariat, nous ne pouvons, par simple logique de pensée, maintenir un type de salaire et de catégories salariales pour le travail effectué. Les problèmes posés par la suppression du salariat sont nombreux et variés. Chercher les procédés de rémunération par unité ou spécialité du travail, ne serait pas non plus une solution libertaire et encore moins compatible avec un haut sentiment de justice et de solidarité humaine. Partant de ce raisonnement, nous sommes partisans de l’application du principe : « de chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins ». Nous considérons en effet que le travail de chacun donne droit à la satisfaction des nécessités personnelles ; il permet de se procurer librement ce qui est Indispensable à chaque personne, dans les magasins, coopératives ou centres de distribution. Le fait d’être travailleur ou producteur - comme les malades, invalides, vieillards ou enfants - donnera et permettra de bénéficier de tous les services communs. La socialisation de ces services, comme ceux de l’habitat, de la santé, des loisirs et des spectacles doit être considérée comme une des formules les plus accessibles pour atteindre ce but. Chaque être humain valide doit être assuré d’une place, d’un emploi dans l’organisation commune ou collective du travail. Ceci est un droit inaliénable reconnu et établi par la société anarchiste, par la nouvelle organisation sociale communiste libertaire. Distribution et consommation L’organisation sociale, que nous détendons et que nous préconisons, ne saurait avoir pour but un bénéfice Industriel ou commercial, monopolisé par un groupe, un clan, une entité ou un organisme quelconque. Elle recherche, au contraire, le bien commun, à l’intérieur de la fédération ou des associations de travailleurs libres et solidaires. D’un autre côté nous convenons que les formes et les mécanismes économiques de la société anarchiste ne doivent pas s’encastrer dans une armature rigide dans un régime monolithique aux structures inamovibles. Respectant le principe fondamental de la non-exploitation de l’homme par l’homme, de la communauté des richesses, des biens, des terres, des machines et des produits, tout doit être mis à la disposition de chacun et de tous. Ainsi le pain, la culture, la liberté ou l’indépendance dans l’union et dans la solidarité, resteront mieux garantis et mieux assurés pour tous. La distribution générale coordonnée et détaillée de produits agricoles et manufacturés pourra être assurée par les associations ou les fédérations de consommateurs, à partir de magasins d’approvisionnement et de fournitures en gros, dans lesquels les syndicats de production et les collectivités pourront déposer leurs produits. La distribution au détail, exempte de tout mercantilisme, sera assurée par les coopératives de consommation et par les économats et centres qualifiés. Organismes de la révolution : les collectivités Les collectivités de production et même les collectivités mixtes de production et de consommation, surtout dans le domaine agricole, peuvent jouer un rôle important parmi les facteurs efficaces de développement de la nouvelle économie, en tant qu’organismes vitaux fonctionnant sur le principe de la libre coopération dans la nouvelle économie solidaire, sans mercantilisme ni concurrence. Jusqu’à aujourd’hui, sur le plan expérimental, on peut citer, comme exemple pratique et efficace de la réalisation collectiviste-communiste, les collectivités de type libertaire durent la révolution espagnole ; dans une situation donnée de transcendantal réalisme historique, elles se révélèrent être des organismes efficients pour assurer le développement économique d’un pays, surtout lorsqu’elles purent fonctionner de concert avec les syndicats et autres organismes communaux, complémentaires les uns des autres, et faisant face réunis aux besoins économiques et sociaux de la nouvelle société. Conseils économiques et sociaux Pour compléter les informations et les actions nécessaires au bon fonctionnement de cette économie, on peut adjoindre à ces collectivités des conseils d’économie sur les plans locaux, régionaux et nationaux. Le tout débouchant sur le conseil général de l’économie nationale fédérée. Ces organismes permettant une organisation plus parfaite, une meilleure coordination des renseignements sur des expériences nouvelles et de plus grandes possibilités pour le développement économique et l’exploitation de nouvelles richesses en commun : Les conseils économiques n’auraient qu’une mission consultative et de recherche, et non exécutive ; - les membres de ces conseils, qui pourraient être appelés conseils sociaux et économiques, seraient désignés à type temporaire et seraient révocables. Ils pourraient être désignés par la commune, les syndicats, les coopératives et centres de consommation, les organismes techniques et culturels. Les conseils sociaux et économiques pourraient être les suivants : alimentation, habitation.habillement, production, agricoles, mines, pêche, transports, communications presse, librairie, industrie métallurgique et sidérurgie, eau, électricité, forces hydroélectrique et nucléaire, industries chimiques et les diverses branches de la verrerie et céramique, du bols, de la construction, de la santé, de la culture, arts et loisirs, sciences, investigations, techniques, échanges, relations extérieures, importation et exportation. Tous ces conseils formant avec ces diverses ramifications, sans aucun centralisme, un conseil général de coordination et solidarité. Ce Conseil fonctionnerait par action d’en bas, de la base sur le haut, et n’aurait aucune fonction exécutive. Il est bien entendu que cette liste de conseils n’est pas exclusive et que selon les besoins des diverses spécialités seront créés les conseils nécessaires ; tout cela se faisant d’un commun accord entre les intéressés, directement et sans aucune obligation. Considérations générales En ébauchant cette série de formules, nous avons eu pour souci principal d’éviter les influences des réminiscences autoritaires, les tendances centralisatrices et le désir de donner à la liberté, à l’autonomie, un contenu vivant, structuré, fonctionnel, pratique et stimulateur pour un incessant progrès. Nous prenons comme fondement de la dynamique sociale l’être humain, considéré comme unité autonome associée volontairement à la communauté. Dans les étapes de réalisation du communisme libertaire, alors que la production n’a pas atteint une cadence suffisante, il y aura lieu évidemment de réaliser l’indispensable régulation de la distribution qui devra être la plus rationnelle et la plus juste possible. On peut aussi garder, pendant un certain temps, un système de rémunération, mais à condition qu’il soit égalitaire, car sinon les égoïsmes, les inégalités resurgiraient et, à la longue, on tomberait fatalement dans les injustices, les rancunes et recréerait les inégalités. L’existence de l’argent, si controversée, doit se terminer.Et en établissant un système de bons, on doit éviter la centralisation dans un organisme de type bancaire. Ces bons, émis par la Commune, ne doivent pas avoir une valeur d’acquisition générale. Il faut éviter l’accumulation, de quelque nature qu’elle soit - accumulation d’une commune, d’une collectivité ou d’une entreprise plus puissante, d’une région plus développée - ainsi que la centralisation et la monopolisation. Lorsque la nécessité d’un plan économique général se ferait sentir, il ne pourrait se réaliser qu’après accord de toutes les parties intéressées. Car si la volonté générale s’imposait et se manifestait, avec I’omnipotence d’un pouvoir effectif et indiscutable, on créerait de cette manière-là les conditions pouvant alors donner un nouveau régime d’oppression, et la révolte surgirait alors comme réaction défensive inévitable. La société doit être comme un organisme vivant dans lequel les cellules, tous les organes accomplissent leurs fonctions, pour assurer la vie. Mais avec la différence essentielle que dans cet organisme social l’homme se manifeste de façon autonome, contribuant par son Individualité à l’enrichir et à le vitaliser et de plus à lui donner conscience avec son intelligence, sa raison et ses connaissances : en lui donnant en plus un développement harmonieux et ascendant. Loin de nous, l’idée de définir de façon immuable les bases sociales éthiques et économiques de l’anarchisme. Mais nos définitions échappent au moins à un grand danger, en n’utilisant pas le mot politique, à cause des confusions auquel il se prête. Nous savons bien que l’histoire ne suit pas une ligne ascendante et continue mais qu’elle avance de façon discontinue en résolvant ses contradictions. Les formes sociales et le développement de la pensée humaine se dépassent et se renouvellent ainsi sans arrêt dans la vie sociale et ses formes. C’est la propre dialectique de la vie qui crée les germes qui font avancer l’humanité. Conscients de cela, nous, anarchistes, nous luttons pour toutes les audaces sociales et nous maintenons vivant et actif l’esprit révolutionnaire. Nous ne traçons aucune limite à ce développement. Proposition adoptée Le congrès anarchiste adopte, dans le principe, pour la soumettre ensuite à l’avis des fédérations anarchistes des divers pays, la proposition de la nomination d’une commission ou la création d’un Centre international d’études sociales et économiques anarchistes, afin de compiler et de mettre à jour ce qui a été écrit de plus fondamental sur le thème « L’organisation de l’économie dans une société anarchiste ou durant l’étape de transition révolutionnaire vers l’anarchie ». Ainsi on pourrait recueillir les éléments proposés par les diverses fédérations anarchistes, ceci afin de rechercher les solutions les plus adéquates à la transformation du monde en marche vers la société anarchiste. Août-septembre 1968.

