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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

1943 : révolte de Sobibór 15 OCTOBRE 2013

1943 : révolte de Sobibór 15 OCTOBRE 2013

Il y a 70 ans, le 14 octobre 1943, une révolte éclate en Pologne dans le camp d’extermination de Sobibór : plus de 200 prisonniers juifs échappent à une mort programmée. Cet acte de résistance de la part de ceux que les nazis voulaient rayer de la surface de la terre n’a pas été pour eux un moyen de s’en sortir (la plupart ont été repris et n’ont pas survécu à la guerre), mais l’expression d’une dignité, d’une humanité dont leurs bourreaux voulaient les priver. L’évoquer est également pour nous l’occasion de rappeler ce qu’a été l’Aktion Reinhard, et de rendre hommage à ses victimes et à ses opposants, en particulier au sein de la communauté juive.

On sait aujourd’hui que c’est à l’automne 1941 que Adolf Hitler décide de passer à une nouvelle phase de «la solution finale de la question juive», c’est-à-dire d’assassiner tous les Juifs d’Europe ; c’est ensuite lors de la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942, que les responsables nazis en préparent la mise en œuvre, sous l’autorité du Reichsführer Himmler et la coordination de l’Obergruppenführer SS Reinhard Heydrich (l’opération est d’ailleurs nommée «Aktion Reinhard», en hommage à Heydrich, abattu à Prague par des résistants tchèques le 27 mai 1942).
Pour que leur projet meurtrier dément soit rendu possible en un minimum de temps, ils décident d’utiliser les techniques de gazage utilisées dans les années 1930 pour l’élimination des handicapés (programme T4) et testées sur des Polonais et des prisonniers de guerre soviétiques. Ainsi, dans le cadre de l’Aktion Reinhard, quatre camps d’un genre nouveau sont construits, tous en Pologne : une station de gazage à Chełmno, près de Łódź, et de véritables centres de mise à mort à Bełżec, à Sobibór et à Treblinka, auxquels il faut ajouter des chambres à gaz dans deux camps de concentration à Majdanek, près de Lublin, et à Auschwitz-Birkenau, près de Cracovie, qui devient début 1943 la plus grande usine de mort pour les Juifs d’Europe.

A Bełżec, les nazis assassinent 430 000 Juifs entre avril et décembre 1942, c’est-à-dire jusqu’au démantèlement du camp (une décision probablement due au fait que le camp était arrivé à saturation). Les derniers prisonniers chargés de démonter le camp ont ensuite été envoyés par le train à Sobibór, encore en activité. Ces ultimes déportés venus de Bełżec, sachant avec certitude ce qui les attendaient, se sont révoltés à l’arrivée, sur la rampe, et ont été exécutés sur place. Quand les prisonniers de Sobibór ont trié leurs vêtements, ils ont trouvé cachés dans les coutures des petits mots, qui contenaient cette phrase : «nous sommes de Bełżec, vengez-nous !». Cet ultime acte de résistance est peut-être le point de départ de l’insurrection d’octobre 1943 à Sobibór.
Après que, en janvier 1943, les premiers combats ont éclaté dans le ghetto de Varsovie entre l’Organisation juive de combat et les Allemands, une révolte se produit en août dans le camp de Treblinka (avant la destruction du camp par les nazis en septembre), tandis que la résistance armée s’organise dans le ghetto de Białystok et dans le camp de travail de Krychów. C’est dans ce contexte que va s’organiser une résistance à l’intérieur de Sobibór.

De gauche à droite : Felhender et Pechersky.

Des révoltes s’étaient déjà produites dans le camp, mais elles étaient davantage le fruit du désespoir que de veritables actions organisées. Il faut attendre l’arrivée à Sobibór de prisonniers particuliers pour qu’un véritable projet voit le jour. Le meneur de l’opération s’appelle Leon Feldhender, un ancien dirigeant du Judenrat de Zolkiewka, une petite ville de l’est de la Pologne, secondé par un lieutenant de l’Armée rouge, Alexandre « Sacha » Aronovitch Pechersky, dont les compétences militaires furent déterminantes dans la préparation de la révolte et qui pris en charge le déroulement de l’action. Alors que les nazis commencent à démanteler certaines installations du Lager III, annonçant ainsi la fin du camp et donc la liquidation totale de tous ses prisonniers, plusieurs projets d’évasion sont envisagés par un petit groupe de prisonniers réunis autour de Feldhender et Pechersky : après avoir envisagé de creuser un tunnel d’environ 38 mètres, les révoltés, après avoir convaincu un groupes de Juifs russes qui voulaient tenter une évasion séparée de les rejoindre, se décident finalement pour un plan en trois étapes. D’abord, préparer la révolte en volant des armes et des munitions lors du travail de tri du matériel militaire soviétique récupéré par les nazis. ensuite, attirer les SS dans les ateliers et les exécuter un par un, en prétextant avoir trouver dans les affaires des nouveaux arrivants au camp des objets précieux. Enfin, une révolte ouverte, en profitant de l’affaiblissement des nazis durant la seconde étape et de l’effet de surprise. Les prisonniers pouvaient également profiter du fait que les Allemands n’avaient pas confiance dans les Ukrainiens chargés de la surveillance du camp, et qu’ils leur avaient retiré leurs armes automatiques.

Au final, près de 300 prisonniers parviennent à s’enfuir du camp, et plus d’une dizaine de SS sont tués, ainsi que plusieurs gardes ukrainiens. Himmler, furieux, charge le général SS Jacob Sporrenberg de retrouver les évadés, avec l’aide de la Wehrmacht et de la Luftwaffe. La plupart des mutins sont retrouvés et exécutés dans les forêts voisines, et seuls une cinquantaine de prisonniers ont finalement survécu et pu apporter leur témoignage. Le 19 octobre, Himmler ordonne la destruction de Sobibór, et comme ce fut le cas pour les autres camps d’extermination, après avoir démonté toutes les installations et dynamité les chambres à gaz et tous les bâtiments en dur, le sol fut labouré et replanté de pins, afin qu’il ne reste aucune trace visible des crimes commis.

