anarchiste individualiste
28 Juillet 2014
Les bombardements d'école et autres crimes de guerre ont cessé à Gaza depuis douze heures; des dirigeants français amis du colonialisme israéliens sont en train de donner leurs dernières instructions à leurs robocops pour réprimer la dernière manif interdite; dans une cave ukrainienne quelque part vers la frontière russe, on torture ; en Arizona, un expert de l'administration pénitentiaire chargé d'évaluer les poisons destinés aux condamnés à mort dort profondément; au Nigeria, chez les délirants de Boko Haram, en Irak et en Syrie, chez les furieux de l'Etat islamique, dans l'Arabie de notre ami Saoud, on réfléchit à ce qu'on pourrait bien faire subir encore aux femmes; dans le Centre d'accueil pour demandeurs d'asile d'Eymoutiers (Haute-Vienne), des "résidents" se réveillent en se demandant combien de temps ils pourront encore résider avant d'être envoyés à la rue… fraîcheur, silence et solitude, au jardin c'est l'heure qu'on préfère.
Ma copine P. m'écrit:
"J’ai été gazée comme en l’an ’40, merde!
Ben oui, lo schifo [elle est italienne ça veut dire : "dégoût"] pour la position française et surtout pour l’interdiction de manifester (il fallait un gouvernement socialiste pour ça!) m’ont poussée hors de chez moi. Ils ont lancé les grenades sans raison aucune, ces salauds. Clair qu’il voulaient provoquer et l’évolution a été « Allah akhbar », alors que personne n’avait sorti la religion jusque là…
Même à Tel Aviv ils ont pu manifester, mais pas dans le pays des libertés et des droits de l’homme…
Dégoûtée c’est peu dire. Il paraît qu’aujourd’hui on remet le couvert à Répu, mais je n’ai pas encore d’informations sûres."
Plus serviles envers la finance que le gouvernement américain, intransigeants avec les cheminots et carpettes avec le MEDEF, pétochards avec les cathos réacs et autres bonnets rouges, rajoutant une nouvelle couche de loi sécuritaire, s'acharnant comme jamais sur les manifestants anti-aéroport de NDDL, les socialauds de la Sarkhollandie avaient depuis longtemps mérité d'être traités en ennemis. Avec ce qui s'est passé à Barbès, cette manière de montrer ses muscles en bloquant au-delà du supportable une manifestation populaire (jusqu'au moment où cela n'a plus été supporté, encore heureux!), plus ensuite cette instrumentalisation infecte de la lutte contre l'antisémitisme, ils ont ont réussi à franchir un nouveau seuil dans l'ignoble. Un point à ne pas oublier: les Hollande et les Valls, les Sapin et les Royal, ne seraient rien sans leur peuple de petits bureaucrates et de brillants enarques, de salonards cultureux et de besogneux secrétaires "nationaux", "régionaux" etc, et toute leur armada de maires et de conseillers généraux qui prétendent ne pas pas faire de politique mais fournissent aux salopards d'en haut le minimum de prise sur le bas dont ils ont besoin. C'est eux tous qu'il faut tenir pour comptables des grenades tombées à Barbès.
Appliqué à réaliser le scénario mis au point par la très fasciste Ligue de Défense Juive (provocation sur le net, exactions protégés par les CRS, hurlements à l'antisémitisme) et tandis que la justice applique avec détermination l'habituel "deux poids deux mesures" (aucune poursuite contre les fachos à kipa, lourde condamnation, dans des conditions ignobles, d'un manifestant pro-palestinien) Manuel Valls fait interdire la manifestation en soutien à Gaza de samedi. Comme l'a fait remarquer l'UJFP par la voix de sa présidente, en aucun autre pays au monde, on ne voit une telle interdiction. L'infernale ritournelle de l'antisémitisme collée à toute manifestation contre la politique criminelle de l'Etat colonialiste qui a volé le beau nom d'Israël a encore fait ses preuves. Entre les massives manifs du peuple de gauche d'il y a vingt ou trente ans, et les effectifs des quelques milliers de courageux d'aujourd'hui, il y a eu ce bulldozer idéologique, bien aidé aussi par la haine djihadiste de quelques sectes obscurantistes dont la naissance fut, en son temps, largement encouragée par les gouvernants, d'Alger à Jérusalem en passant par le Caire (sans parler de notre ami le roi d'Arabie).
Les canons qui tuent des enfants sur une plage sont un exemple de ce terrorisme étatique qui, autrefois, suscitait autre chose qu'une larme humanitaire: on ne s'arrêtait pas au pathos, on discutait politique, il pouvait arriver de lire des articles critiques envers le léninisme armé et la corruption des organisations palestiniennes, mais qui restaient capables de distinguer entre ceux qui subissent l'apartheid et ceux qui l'appliquent. Aujourd'hui, le principal terroriste, Nétanyahou, et son quarteron de ministres drogués à la haine anti-arabe peuvent tuer par centaines, blesser par milliers, faire vivre dans des conditions carcérales des millions de palestiniens, ils ne suscitent plus que des regards énamourés de la Sarkhollandie et l'infini respect des médias dominants - capables,
maximum de leur courage, de renvoyer dos à dos massacreurs et massacrés.
Telle est notre époque. Espérons qu'il viendra vite, le jour où on la considèrera massivement avec les sentiments qu'elle mérite.
On s'était promis ici de ne pas commenter la gigantesque bulle gonflée au Brésil par l'industrie de la distraction mondiale, de s'abstenir même de la nommer pour ne pas rajouter une minuscule occurrence dans les milliards de citations qui seront disponibles à son sujet grâce à Maître Google, mais le peuple en a décidé autrement: là-bas, il continue à se battre et, comme on pouvait s'y attendre, la répression a haussé le tir.