~ Comment une économie anarchiste fonctionnerait-elle ? FAQ anarchiste « L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir » I - À quoi une société anarchiste ressemblerait-elle ? Introduction I.1 - Le socialisme libertaire n'est-il pas un oxymore ? (+) Cliquer pour développer I.2 - Est-ce un plan de travail pour une société anarchiste ? (+) Cliquer pour développer I.3 - À quoi la structure économique d'une société anarchiste ressemblerait ? (+) Cliquer pour développer I.4 - Comment une économie anarchiste fonctionnerait-elle ? (+) Cliquer pour développer I.5 - À quoi ressemblera la structure sociale en anarchie ? (+) Cliquer pour développer I.6 - Qu'en est-il de la « tragédie des biens communs » et de ce qui s'ensuit ? À coup sûr, la possession communale menera à un sur-usage et à la destruction environnementale, non ? (+) Cliquer pour développer I.7 - Le socialisme libertaire ne détruira-t'il pas l'individualité ? (+) Cliquer pour développer I.8 - L'Espagne révolutionnaire ne montre-t'elle pas que le socialisme libertaire fonctionne dans la pratique ? (+) Cliquer pour développer Sommaire complet et détaillé C'est une question importante pour tous les opposants à un système donné - par quoi allez vous le remplacer ? Nous pouvons dire, bien sûr, qu'il est inutile de faire des plans sur comment la future société anarchiste fonctionnera, puisque l'avenir sera créé par tout le monde, pas seulement par les quelques anarchistes et socialistes libertaires qui écrivent des livres et des FAQ's. Cela est vrai, nous ne pouvons pas prédire ce qu'une société libre sera effectivement similaire ou développé et nous n'avons pas l'intention de le faire ici. Toutefois, cette réponse (quel que soit ses autres bien-fondés) ne tient pas compte d'un point essentiel, les gens ont besoin d'avoir une idée de ce que l'anarchisme vise avant qu'ils ne décident de passer leur vie à tenter de le créer. Alors, comment un système anarchiste fonctionnerait ? Cela dépend des idées économiques qu'ont les personnes. Une économie mutualiste fonctionne différemment d'une communiste, par exemple, mais ils ont des caractéristiques similaires. Comme Rudolf Rocker l'a dit: "Ce qui est commun à tous les anarchistes est le désir de libérer la société de toutes les forces politiques et sociales des institutions coercitives qui se dressent sur la voie du développement d'une humanité libre. En ce sens, le mutualisme, le collectivisme, et le communisme ne doivent pas être considérées comme des systèmes fermés permettant à aucun autre le développement, mais seulement des hypothèses quant aux moyens de préserver une communauté libre. Il y aura même probablement, l'existence dans la société de l'avenir de différentes formes de coopération économique existant côte à côte, car tout le progrès social doit être associé par la pratique, l'essai et l'expérimentation libre, qui, dans une société de communautés libres, aura toutes les occasions offertes"[1]. Ainsi, compte tenu des objectifs communs des anarchistes, ce n'est pas surprenant que les systèmes économiques donnent à penser qu'ils auront des caractéristiques communes, tels que l'auto-gestion, la fédération, le libre accord des travailleurs et ainsi de suite. Pour tous les anarchistes, l'"économie" est considérée comme une "association volontaire qui organisera le travail, et sera le fabricant et le distributeur des produits nécessaires" et c'"est pour faire ce qui est utile. L'individu est pour faire ce qui est beau"[2]. Par exemple, la machine "se substituera au travail manuel dans la fabrication de biens. Mais en même temps, le travail manuel très probablement étendra son domaine de la finition artistique sur beaucoup de choses qui sont entièrement fabriquées dans l'usine"[3]. Murray Bookchin, des décennies plus tard, a plaidé pour la même idée: "la machine supprimera la peine des processus de production, laissant la réalisation artistique à l'homme"[4]. Cette "organisation du travail touche uniquement les travaux que d'autres peuvent faire pour nous... Le reste revient à l'égoïste, parce que personne ne peut le remplacer dans votre élaboration de vos compositions musicales, la réalisation de vos projets de peinture, etc, personne ne peut remplacer le travail de Raphael. Ces derniers sont des travaux d'une personne unique, qui elle seule est compétente pour réaliser"[5]. Stirner va jusqu'à demander "pour qui est ce que le temps doit être acquis [par l'association] ? Pour quoi l'homme exige plus de temps que nécessaire pour rafraîchir ses fatigues des pouvoirs du travail ? Voici en quoi le communisme est client". Il a ensuite réponse à sa propre question en faisant valoir qu'il est acquis pour l'individu "de prendre confort en lui-même comme unique, après qu'il ait accompli sa part d'homme!"[6], qui est exactement ce que Kropotkine a également fait valoir: « Il se déchargera d’abord, soit dans les champs, soit, dans les usines, du travail qu’il devra à la société pour sa part de contribution à la production générale. Et il emploiera l’autre moitié de sa journée, de sa semaine, ou de son année, à la satisfaction de ses besoins artistiques ou scientifiques »[7]. Ainsi, alors que le communisme autoritaire ne tient pas compte de l'individu unique (et c'est le seul type de communisme existant au moment où Stirner a écrit son livre classique), les communistes libertaires sont d'accord avec Stirner et ne sont pas silencieux. Comme lui, ils considèrent l'ensemble de l'organisation du travail comme le moyen de fournir à l'individu le temps et les ressources nécessaires pour exprimer leur individualité. En d'autres termes, de poursuivre "les travaux d'une personne unique". Ainsi, tous les anarchistes fondent leurs arguments en faveur d'une société libre sur la manière dont ça bénéficiera à la réalité des individus, plutôt que des collectifs abstraits ou amorphes (tel une «société»). D'où le chapitre 9 de La Conquête du pain, "la nécessité du Luxe" et, pour cette question, chapitre 10, "Le travail Agréable". Ou, pour mettre cet idéal à jour, comme Chomsky l'a dit, "la tâche pour une société industrielle moderne est de parvenir à ce qui est maintenant techniquement réalisable, à savoir, une société qui est en réalité fondée sur la libre participation volontaire des personnes qui produisent et créent, de vivre librement leur vie au sein des institutions qu'ils contrôlent, et avec peu de structures hiérarchiques, et peut-être pas du tout"[8]. En d'autres termes, les anarchistes désirent organiser des associations de bénévoles qui tenteront d'assurer une minimisation de travail insensé afin de maximiser le temps disponible pour l'activité créatrice, tant au "travail" intérieur et extérieur. Cet objectif doit être atteint par la libre coopération entre égaux, alors que la concurrence peut être la "loi de la jungle", la coopération est la loi de la civilisation. Cette coopération n'est pas fondée sur "l'altruisme", mais sur l'auto-intérêt. Proudhon a fait valoir que, la "mutualité, la réciprocité existe lorsque tous les travailleurs d'une industrie au lieu de travailler pour un entrepreneur qui les paie et garde leurs produits, travaillent les uns pour les autres et ainsi collaborent à la réalisation d'un produit commun qu'ils partagent entre eux. étendre le principe de la