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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Le blog de Floréal Croire ou penser, il faut choisir !

24 août 1944-24 août 2014

30 août 2014 par florealanar

Curieuse démocratie… Ceux-là mêmes qui, il y a deux ans, furent interdits de séjour sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris pour la cérémonie célébrant l’anniversaire de la libération de la capitale ont cette année été conviés, à travers l’Association 24 août 1944, à participer tout à fait officiellement à l’hommage rendu aux combattants espagnols de la Nueve, qui furent les premiers à entrer dans Paris pour en chasser les occupants nazis. Dangereux anarchistes embarqués sans ménagement au commissariat par la flicaille de M. Valls en 2012, ils sont devenus suffisamment fréquentables pour figurer ce 24 août 2014 au côté de Mme Hidalgo, maire de Paris, et de M. Kader Arif, ministre délégué aux Anciens Combattants.
Si plusieurs discours ont pu être tenus à cette occasion par les camarades libertaires, le retard pris dans l’organisation de l’événement n’a pu permettre que soit prononcée l’allocution finale. En voici le texte
:

Daniel Pinos, de l’Association 24 août 1944, prononçant son discours d’ouverture, place d’Italie à Paris, le 24 août 2014

Le half-track "Guadalajara", le premier à parvenir à l’hôtel de ville de Paris le 24 août 1944

Il ne s’est trouvé que deux nations au monde pour s’y opposer : le Mexique et la Yougoslavie.
C’est ainsi que la République espagnole et les républicains sont passés par pertes et profits par les démocraties populaires et libérales.
Ils sont laissés une fois de plus à un combat solitaire et inégal que pourtant ils poursuivront soit à partir de l’exil, soit dans la clandestinité en Espagne jusqu’au début des années 70. Mais la voie est ouverte à la monarchie et à sa « transition » imposées par Franco… Presque quarante ans après sa disparition, l’Espagne vit encore avec les institutions imposées par le dictateur.
Hors des institutions, il n’y pas grand monde non plus pour soutenir la république et les républicains espagnols. Intellectuels « de gauche » et organisations politiques et syndicales de France ignorent, le plus souvent, la question espagnole. Il est vrai que s’il avait été difficile de suivre la politique de Moscou à l’égard d’Hitler, il l’est tout autant de suivre celle qui se développe à l’égard de Franco…
Toutefois, des hommes intègres, libres, soutiennent activement l’Espagne.
L’Espagne de 1936. Celle qui fait face aux totalitarismes du XXe siècle et qui en même temps se projette vers une société libertaire où l’homme et la liberté sont au centre de tout. Parmi eux, la voix d’Albert Camus résonne jusqu’à nos jours.
Nos paroles finales seront donc les siennes, issues d’articles de L’Express parus les 18 novembre 1955 et 24 août 1956, et un texte anniversaire de 1951, publié par Témoins au printemps 1954 et repris dans La Pléiade en 1965.
« Et que nous reste-t-il donc qu’à prendre date et dire, pour nos amis, comme pour nos adversaires, qu’aucune cause juste ou injuste ne fera de nous des défenseurs, même tièdes, mêmes provisoires, de l’illégalité franquiste. Les hommes libres d’Espagne doivent savoir du moins, dans leur amertume, que cette fidélité d’honneur, placée par leur peuple au-dessus de tout, n’est pas morte, malgré les apparences, en France. C’est elle qui, dans un présent de honte, maintient encore, pour eux et pour nous, les chances de l’avenir. »
« Vingt ans après la guerre d’Espagne, des hommes ont voulu se réunir pour dire leur fidélité à la République vaincue. Le temps ni l’oubli, qui sont les grands auxiliaires des réactionnaires de droite et de gauche, n’ont rien pu contre cette image, intacte en nous, de l’Espagne libre et enchaînée. La Seconde Guerre mondiale, l’Occupation, la Résistance, la guerre froide, le drame algérien et le malheur français d’aujourd’hui n’ont rien enlevé à cette sourde souffrance que traînent les hommes de ma génération, à travers leur histoire haletante et monotone, depuis le meurtre de la République espagnole. »
« Alors le 19 juillet 1936 sera aussi l’une des dates de la deuxième révolution du siècle, celle qui prend sa source dans la Commune de Paris, qui chemine toujours sous les apparences de la défaite, mais qui n’a pas encore fini de secouer le monde et qui pour finir portera l’homme plus loin que n’a pu le faire la révolution de 17. Nourrie par l’Espagne et, en général, par le génie libertaire, elle nous rendra un jour une Espagne et une Europe et avec elles de nouvelles tâches et des combats enfin à ciel ouvert. Cela du moins fait notre espoir et nos raisons de lutte
r. »

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