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SERPENT -  LIBERTAIRE

anarchiste individualiste

Vers un nouveau front populaire et écologiste espagnol

Vers un nouveau front populaire et écologiste espagnol

PAR NATHALIE PÉDESTARRES 20 JUIN 2014

C’est la question qui brûle toutes les lèvres en Espagne depuis les résultats de l’élection européenne dimanche dernier... Y aura-t-il une fusion politique d’Izquierda Unida (gauche unie, 10% des suffrages à l’élection européenne), de Podemos (parti issu des Indignés, 8%) et d’Equo (écologistes, 2%) ? Cette coalition pèserait alors virtuellement 20% des voix et serait en mesure de concurrencer les conservateurs (PP) et les sociaux-libéraux (PSOE) qui dominent l’échiquier politique depuis la transition démocratique de 1978. A l’image de leurs homologues français, ces deux partis de gouvernement sortent très affaiblis du scrutin du 25 mai.

Malgré une base sociale commune, les trois formations de la gauche radicale n’ont pas l’intention de s’unir précipitamment sous une même et unique bannière. Mais le projet est sérieusement discuté en interne dans la perspective des élections générales de 2015. C’est ce qu’ont affirmé les porte-paroles des trois mouvements lors d’un débat radiophonique le 28 mai.

Un débat plein de prudence. Alberto Garzón, qui incarne un renouveau de génération à gauche, préfère parler de « confluences » plutôt que de « fusion », pour« additionner les forces ». Pour Iñigo Errejón, de Podemos, ce n’est pas tant l’unité de sigles qui importe mais « l’unité du peuple pour décider de son futur et récupérer sa souveraineté ». Les trois partis se sont donc mis d’accord pour se donner du temps. « Nous représentons des mouvements démocratiques, c’est donc notre base militante qui décidera », a tranché l’écologiste Juanxo López de Urralde.

En attendant une possible union officielle, les trois partis forment déjà un front commun pour défendre les classes populaires contre les abus de « la caste », les deux partis politiques majoritaires. Face à cette menace pour leur hégémonie historique, le PP et le PSOE en viennent aussi à évoquer une coalition. Un scénario à la grecque se profile-t-il en Espagne ?

Couronnement de Felipe VI : les manifestations républicaines interdites

PAR NATHALIE PÉDESTARRES 20 JUIN 2014

Interdiction d’afficher ses convictions républicaines le jour du couronnement du nouveau roi d’Espagne Felipe VI. C’est la décision que le gouvernement espagnol a pris à la hâte, préoccupé par le mécontentement croissant d’une partie de la population qui réclame un référendum populaire sur la poursuite ou non de la monarchie parlementaire depuis l’abdication de Juan Carlos I, le 2 juin dernier. Entachée de scandales – les coûteux safaris pour chasser les éléphants du roi en Afrique, les présomptions de détournements de fonds publics par le gendre du roi, l’ancien joueur de handball Iñaki Urdangarin, avec la complicité de son épouse, l’infante Cristina –, la famille royale espagnole cristallise le ras-le-bol d’une partie des Espagnols envers une classe dirigeante et des institutions jugées au mieux inefficaces au pire corrompues.

Le gouvernement a donc interdit une manifestation convoquée par divers collectifs anti-monarchiques à Madrid le 19 juin. Et a poussé le zèle jusqu’à prohiber l’exhibition de symboles républicains à proximité de la parade royale. Un affichage considéré comme un « risque potentiel » par le Tribunal supérieur de justice de Madrid. Excédées, des milliers de personnes ont alors décidé de braver l’interdiction et se sont réunies sur la Puerta del Sol, la place centrale de Madrid, pour manifester leur refus de la monarchie. La réponse de la police ne s’est pas faite attendre. Bilan : des dizaines de contrôles d’identité, des échanges de coups avec les manifestants et l’arrestation de trois personnes – relâchées depuis – dont Jorge Verstrynge, une personnalité proche du mouvement de gauche Podemos.

Democracia Real Ya !

Une partie des partisans du retour à la République n’a pas digéré qu’un nouveau monarque soit imposé sans référendum préalable, comme le prévoit la Constitution [1]. Le royal passage de relais s’est opéré visiblement à la hâte, avec une cérémonie plutôt simple et sans faste tapageur, à laquelle n’ont pas assisté de chefs d’État étrangers. Les deux principaux groupes parlementaires, ceux du PP (droite) et du PSOE (sociaux-démocrates), ont signé , à huis clos, avec la Maison Royale, la loi qui permet à Felipe VI de succéder à son père. Un député socialiste basque, qui s’est abstenu lors du vote, s’est vu imposer une amende de 400 euros par la direction de son parti. Certains groupes parlementaires minoritaires – Izquierda Unida, les écologistes et la gauche catalane – ont également réclamé un référendum populaire après l’annonce de l’abdication de Juan Carlos I. En vain.

Une cinquantaine de collectifs ont alors organisé leur propre référendum populaire, Referendum Real Ya. En 10 jours, ils ont créé une plateforme de vote sécurisé en ligne et ont installé des « bureaux de vote » ambulants. A la question d’élire le chef de l’Etat au suffrage universel et de lancer une réforme constitutionnelle, plus de 80 000 votants ont répondu oui, presque à l’unanimité. Le vote a bien sûr davantage valeur de symbole que de sondage. « Nous voulions réveiller la conscience des citoyens en leur montrant que nous vivons dans une fausse démocratie en Espagne », précise Enrique Martín, activiste du mouvement Democracia Real Ya !(Démocratie réelle immédiate) qui a participé à l’organisation de ce symbolique référendum. « Nous continuerons à organiser des actions comme celle-ci, pour exiger que l’on consulte systématiquement les citoyens avant de prendre des décisions importantes qui les concernent. »

Notes

[1] L’article 92 de la Constitution prévoit une consultation populaire pour toutes les décisions de grande envergure.

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