réciprocité telle que l'unification du travail de chaque groupe, des Sociétés de travailleurs en tant qu'unité, et vous avez créé une forme de civilisation qui à tous points de vue - politique, économique et esthétique - est radicalement différente de toutes les civilisations antérieures"[9]. En d'autres termes, la solidarité et la coopération nous permet du temps pour profiter de la vie et obtenir des avantages de notre travail par nous-mêmes - L'Entr'aide a pour résultat une vie meilleure que la lutte mutuelle et "l'association pour la lutte sera beaucoup plus un soutien plus efficace pour la civilisation, le progrès, et l'évolution que ne l'est la lutte pour la vie avec ses compétitions sauvages de tous les jours"[10]. Au lieu de la course effrénée du capitalisme, l'activité économique dans une société anarchiste serait un des moyens d'humaniser et de nous personnaliser nous-mêmes et la société, de passer de la survie à la vie. L'activité productive doit devenir un moyen d'auto-expression, de joie, d'art, plutôt que quelque chose que nous avons à faire pour survivre. En fin de compte, le "travail" doit devenir plus semblable à un jeu ou passe-temps que l'activité actuelle aliéné. Les priorités de la vie devraient être vers l'accession individuelle à l'épanouissement et à humaniser la société plutôt que "la société fonctionne comme un complément au marché", pour utiliser l'expression de Polanyi, et transformer nous-mêmes en produits sur le marché du travail. Ainsi, les anarchistes sont d'accord avec John Stuart Mill quand il écrivait : « Je l'avoue, je ne suis pas séduit par un idéal de vie, offrant, à ceux qui pensent que l'état normal des êtres humains est de se battre pour obtenir, par le piétinement, l'écrasement, jeu de coudes, et marche des uns sur les talons des autres, qui forme le type existant de la vie sociale, soit le plus souhaitable pour beaucoup d'être humain, ou quoi que ce soit des symptomes désagréables de l'une des phases du progrès industriel »[11] Le but de l'anarchisme est beaucoup plus que la fin de la pauvreté. D'où le commentaire de Proudhon que le "dogme sous-jacent" du socialisme est que "l'objectif du socialisme est l'émancipation du prolétariat et l'élimination de la pauvreté". Cette émancipation sera atteinte en mettant fin à "l'esclavage salarié" de maniére "démocratiquement organisé par des associations de travailleurs"[12]. Ou, selon les termes de Kropotkine, "bien-être pour tous" - physique, mental et moral! En effet, en se concentrant uniquement sur la pauvreté et en ignorant l'émancipation du prolétariat, les véritables objectifs du socialisme sont obscurcis. Kropotkine fait valoir que : « Le « droit au bien-être » signifie la possibilité de vivre comme des êtres humains, et de faire l'éducation des enfants pour en être membres d'une société meilleure que la nôtre, alors que le « droit au travail » signifie que le droit à être un esclave salarié, un Drudge, dominé et exploité par la classe moyenne de l'avenir. Le droit au bien-être est la révolution sociale, le droit au travail ne signifie rien, si ce n'est un tapis roulant pour la commercialisation. Il est grand temps pour le travailleur de faire valoir son droit à l'héritage commun, et d'entrer en possession de celui-ci »[13]. Combinée avec cette volonté de libre coopération est un désir de mettre fin aux systèmes centralisés. L'opposition à la centralisation est souvent cadré d'une fausse maniére. Cela peut être vu lorsque Alex Nove, un chef de file des socialistes de marché, fait valoir qu'"il y a des liens horizontaux (de marché), il existe des liens verticaux (hiérarchie). Quelles autres dimensions existe il ?"[14]. En d'autres termes, Nove affirme que, pour s'opposer à la planification centrale, il faut embrasser le marché. Toutefois, cela n'est pas vrai. Les liens Horizontaux n'ont pas besoin d'être fondés sur le marché, pas plus que les liens verticaux doivent avoir une structure hiérarchique. Mais le point de base dans son argumentation est vrai, une société anarchiste doit être fondée essentiellement sur des liens horizontaux entre les individus et associations, coopérant librement ensemble, car ils (pas un organisme central) le jugent opportun. Cette coopération sera source de liens "verticaux" dans une économie anarchiste. Quand un groupe d'individus ou d'associations se réunissent et discutent des intérêts communs et rendent des décisions communes, ils seront liés par leurs propres décisions. Ceci est radicalement différent d'un organisme central donnant des ordres parce que ceux qui sont touchés détermineront le contenu de ces décisions. En d'autres termes, au lieu que les décisions soient rendues par le haut, elles seront créés à partir de la base. Ainsi, tout en refusant de définir exactement comment un système anarchiste fonctionnerait, nous allons explorer les implications sur la manière dont les principes et les idéaux anarchistes énoncés ci-dessus pourraient être mis en pratique. Gardez à l'esprit qu'il s'agit là juste d'un cadre possible pour un système qui a déjà fait quelques exemples historiques pour en faire appel à titre de preuve. Cela signifie que nous pouvons seulement indiquer les grandes lignes de ce qu'une société anarchiste pourrait être. Les personnes qui demandent des "recettes" et de l'exactitude devraient chercher ailleurs. Selon toute vraisemblance, le cadre que nous présentons sera modifié et changé (même ignoré), à la lumière des expériences réelles et des problèmes auxquels les personnes devront faire face lors de la création d'une nouvelle société. Enfin, il faut souligner qu'il peut exister une tendance pour certains à comparer ce cadre avec la théorie du capitalisme (c'est-à-dire le parfait fonctionnement du "libre" marché ou quasi-parfait), par opposition à sa réalité. Un parfait état de fonctionnement du système capitaliste n'existe que dans les livres et dans la tête des idéologues qui prennent la théorie pour la réalité. Aucun système n'est parfait, en particulier le capitalisme, et comparer le capitalisme «parfait» avec tout système est une tâche inutile. En outre, il y aura ceux qui cherchent à appliquer les principes "scientifiques" de l'économie néo-classique à nos idées. Ce faisant, ils font ce que Proudhon a dénommé "le vice radical de l'économie politique", à savoir "l'affirmation d'une condition transitoire comme d'un état définitif - à savoir, la division de la société en patriciens et prolétaires"[15]. Ainsi, toute tentative d'appliquer les «lois» développés à partir de théories sur le capitalisme à l'anarchisme ne parviendra pas à saisir la dynamique d'un système non-capitaliste (compte tenu du fait que l'économie néo-classique ne parvient pas à comprendre la dynamique du capitalisme, espèrent-t-ils comprendre des systèmes non-capitalistes qui rejettent le despotisme de la propriété et les inégalités du capitalisme ?). John Crump souligne ce point dans son analyse de l'anarchisme japonais : « Lors de l'examen de la faisabilité du système social préconisée par des anarchistes purs, nous devons être clairs sur les critères en fonction desquels ça doit être mesuré. Il serait, par exemple, déraisonnable d'exiger qu'ils soient évalués par rapport à des critères d'une économie capitaliste comme taux annuel de croissance, balance