Plus d’informations (en anglais) ici

1943 : révolte de Sobibór 15 OCTOBRE 2013

Le témoignage d'un survivant de Sobibor

Par Anne Vidalie, publié le 20/01/2010 à 06:59

Philip Bialowitz est l'un des rares survivants du camp d'extermination de Sobibor. Ses deux soeurs et sa nièce y sont mortes gazées, comme 250 000 juifs. John Demjanjuk, jugé en Allemagne, est soupçonné d'avoir été l'un des gardiens de cette usine à broyer les vies.

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Le souhait de Philip "Fiszel" Bialowitz, 83 ans, est enfin exaucé. "Je veux voir Demjanjuk devant la justice, au nom de mon père, de mes deux soeurs et de ma nièce, gazés dans le camp d'extermination de Sobibor, en Pologne", confiait-il à L'Express en octobre dernier. Aujourd'hui, le survivant de Sobibor (Pologne) doit témoigner dans le cadre du procès ouvert aux assises de Munich contre John Demjanjuk, 89 ans, accusé d'avoir servi comme gardien dans ce camp nazi entre avril et septembre 1943 et jugé, à ce titre, pour complicité dans l'assassinat de 27 900 juifs.

Philip Bialowitz l'avoue: il ne reconnaît pas Demjanjuk. Son ami Thomas "Toivi" Blatt, à ses côtés sur le banc des témoins, ne peut pas assurer, lui non plus, que le vieillard d'origine ukrainienne a officié à Sobibor. Aucun des neuf survivants du camp n'est en mesure de l'identifier avec certitude. Mais l'histoire de ces rescapés permet de mieux comprendre la mécanique infernale de Sobibor, l'une des trois usines de mort, avec Treblinka et Belzec, que l'Allemagne hitlérienne avaient édifiées à l'est de la Pologne pour massacrer les juifs d'Europe.

"Mon frère m'a sauvé la vie"

Philip Bialowitz, natif de la ville d'Izbica, dans le district de Lublin, avait 16 ans quand il a franchi le portail de Sobibor, le 28 avril 1943. "Nous avons tout de suite compris que la fuite était impossible, raconte-t-il. Nous étions encerclés par des douzaines de gardes ukrainiens armés, en uniforme noir."

Ses soeurs aînées, Tova et Brancha, et sa nièce de 7 ans, Sara, sont mortes gazées ce jour-là. Son frère Symcha et lui ont été épargnés. Sélectionnés pour trimer aux ordres d'une vingtaine de SS et sous la surveillance d'une centaine de "Noirs" - les gardiens ukrainiens. "Dès que nous sommes descendus des camions, un officier SS a demandé s'il y avait des artisans, des médecins, des dentistes ou des pharmaciens parmi nous. Mon frère a répondu qu'il était pharmacien, que j'étais son assitant. Il m'a sauvé la vie."

Philip et Symcha ont bien essayé de se réconforter: "Nous avons eu une lueur d'espoir. Nous nous sommes dit qu'il s'agissait peut-être d'un camp de travail... A première vue, il ne semblait pas faire plus d'un kilomètre carré. Il y avait une cinquantaine de petites constructions à l'intérieur d'une triple clôture de fer barbelé. Un 'kapo' nous a donné une couverture, un bol et une cuiller et nous a conduits dans une baraque équipée de lits de bois superposés." L'illusion a été de courte durée. "Quand nous sommes sortis, poursuit le vieil homme, nous avons remarqué que les bâtiments étaient enveloppés dans un brouillard épais et malodorant. Un prisonnier nous a expliqué que nous étions dans un camp de la mort. Que les Allemands avaient déjà tué des dizaines de milliers de juifs à Sobibor. Que le brouillard, autour de nous, montait du crématorium."

Six mois plus tard, le 14 octobre 1943, Philip et Symcha Bialowitz ont tenté l'impossible, avec quelques centaines de prisonniers: désarmer les gardiens et ouvrir une brèche dans les barbelés. Seuls 47 d'entre eux sont sortis vivants de l'enfer. Cette épopée invraisemblable, Philip la narre dans un livre, Révolte à Sobibor, publié en Pologne en 2008.

"Si vous survivez, témoignez de ce qui est arrivé ici! Parlez au monde de ce lieu!" avaient ordonné à leurs co-détenus les organisateurs du soulèvement, Leon Feldhendler et Sasha Pechersky. Philip Bialowitz, devenu citoyen américain après la guerre, leur a obéi. Inlassablement, il raconte son histoire dans les écoles et les universités, les églises et les synagogues, aux Etats-Unis comme en Pologne. Il en fera autant à Munich aujourd'hui. Au nom de la mémoire des siens.

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Commentaires (2)

steeves - 20/01/2010 18:02:56

il y a en allemagne des milliers d'anciens SS qui sont des retraités de l'armée allemande comme des soldats ordinaires qui vivent une retraite paisible ,un peu comme les collabos en france qui sont des privilégiés et qui se réunissent régulièrement dans une totale impunité !

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steeves - 20/01/2010 17:57:04

il aurait mieux fait de reconnaitre je pense que ca aurait ete mieux accepté ,mais pas son cinéma de lit roulant ou personne n'est dupe:la peine demort n'existant plus!ils n'ont qu'a le donner aux juifs ils sauront quoi en faire !

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