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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

textes de Max Stirner (allemand, 1806-1856)

 textes de Max Stirner (allemand, 1806-1856)

Dans l’Unique et sa propriété (son seul livre) il attaque tout ce qui s’oppose à l’extension de son individualité (loi, Etat, propriété, travail, morale, religion, patrie, éducation)

Mais sous le rapport de la liberté, il n’y a pas de différence essentielle entre l’État
et l’association. Pas plus que l’État n’est compatible avec une liberté illimitée, l’association
ne peut naître et subsister si elle ne restreint de toute façon la liberté. On ne
peut nulle part éviter une certaine limitation de la liberté, car il est impossible de
s’affranchir de tout : on ne peut pas : voler comme un oiseau pour la seule raison
qu’on le désire, car on ne se débarrasse pas de sa pesanteur ; on ne peut pas vivre à
son gré sous l’eau comme un poisson, car on a besoin d’air, c’est là un besoin dont on
ne peut s’affranchir, et ainsi de suite. La religion, et en particulier le Christianisme,
ayant torturé l’homme en exigeant de lui qu’il réalise le contre-nature et l’absurde,
c’est par une conséquence naturelle de cette impulsion religieuse extravagante que
l’on en vint à élever au rang d’idéal la liberté en soi, la liberté absolue, ce qui était
étaler au plein jour l’absurdité des voeux impossibles.
L’association, procurant une plus grande somme de liberté, pourra être considérée
comme « une nouvelle liberté » ; on y échappe, en effet, à la contrainte inséparable de
la vie dans l’État ou la Société ; toutefois, les restrictions à la liberté et les obstacles à
la volonté n’y manqueront pas, car le but de l’association n’est pas précisément la
liberté, qu’elle sacrifie à l’individualité, mais cette individualité elle-même. ment à celle-ci, la différence est grande entre État et association. L’État est l’ennemi,
le meurtrier de l’individu, l’association en est la fille et l’auxiliaire ; le premier est un
Esprit, qui veut être adoré en esprit et en vérité, la seconde est mon oeuvre, elle est née
de Moi. L’État est le maître de mon esprit, il veut que je croie en lui et m’impose un
credo, le credo de la légalité. Il exerce sur Moi une influence morale, il règne sur mon
esprit, il proscrit mon Moi pour se substituer à lui comme mon vrai moi. Bref, l’État
est sacré, et en face de moi, l’individu, il est le véritable homme, l’esprit, le fantôme.
L’association au contraire est mon oeuvre, ma créature ; elle n’est pas sacrée et n’est
pas une puissance spirituelle supérieure à mon esprit.
Je ne veux pas être l’esclave de mes maximes, mais je veux qu’elles restent, sans
aucune garantie, exposées sans cesse à ma critique ; je ne leur accorde aucun droit de
cité chez moi. Mais j’entends encore moins engager mon avenir à l’association et lui
« vendre mon âme », comme on dit quand il s’agit du diable et comme c’est
réellement le cas quand il s’agit de l’État ou d’une autorité spirituelle. Je suis et je reste
pour moi plus que l’État, plus que l’Église, Dieu, etc., et, par conséquent, infiniment
plus aussi que l’association.

Max Stirner, L’Unique et sa propriété

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