commerciale, etc... l'évaluation du communisme anarchiste par des critères qui ont été conçus pour mesurer la performance du capitalisme n'a pas de sens... le capitalisme serait... déconcerté s'il lui était demandé d'évaluer ses opérations contre les indicateurs de performance à laquelle les purs anarchistes s'attachent en plus grande importance, tel que la liberté de la personne, la solidarité communautaire et le droit inconditionnel de l'individu à la libre consommation. Face à ces demandes, le capitalisme ne saurait admettre que ces critères n'étaient pas contre qui elle pourrait raisonnablement se mesurer elle-même [16]ou elle aurait à recourir au type de subterfuge idéologique grotesque qu'elle emploie souvent, comme l'identification de la liberté de l'homme avec le marché et donc avec l'esclavage salarié... La confiance des purs anarchistes dans la société alternative qu'ils préconisent ne provient pas de l'espoir qu'elle serait mieux que le capitalisme au niveau quantitatif en termes de PNB, de la productivité ou d'autres critères capitaliste. Au contraire, leur enthousiasme pour le communisme anarchiste découle de leur compréhension qu'il serait qualitativement différent du capitalisme. Bien sûr, cela ne veut pas dire que les purs anarchistes soient indifférents aux questions de production et de distribution... ils croient que le communisme anarchiste fournirait un bien-être économique pour tous. Mais non qu'ils soient prêts à donner la priorité à l'étroite expansion économique, à négliger la liberté individuelle et la solidarité communautaire, comme le capitalisme le fait régulièrement »[17]. Comme Kropotkine le fait valoir, "l'économie politique universitaire a été seulement une énumération de ce qui se passe dans les... Conditions [du capitalisme] - sans nettement indiquer les conditions elles-mêmes. Et puis, après avoir exposé les faits [les économistes néo-classique universitaires ne le font habituellement pas, nous devons le souligner que Kropotkine avait à l'esprit des gens comme Adam Smith et Ricardo, pas les économistes néo-classique modernes] qui se posent dans nos sociétés, dans ces conditions, ils représentent l'utilisation de ces faits comme de rigide, et d'inévitable lois économiques "[18]. Ainsi, en modifiant les conditions, nous changeons les "lois économiques" d'une société capitaliste et l'économie n'est pas applicable à la post- (ou avant) société capitaliste (ni n'en sont des justifications pour les inégalités de richesse et de pouvoir).

~Synthèse La politique La société et l'état Espace professeur La politique, la société et l'état L'anarchisme « Anarchie » veut dire « absence de pouvoir ». Les théories anarchistes sont caractérisées par l’importance qu’elles accordent à l’individu. Elles ont été inspirées par l’ouvrage de Max Stirner L’unique et sa propriété (1844) dans lequel l’auteur affirmait « la seule cause que j’ai à défendre est moi-même ». 1. La conception anarchiste de l’état L'anarchisme n'est pas un mouvement unitaire et il n'y a pas une théorie anarchiste dogmatique qui constituerait la ligne de pensée officielle du mouvement. Cependant, dans leur diversité, les anarchistes s'accordent sur deux thèses en apparence incompatibles : Il faut défendre à tout prix les libertés individuelles contre le pouvoir de l’état. C'est une forme radicale du libéralisme politique Le libéralisme économique entraîne la misère et l’injustice, il est donc condamnable. Il faut organiser collectivement la production et la consommation des biens. C'est une forme de socialisme Comment concilier ces deux thèses? L’idée des anarchistes est qu’une bonne organisation économique rend inutile le pouvoir étatique. Autrement dit, le socialisme économique a pour conséquence directe le libéralisme politique radical : l’abolition de l’état. Comment est-ce possible? L’état est une organisation centralisée et hiérarchique qui fonctionne de haut en bas. D’où la nécessité de la contrainte pour imposer au bas de la pyramide des décisions prises en haut, souvent sans consultation, contre la volonté et contre les intérêts des personnes directement concernées. Il faut donc substituer à cette organisation « verticale » centralisée une organisation « horizontale » décentralisée qui reposerait sur l’association libre des individus. Dans une telle société, toutes les décisions seraient prises par les personnes intéressées sous la forme d’accords contractuels volontaires. C’est donc bien une forme de socialisme : le principe de l’économie anarchiste n’est pas « laisser faire-laisser aller », mais la consultation et la concertation, donc le contrôle mutuel des individus. Mais c’est aussi un libéralisme : L’état comme instrument de contrôle et de contrainte des individus disparaît. On peut considérer que l’anarchisme est une théorie du contrat social morcelé: la société est fondée non pas sur un contrat, mais sur une multitude de contrats. Les thèmes anarchistes ont dominé certains mouvements contestataires, comme le mouvement de mai 68 : autogestion, participation, mutualité, solidarité. Le problème est que les théories anarchistes disent peu de chose sur le passage de la société étatique actuelle à la société sans état. En ce sens, ce sont des utopies. Certains groupes anarchistes ont encouragé le terrorisme individuel comme moyen d’action politique pour faire advenir l’ordre nouveau qu’ils préconisaient. Cependant, il n’y a pas de lien nécessaire entre anarchie et terrorisme. Le terrorisme est un moyen d’action politique fondé sur la violence individuelle qui a été utilisé par des groupes de toute tendance politique. S’il a tenté certains anarchistes, c’est à cause de son caractère individuel (les anarchistes refusent de s’organiser en parti). Il y a des anarchistes non violents, dont le plus célèbre est probablement Léon Tolstoï dont l’idéal était de donner une forme concrète et rationnelle à l’éthique chrétienne. Tolstoï préconisait la non-obéissance comme facteur de changement. 2. Anarchisme et Marxisme La conception anarchiste d’une société sans état est proche de celle que préconise Marx quand il affirme: « Au gouvernement des hommes, il faut substituer l’organisation des choses. » Le gouvernement des hommes c'est l’état; l’organisation des choses c'est la société communiste. Mais contrairement aux anarchistes, Marx a essayé d’élaborer une théorie du passage du capitalisme libéral au socialisme (niveau économique) et de l’état centralisé à l’association décentralisée (niveau politique). Les deux thèses de Marx (dans Le capital) sont que Les contradictions internes du capitalisme devraient entraîner nécessairement sa chute. Un état transitoire, la « dictature du prolétariat », devrait assurer la transition de l’ordre étatique à l’abolition de l’état. Ce qui garantirait le succès de cette transition et le fait que, par définition, le prolétariat n’étant propriétaire d’aucun moyen de production (terres, usines, etc.), il n’a pas d’intérêt privé à défendre. Il serait donc désintéressé. Peut-on encore partager l’optimisme de Marx? Le prolétariat tel qu’il le décrit a-t-il jamais existé? Si oui, a-t-il jamais pris le pouvoir? S’il le prenait n’en serait-il pas corrompu? On sait que les exemples historiques de dictatures du prolétariat n'ont été que des totalitarisme comme les autres...

~« Quelle Économie Anarcho-libertaire* ? » Groupe Montpellier34 On est en droit de s’interroger sur l’attitude des anarchistes au sujet de ce qui a pris de nos jours une importance démesurée, le problème lancinant de l’économie. Si, dans la culture dominante, l’économie a pris une telle prépondérance, elle en demeure hélas, décontextualisée de tout objectif concret de gestion qui puisse répondre aux justes besoins de la diversité humaine selon ses ressources naturelles. Il convient donc, à l’humanité, de repenser son économie de façon locale et fédéraliste. Dans cette optique, il s’avère stratégique de proposer d’autres types d’approches économiques que les soi-disant « solutions » autoritaires proposées par l’ultra-libérale et son Économie de Marché Internationalisée actuelle ou par un retour improbable à l’État providence sous ses aspects aussi bien sociaux-démocrates que néo-keynésiens. Il faut dire que dans son histoire et, dès le XIXème Siècle, l’anarchisme pour tenter de résoudre les querelles entre d’une part, les anarchistes communistes et collectivistes (théorie de Bakounine) en Espagne, puis entre anarchistes individualistes et communistes au États-Unis, va parvenir à l’acceptation du concept d’ « anarchisme sans adjectif ». Cette position, dont l'expression fut créée par Fernando Tarrida del Marmol, était une tentative de montrer une plus grande tolérance entre les tendances libertaires et de rendre clair que les anarchistes ne devraient pas imposer de plan économique préconçu à quoi que ce soit, même dans la théorie. L’adoption de ce concept par des propagateurs comme Voltarine de Cleyre, Ericco Malatesta, Max Nettlau et Élisée Reclus a porté la majorité de la mouvance anarchiste à rejeter tous modèles économiques comme faux. Cependant, de façon à ce que soit préservée la diversité idéelle en recherchant sa justesse et son équilibre ; elle prendra parfois une position pluraliste puisant des éléments de chacun des modèles proposés par les théories, collectivisme, communisme, individualisme (mutualisme ou associationnisme), dans les substances de leurs fondements même. Malgré les années et sa remise en cause par les anarcho-communistes puis les anarcho-syndicalistes, cette position est devenue une « tradition » chez de nombreux anarcho-libertaires pour qui elle a évolué comme une évidence. Pour ses compagnons, les tendances économiques sont pensées comme d'un " intérêt accessoire " par rapport à l'abolition de l'autorité sous les formes de l'Étatisme et/ou du capitalisme(1) – pourtant des concepts éminemment économiques –. Ils sont de façon pragmatique pour la liberté d'expérimentation comme règle première de la société libre. C’est ce que Bakounine qualifiait dans ces derniers écrits de « propagande par le fait ». Celle-ci n’ayant rien à voir avec la triste interprétation faite postérieurement par certains exaltés et leur mystique de la bombe. Cependant, de ces expérimentations, ne sont que rarement explicitées des propositions pour l’"ici & maintenant" nécessaires même au sein d’une « idéofortie(2) » forcément pluraliste et en mouvement perpétuel. Combien de fois, lorsque certains d’entre nous veulent avancer des propositions réactualisées ou effectuer des projections économiques, nous sommes arrêtés par des compagnons qui nous disent: « ce n’est pas à nous de décider des formes que prendra la gestion économique, mais au peuple ou à la société ». Parmi les promoteurs anarchistes, il n’y a guère que Proudhon, Kropotkine, Cornelissen, Besnard pour s’être intéressés de près à l’économie dans son cadre général. Pierre-Joseph Proudhon va tenter une analyse critique des facteurs de l’économie, dans le but de constituer une science sociale jugée par lui encore inexistante. En effet, il voyait venir une société – qu’il appelait de ses vœux – dans laquelle le politique se trouve intégré dans l’économique. Pierre Kropotkine, quant à lui, bien qu’il fût un authentique homme de science (mathématicien, géographe, cartographe), s’est borné, en moraliste plus qu’en scientifique, à esquisser les grandes lignes d’une économie idéale dans une société anarchiste. Christian Cornelissen, en tant que syndicaliste révolutionnaire et anarcho-communiste, pragmatique et réaliste, insiste dans « El comunismo libertario y el régimen de transición » sur ‘la période de transition’ entre économie capitaliste et économie anarcho-communiste. Dans son ouvrage « Théorie de la valeur» publié dès 1903, il réfute « la théorie de valeur-travail », que les économistes classiques (capitalistes) autant que Karl Marx ont défendue. Ces recherches furent poursuivies dans son « Traité général de science économique » dont la publication s’étalera jusqu’en 1944. Il y avance ‘une théorie inductive(3) du salaire’ qui lui valut une renommée internationale. En 1934, Pierre Besnard dans son ouvrage "Le Monde Nouveau, son plan, sa constitution et son fonctionnement", aborde l’organisation économique et politique au niveau de la production industrielle, agricole, syndicale, politique ou administrative, sociale et conclut par une organisation générale du monde nouveau. Son approche est faite selon des conceptions calquées sur l’organisation syndicale. Bien sûr, de nombreux militants ont par la suite traité de l’Économie mais dans des cadres particuliers, comme celui d’un pays et surtout de l’Espagne et de sa révolution ; c’est le cas, en particulier, de Isaac Puente, Digo Abad de Santillan, Joan Pau Llauro Fàbregas, Pierre Pillier (Gaston Leval), Augustin Souchy, etc…. Malheureusement, il nous faut souligner que les développements des organisations anarchistes d’après-guerre ont souvent pâti de leur dépendance parfois excessive au modèle théorique de la Révolution Espagnole de 1936-1939. Notre réflexion puisera aussi, mais avec circonspection et sans omettre certaines critiques sur des propositions contemporaines emblématiques d’économies dite « libertaires » comme : L’Économie autogestionnaire de Abraham Guillén Sanz ("Las bases del desarrollo económico de la sociedad libertaria", Abraham Guillén, Ediciones Madre Tierra, Madrid 1990), reprise actuellement par la CNT/E & El Instituto de Ciencias Económicas y de la Autogestión (ICEA) et, présenté par Daniel du groupe Gard-Vaucluse de la FA dans le Monde Libertaire n°1447 de septembre 2006 ; L’Économie participaliste ou participative (participatory economics, en abrégé ParEcon ou Ecopart) de Michael Albert et Robin Hahnel, ("Looking Forward: Participatory Economics for the Twenty First Century", Albert and Hahnel, South End Press, 1991 & "The Political Economy of Participatory Economics", Albert and Hahnel, Princeton University Press, 1991). Cette proposition “libertaire” est surtout connue en Français par entre autre la présentation et le résumé de Normand Baillargeon ("Une proposition libertaire : l’économie participative" par Normand Baillargeon, 1999) ; La Démocratie inclusive ou générale de Takis Fotopoulos ("Inclusive Democracy", ed. Kastaniotis, Athens, 1999, Takis Fotopoulos (2003), "Inclusive Democracy and Participatory Economics", Democracy & Nature, Volume 9, 2003, pages 401 - 425 - & "Vers une démocratie générale, une démocratie directe, économique, écologique et sociale", ed. Seuil, 2002), présenté par Jean-Claude Richard du groupe Henry-Poulaille de Saint-Denis, Le monde Libertaire, 13 mars 2003 ; L’Économie Politique Mutualiste de Kevin Amos Carson, ("Studies in Mutualist Political Economy", Kevin A. Carson, ed. BookSurge Publishing, 2007 & "Organization Theory: A Libertarian Perspective" ed. BookSurge Publishing, 2008), dont notre camarade Gaël du groupe la Rue Râle, FA, nous a proposé l’approche particulière effectuée par l’Anarchist Federation (UK), grâce à sa traduction dans « Le Lien » BI FA n° 498 de Juillet 2012. Ces manières de voir traduisent l’opposition, qu’il existe à l’intérieur du mouvement anarcho-libertaire, entre ceux qui croient à la nécessité d’une méthode scientifique pour mener à bien une Révolution évolutionniste, gradualiste et rationnelle de la société, au romantisme de ces inconditionnels de la Révolution insurrectionnelle décidés à réaliser coûte que coûte un modèle social idéal. Face à ce constat, nos contradicteurs soulèvent un problème important, c’est qu’en général, les théories anarchistes restent floues et disent peu de chose sur le passage de la société étatique et capitaliste actuelle vers la société proposée par les anarcho-libertaire. En ce sens, ils jugent nos idées comme utopiques et irréalisables. On est alors en droit de s’interroger sur l’attitude des anarchistes qui, généralement, nient que le sujet de l’économie ait un intérêt et une portée si essentiels qu’ils devraient redevenir l’une des principales bases de leur fondement. Pour cette raison, la question de principe que nous devons d’abord nous poser reste la nécessité de réfléchir et de proposer, d’une façon pragmatique et donc pratique, l’organisation économico-politico-sociale des formes de sociétés à venir. En tenant nécessairement compte de la diversité des cultures et des spiritualités. Les anarchistes doivent intégrer à leurs réflexions la complexité du monde au risque de bâtir sur du sable. Nous nous devons de trouver une passerelle entre l’Action/Théorie(4) et la Théorie en action(5). Nos propositions ne sont que des exemples pratiques ou théoriques examinés dans une période (un espace-temps) historique donnée. Elles resteront donc évolutives et seront même probablement remises en cause dans l’avenir ; car en effet, il n’y a pas de modèle économico-politico-social indépassable. Cette préoccupation reste le principal sujet des anarcho-libertaires pour proposer un autre futur crédible. En réalité, il n’y a de meilleur réalisme que celui des « révolutionnaires » qui, en critiquant la société actuelle, avancent une idée précise de celle qui doit la remplacer.

~ jeudi 6 décembre 2012 QUELLE ECONOMIE ANARCHISTE ? [Annonce d'une série de débats] Notre groupe publie ici son texte d'appel à un débat sur l'économie anarchiste. Pour cela, nous prévoyons une tournée dans plusieurs villes. Nous serons d'abord les invités du CIRA (Centre International de Recherches sur l'Anarchisme) le Samedi 12 janvier 2013 à partir de 17h, au 50, rue Consolat à Marseille. Introduction à: « Quelle Économie Anarcho-libertaire* ? » Groupe Montpellier34 On est en droit de s’interroger sur l’attitude des anarchistes au sujet de ce qui a pris de nos jours une importance démesurée, le problème lancinant de l’économie. Si, dans la culture dominante, l’économie a pris une telle prépondérance, elle en demeure hélas, décontextualisée de tout objectif concret de gestion qui puisse répondre aux justes besoins de la diversité humaine selon ses ressources naturelles. Il convient donc, à l’humanité, de repenser son économie de façon locale et fédéraliste. Dans cette optique, il s’avère stratégique de proposer d’autres types d’approches économiques que les soi-disant « solutions » autoritaires proposées par l’ultra-libérale et son Économie de Marché Internationalisée actuelle ou par un retour improbable à l’État providence sous ses aspects aussi bien sociaux-démocrates que néo-keynésiens. Il faut dire que dans son histoire et, dès le XIXème Siècle, l’anarchisme pour tenter de résoudre les querelles entre d’une part, les anarchistes communistes et collectivistes (théorie de Bakounine) en Espagne, puis entre anarchistes individualistes et communistes au États-Unis, va parvenir à l’acceptation du concept d’ « anarchisme sans adjectif ». Cette position, dont l'expression fut créée par Fernando Tarrida del Marmol, était une tentative de montrer une plus grande tolérance entre les tendances libertaires et de rendre clair que les anarchistes ne devraient pas imposer de plan économique préconçu à quoi que ce soit, même dans la théorie. L’adoption de ce concept par des propagateurs comme Voltarine de Cleyre, Ericco Malatesta, Max Nettlau et Élisée Reclus a porté la majorité de la mouvance anarchiste à rejeter tous modèles économiques comme faux. Cependant, de façon à ce que soit préservée la diversité idéelle en recherchant sa justesse et son équilibre ; elle prendra parfois une position pluraliste puisant des éléments de chacun des modèles proposés par les théories, collectivisme, communisme, individualisme (mutualisme ou associationnisme), dans les substances de leurs fondements même. Malgré les années et sa remise en cause par les anarcho-communistes puis les anarcho-syndicalistes, cette position est devenue une « tradition » chez de nombreux anarcho-libertaires pour qui elle a évolué comme une évidence. Pour ses compagnons, les tendances économiques sont pensées comme d'un " intérêt accessoire " par rapport à l'abolition de l'autorité sous les formes de l'Étatisme et/ou du capitalisme(1) – pourtant des concepts éminemment économiques –. Ils sont de façon pragmatique pour la liberté d'expérimentation comme règle première de la société libre. C’est ce que Bakounine qualifiait dans ces derniers écrits de « propagande par le fait ». Celle-ci n’ayant rien à voir avec la triste interprétation faite postérieurement par certains exaltés et leur mystique de la bombe. Cependant, de ces expérimentations, ne sont que rarement explicitées des propositions pour l’"ici & maintenant" nécessaires même au sein d’une « idéofortie(2) » forcément pluraliste et en mouvement perpétuel. Combien de fois, lorsque certains d’entre nous veulent avancer des propositions réactualisées ou effectuer des projections économiques, nous sommes arrêtés par des compagnons qui nous disent: « ce n’est pas à nous de décider des formes que prendra la gestion économique, mais au peuple ou à la société ». Parmi les promoteurs anarchistes, il n’y a guère que Proudhon, Kropotkine, Cornelissen, Besnard pour s’être intéressés de près à l’économie dans son cadre général. Pierre-Joseph Proudhon va tenter une analyse critique des facteurs de l’économie, dans le but de constituer une science sociale jugée par lui encore inexistante. En effet, il voyait venir une société – qu’il appelait de ses vœux – dans laquelle le politique se trouve intégré dans l’économique. Pierre Kropotkine, quant à lui, bien qu’il fût un authentique homme de science (mathématicien, géographe, cartographe), s’est borné, en moraliste plus qu’en scientifique, à esquisser les grandes lignes d’une économie idéale dans une société anarchiste. Christian Cornelissen, en tant que syndicaliste révolutionnaire et anarcho-communiste, pragmatique et réaliste, insiste dans « El comunismo libertario y el régimen de transición » sur ‘la période de transition’ entre économie capitaliste et économie anarcho-communiste. Dans son ouvrage « Théorie de la valeur» publié dès 1903, il réfute « la théorie de valeur-travail », que les économistes classiques (capitalistes) autant que Karl Marx ont défendue. Ces recherches furent poursuivies dans son « Traité général de science économique » dont la publication s’étalera jusqu’en 1944. Il y avance ‘une théorie inductive(3) du salaire’ qui lui valut une renommée internationale. En 1934, Pierre Besnard dans son ouvrage "Le Monde Nouveau, son plan, sa constitution et son fonctionnement", aborde l’organisation économique et politique au niveau de la production industrielle, agricole, syndicale, politique ou administrative, sociale et conclut par une organisation générale du monde nouveau. Son approche est faite selon des conceptions calquées sur l’organisation syndicale. Bien sûr, de nombreux militants ont par la suite traité de l’Économie mais dans des cadres particuliers, comme celui d’un pays et surtout de l’Espagne et de sa révolution ; c’est le cas, en particulier, de Isaac Puente, Digo Abad de Santillan, Joan Pau Llauro Fàbregas, Pierre Pillier (Gaston Leval), Augustin Souchy, etc…. Malheureusement, il nous faut souligner que les développements des organisations anarchistes d’après-guerre ont souvent pâti de leur dépendance parfois excessive au modèle théorique de la Révolution Espagnole de 1936-1939. Notre réflexion puisera aussi, mais avec circonspection et sans omettre certaines critiques sur des propositions contemporaines emblématiques d’économies dite « libertaires » comme : L’Économie autogestionnaire de Abraham Guillén Sanz ("Las bases del desarrollo económico de la sociedad libertaria", Abraham Guillén, Ediciones Madre Tierra, Madrid 1990), reprise actuellement par la CNT/E & El Instituto de Ciencias Económicas y de la Autogestión (ICEA) et, présenté par Daniel du groupe Gard-Vaucluse de la FA dans le Monde Libertaire n°1447 de septembre 2006 ; L’Économie participaliste ou participative (participatory economics, en abrégé ParEcon ou Ecopart) de Michael Albert et Robin Hahnel, ("Looking Forward: Participatory Economics for the Twenty First Century", Albert and Hahnel, South End Press, 1991 & "The Political Economy of Participatory Economics", Albert and Hahnel, Princeton University Press, 1991). Cette proposition “libertaire” est surtout connue en Français par entre autre la présentation et le résumé de Normand Baillargeon ("Une proposition libertaire : l’économie participative" par Normand Baillargeon, 1999) ; La Démocratie inclusive ou générale de Takis Fotopoulos ("Inclusive Democracy", ed. Kastaniotis, Athens, 1999, Takis Fotopoulos (2003), "Inclusive Democracy and Participatory Economics", Democracy & Nature, Volume 9, 2003, pages 401 - 425 - & "Vers une démocratie générale, une démocratie directe, économique, écologique et sociale", ed. Seuil, 2002), présenté par Jean-Claude Richard du groupe Henry-Poulaille de Saint-Denis, Le monde Libertaire, 13 mars 2003 ; L’Économie Politique Mutualiste de Kevin Amos Carson, ("Studies in Mutualist Political Economy", Kevin A. Carson, ed. BookSurge Publishing, 2007 & "Organization Theory: A Libertarian Perspective" ed. BookSurge Publishing, 2008), dont notre camarade Gaël du groupe la Rue Râle, FA, nous a proposé l’approche particulière effectuée par l’Anarchist Federation (UK), grâce à sa traduction dans « Le Lien » BI FA n° 498 de Juillet 2012. Ces manières de voir traduisent l’opposition, qu’il existe à l’intérieur du mouvement anarcho-libertaire, entre ceux qui croient à la nécessité d’une méthode scientifique pour mener à bien une Révolution évolutionniste, gradualiste et rationnelle de la société, au romantisme de ces inconditionnels de la Révolution insurrectionnelle décidés à réaliser coûte que coûte un modèle social idéal. Face à ce constat, nos contradicteurs soulèvent un problème important, c’est qu’en général, les théories anarchistes restent floues et disent peu de chose sur le passage de la société étatique et capitaliste actuelle vers la société proposée par les anarcho-libertaire. En ce sens, ils jugent nos idées comme utopiques et irréalisables. On est alors en droit de s’interroger sur l’attitude des anarchistes qui, généralement, nient que le sujet de l’économie ait un intérêt et une portée si essentiels qu’ils devraient redevenir l’une des principales bases de leur fondement. Pour cette raison, la question de principe que nous devons d’abord nous poser reste la nécessité de réfléchir et de proposer, d’une façon pragmatique et donc pratique, l’organisation économico-politico-sociale des formes de sociétés à venir. En tenant nécessairement compte de la diversité des cultures et des spiritualités. Les anarchistes doivent intégrer à leurs réflexions la complexité du monde au risque de bâtir sur du sable. Nous nous devons de trouver une passerelle entre l’Action/Théorie(4) et la Théorie en action(5). Nos propositions ne sont que des exemples pratiques ou théoriques examinés dans une période (un espace-temps) historique donnée. Elles resteront donc évolutives et seront même probablement remises en cause dans l’avenir ; car en effet, il n’y a pas de modèle économico-politico-social indépassable. Cette préoccupation reste le principal sujet des anarcho-libertaires pour proposer un autre futur crédible. En réalité, il n’y a de meilleur réalisme que celui des « révolutionnaires » qui, en critiquant la société actuelle, avancent une idée précise de celle qui doit la remplacer. 1ère question : Qu’appelle-t-on « ÉCONOMIE » ? L’ÉCONOMIE vient du grec oikos, famille/maison dans un sens proche du foyer et nomos, loi. Pour comprendre l’économie, dont notre vision a été falsifiée par les "sciences" économiques occidentales, il nous faut en revenir à sa définition aristotélicienne. Aristote montre, dans "L’Éthique à Nicomaque", "La Politique" et "Les Économiques", la différence fondamentale entre l’économique et la chrématistique. La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est l’art de s’enrichir, d’acquérir des richesses, de faire du profit. Selon Aristote, elle est l’accumulation de la monnaie pour la monnaie et à la suite de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et de l’accumulation de richesses. En effet, Il y a, ici, confusion entre le moyen et la fin, la monnaie est un moyen pour échanger des valeurs d'usage en vue de satisfaire la vie – au sens des besoins vitaux. La chrématistique ne consiste en revanche qu'à accumuler la richesse comme fin en soi, comme si celle-ci en elle-même pouvait épanouir l'être humain. Le système capitaliste et son évolution actuelle en économie de marché internationalisée sous le prétexte d’enrichir « les Nations » fait sans conteste partie de ce concept. De fait, dans le langage d'Aristote, l’économie signifie la science, ou l'art, de gérer et de pourvoir au bien-être de l’οἷκος, c’est à dire la famille/maison (le foyer), première association naturelle à laquelle l'homme est socialement disposé. Et donc, par expansion à l’ensemble des structures, arrondissements, communes ou cités (dèmes ou dèmos, δῆμος / dêmos, au double sens de "circonscription administrative de base/peuple "), régions, pays qui fondent l’appartenance sociale et la Société. Pour lui, les Économies sont liées à des sujets comme, la règle ou gestion domestique (économie domestique), la Politique ou les politiques (économie-politique) et impliquent des règles d’éthiques (philosophie morale). Spontanément, le grand public et nos économistes professionnels se représentent la structure économique de toute société à l’image de ce qu’elle est dans la nôtre, un ensemble d’institutions distinctes des autres rapport sociaux, politiques, familiaux, culturels, religieux, etc… Ils sont assujettis et aliénés à notre système de pensée occidentale ; ils font de l’occidentocentrisme. Dans la culture occidentale, les sciences économiques ne sont en fait que l’étude de mathématiques probabilistes liées aux aspects financiers, productivistes, bancaires et boursiers de la structure politico-économique – chrématistique - du Capitalisme transformé en Économie de Marché. Dans ce contexte, le Marché est liée à la tétrade, production (surproduction), consommation (consumérisme), échange (le Marché Internationalisé) et profit (enrichissement d’une oligarchie ploutocratique et à présent surenrichissement d’une élite transnationale). Pourtant, la compréhension de l’Économie ne devrait pas être difficile. Après tout, la gestion politico-économique s’intéresse au pourquoi et au comment l’on doit effectuer une activité sociétale (ou «travail non salarial»), à ce qu’on produit, à la façon dont on en assure la distribution ou les services et, tout bien considéré, à l’usage qu’on en fait afin de répondre aux besoins fondamentaux de nos sociétés tout en respectant notre environnent et la diversité de nos niches écologiques. Les économies humaines ne peuvent être abordées que par ses aspects sociologiques, ethnologiques, écologiques, voire archéologiques, c’est à dire anthropologiques et environnementalistes. Ils présentent donc des aspects divers – dans l’espace géographique et le temps historique. Et même si notre chape médiatico-culturelle cherche à nous imposer une représentation faussée de notre monde - la Terre - par des concepts globalistes occidentaux de « Mondialisation », « Globalisation du marché» et même « Empire(6) », la composition humaine de notre planète, en rapport avec la diversité biologique qui l’entoure, reste multiple: une mosaïque culturelle, économico-politique et écologique. Cependant nous tenons à préciser, ici, l’évolution du capitalisme occidental vers une Économie de Marché Internationalisée dont la sphère économique est gérée par une élite transnationale. Une réflexion réaliste ne peut se faire que face à ce constat. 2ème question / Quelle Économie dans une société anarcho-Libertaire ? Kropotkine écrivait dans " La science moderne et l’anarchie": « Aucune lutte ne peut avoir de succès, si elle reste inconsciente, si elle ne se rend pas un compte concret, réel, de son but. Aucune destruction de ce qui existe n’est possible, sans que, déjà pendant la période de destruction et des luttes menant à la destruction, on ne se représente mentalement ce qui va prendre la place de ce qu’on veut détruire. On ne peut pas faire une critique théorique de ce qui existe, sans se dessiner déjà dans l’esprit une image plus ou moins nette de ce que l’on voulait voir en lieu et place de ce qui existe.» Cependant, Il n’est pas question ici, de répondre en proposant une sorte de pensum qui ne ferait que la somme de nos propres et uniques propositions. Pour cela, nous vous offrons de bâtir cette réponse au cours d’échanges et de débats publics, que nous piloterons à partir d’idées-forces de l’Économie dans son sens le plus large. Á la suite des prises de notes qui seront réalisées lors de ces confrontations avec le public, nous souhaitons élaborer une brochure qui présenterait « des propositions pour une Économie anarcho-Libertaire ». De fait, cette Introduction doit être lue comme, pour reprendre une expression anglo-saxonne, un « work in progress », c’est-à-dire un travail en cours, une réflexion non finalisée. Notes: 1) Jacques Ellul fait remarquer dans " De la révolution aux révoltes" que, depuis leurs origines, les acteurs révolutionnaires n'ont cessé de se focaliser sur la question de l'amélioration des institutions, ce qui n'a fait que renforcer l'appareil d'État et ce qui aboutit, selon lui, à un résultat totalement inverse à celui recherché : les individus cessent d'être révolutionnaires car ils délèguent aux appareils étatiques le soin d'opérer les changements de société (le réformisme est la confiscation par l'État de l'élan révolutionnaire). Dès lors, la révolution est à la fois (et paradoxalement) impossible - du fait que l'État bourgeois a "récupéré" à son profit tout le potentiel révolutionnaire et que la majorité des individus s'y conforment - et "nécessaire" - dans la mesure où le totalitarisme étatique va croissant [a]. "Croire que l'on modifiera quoi que ce soit par la voie institutionnelle est illusoire" conclue-t-il. [a] Contrairement au ultra-libéraux et aux libertariens, nous pensons que croire que les États perdent de leur autorité devant le Marché est une erreur dans la mesure où celui-ci ne peut prospérer qu’avec l’aide de la force de coercition des autorités étatiques soumise à son économie transnationale. En effet, les États-nations existent encore et partagent leur pouvoir avec les entreprises transnationales, dans le cadre d’un système où l’État a comme rôle réduit d’assurer un cadre stable au fonctionnement économiques mis en place par l’élite du Marché internationalisé (voir Takis Fotopoulos). 2) Au sens de Proudhon, l’Anarchisme est une théorie adéquate à l’action, c'est-à-dire ni une idéologie, ni un dogme, ni un modèle, ni une abstraction, ni un précepte, mais une force mobilisatrice et créative nécessairement adaptative et évolutive. 3) La théorie inductive est définie comme l’opération par laquelle l’esprit part des faits particuliers pour s’élever à une loi générale. Son principe est représenté de la manière suivante : Observation puis Constat puis Principe énoncé. Elle doit respecter les trois phases de base : a) la phase de contextualisation, c’est à dire que l’observateur part d’une situation concrète pour amener le thème étudié qui devra être trouvé par la projection textuelle de l'univers interprétatif de l’observateur. b) la phase de conceptualisation qui a pour objectif de permettre à l’observateur de déduire à partir des situations des généralités. c) la phase de recontextualisation durant laquelle l’observateur doit transformer les concepts trouvés et définis sur une autre situation. Durant ces trois phases, l’observateur est acteur. On peut donc dire que la méthode inductive est une méthode active grâce à laquelle l’observateur participe pleinement au processus aboutissant à la formulation de Principes interprétant l’observation. Les sciences économiques et sociales suivaient, à l’origine, une méthode inductive. Celle-ci ne doit pas être confondue avec les "fausses méthodes inductives" qui conduisent à des démarches inorganisées, à des discussions de « café du commerce » ou à des formules « pseudo-inductive ».

~4) L’action/théorie, c’est la pratique qui devient une méthode. Elle se définit comme une connaissance qui se base sur l’action (l’opération par qui produit une conséquence (un effet) sous l’influence de l’individu qui agit de lui-même), qui n’est plus spéculation (ni une observation, ni une réflexion intellectuelle portant sur des objets abstraits) mais réaliste ; elle donne alors une représentation matérielle, proche ou identique à "ses" applications. 5) Une théorie en action signifie une idée ou connaissance spéculative et vraisemblable mise en pratique dans le domaine du réel. 6) En référence au livre de Michael Hardt et Antonio Negri, "Empire", Exils, (fr) 2000. * Anarcho-libertaire, est un néologisme introduit au début des années 1990, par les institutions policières et médiatiques pour stigmatiser les milieux ou la mouvance, qui se situent hors de l’anarchisme organisé, comme certains anarchistes, libertaires et autonomes afin de les faire passer pour des groupes informels violents, des « terroristes » : car, l’anarchiste est « un poseur de bombe ». On peut se dire de prime abord qu’ «anarcho-libertaire» est un bel exemple de redondance. Cependant, l’expression est utilisé ici, dans un autre sens, celui de mettre en exergue l’Anarchisme et l’anarchiste en prévalence avant le libertaire, en recherchant à rattacher les deux termes qui malgré certaines affirmations non pas la même valeur sémantique et ne sont pas équivalent. L’anarchisme est une « idéofortie(2) » qui est un au-delà à la démocratie, alors que le mouvement libertaire (libertairisme) n’est qu’une défense du droit à la liberté individuelle, assimilé aux États-Unis aux « libertariens de Gauche » et parfois même en France, à un simple « Nietzschéen hédoniste ». Comme la très bien souligné Claude Fréjaville dans le Monde Libertaire n° 1663 de mars 2012 : « On a admis depuis la synonymie des termes libertaire et anarchiste, mais il convient de noter qu’ils sont utilisés avec les nuances fournies par leurs définitions respectives. Le libertaire est attaché à la liberté et aux droits individuels, alors que l’anarchiste est avant tout anti-autoritaire et socialiste. […] (L’) anarchisme ne peut pas se réduire à une simple intention ou volonté libertaire. L’anarchisme a une histoire, des théories et ne fait pas de la liberté un dogme qui pourrait contrarier l’idée même de la justice sociale. Notre mouvement doit être considéré avec ce qu’il renferme d’enseignement et de réflexions et il n’était pas inutile de rappeler ici que s’il y a bien chez tout anarchiste un libertaire, il n’est pas toujours possible d’affirmer le contraire. » Publié par Fé

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